L'Alsace par Mathilde de Boisgrollier
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Mathilde de Boisgrollier, enquêtrice au Routard, nous parle de l'Alsace, où elle s'est rendue à plusieurs reprises pour réactualiser le guide.
Après avoir poussé dans les contrées bien ensoleillées, Mathilde est aujourd’hui armée d’un solide coup de fourchette et d’un petit sac à dos qui ne la quitte pas. Elle aime partager et relayer ses rencontres et découvertes ; celles du bout de la rue ou du bout du monde.
En quoi cette destination est-elle si particulière ?
Dans la vie quotidienne, la région compte bien des spécificités, liées à son histoire : les trains roulent à droite, les habitants bénéficient de 2 jours fériés supplémentaires, le droit cultuel est différent… Et culturellement, la région a une identité forte : une langue encore vivante, un patrimoine architectural dépaysant, des traditions bien ancrées, une histoire récente particulière. Une forte identité qui explique que la majorité des Alsaciens souhaite d’ailleurs sortir de la région Grand Est ; dans un premier temps, une « collectivité européenne d’Alsace » a vu le jour en janvier 2021.
Quant au terroir, il est aussi riche côté verre que côté assiette (on compte plus d’une trentaine de resto étoilés, rien que dans les 2 départements alsaciens !). Et on y sent aussi l’énergie d’une région transfrontalière et européenne.
Une expérience à découvrir ?
Dans la montagne vosgienne, à l’ouest du Haut-Rhin, là où paissent les vaches qui donnent leur lait pour la fabrication du munster, on aime s’attabler devant un repas marcaire, le repas caractéristique des gardiens de troupeaux : potage, tourte, viande de porc fumée et pommes de terre longuement cuisinées au beurre et au lard, fromage de munster évidemment, et fromage blanc fermier arrosé au kirsch… Aujourd’hui, il est servi dans les fermes-auberges ; parfait après une rando ou après avoir suivi la transhumance printanière des vaches !
Dans quel livre se plonger ?
Dans les Histoires extraordinaires de "Malgré nous", de Nicolas Mengus. Ce recueil de témoignages compte parmi les livres qui abordent le sujet mal connu des « malgré nous », ces dizaines de milliers d’Alsaciens et Mosellans, incorporés de force dans l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale et donc contraints de se battre contre les Alliés…
Un grand moment à partager ?
S’immerger dans l’ambiance du Festival Décibulles, grand festival de musiques actuelles en plein air qui bat son plein 3 jours autour de mi-juillet, si tout va bien, dans la vallée de Villé. La tête dans les étoiles, du rock, du hip-hop, de l’électro dans les oreilles, et les forêts vosgiennes devant les yeux… On profite aussi de spectacles d’arts de rue, et on a la certitude de découvrir un beau panel de bières artisanales et locales… Autre ambiance, autre saison : on peut vivre une journée de vendangeur.
Selon les formules, on vendange un peu bien sûr, puis on découvre le processus de fabrication du vin, ensuite sonne l’heure de la dégustation, avant, éventuellement de partager le repas des vendangeurs. L’Alsace par l’autre bout de la lorgnette en somme !
Que rapporter dans ses valises ?
Impossible de revenir bredouille d’Alsace ! Côté papilles, outre le vin bien sûr, on embarque un munster fermier, du bon pain d’épices, un kougelhopf (sachez qu’il en existe aussi des versions salées, plus rares) ou son cousin le langhopf, de la choucroute garnie… On vous laisse deviner pour quels produits il faudra demander la mise sous vide.
Les savoir-faire artisanaux étant aussi bien ancrés dans la région, on peut craquer pour des poteries décorées de Soufflenheim, qui ont la forme des spécialités alsaciennes qu’on y cuit, ou qui sont des créations contemporaines ; un morceau de fameux tissu kelsch, métis lin-coton à carreaux bleus ou rouges dont les motifs diffèrent, indissociable de l’Alsace, qui a pourtant bien failli disparaître il y a peu. Et puis des décorations de Noël bien sûr. Le plus dur va être de faire des choix !