Carte d'identité Venise

La Vénétie fait partie des régions les plus riches d’Italie, et même d’Europe. Au moment de son expansion maximale, entre le XIIIe et le XVe siècle, Venise fut un carrefour marchand d’envergure internationale, grâce à son autorité sur une grande partie de la Méditerranée orientale. 
Le quartier du Rialto qui, à l’époque, incarnait la plaque tournante du commerce, s’est transformé depuis l’avènement du tourisme en un formidable « marché à souvenirs ». Un secteur touristique qui emploie aujourd’hui près de la moitié de la population - hôtellerie, restauration, agences de voyages, banques... 30 millions de touristes en moyenne par an, cela fait une source de revenus considérable pour Venise !

Mais l’enrichissement de Venise n’est pas tant dû à l’argent laissé par les touristes qu’à l’appétit des spéculateurs qui n’ont de cesse d’augmenter le prix des loyers. Beaucoup de propriétaires préfèrent désormais louer leur appartement à la journée plutôt que de le louer à l’année à des Vénitiens. Et, quand bien même quelques restaurateurs arrivent à tirer leur épingle du jeu, l’augmentation des prix des locations a forcé certains d’entre eux à se replier dans des quartiers moins fréquentés pour céder leur place aux inévitables grosses enseignes, les seules à pouvoir honorer les loyers exigés par les proprios...
En dehors de ce secteur, la région vit grâce à la présence du port de Marghera et des zones industrielles qui l’entourent. Pétrochimie, métallurgie, construction navale et industrie mécanique sont la base de l’économie régionale. On doit y ajouter les dentelles de Burano et la verrerie de Murano, connues dans le monde entier, qui emploient à elles seules plus de 2 000 personnes.

Si d’un côté le secteur touristique représente depuis toujours une ressource fondamentale pour Venise, de l’autre côté la croissante pression touristique menace de plus en plus le bien-être des résidents et l’intégrité de la ville elle-même. D’abord, les transformations fonctionnelles des structures centrales ont amené à un dépeuplement progressif du centre historique, qui a provoqué à son tour une réduction drastique des activités artisanales traditionnelles : la ville est ainsi en train de perdre son identité.
Or, en tant que bien du patrimoine mondial de l’Unesco, Venise doit répondre à certaines exigences d’authenticité. Au cours des dernières années, le Comité pour le Patrimoine mondial a signalé, à plusieurs reprises, l’urgence d’élaborer des mesures de protection concrètes... faute de quoi Venise serait inscrite sur la liste des sites du Patrimoine mondial en péril ! Il a donc été décidé d’interdire le passage des gros paquebots de croisière, qui aggravent l’érosion des bâtiments historiques et détruisent le fragile écosystème lagunaire. 
Dernière mesure en date : la contribution d’accès à Venise, imposée aux visiteurs occasionnels dès avril 2024, pendant certains jours de grande affluence. Cette taxe devant limiter le nombre de touristes en ville...