Il y a encore quelques années, la Biélorussie était un pays totalement fermé au tourisme. Le plus difficile d’accès en Europe en raison de la procédure complexe, longue et coûteuse pour l’obtention de visa. En 2017, le gouvernement a voulu faciliter l’entrée des touristes sur le territoire avec une exemption de visa pour 5 jours. A condition d’entrer et de sortir du territoire via l’aéroport international de Minsk. Un an plus tard, la durée d’exemption de visa est prolongée de 25 jours ! Passionné par l’Europe de l’est, les destinations russophones et les ex-républiques socialistes, je décide de passer une mois dans le pays en mode routard du 12 janvier au 10 février 2019.
Le pays comporte 6 régions, nommées “voblasts” en biélorusse. Je passerai 5 jours dans chacune d’entre elles pour prendre mon temps de découvrir la vie sur place. A ce propos, en Biélorussie, on parle principalement russe, la langue du géant voisin avec lequel on noue une relation un peu tumultueuse. Le biélorusse est l’autre langue nationale mais peine à s’imposer face au russe, qui reste la langue quasi unique du pays dans les faits. Très peu de Biélorusses parlent anglais. On retrouve la même situation en Russie d’ailleurs, que j’avais déjà traversée lors d’un précédent voyage. Heureusement, je parle suffisamment russe pour me débrouiller dans la plupart des situations de base auxquelles peut être confronté un touriste. Deux choses comptaient pour la préparation de mon voyage en Biélorussie :
- y aller l’hiver pour voir le pays recouvert de neige (d’où mon choix de partir en janvier)
- traverser le pays uniquement en train
Etape 1 : Voblast de Minsk
Je commence mon voyage à Minsk, la capitale, où je suis obligé d’atterrir. Impossible de rejoindre le pays par voie terrestre pour avoir droit à l’exemption de visa. Je m’attends à un long contrôle des passeports à l’aéroport. Les douaniers ne sourient pas et ne semblent pas voir l’arrivée du routard que je suis d’un très bon oeil. Je ne suis entouré que de Russes ou de Biélorusses. Pourtant, le contrôle dure à peine une minute et après quelques mots échangés en russe, l’officier tamponne mon passeport. Il me laisse passer avec un sourire. Me voilà à Minsk !
Minsk, c’est un peu la petite soeur de Moscou. Elle est bien moins grande mais on y retrouve un peu la même atmosphère avec les grandes artères, les stations de métro bien décorées et les grands immeubles au style staliniste. J’arrive alors que les festivités du nouvel an orthodoxe ne sont pas totalement terminées. Il y a encore de grands sapins de Noël, de la musique de saison et même un petit marché avec cabanes en bois. Comme prévu, la neige est elle-aussi au rendez-vous.
Pourtant, Minsk fait bien plus européenne que Moscou. Elle a des airs de Varsovie, de Vienne parfois. Le Faubourg de la Trinité est à ne surtout pas manquer ! C’est d’ailleurs là que se trouve mon hôtel. Il s’agit d’un vieux quartier tranquille avec quelques commerces et restaurants dans la vieille-ville de Minsk. On trouve de vieilles bâtisses bien préservées et un petit pont permet de rejoindre l’Île aux Larmes où se trouve un monument en hommage aux soldats morts pour la guerre d’Afghanistan (celle de l’époque de l’URSS).
Niveau églises et cathédrales, il y en a aussi beaucoup à visiter dont la cathédrale Sainte-Marie, la cathédrale du Saint-Esprit et ma préférée l’église de Tous-les-Saints. Après quelques jours passés dans la capitale pour prendre la température du pays, je prends un billet de train matinal et poursuit ma route dans les régions plus éloignées.
Etape 2 : Voblast de Vitebsk
Le nom de Vitebsk ne m’était pas complétement inconnu. C’est la ville natale du peintre Marc Chagall. Devant les immeubles hérités de l’époque communiste, je tombe sur une fresque qui représente l’artiste. D’ailleurs, l’une des premières visites que je fais, c’est celle de sa maison. Une maison en bois à l’aspect plutôt sobre où est encore exposé le mobilier d’époque et quelques dessins de l’artiste. La visite est rapide mais immanquable si on se rend à Vitebsk. J’étais le seul dans la maison au moment de la visite, ce qui ajoute quelque chose à la beauté du lieu et son authenticité.
A part cela, Vitebsk est une ville très agréable, que je découvre à mon rythme, d’église en église, de place en place, de rue en rue. Ce n’est pas très grand comparé à Minsk mais c’est parfait pour moi qui adore observer la vie locale, admirer l’architecture, voire les gens vaquer à leurs occupations et simplement marcher au hasard des quartiers.
Etape 3 : Voblast de Moguilev
Si j’ai aimé Vitebsk, principalement le musée Chagall, Moguilev me plait beaucoup plus. La ville est un peu plus petite mais bien plus vivante. C’est sûrement dû à sa longue rue piétonne alignant les bons restaurants, les beaux monuments et les théâtres jusqu’à l’élégante place de l’hôtel de ville. J’avais d’ailleurs un peu écourté mon séjour à Vitebsk pour pouvoir passer un dimanche à Mogilev. A l’image de la Russie, la religion orthodoxe est très pratiquée dans le pays. Le dimanche est un jour sacré.
Ce jour-là donc, je me rends dans un parc à quelques centaines de mètres du centre où se trouvent les principales églises de la ville. Le parc est recouvert d’un épais manteau de neige. Au loin, près de la forêt, des chevaux traînent des calèches en bois. Et ce n’est même pas pour attirer les touristes puisqu’il n’y en a pas. C’est la vie biélorusse qui s’écoule lentement. En général, la vie en Biélorussie est vraiment tranquille. Les rues sont calmes, l’air est frais et doux et les gens respectueux de la tranquillité des autres. Pourtant, ce dimanche, il y a du monde au parc ! Des familles venus amuser leurs enfants avec une luge ou de quoi faire un bonhomme de neige, des vendeurs ambulants de ballons, nourriture ou café et des personnes venues pour la messe. L’église est pleine. Certains viennent avec de gros bidons vides pour les remplir d’eau bénite. Je passe un certains temps à assister à l’atmosphère religieuse et spirituelle de l’église puis à me promener dans le parc, entouré par tant de vie. Cette ville est de loin celle que je préfère pour l’instant !
Etape 4 : Voblast de Gomel
Les Biélorusses que j’ai rencontrés m’ont prévenu que Gomel n’est pas la ville la plus transcendante du pays. Et c’est vrai qu’après Mogilev, je reste un peu sur ma faim. La ville est jolie mais peu animée et il manque des rues piétonnes et de beaux monuments pour parfaire le tout. En revanche, le parc et son église me plaisent beaucoup. Je m’y rends un jour ensoleillé et je profite encore plus de la quiétude du lieu.
Etape 4 : Voblast de Brest
Brest est très éloignée de Gomel en train. Il faut dire aussi que les transports ne sont pas très rapides. Je décide donc de m’arrêter pour une nuit à Pinsk sur le chemin. Pinsk est vraiment une petite ville, on dirait presque un village. Non seulement il n’y a pas de touristes mais je suis quasiment le seul à arpenter les rues une fois la nuit tombée. La vie semble suspendue. On dirait presque un village fantôme, déserté sans qu’on ne sache pourquoi de toute sa population. Tant bien que mal, je finis par trouver un petit bar-restaurant où manger.
Le lendemain, autre ambiance à Brest, à ne pas confondre avec son homonyme française. Brest la biélorusse, c’est l’une des principales villes du pays. On y trouve une jolie rue piétonne, bien fréquentée avec un bon choix de restaurants, cafés et même un cinéma moderne. Peu avant le coucher de soleil, les personnes se font plus nombreuses. Arrive alors l’allumeur de réverbères qui dans son costume traditionnel allume les réverbères un par un à l’aide de son échelle. Entre deux lumières, il prend la pose pour une photo. La plupart des photographes sont soient Biélorusses, soient Russes, soient Polonais. Je suis amusé par cette pseudo-attraction touristique, plutôt originale.
Mais la vraie attraction de la ville, c’est sa forteresse. A une trentaine de minutes à pied du centre, c’est sans doute le plus beau monument que j’ai vu dans le pays. C’est là que les Soviétiques défendaient la ville face aux Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, il reste des bâtiments en briques rouges bien préservés et quelques ruines avec des statues prises dans la neige. Ce qui impressionne surtout, c’est l’immense mémorial à l’air sévère : une gigantesque tête de soldat qui sort des ruines et semble encore menacer l’ennemi. On la répère dès qu’on passe l’entrée sous les hauts-parleurs qui crachent les sons de l’Armée Rouge. Une expérience inoubliable !
Etape 5 : Voblast de Grodno
Enfin, avant de retourner à Minsk, je finis mon périple avec Grodno, celle qu’on surnomme la plus belle ville de Biélorussie. Et je comprends pourquoi ! La ville est majesteuses avec son énorme cathédrale, sa grande place principale et ses beaux bâtiments. Elle me plaît beaucoup et bien qu’il y ait moins de choses à faire qu’à Minsk ou qu’à Brest (les deux villes les plus recommandées pour un voyage en Biélorussie), je m’y sens suffisamment bien pour arpenter tranquillement ses ruelles, ses parcs et ses places. Avant de reprendre le train vers Minsk et reparir en rêvant d’un autre hiver slave à la hauteur de ce beau voyage !