La vallée du Loir, de la Beauce au Vendômois

La vallée du Loir, de la Beauce au Vendômois
Vendôme © Paula Boyer

Né aux abords du Perche, le Loir court 318 km jusqu’au nord d’Angers, où il se jette dans la Sarthe. Sa verdoyante vallée est un joli secret bien gardé. Aller d’Illiers-Combray – bourgade chère à Marcel Proust – jusque dans le Vendômois où naquit Pierre de Ronsard est un bon itinéraire pour avoir un aperçu de ses charmes et de sa diversité.

Passer du monde de l’écrivain à celui du poète conduit à tourner le dos aux immensités céréalières de la Beauce pour s’immerger dans des paysages de plus en plus vallonnés, ponctués de bourgades charmantes, d’églises, d’abbayes, de châteaux, de moulins, de villages troglodytiques. Et traversés de chemins où il fait bon marcher ou pédaler.

Un voyage bucolique du pays de Proust à celui de Ronsard à faire le temps d’un week-end (ou plus), à 1 h 30 de Paris.

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Illiers-Combray, la madeleine de Proust

Illiers-Combray, la madeleine de Proust
Illiers-Combray © Coralie Daudin

À ses débuts, le Loir paresse entre Perche et Beauce. S’il naît au lavoir de Saint-Éman (Eure-et-Loir), c’est 6 km plus loin, à Illiers, ancienne bourgade fortifiée d’aujourd’hui 3 200 habitants, qu’il atteint la notoriété grâce à... Marcel Proust.

Véritable « fabrique d’imaginaire » pour l’écrivain, Illiers devenu, sous sa plume, Combray (nom que la commune a désormais accolé au sien) servira à nourrir sa célèbre À la recherche du temps perdu.

Enfant, il y rendait visite à sa tante Elisabeth – rebaptisée Léonie – dont la maison, au cœur du bourg, abrite le musée Marcel Proust. Malgré les récents travaux, le temps semble s’y être arrêté. Non seulement on s’y croit à la fin du XIXe siècle, mais on s’y trouve plongé dans le monde si particulier du romancier.

Pré Catelan © Paula Boyer

Cette demeure bourgeoise témoigne aussi de l’ascension sociale des Proust. Fils de modestes épiciers, Adrien, le père de Marcel, devint un éminent professeur de médecine, marié à une jeune fille fortunée très cultivée.

Sa sœur Elisabeth-Léonie épousa Jules Amiot, commerçant enrichi. Illiers lui doit le Pré Catelan, parc romantique à l’anglaise, aménagé de l’autre côté du Loir et présent – sous un autre nom – dans l’œuvre de Marcel.

Bien d’autres lieux d’Illiers-Combray se laissent découvrir sur les pas de l’écrivain, aussi bien l’imposante église Saint-Jacques – reconstruite au XVe siècle grâce à la générosité de Florent d’Illiers, châtelain local et compagnon d’armes de Jeanne d’Arc – que le chemin de halage d’un Loir jadis bien plus animé.

En tout cas, à Illiers-Combray, cyclistes et marcheurs sont gâtés : la V47 (Vallée du Loir à vélo) et la Véloscénie y passent, le GR 655 et le GR 35 aussi.

 

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Bien sûr, la boutique du musée vend des madeleines ! C’est à Illiers que le petit Marcel a découvert ce « petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot ». Toute sa vie, le goût des madeleines lui rappellera ces dimanches matin où sa tante Léonie lui en offrait un « petit morceau après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul ».

Bonneval, « petite Venise de la Beauce »

Bonneval, « petite Venise de la Beauce »
Abbaye bénédictine Saint-Florentin © Paula Boyer

À 20 km seulement d’Illiers, s’étire Bonneval : la « petite Venise de la Beauce » a été construite, à partir de 857, autour de l’ancienne abbaye bénédictine Saint-Florentin qui abrite, désormais, un hôpital psychiatrique.

Il ne se visite pas, mais rien n’empêche de s’approcher pour admirer l’imposante porte d’entrée fortifiée et, de l’extérieur, le logis abbatial XVe siècle.

Bonneval - barque © Victor Tonelli

À Bonneval, quatre tours et deux portes de l’ancienne enceinte sont encore debout, entourées par des fossés, longs de 2 km, alimentés par l’eau du Loir avec lequel ils communiquent.

On peut en faire le tour avec les barques électriques (17 € la demi-heure, 28 € l’heure, jusqu’à 5 personnes) proposées à la location par la mairie. Jolies maisons et lavoirs se reflètent dans l’eau : on succombe devant le charme intact de cette cité médiévale avant d’aller faire un tour dans la verdure bucolique où le Loir trace son lit...

Et puis, à la belle saison, Bonneval s’habille de lumières à la tombée de la nuit. Magique

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Dans les environs, de jolis villages valent le coup : Alluyes et son imposant donjon, Saint-Maur et ses passerelles sur le Loir. Jolies randos possibles jusqu’au bois de Moléans, au château de Mémillon. Ou au château du XVIIIe siècle du Bois-Guibert.

Châteaudun, un palais princier

Châteaudun, un palais princier
Château de Châteaudun © rysan34 - stock.adobe.com

Une longue halte s’impose ensuite à Châteaudun, juchée sur un éperon rocheux à 30 m au-dessus du Loir.

Au Moyen Âge, les comtes de Blois firent ériger le château fort dont le donjon circulaire porte toujours beau. Au XVe siècle, le comté revint à Jehan de Dunois, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, qui en fit un palais princier. Ses héritiers, les Dunois-Longueville, ajoutèrent une aile richement décorée à une époque où la cité prospérait grâce aux métiers du textile.

Hélas méconnu, ce château – et ses jardins – soutient tout à fait la comparaison avec ceux de Val de Loire. Sa sainte chapelle est l’une des rares encore visibles en France, le grand escalier illustre à la perfection la transition entre le gothique et la première Renaissance. Quant aux décors des façades, quel raffinement !

Cœur ancien de Châteaudun © PackShot - stock.adobe.com

Le cœur ancien de Châteaudun a aussi un charme fou avec ses maisons à pans de bois classées, ses rues pavées et ses monuments historiques. L’on s’y croirait dans un décor de cinéma, sauf que ce n’en est pas un !

Propice aux balades en canoë sur le Loir, Châteaudun est un bon point de départ pour découvrir sa vallée, à pied ou à vélo, grâce aux nombreux itinéraires balisés. Et le GR 655 passe par là.

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Au pied de l’éperon de Châteaudun, se cachent les grottes de Foulon. Désormais propriété privée, elles se visitent. Se couvrir – il fait frisquet – pour découvrir galeries, piliers et voûtes naturelles sculptés par les eaux de ruissellement et d’infiltration il y a des millions d’années et admirer géodes de quartz et... os géants de dinosaures.

Merveilleuse Vendôme

Merveilleuse Vendôme
Le Loir à Vendôme © frdric - stock.adobe.com

Après Châteaudun s’impose Montigny-le-Gannelon. Son atout maître ? Son château Renaissance. Avec humour et anecdotes mêlant l’histoire de France et celle de leurs familles – les Lévis et les Montmorency-Laval –, les propriétaires le font généreusement visiter.

Le Vendômois fait ensuite se succéder de bien jolies bourgades les pieds dans l’eau. Vendôme est la plus belle de toutes. Lovée au pied d’un coteau, baignée par le Loir, traversée par plusieurs de ses bras, peuplée d’élégantes maisons en tuffeau blanc, cette ville faisait partie, pendant la guerre de Cent Ans, du minuscule royaume de France encore contrôlé par le Dauphin, tout comme Beaugency et Notre-Dame de Cléry.

Façade de l’abbaye de La Trinité © Paula Boyer

Pour l’aborder, commencer par la terrasse du château des Bourbon-Vendôme ! Dans le parc sont organisés, l’été, apéritifs et spectacles. De là-haut, vue splendide sur la ville, sur l’abbaye de La Trinité à l’incroyable façade gothique, sur le collège des Oratoriens où le jeune Balzac fut élève et sur le quartier Rochambeau.

Des remparts médiévaux subsistent seulement deux portes. Quant à la place Saint-Martin et ses maisons à pans de bois du XVIe siècle, elles vivent au rythme du carillon de la tour-clocher.

Deux parcours « patrimoine » balisés dans cette « Ville d’art et d’histoire » permettent de ne rater aucun des monuments.

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Sur des coteaux calcaires – avec parfois du silex –, des deux côtés du Loir, entre Vendôme et Montoire, sont cultivés pineau d’Aunis – il donne d’étonnants vins gris au bouquet frais –, chenin blanc et gamay. Ici, les blancs sont secs et fruités, les rouges mêlent arômes d’épices et de fruits rouges

Au pays des troglodytes

Au pays des troglodytes
Lavardin © sebastien berthelot - stock.adobe.com

Après Vendôme, le Loir, devenu ample, baigne des bourgs un peu assoupis mais très charmants. Tristement célèbre pour la poignée de main échangée en 1940 – dans la gare – par Hitler et Pétain, Montoire-sur-le-Loir mériterait d’être davantage connu pour sa chapelle Saint-Gilles.

Elle se trouve sur le circuit des églises à fresques du Vendômois – visites guidées par l’association Hist’Orius –, tout comme l’église romane Saint-Genest – aux magnifiques décors – sise de l’autre côté du Loir, à Lavardin.

Ce bourg médiéval (200 habitants), labellisé « Plus Beaux Villages de France » compte six monuments classés, dont un impressionnant château fort qui ne se visite plus.

Trôo - maison troglodytique © Paula Boyer

Impressionnant aussi est son sentier de la Rotte aux biques : s’il grimpe dur à flanc de coteau, il vaut le coup pour ses maisons troglodytiques souvent habitées et pour les vues sur la vallée du Loir.

Ces mêmes maisons font tout le charme, sur la rive opposée du Loir, de Trôo (son nom fait allusion aux cavernes dans la colline). Curieux village tout de même ! Pas vraiment de rues, pas de centre, mais une série de terrasses étagées dévoilant à la queue leu-leu des maisons troglodytiques, des cheminées qui pointent dans la verdure, des sentiers, des escaliers...

Jadis, Trôo comptait 5000 habitants, pour la plupart des « troglos ». Aujourd’hui, cette « Petite Cité de caractère » n’en a plus que 280, mais encore 7 monuments historiques ! Ici, c’est l’association Au Cœur de Trôo de Patrick Eclercy-Deterpigny qui pilote de passionnantes visites.

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À Trôo, près de la collégiale Saint-Martin, pointe l’étonnante motte féodale, réalisée à main d’hommes vers 1050, pour porter une tour de guet en bois. Le donjon seigneurial édifié, plus tard, à ses pieds, a été détruit, comme celui de Montoire et de Lavardin, sur ordre de Henri IV : déjà roi de France, mais encore protestant, il voulait anéantir cette poche de résistance... catholique !

La terre natale de Ronsard

La terre natale de Ronsard
Manoir de la Possonnière © Paula Boyer

De Trôo, il n’y a qu’une dizaine de kilomètres pour rejoindre Vallée-de-Ronsard, bucolique commune née de la fusion de Tréhet et de Couture-sur-Loir.

Pierre de Ronsard, « Prince des poètes », est né, en 1524, à Couture, au manoir de la Possonnière. Il y a passé son enfance, mais n’étant pas l’aîné, son avenir s’écrira ailleurs.

Étape incontournable pour se familiariser avec la vie, l’univers, le verbe du chef de la Pléiade, ce manoir conte aussi – dans son bâti – l’ascension sociale fulgurante des Ronsard.

Au XIVe siècle, l’un des aïeux, garde forestier, vivait dans ce qui deviendra les communs –troglodytiques – du manoir que fera construire, à la fin du XVsiècle, le grand-père du poète, devenu échanson du roi Louis XI.

C’est à Loys, père de Ronsard, que l’on doit les fins décors Renaissance de la façade et du manteau de l’immense cheminée intérieure. Ayant participé aux guerres d’Italie aux côtés de Louis XII et de François Ier, il assurera l’avenir de son fils Pierre en le plaçant, à 12 ans, au service des enfants du roi.

En contrebas de ce manoir, qui accueille expositions temporaires et festival dédié aux musiques de la Renaissance, les nouveaux jardins sont librement inspirés du style de la Renaissance.

Le + de routard.com :

Ronsard, poète officiel de la cour, a chanté l’amour, mais la nature du Vendômois a été sa première source d’inspiration. D’où son hostilité aux derniers grands défrichements opérés par le duc de Vendôme dans la forêt de Gâtines. De cette forêt qui, au Moyen Âge, couvrait largement le Vendômois, il ne reste que des bribes. Avec le parcours pédagogique installé dans les bois, près du Manoir natal, on marche un peu sur les pas du poète.

Fiche pratique

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Comment y aller ?

En TER à Illiers-Combray, Bonneval ou Châteaudun, TGV à Vendôme. Sinon, il faut être motorisé, sauf à marcher ou à pédaler.

Bonnes adresses

– Château du Bois-Guibert : à Bonneval. Un trois-étoiles de 19 chambres joliment rénové. À partir de 110 € la double, petit déj. (15 €). Restaurant livré par traiteur. Formule entrée-plat-dessert 25,90 €.

– Hôtel Le Vendôme : 15, Faubourg Chartrain, à Vendôme. Classique et élégant. La double à partir de 89 à 119 € selon les périodes. Petit déj. 18 €.

– Chambres d’hôtes Au bonheur Dupré : 69, av de la paix, à Montoire. Sobre. Joli parc arboré avec piscine. À partir de 110 € la double, petit déj. inclus.

– Le cépage : 8, rue de la Grève, à Bonneval. Bonne cuisine française. Menu à 19 €.

– Atéria : 4, rue Saint-Lubin, à Châteaudun. Cuisine traditionnelle maison. Menu à 19,90 € à midi.

– Le Moulin du Loir : 21-23, rue du Change, Vendôme. Exceptionnel : sa terrasse enjambe un bras du Loir ! Bonne cuisine classique. Formules à 20, 30 et 38 €.

– Moris : 77, rue du Change, à Vendôme. Lieu très vivant. Pour gourmets. Menus à 22 ou 25 € à midi.

 Aux Vergers de Beauce : 8, rue du Bas de l’Église, à Bonneval. Jolie sélection de produits d’un terroir beauceron qui ne produit pas que du blé !

 Domaine Patrice Colin : 5, rue de la Gaudetterie, à Thoré-la-Rochette. Dégustation et vente d’AOC coteaux-du-Vendômois.

 Grottes du Foulon : 33, rue des Fouleries, à Châteaudun.

Texte : Paula Boyer

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