Les Châteaux de la Loire par David Giason
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David Giason, enquêteur au Routard, nous livre ses impressions sur la région du Val de Loire où il s’est rendu pour réactualiser le guide.
Rédacteur assoiffé de découvertes, baroudeur à gros godillots, amateur de vieilles pierres, de bonne chère et de coins paumés, adepte d’échanges fructueux entre gens que tout devrait opposer. Pour David, la curiosité est le plus indispensable des défauts. Mais, surtout, il est convaincu qu’il faut savoir dépasser les bornes. Car être voyageur, c’est être libre.
Une activité à ne surtout pas manquer ?
La promenade sur la Loire à bord d’une embarcation traditionnelle ! L’occasion de revivre l’épopée des mariniers de jadis, dans des bateaux fluviaux à fond plat qui semblent débarqués d’un autre temps : gabares, chalands… Plusieurs associations de passionnés organisent ce genre de balades suivant différents parcours. On apprend au passage les caractéristiques et les utilisations de chaque type de bateau. C’est la manière la plus agréable et ludique de découvrir le plus long fleuve de France, cœur battant et trait d’union de la région. Outre la faune et la flore, la promenade est jalonnée de paysages bucoliques et de châteaux mythiques : une portion de 280 km est même classée au patrimoine mondial de l’Unesco !
Quelles spécialités faut-il absolument déguster ?
Voici un « cocktail » qui représente à merveille l’art de la bonne chère en Val de Loire : rillons, sainte-maure et vouvray. C’est la trilogie royale pour un apéro entre amis à la terrasse d’une guinguette ou un pique-nique en famille sur les bords de Loire.
Les rillons sont des morceaux de poitrine de porc confits dans du saindoux et du vin blanc. On les déguste tièdes ou froids. Le sainte-maure AOC est une bûche de chèvre, cendrée et traversée par une paille de seigle. Certains y ajoutent une larme de miel et des morceaux de noix : délicieux ! Côté liquide, le vouvray tranquille (sans bulles) se marie parfaitement avec le chèvre et les rillons. C’est un vin blanc AOC fruité et équilibré. Ensemble, ces 3 délices forment le tableau d’honneur de Touraine !
Une découverte étonnante ?
On parle souvent de la Sologne pour ses forêts mais moins de l’histoire de ses 3 000 et quelques lacs et étangs artificiels, aménagés dès le Moyen-Âge pour remédier au manque d’eau potable. Tout comme dans la Brenne, l’ingéniosité humaine a permis de transformer des marécages insalubres en retenues d’eau qui servaient à la fois à abreuver le bétail et à élever des poissons et gibiers d’eau. Astucieux ! Le plus étonnant, c’est le rituel de leur entretien : tous les ans, en automne, il faut vidanger entièrement chaque lac pour le nettoyer, grâce à un système de bonde imaginé par les moines, et encore diablement efficace ! Les poissons sont vendus à la criée, directement sur la rive, soit pour être consommés (en matelote par exemple), soit pour peupler des étangs privés. Un moment à ne pas manquer !
Quel auteur faut-il emporter avec soi ?
Dans une région qui a inspiré tellement de grands noms, on a l’embarras du choix : Balzac et Rabelais pour la Touraine, Genevoix pour la Sologne, Ronsard dans la vallée du Loir… Mais aucun n’a autant ancré son œuvre dans un terroir que George Sand dans le Berry. Cette femme de lettres était l’esprit le plus progressiste de son temps : rebelle, engagée et féministe, elle avait des mœurs particulièrement libérées pour l’époque. Et pourtant, rien ne la fascinait autant que les contes et légendes, les traditions ancestrales et les coutumes paysannes du Berry où elle a passé l’essentiel de sa vie : nombre de ses romans ont pour décor ces paysages silencieux et mystiques : La mare au diable, François le champi, La petite Fadette, Mauprat… Impossible de visiter la campagne berrichonne sans se (re)plonger dans son œuvre ! Le tout baigné dans un halot de sorcellerie.