Bonjour Magdaline,
Merci pour ce témoignage. Effectivement, aller travailler là-bas n’est pas sans risque …
Déjà tu sembles avoir bénéficiée d’un salaire plutôt correct, ce qui n’était pas si mal au départ. La majorité des offres d’emploi proposent des salaires assez moyens, et il est difficile de faire face à toutes les dépenses liées à l’expatriation avec des revenus trop limités.
Attention à ne pas partir avec une vision trop idyllique. C’est un peu le far west par endroits, le pays et la zone d’Abidjan ont toujours attiré de gros méchants et d’authentiques escrocs. L’économie est surtout basée sur des activités d’extraction et d’export de matières premières, avec une bonne grosse dose de corruption, et je vous laisse imaginer le genre de sympathiques individus et entreprises que ça attire…
Quand un européen arrive pour travailler, il va rapidement être submergé de travail si le contenu du poste n’est pas bien défini (et négocié) à l’avance. Il y a quand même un paquet de “branleurs” dans toutes les boîtes et, comme il faut bien que le boulot soit fait, ça risque de vite vous retomber dessus si vous êtes un temps soit peu docile et compétent. Le pire c’est pour tous ceux qui viennent pour une mission courte durée en expertise ou sous-traitance. Dans ce cas on va vous charger comme une mule, pour profiter un max de vous tant que vous êtes sur place, et vous ne profiterez absolument pas du séjour.
Dans votre cas, vous aviez en plus l’énorme handicap d’être … une femme. Déjà qu’en Europe il existe des disparités, là-bas ce seraient plutôt des gouffres. D’ailleurs je déconseille fortement de cesser le travail à 16h34 pour protester contre les différences de traitement, là-bas je crois que tu prends la porte direct …
Comme me l’ont souvent répété mes amis ivoiriens, il y a aussi une logique de proie/prédateur qui régit certaines relations sociales. Si tu n’es pas l’un, tu es forcément l’autre… Il aurait sans doute fallu que vous tapiez du poing sur la table, mais encore fallait-il qu’il y ait un interlocuteur à qui s’adresser. Et en dernier recours, ne comptez pas sur l’appui du consulat ou autre, il s’en foutent royalement.
Niveau dépenses, comme tous les expats, vous avez été surfacturée. On va dire que c’est normal, mais dans votre cas ça a du sérieusement plomber le budget. Vous devez surement être trop gentille, et on a du en profiter. Certes les ivoiriens sont sympas, mais il existe une forme de dualité dans leurs comportements. Un blanc est considéré comme riche, quel qu’il soit. Et le fait de voir un blanc galérer va amuser pas mal de monde, sorte de revanche post-colonialiste, ou plus simplement du racisme. Pour y avoir été confronté pas mal de fois, je vous garantie que c’est quelque chose de bien réel.
Mais le plus embêtant dans votre histoire, ce sont les problèmes de santé que vous avez ramenés. La prophylaxie contre le paludisme ne peut se prendre que pour une période maximale de 4 mois. Les différents traitements existants ne sont pas sans risques, et on est assez mal informés sur le sujet. Le simple fait de prendre ces traitements va modifier le fonctionnement de l’organisme (flore intestinale, photo-sensibilté, système nerveux…). Et si en plus vous arrivez malgré tout à choper le palu, alors là c’est la double peine. Pour diverses raisons -arrêt momentané du traitement, antibio-résistance - on peut malheureusement être infecté même en prenant ses précautions, ce qui semble être votre cas.
Faites attention, les médecins généralistes en France sont bien incompétents pour traiter ces pathologies, et ils risquent d’aggraver les symptômes en vous faisant prendre n’importe quoi. Il faut tout de suite se rapprocher des pôles dédiés aux maladies tropicales. Et même là c’est pas gagné pour être pris en charge efficacement.
Là aussi je connais bien le sujet, car j’ai également attrapé le palu. Et grâce à l’incompétence conjugée de plusieurs professionnels de santé, la situation s’est bien dégradée sur 2 ans de temps. Et aujourd’hui, ce sont les mêmes rigolos qui me sortent qu’au final, ce n’est plus soignable, on a attendu trop longtemps…
Bref, vous ne pouvez compter que sur vous-même. Et n’hésitez pas à prendre plusieurs avis si vous avez des doutes sur les compétences et/ou le diagnostic de votre interlocuteur.
Pour cette histoire de dengue, j’aimerai bien avoir quelques précisions. Si vous le souhaitez vous pouvez me contacter en MP.
Bon courage, bon rétablissement, et essayez de décompresser un peu.
Bien amicalement,
Touko