Les Vosges, vues d’Alsace

Les Vosges alsaciennes : paysages variés, multiples vallées

Les Vosges alsaciennes déroulent une réjouissante variété de paysages et sites : nombreux panoramas, portant, selon visibilité, jusqu’à la Forêt Noire allemande et les Alpes au sud, rochers remarquables, lacs, tourbières, prairies, chaumes et, spécificité du massif, des forêts humides et profondes propres à cette latitude.

À tort, on pense que les zones de moyenne montagne et leurs forêts furent plus sauvages autrefois, alors qu’elles servirent largement de refuge, d’habitation et lieu de travail jusqu’au début du 20^e s. C’est le cas des Vosges, où un fascinant maillage de hameaux, petits villages, routes et voies forestières, délaissé et oublié à l’ouverture des grands axes, retrouve aujourd’hui du sens grâce au tourisme, à la rando et au développement responsable.

Pour s’imprégner du massif, il faut emprunter les ramifications des grandes vallées de Munster-Col de la Schlucht et Kaysersberg-Col du Bonhomme, et d’autres percées, moins connues mais délicieuses, comme celles, du nord au sud, de Bruche-Schirmeck, Andlau, Villé-Col de Steige, Val d’Argent (Sainte-Marie-Aux-Mines), Ribeauvillé, Thur (Thann) et Doller (Masevaux).

Les Vosges alsaciennes : longue histoire et économie particulière

Les sommets et certains sites gréseux des Vosges Moyennes et des Vosges du Nord furent l’objet de cultes antiques et celtes, avant d’être souvent « christianisés » en oratoires, chapelles, églises et abbayes.

À l’intersection des routes et invasions, les vallées alsaciennes sont gardées par des kyrielles de châteaux forts : 150 environ restent visibles, un bon nombre sont restaurés, dans toutes les gradations allant du minimal (sécurisation, survie des lieux) à l’ostentatoire du Haut-Koenigsbourg, transformé de 1900 à 1908 en vitrine impériale germanique.

Frontière franco-allemande de 1870 à 1918, puis en 39-45, les Vosges alsaciennes comptent d’impressionnants sites de tranchées au sud, et les vestiges de la ligne Maginot au nord. 

Exploitant la force hydraulique, l’industrie textile a façonné les vallées des Vosges pendant son grand essor, à partir de la seconde moitié du18^e s.

Les occasions d’en apprendre plus sur l’exploitation et le travail du bois, les mines, les cristalleries, l’agriculture, les plantes médicinales (gentiane, arnica, etc.), les eaux-de-vie, liqueurs, produits et spécialités culinaires ne manquent pas, grâce à de nombreux itinéraires, sentiers thématiques, musées, maisons et boutiques.

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Exemples d’excursions (randos, visites parfois guidées, musées, fabriques, patrimoine) autour d’une activité économique d’hier ou d’aujourd’hui : Terre de cristal du pays de Bitche, 14 km, 4 h ;  Patrimoine minier du Val d’Argent, sur et... sous la terre ; Une forêt en pays welche (travaux du bois).

Balades, randonnées et autres activités dans les Vosges alsaciennes

Bien que plus petit massif français, les Vosges abritent le plus grand (20 000 km !) réseau de sentiers balisés du pays !

Créé en 1872 sous la période d’annexion allemande, le Club Vosgien a façonné cette petite merveille, avec pour objectif écolo avant l’heure de concilier les activités de pleine nature avec la protection de l’écosystème et du patrimoine. Il s’appuie sur le bénévolat, art de vivre partagé par 34 000 membres répartis en 124 sections, pour baliser et entretenir les sentiers, mais aussi gérer chalets, refuges, abris et éditer des guides et cartes,  papier ou en numérique 3D.

Les Vosges alsaciennes se déclinent autant en promenades familiales, certaines accessibles aux poussettes et mobilités réduites, qu’en randos de toutes durées et niveaux, jusqu’aux sorties sportives à caractère alpin et treks de plusieurs jours.

De nombreuses autres activités sont possibles : marche nordique, accrobranche, baignade, parapente, VTT et, en hiver, tout type de ski, raquette, etc.

Atout pratique, la taille relativement modeste du massif, 6 000 km², soit le tiers des Pyrénées, et le bon maillage ferroviaire et routier permettent d’atteindre assez facilement et rapidement les départs d’excursion, véhiculé ou pas.

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La maîtrise du balisage et l’entretien des sentiers par le Club Vosgien s’applique partout, des GR aux sentiers locaux. Tuyau : décoder le balisage ! Soutenir cette odyssée d’utilité publique (70 000 h de travail, 235 000 km parcourus par an) :  faire un don, devenir membre , actif ou non.

Les Vosges du Nord, au naturel

Les Vosges du Nord commencent au nord du col de Saverne à 1 h de route au nord-ouest de Strasbourg.  Le relief s’abaisse, les sommets ne dépassent plus 580 m. Omniprésente, la forêt saute par-dessus de nombreux vallons aux belles prairies, veillés par des rochers et crêtes de grès tourmenté, garnissant des collines se multipliant à l’horizon comme les pains dans l’Évangile. 

Deuxième du massif, la parc naturel des Vosges du Nord couvre l’extrémité nord-ouest de l’Alsace et le pays lorrain voisin de Bitche.

Dans sa tonalité, il est aussi incontournable que celui des Ballons. Moins fréquenté, voire peu hors des sites phares, ce royaume des plus vastes et belles forêts vosgiennes regorge de sentiers et sites baignés de légendes, dont un quart des châteaux alsaciens, souvent spectaculaires et troglodytes. Objet de randonnées enchantées, cette région est romantique et authentique, comme ses villages.

La protection naturelle continue dans le Palatinat allemand frontalier par le Naturpark Pfälzerwald, (1 800 km² de forêts, canyon d’Altschlossfelsen, châteaux, etc.), uni au parc français dans la réserve de Biosphère Unesco.

Sautes-frontières juste trahis par les balisages, les sentiers valident cette réalité européenne, tandis que les vestiges de la ligne Maginot, Four-à-Chaux près de Lembach, fort de Schoenenbourg  proche du village étoilé d’Hunspach, entre autres, rappellent le chemin parcouru depuis les temps des guerres franco-allemandes...

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Le sud des montagnes du Palatinat partage avec les Vosges du Nord la bannière de la Vasgovie. Légendaire et presque oubliée sans être imaginaire, elle renvoie à des Vosges du Nord plutôt Wasgau que complètement Vosges…, tous ces chemins ne menant pas à Rome mais à Vosgesus, dieu celte forestier à l’origine de ces termes.

Lire aussi notre article Parc naturel des Vosges du Nord : l’Alsace buissonnière

Les Vosges Moyennes, mémoires locales

Les Vosges Moyennes s’étendent du col de Saverne aux crêtes entre le val de Villé et la vallée de la Liépvrette.

Appelées également Hautes Vosges gréseuses, c’est le centre du massif, son cœur battant, beau et varié, foisonnant de sommets et sites vénérés depuis des temps immémoriaux, vastes forêts, chaumes et vallons.

Ainsi, le spectaculaire rocher de Dabo, où le pape Léon IX naquit peut-être en l’an 1002,  le Donon et son temple (même si ce dernier est récent), le fameux Mont Saint-Odile, son pèlerinage remontant au 7^e s et l’énigmatique mur païen, retrouvé plus au sud au château du Frankenbourg, « Château des Francs » associé à Clovis, puis au Taennchel au-dessus de Ribeauvillé.

L’histoire et la géographie régionale ont facilité la création d’enclaves. Perdue au-dessus de la rive gauche de la Bruche, l’ancienne principauté de Salm-Salm est la terre d’origine des Amish (!), communauté évangéliste célèbre pour ses coutumes rétro et « vedette » du film Witness avec Harrison Ford.

Anabaptistes-mennonites dissidents installés dans le val d’Argent à la fin du 17^e s, ces pacifistes ayant les premiers obtenus le droit d’objection de conscience sont expulsés par Louis XIV en 1712. Si la majorité rejoint les États-Unis établir la communauté Amish, certains restent, notamment à Salm jusqu’en 1907, où les seigneurs, appréciant leur travail, leur louaient des censes (grandes fermes).

Non loin, mais rive droite de la Bruche, la dizaine de villages de l’ancien comté du Ban de la Roche honore le souvenir du pasteur Oberlin. Fin 18^e-début 19^e s, il appliqua ici l’humanisme protestant en utopie réaliste d’instruction et développement d’une communauté montagnarde, jusque-là très pauvre et reculée. Un musée lui rend hommage à Waldersbach.

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Combiner rando, paysages variés, histoire et patrimoine : 

- Salm : adorable petite route forestière, ferme-musée, sentier thématique, château ; Circuit de Salm, 21 km, 6 h 30, dénivelé cumulé 1 100 m.

- Ban de la Roche : musée (Waldersbach), villages, sentier Oberlin,  Balade gourmande.

Hautes Vosges, le must du massif

Géologie cristalline, plus hauts sommets du massif, dont les légendaires ballons, vastes chaumes, route des crêtes, nombreuses fermes auberges, randos célèbres (sentier des Roches, Les Trois Lacs., etc.), les Hautes Vosges forment la région la plus connue du massif, à juste titre

Rien d’étonnant à ce qu'elles payent parfois les rançons de leur succès. Si la « foule », c’est naturel en ville, moins dans la nature… pas question de les snober, voir nos conseils ci-dessous. 

Le parc naturel des Ballons s’étend du territoire de Belfort à Ribeauvillé. Rassasié de ses vedettes alsaciennes, autant filer au sud vers les vallées de Thann-Saint Amarin et Masevaux découvrir la route Joffre les reliant, petite sœur de celle des Crêtes, la réserve naturelle de la Forêt des Volcans, les anciennes chaumes du Rossberg, le Baerenkopf, etc. 

Apportant une coloration particulière au massif, le pays welche, de langue et culture d’origine gallo-romane, comme le signifie l’allemand welsch francisé par Voltaire, s’étire sur une bande étroite mais longue de près de 100 km, de la vallée de la Bruche à celle d’Orbey.

Héritiers de populations réfugiées face à l’expansion germanique depuis le 3^e s, renforcés par des Lorrains à partir du 17^e s, les Welches, malgré la quasi-disparition de leur patois, conservent des traditions vivaces : agriculture montagnarde aux espaces ouverts, travail du bois, fromages, dont le Munster, distillation. Visiter le Musée des métiers du bois et la Maison du pays Welche. 

D’impressionnants sites de tranchées de la Première Guerre mondiale hantent les crêtes des Hautes Vosges : Linge, proche de Colmar et Munster, Hartmannswillerkopf plus au sud.

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La taille modeste du massif augmente le risque de concentration. Si possible, éviter les week-end et jours fériés en haute saison et privilégier les mi-saisons. Si vous ne pouvez pas, partir tôt et étudier les alternatives aux plus célèbres randonnées.

Grands itinéraires et autres sentiers des Vosges alsaciennes

On peut trekker jusqu’à 25 jours plus ou moins sportifs sur les grands itinéraires alsaciens ! S’ils passent par les lieux les plus fréquentés, ils abordent aussi les « secrets » des Vosges alsaciennes...

Inclus dans un itinéraire XXL reliant la mer du Nord à la Méditerranée via le Mont-Blanc, la Traversée des Vosges, 430 km tracés en 1897 (!) de Wissembourg à Belfort, emprunte le GR 53, puis le GR 5 à partir du Donon. L’ERA l’a certifiée parmi les 20 meilleurs itinéraires européens  (le seul en France). Suivre le légendaire rectangle rouge, c’est aussi remonter l’histoire, de la révolution industrielle à l’Antiquité et découvrir des sites culturels et villes pittoresques.

Autres options : le GR 531 relie les principales crêtes de Soultz-sous-Forêt à Masevaux et, meilleur choix, le 532, de Woerth à Belfort, plus diversifié par ses incursions dans les vallées, au prix d’un plus grand dénivelé.

Création récente, le superbe Chemin des châteaux forts d’Alsace file nord-sud parallèlement aux crêtes, sur 450 km découpés en 28 étapes.

Reliant des branches d’Europe du Nord et de l’Est à celles de Franche-Comté, le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en Alsace traverse en 12 étapes d’environ 25 km le piémont alsacien de Wissembourg à Belfort, déroulant ainsi un panorama dynamique sur les Vosges.

La majorité des randonneurs pratique sur une journée ou deux. Grâce aux transports communs, les GR se négocient aussi par étapes, selon rythme et dispos.

Une myriade d’autres options existe pour les sorties à la journée. Voir la fiche pratique : liens et sélection particulière.

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S’intéresser aux très nombreuses boucles dessinées par le club vosgien : panneau de circuit au départ, balise anneau (3-4 h de marche) ou disque (plus d’une demi-journée).

Lieux de villégiatures, refuges et autres hébergements

Si la taille compacte et les distances raisonnables permettent de s’élancer depuis les belles villes et villages du piémont et de la plaine, on vous conseille de passer la nuit – voire plusieurs – dans le massif, tant l’immersion vosgienne est séduisante.

Fin 19^e s, plusieurs stations de villégiature se développent sur le versant alsacien. Tombées en désuétude relative à partir des années 60, elles connaissent aujourd’hui un renouveau, accéléré par la crise du Covid-19... Auberges, hôtels, équipements et réseaux de sentiers y accompagnent les excursions d’un jour ou plus.

Ainsi le Hohwald, autrefois fréquenté par Sarah Bernhardt, Joffre, la Reine Juliana… Ou, plus modeste vers Colmar, le lieu de pèlerinage marial des Trois Epis, son panorama à 360° du Galtz, petit « Corcovado » alsacien et ses sentiers rejoignant Labaroche, étalée quelques kilomètres plus loin dans ses «  welches » prairies. 

Plus au nord, voici Aubure, plus haut village d’Alsace, Thannenkirch sous influence du magnétique Taenchel et La Vancelle, la lumineuse.

La très conseillée vallée de la Bruche nourrit plusieurs villégiatures : Grendelbruch, Oberhaslach-Niederhaslach et, sur la 218 rejoignant Saverne, Wangenbourg, surnommée « Petite Suisse d’Alsace », où résida De Gaulle.

Dans les Vosges du Nord on suggère : la Petite-Pierre, capitale du parc naturel (château, curiosités, forêt à perte de vue), Obersteinbach-Niedersteinbach, jolis villages proches des châteaux et du Palatinat et Niederbronn-les-Bains, station thermale depuis les Romains.

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Le Club Vosgien gère 33 refuges en tout genre. Du solo au grand groupe, du camping à l’insolite… Voir aussi Autres refuges hébergements.

Nos suggestions de boucles de randonnée

Petite sélection de randos en boucle (niveau moyen sauf mention contraire ; durées indiquées sans les pauses/visites) donnant priorité aux découvertes et petits secrets des Vosges, en complément de celles mentionnées dans le texte.

Parc des Vosges du Nord :

-saute-frontière avec le Palatinat allemand : Château en Château (Burgenweg), voir aussi randovosgesdunord.fr. Partir du parking proche du Froensbourg (D3) pour diviser les 33 km en 2 boucles d’1jour.,

- depuis Roppeviller (Pays de Bitche) : Altschlossfelsen et Rocher de Diane, facile, 7km, 2h.

- La Petite Pierre : Sentier des 3 Rochers, facile, 11km, 3h30.

Vosges Moyennes :

-Wangenbourg-Engenthal : Suisse d'Alsace et massif du Schneeberg, 12 km, 3h30, dénivelé cumulé 1000 m.

- Dabo  : multitude d’options, vestiges étonnants, légendes, forêts...

- Vallée de la Bruche (l’embarras du choix !) : autour d’Oberhaslach-Niederhaslach ; autour du Donon ; Porte de Pierre-rocher de Mutzig, moyen à difficile, jusqu’à 18km et  1600 m de dén. cum. ; Salm et Ban de la Roche (voir le chapitre«  Vosges Moyennes ») ; Climont et source de la Bruche , 11 km, 3h30, dén. cum. 800 m.

- Obernai-Saint-Odile : Circuit des cinq Châteaux, 15 km 5h30

- Val de Villé, depuis Neuve-Eglise : Frankenbourg-Rocher du Coucou-Roche des Fées-Breitenau, 15km, 6h, dén. cum. 1300 m. 

Hautes Vosges :

- Col de la Schlucht : alternative plus courte et facile au Sentier des Roches, Les escaliers de Hirschteine, 5km, 2h30, dén. cum. 660 m.

- par Ribeauvillé : Le Taennchel depuis Thannenkirch,15 km, 5h30, dén. cum. 1200m.

- par Kaysersberg : Ursprung-Col de Fréland-Aubure-roche du tétras-Saint Alexis, 19 km, 7h, dén. cum. 1400, 7h

- à.partir de 15 min. de trajet slt depuis Colmar, nombreuses boucles possibles : route des 5 châteaux ; Trois-Epis-Labaroche.

- par Fréland (pays welche) : Chamont, 7 km, 2h30, facile, à prolonger vers Ribeaugoutte.

- Vallée de la Thur ( Thann) : A la rencontre des chamois, 14 km, 4h30 ; Domaine volcanique des Vogelsteine, 18 km, 6h, dénivelé cumulé 1600 m.

- Vallée de la Doller (Masevaux) : depuis Rougemont-le Château, Le Baerenkopf 16 km,  6h, dén. cum.1400 m.