Sur la route de la Rose, dans le Loiret

Sur la route de la Rose, dans le Loiret
Jardin du château de la Bussière © Ludovic Letot

À une grosse centaine de kilomètres de Paris, dans le Loiret, une route de la Rose a été créée pour honorer la tradition de l’horticulture – et, particulièrement, la production de rosiers – qui s’y est enracinée depuis le Moyen Âge.

Sur son parcours, vingt parcs, jardins, roseraies, arboretum, villages, châteaux et producteurs sont à découvrir. L’occasion d’admirer de belles roses au printemps et en début d’automne, d’obtenir des conseils de professionnels, d’acheter des rosiers, et, bien sûr, de découvrir une belle diversité de terroirs.

Direction le Loiret, de la forêt d’Orléans à la Sologne, en passant par les champs de blé de la Beauce et les paysages verdoyants du Giennois et du Gâtinais.

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Orléans et son parc floral

Orléans et son parc floral
Orléans - cathédrale gothique Sainte-Croix © milosk50 - stock.adobe.com

Autant commencer par Orléans, le chef-lieu du Loiret. Surtout connue grâce à Jeanne d’Arc et sa libération du siège des Anglais en 1429, cette ville de 115 000 habitants ne manque pas d’autres d’atouts : sa place du Martroi, sa cathédrale gothique Sainte-Croix, ses maisons à pans de bois, ses hôtels particuliers, son riche musée des Beaux-arts, ses quais de Loire si agréables pour se promener ou faire du vélo.

Orléans était, jadis, championne de la production de rosiers. Dans les années 1950, plusieurs dizaines de pépiniéristes assuraient encore plus du quart de la production française. Installées dans la banlieue, à Saint-Cyr-en-Val, où elles cultivent près de 1 000 variétés, Francia Thauvin et sa fille Flora sont aujourd’hui les dernières à perpétuer la tradition locale.

Parc floral de la Source © Paula Boyer

Cela n’empêche pas Orléans de rendre hommage à sa tradition horticole : le jardin des plantes a sa roseraie et le quartier Saint-Marceau abrite la roseraie Jean-Dupont, véritable conservatoire des variétés orléanaises. C’est cependant le parc floral de la Source, labellisé Jardin remarquable, qui rallie tous les suffrages.

Au cœur de ce vaste parc paysager émerge le Bouillon, la source de la rivière le Loiret… Au rythme des saisons, les floraisons – iris, dahlias, fuchsias, roses, arbres admirables, etc. – et les couleurs s’y succèdent.

Installée près du miroir d’eau, la roseraie offre une belle perspective sur le château construit en 1633. Dans l’allée principale, les rosiers liane escaladent les pergolas et mélangent avec délice leurs parfums à ceux du thym et des lavandes…

Balade délicieuse pour tous. Cependant, les enfants adoreront les animaux et la serre aux papillons.

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Établie sur les deux rives du fleuve, la petite ville de Meung-sur-Loire ne manque pas d’intérêt avec ses quais et ponts, ses moulins, son château « aux deux visages », sa collégiale Saint-Liphard. Cependant, les jardins de Roquelin justifient, à eux seuls, le voyage jusque-là : le mélange de plantes vivaces et de roses anciennes (plus de 500 variétés) mis en scène par Stéphane Chassine dans l’ancienne ferme du château, sur un hectare de jardin à l’anglaise, a un charme absolument fou. Notre préféré. Sur place, buvette et boutique d’articles de déco, brocante et rosiers en pot. Au bout de ce jardin labellisé « Accueil vélo », passe la véloroute La Loire à Vélo.

Bellegarde, village des roses

Bellegarde, village des roses
Château de Bellegarde © Benoit Voisin - ADRT 45

D’Orléans, il faut rouler 60 km vers l’est du Loiret, pour trouver, entre Gâtinais et la forêt d’Orléans, Bellegarde, un bourg indissociable de l’épopée locale de la rose.

Au Moyen Âge, dans cette région bocagère, les jardiniers avaient repéré dans les bois de petits rosiers sauvages qui, une fois « travaillés », devenaient de beaux rosiers. Au XIXe siècle, les bûcherons les arrachaient et les revendaient aux grosses pépinières orléanaises qui s’en servaient pour greffer leurs rosiers « entre les deux Notre-Dame » (le 15 août et le 9 septembre).

C’est à ce moment-là qu’un certain Jacques-Lucien Pilté eut l’idée de « bricoler » lui-même ces églantiers, jusqu’à développer dès 1897 la culture des rosiers tiges, devenue, depuis, la spécialité locale.

Nommé premier Village des roses de France en 1972, Bellegarde conserve encore huit rosiéristes qui produisent plus de 3 millions de rosiers par an, soit le troisième pôle de France.

En hommage à la reine des fleurs, Bellegarde s’est dotée de deux roseraies publiques qui jouxtent les douves du château. À cheval sur Bellegarde et la commune de Quiers-sur-Bezonde qui l’entoure se faufile un « sentier de la rose ». Un parcours pédestre de 8 km à arpenter sans modération. Vingt stations matérialisées par autant de pupitres, évoquent, chacune, une facette de l’histoire de la rose.

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Ceux qui ont envie de rapporter un rosier chez eux, trouveront leur bonheur à la pépinière France Pilté, établie depuis quatre générations à Quiers-sur-Bezonde. Ils y auront même l’embarras du choix.

L’étonnant potager du château de la Bussière

L’étonnant potager du château de la Bussière
Château de la Bussière © Sébastien Richard - IOA Production

Après Bellegarde, il est temps de plonger vers le sud-est du Loiret, du côté de Briare, célèbre pour son extraordinaire pont-canal.

Dans ce coin très verdoyant, le château de la Bussière a été construit à la fin du XIIe siècle, avant d’être remanié à plusieurs reprises. Il appartient depuis un siècle à la famille de Chasseval, tout comme le parc – aux allées ombragées – dessiné au XVIIsiècle par André Le Nôtre, le grand étang (6 hectares) et le jardin.

Château de la Bussière - jardin potager © Sébastien Richard - IOA Production

C’est un voyage changeant au gré des saisons qu’offre le vaste jardin potager clos de mur qui a gardé son tracé du XVIIIe siècle. Dans la plus pure tradition, les rosiers (une centaine de variétés) sont associés aux légumes anciens, aux arbres fruités palissés, aux buis taillés, aux fleurs annuelles.

On peut passer sur place une demi-journée en famille sans s’ennuyer, car le château propose aussi des promenades en barque sur l’étang, la cueillette de fruits rouges, un « circuit des cabanes » et un escape game. Sur place aussi, collection d’objets d’art sur la pêche en eau douce et chambres d’hôtes.

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Ancien cadre dans la finance, Marie-Line Houdou cultive désormais les roses Centifolia sur son domaine de Beau-Lièvre, à Autry-le-Châtel, à 15 km de La Bussière. Avec sa récolte, elle fabrique des cosmétiques raffinés, dont un sérum 100 % naturel aux propriétés anti-âge. En remontant vers Paris, les amateurs de produits à la rose feront halte à Montargis, « la Venise du Gatinais » : la Maison Mazet, institution locale, y développe une gamme de douceurs à la rose, à côté de la Prasline de Montargis.

Pithiviers, pays des roses anciennes

Pithiviers, pays des roses anciennes
Yèvre-le-Châtel - roseraie Robichon © Paula Boyer

Si, tournant le dos à la Loire, on remonte au nord-ouest de Montargis, on aborde le pays de Pithiviers. Dans ces plats confins de la Beauce s’étirent à perte de vue les champs de céréales.

Yèvre-le-Châtel, l’un des Plus Beaux Villages de France, y est établi sur un éperon rocheux. Son château fort massif construit au XIIIe siècle en impose. Les murs sans toit de son église Saint-Lubin, jamais achevée depuis le XIIIe siècle, sont joliment romantiques.

Les belles maisons en pierre calcaire font aussi le charme de Yèvre-le-Châtel. Classé site « d’excellence » dans la route de la Rose du Loiret, il est l’un des deux seuls villages de France labellisé Jardin remarquable : plus de 400 rosiers, accompagnés de vivaces, ornent ses rues et venelles. Sur place, une roseraie conservatoire honore les « obtentions » (une quarantaine de nouvelles variétés entre 1927 et 1968) du grand créateur de rosiers que fut Marcel Robichon.

Jardin personnel d'André Eve © Paula Boyer

Dix kilomètres encore et on arrive à Pithiviers. La « star » locale est un gâteau à base de crème d’amandes et de beurre, mais deux rosiéristes lui font désormais de l’ombre : Marcel Robichon était basé à Pithiviers, tout comme son successeur, un certain André Eve.

Les deux hommes avaient sympathisé à Paris, où André Eve travaillait chez Vilmorin. Lorsqu’à la fin des années 1950, Eve reprend les affaires de Robichon, ce dernier l’initie aux techniques sophistiquées pour créer de nouvelles variétés de rosiers. André Eve devient, à son tour, un créateur passionné.

Il se fait aussi connaître dans le monde entier en remettant au goût du jour les roses des siècles passés dites « anciennes ». Conscient de leurs qualités, il les avait aussi mises en valeur, à Pithiviers, dans son jardin personnel qu’il entretenait seul, et sans produit chimique.

Après le décès d’André Eve en 2015, son jardin, labellisé Jardin remarquable, a été racheté par l’association constituée par ses amis et présidée par le metteur en scène Arnaud Parent. En compagnie d’une foule de plantes vivaces, rosiers botaniques, anciens ou modernes, y sont présentés autour d’allées sinueuses engazonnées. Ce petit bijou de « style anglais » se visite. Sur place, petite boutique et mini-salon de thé.

Jardin conservatoire dessinée par André Eve - Théâtre des Minuits © Paula Boyer

À Pithiviers-le-Vieil, la roseraie de Morailles associe 600 vivaces et 700 variétés de roses anciennes. C’est l’ancien « showroom » de l’entreprise de roses anciennes André Eve. Il est également ouvert à la visite.

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La mémoire d’André Eve est cultivée aussi à La Neuville-sur-Essonne (à 11 km de Pithiviers) où se trouve le Théâtre des Minuits, un lieu de création artistique permanent. Devant le corps de ferme installé dans les ruines du château, Arnaud Parent et ses amis artistes ont accueilli la roseraie conservatoire dessinée par André Eve qui, au soir de sa vie, s’était lié d’amitié avec eux : toutes les roses qu’il a créées y sont réunies, dans un décor impressionniste de plantes vivaces. Ce jardin est devenu une porte d’entrée vers le théâtre.

Roses et parfums au château de Chamerolles

Roses et parfums au château de Chamerolles
Château de Chamerolles © Sébastien Richard - IOA Production

Toujours dans les environs de Pithiviers, ce périple sur la route de la Rose conduit à Chilleurs-aux-Bois. C’est là que l’entreprise Les Roses Anciennes André Eve, rachetée par les jardineries Truffaut, poursuit désormais son aventure.

C’est aussi à deux pas, sur la route de Courcy, que se dresse, entre champs et forêts, l’imposant château de Chamerolles, désormais propriété du conseil départemental. Construit au début du XVIe siècle par Lancelot Ier du Lac, il incarne la transition entre Moyen Âge et Renaissance. Dans la cour où l’architecture raffinée de la Renaissance domine, l’élégant décor de briques des façades est typique du Val de Loire.

Parc du château de Chamerolles © Sébastien Richard - IOA Production

Un vaste parc romantique entoure le château. Recréés en 1987 dans l’esprit Renaissance, les jardins – voulus, à l’origine, par Lancelot II du Lac –, composés de six carrés et encadrés par des allées, sont peuplés de glycine, de vigne, de plantes exotiques et aromatiques et de rosiers (75 variétés) sélectionnés par André Eve.

Comme il n’y a pas loin de la rose au parfum, ce château meublé (il se visite), expose une intéressante collection qui retrace l’histoire du parfum, du XVIe siècle à nos jours.

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Dans le coin, à Montbarrois, Patrick Masure, collectionneur passionné, a aménagé plusieurs jardins thématiques faisant la part belle à la rose dans le grand parc de son manoir de la Javelière. De l’autre côté de la route, sa collection rare de rosiers botaniques entoure une pièce d’eau. Une belle réussite.

Fiche pratique

Retrouvez toutes les infos pratiques, les bons plans et les adresses dans le Routard Châteaux de la Loire en librairie. 

Consulter notre guide en ligne Châteaux de la Loire

Site de la Route de la Rose

Tourisme Loiret

Comment y aller ?

Orléans est accessible en train de Paris (nombreuses dessertes quotidiennes), Nantes, Tours, Bourges et Limoges. Pour découvrir la « route de la rose », mieux vaut cependant être motorisé.

Bonnes adresses 

– Villa Dunois : 44, rue du Maréchal Foch, à Orléans. Albert Mounié propose deux chambres d’hôtes (110 €, petit déj. Inclus). Sur réservation, repas (formule entrée-plat à 29 €, 33 € avec dessert), planches d’antipasti et aussi, à la cave, des dîners surprise (42 € par personne).

– Le Hang-Art : 2, avenue du Maréchal Berthier, à Pithiviers. Cuisine française traditionnelle, à la carte (20 € le sauté façon blanquette et riz ; 7 € le Pithiviers fondant).

– Le Lancelot : 12, rue des Déportés, à Chilleurs-aux-Bois. Ce restaurant propose une cuisine inventive et raffinée. Formule entrée + plat à 22 €. Menu entièrement à la rose à 58 €.

– L’Antre Nous : 22, rue Jean Jaurès, à Montargis. Bonne cuisine traditionnelle, bon rapport qualité/prix. À midi, en semaine, menu à 18,50 €.

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Texte : Paula Boyer

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