Bonjour ,
Je reviens de près de deux mois au Salvador , j’ai voyagé toute seule , sans guide ni agence .
C’est un pays qui a eu longtemps une très mauvaise réputation de violence et d’insécurité et qui est encore peu fréquenté par les touristes européens , notamment français.
Pourtant ce petit pays a beaucoup à offrir aux voyageurs vraiment curieux qui veulent sortir des sentiers battus .
Pour ma part j’ai beaucoup aimé cette destination.
Je ne vais pas donner en détail et au jour le jour mon séjour de deux mois , je vais essayer de résumer.
J’AI AIMÉ :
● LES VOLCANS
Pratiquement de n’importe quelle partie du pays on aperçoit la silhouette d’un ou plusieurs volcans , parfois il s’agit d’un volcan d’un pays voisin ( Guatemala ) .
On peut en faire l’ascension ou y aller en vehicule , parfois avec une agence , souvent il y a un mirador pour admirer le panorama .
Pour certains volcans on peut y camper pour admirer le lever et le coucher du soleil .
L’ascension du volcan de Santa Ana est assez touristique , je ne l’ai pas fait mais la plupart des touristes qui vont à Santa Ana le font.
● LES LACS ET LES LAGUNES
D’origine volcanique ou artificielle on en trouve beaucoup dans le pays : Lago de Coatepeque , Lago de Guija, Laguna El Jocotal , lago de Suchitlan etc…
Selon l’endroit on peut s’y balader en barque , faire du jet ski, etc…
Le mieux est de trouver un logement avec vue sur le lac pour en profiter pleinement , il y a aussi des restaurants qui ont de très belles vues , par exemple sur le Lago de Coatepeque ou sur celui de Suchitlan.
● LES ZONES MONTAGNEUSES
Pour leur climat plus frais et leurs beaux paysages.
● Perquin et El Mozote ( la Ruta de la paz ) : pour découvrir une partie de l’histoire récente du pays ( guerre civile. ) .
J’ai eu la chance d’échanger longuement avec deux témoins directs de cette époque : un ancien guerrillero et une dame qui a échappé aux massacres de décembre 1981 ( elle avait 7 ans à l’époque ) , deux rencontres très intéressantes et émouvantes .
● El Pital : sommet le plus élevé du pays , on peut y loger , climat assez frais .
● La Palma , petite ville d’artisans , ne pas manquer de visiter la Cooperativa Semilla ds Dios et ses artisans qui peignent de jolis objets en bois .
Chez Artesanias Paty vous pouvez peindre vous-même un objet en bois . La propriétaire est particulièrement sympathique.
Les environs offrent un paysage de montagne avec de nombreux pins , on se croirait presque en Europe !
L’Hotel Entre Pinos ( San Ignacio ) : les clients peuvent se promener sur plusieurs sentiers entre les pins comme son nom l’indique .
Les bus s’arrêtent devant .
Ouvert également à ceux qui n’y logent pas .
● SUCHITOTO
Petite ville coloniale aux rues pavées et aux maisons colorées , elle a beaucoup de charme .
On y trouve de nombreux hôtels de charme de style colonial , certains ont une vue sur le Lago de Suchitlan .
Spécialité artisanale : l’indigo , avec un festival qui lui est dédié en septembre .
C’est mon village préféré au Salvador .
● NAHUIZALCO
Village pipil où malheureusement , suite au massacre de 1932 et à la répression qui a suivi , la population ne parle plus le nahuatl et a abandonné ses traditions.
On m’a dit qu’aujourd’hui encore , certaines personnes âgées croient que si elles parlent le nahuatl on va les tuer .
C’est le village de la Ruta de las flores que j’ai préféré , pour son marché et son animation et son ambiance nocturnes , notamment le dimanche.
C’est l’occasion de goûter quelques spécialités à base de yuca ( pupusas de yuca , yuca salcochada , etc…).
● SAN SALVADOR
A longtemps eu une très mauvaise réputation de ville dangereuse , notamment son Centro historico qui était à eviter.
Aujourd’hui ce n’est plus le cas , la ville est relativement sûre , la police est très présente.
● A VISITER DANS LE CENTRE :
le Palacio Nacional , la Biblioteca Nacional de EL Salvador( BINAES ) , la cathédrale .
Pendant mon séjour la Iglesia del Rosario était fermée , elle aurait de beaux vitraux.
DANS LES AUTRES QUARTIERS:
La Plaza Salvador del Mundo , place emblématique de la ville .
● ZONA ROSA:
Le Museo Nacional de Antropologia , le Museo de Arte ( MARTE ) , le Mercado Nacional de Artesanias où on trouve de l’artisanat de tout le pays .
• Les bons restaurants , j’en reparlerai.
● COLONIA ESCALON
Allez faire un tour à El arbol de Dios , boutique et atelier d’artisanat mis en place par Fernando Llort , peintre et céramiste .
La visite de l’atelier est intéressante , j’ai longuement parlé avec une dame et un monsieur passionnés par leur travail ( atelier fermé le dimanche ) .
Le fils de Fernando Llort était présent , c’est lui qui gère depuis le décès de Fernando Llort .
● LES ALENTOURS
Sont également intéressants comme El Boqueron , sur le cratère du volcan du même nom .
On peut y aller en voiture , en bus ou en faire l’ascension .
Le Lago Ilopango est tout proche également ( je n’y suis pas allée ) .
Il y a aussi le Parque del Bicentenario où je ne suis pas allée .
Je ne suis pas trop plage mais les plages du pays sont réputées pour le surf , notamment les plages de La Libertad qui attirent de nombreux touristes étrangers et qui sont très proches de San Salvador , on peut y aller à la journée .
J’AI AUSSI AIMÉ:
● LA POPULATION
C’est ce que j’ai préféré au Salvador !
C’est une population qui est très attachante , chaleureuse , accueillante
, très aidante et ouverte .
Le contact s’établit très facilement .
Je pense que la meilleure façon de connaître un pays est d’échanger avec ses habitants , cela permet une approche moins superficielle .
Au contact de cette population si sociable j’ai appris beaucoup de choses sur El Salvador , bien plus qu’en lisant des livres ou en regardant des reportages télé sur El Salvador , et ceci sur les sujets les plus divers .
Ces rencontres et ces échanges valent toutes les visites guidées du monde !
Le sens de l’accueil , lié à la curiosité naturelle des Salvadoriens rendent les rencontres inoubliables.
Évidemment , comme partout il y a des gens très antipathiques.
Parmi les très nombreuses rencontres faites pendant ce sejour , il y en a certaines plus marquantes .
Par exemple , une jeune fille rencontrée au mIrador du volcan Concagua , elle était avec deux cousines et un oncle venus des USA .
Elle a passé un long moment à parler de divers sujets avec moi .
Je l’ai trouvée très touchante quand elle m’a parlé de son quotidien au temps des pandillas , elle a répété plusieurs fois que dans son quartier " ¡ Se puso bien feo ! , une façon pudique de dire que c’était bien difficile.
Elle m’a raconté le destin tragique d’une de ses camarades de lycée dont un pandillero était tombé amoureux mais ce n’était pas réciproque .
Cette jeune fille était dans le bus le jour où le marero est venue chercher sa camarade de classe , c’est la dernière fois qu’elle l’a vue vivante , on l’a retrouvée découpée en morceaux.
Plus tard j’ai su que les mareros filmaient tout et le postaient sur les réseaux sociaux.
Elle était aussi au bord des larmes quand elle m’a raconté qu’un jeune garçon qu’elle connaissait avait été tué parce qu’il n’avait pas d’argent pour payer la renta demandée par les pandilleros , quand elle a appris cela , elle était très triste parce que ce jeune garçon était très gentil et n’aurait fait de mal à personne .
Elle était très émue en me racontant tout cela.
On m’a raconté beaucoup d’autres choses sur les pandillas , des horreurs que je n’imaginais pas .
En général les Salvadoriens sont très bavards et intarissables , quelque soit le sujet , ils adorent parler !
Les échanges avec eux n’ont rien à voir avec ceux que l’on peut avoir en Europe , même dans des pays dont les habitants ont la réputation d’être sociables .
En comparaison , même les Italiens ou les Espagnols sont froids et distants .
● L’AUTHENTICITÉ
El Salvador reçoit encore peu de touristes et reste très authentique , il y a peu de boutiques touristiques , peu de choses écrites en anglais , etc…
J’ai lu des retours de touristes déçus par certains pays d’Amérique Centrale ( Costa Rica , Panamá ) qu’ils trouvaient très " américains " et industriels , je pense que El Salvador correspond plus à l’idée que certains se font d’un pays d’Amérique Centrale.
Mais étant donné qu’il y a peu de choses faites pour les touristes il faut être un peu débrouillard si l’on veut voyager sans guide ni agence et en bus .
● LAS PUPUSAS
C’est LE plat national de El Salvador . Les Salvadoriens adorent et en général les touristes aiment aussi .
Ce sont des galettes ou des petits pains plats à base de semoule de maïs ou de farine de riz , à Nahuizalco on en trouve à base de yuca.
Ces galettes peuvent être farcies de crevettes , poulet , frijoles ( purée de haricots rouges ) , chicharron ( couenne de porc ) ou de plantes typiques du pays : loroco , chipilin , mora , papelillo .
On les sert avec du coulis de tomate et un curtido , mélange de chou , carottes , coriandre , piment ,etc…en vinaigrette.
Le prix va de 50 centavos à 2$ .
Évidemment , on ne peut pas partir de El Salvador sans y avoir goûté !
● VOYAGER EN BUS
Il y a des bus tout le temps , ils vont partout , s’arrêtent partout et le prix est dérisoire.
Les bus de El Salvador sont beaux et photogéniques , ce sont d’anciens bus scolaires américains customisés et très colorés .
Ils permettent de voyager en immersion , au contact de la population , dans une ambiance 100% latina.
En général il y a de la musique à fond , dans le meilleur des cas ce sera de la bachata , Julieta Venegas , Mana ou Calle 13 * ( j’aime beaucoup les trois ! ) , on entend aussi beaucoup de corridos mexicains et bien sûr , l’inévitable reggaeton , souvent des groupes inconnus en Europe avec des chansons aux paroles très machistes et sexistes qui ne passeraient pas en Europe.
Un jour c’est même un passager qui avait une grande enceinte qui diffusait de la musique religieuse joyeuse à fond !
Au Salvador s’il n’y a pas de musique , il n’y a pas d’ambiance et il y a de la musique quasiment partout ; certains vont même à la plage avec leur grosse enceinte qui diffuse la musique pendant qu’ils se baignent !
Des fois il n’y a pas de musique du tout dans les bus , mais c’est rare .
Il y a toujours des gens qui montent pour vendre toutes sortes de choses. ( machine à coudre miniature , médicaments , vêtements , fruits , plats ,etc…)
Ceux qui vantent les mérites des médicaments sont plutôt drôles , leurs explications étant assez fantaisistes !
Parfois , il y a plusieurs vendeurs qui montent en même temps et ça fait un sacré boucan puisque tous crient pour dire quel produit ils vendent , pour en en vanter les mérites ( les explications sont très longues ! ) et donner le prix .
De temps en temps on a également quelqu’un qui monte pour nous faire un sermon religieux .
Le contact avec les autres passagers est très facile , il suffit de demander si on est bientôt arrivé pour que la conversation s’engage ; en tout cas il est quasiment impossible de rester 1h00 à côté de quelqu’un sans lui parler , en général les Salvadoriens se parlent .
Dans mes nombreux trajets en bus j’ai rencontré , entre autres : un prédicateur évangéliste , un auto- entrepreneur qui vit depuis des décennies à Las Vegas , un monsieur qui m’a parlé en français parce qu’il avait été réfugié politique au Québec , une professeure qui me parlait de ses conditions de travail avec sa classe de 38 enfants de 6 ans et un simple ventilateur au plafond alors qu’il fait très chaud , une dame qui fait partie d’une association constituée uniquement de femmes d’une *comunidad * qui protège les tortues marines ; une fillette de 10 ans très mâture pour son âge et qui était partagée entre son souhait de vivre avec sa maman partie travailler aux USA et son envie de rester au Salvador
, etc…,etc… une autre personne m’a dit quelle somme il faut payer aux cartels mexicains pour rentrer aux USA ( illégalement ) , somme énorme que je n’imaginais pas !
Évidemment , en attendant le bus on échange aussi .
C’est en attendant le bus à El Mozote que j’ai rencontré une dame rescapée du massacre de 1981 . Elle avait la chair de poule en me racontant ce qu’elle avait vécu alors qu’elle avait 7 ans , cachée dans les montagnes environnantes et ensuite dans un camp de réfugiés au Honduras . Rencontre émouvante.
Bref , des fragments de vie qui racontent El Salvador.
A part sur deux ou trois trajets du côté de Santa Ana , le reste du temps j’étais la seule étrangère dans les bus et j’ai toujours eu des regards curieux et étonnés .
J’ai adoré voyager en bus , c’est un voyage dans le voyage !
Mais je reparlerai des bus …
● NE RIEN RÉSERVER EN AVANCE ET IMPROVISER
Je déteste réserver en avance même pour des sejours courts et pour ce séjour j’avais réservé uniquement les premières nuits à San Salvador.
Les bus ne se réservent pas ( de toutes façons il y en a tout le temps ) et pour les logements je réservais par téléphone deux ou trois jours avant , voire la veille pour lendemain , je n’ai jamais eu de problème.
Attention , la première semaine d août est une semaine de vacances où les Salvadoriens voyagent pas mal.
Attention aussi aux autres périodes de vacances : pour la Semana Santa et pour Noël , ainsi qu’aux week-end sur les plages.
A SUIVRE …