Venise contemporaine
Biennale de Venise : que voir ? que faire ?
Venise est, certes, une ville hors du temps, mais la cité des Doges a toujours su rester dans l’air du temps. Les arts, le design et l’architecture y trouvent un merveilleux écrin, au sein de palais, églises et autres édifices anciens. Ainsi le Palazzo Grassi et la Punta della Dogana accueillent les collections contemporaines de François Pinault. Tandis que les musées Peggy Guggenheim et Ca’ Pesaro présentent des chefs-d’œuvre de l’art moderne.
Bien d’autres galeries ou fondations sont accessibles, a fortiori lors de la très réputée Biennale d’art. Elle a lieu tous les deux ans, en alternance avec celle consacrée à l’architecture. En 2024, la 60e édition de l’Esposizione internazionale d’Arte di Venezia se déroule du 20 avril au 24 novembre dans les pavillons officiels des Giardini et de l’Arsenale. Venise l’éternelle devient le temple de la création actuelle. L'occasion de faire le point sur les lieux de l'art contemporain à Venise.
Préparez votre voyage avec nos partenairesQu’est-ce que la Biennale de Venise ?
La première Biennale de Venise fut organisée en 1895 et, avec 200 000 visiteurs, c’était déjà l’un des événements les plus importants dans le monde, anticipant les nouvelles tendances et présentant les innovations artistiques.
Planifié tous les deux ans, ce rendez-vous s’est ensuite subdivisé en sections thématiques aux manifestations plus récurrentes : chaque année se tiennent les rencontres et expositions internationales autour de la musique (depuis 1930), du cinéma (premier festival de l’histoire dédié au 7e art, depuis 1932), du théâtre (depuis 1934) et de la danse (depuis 1999, sous la direction de Carolyn Carlson jusqu’en 2002). Quant à la biennale d’architecture, qui existe depuis 1980, elle alterne, un an sur deux, avec celle d’art.
Selon les disciplines, les périodes varient : l’art et l’architecture sont les plus longs, du printemps (fin avril ou mai) à l’automne (fin novembre). Le festival international du film se déroule pendant dix jours, fin août-début septembre, sur le Lido di Venezia. Celui sur la musique contemporaine dure deux semaines, à partir de fin septembre. Enfin, les représentations de théâtre et de danse s’étalent sur une quinzaine de jours, en été.
D’une manière générale, le spectacle vivant investit le palais Ca’ Giustinian (siège de la Biennale) et l’Arsenale (qui possède, entre autres, deux théâtres).
Les Biennales d’art et d’architecture se partagent entre les Giardini, depuis 1895, et l’Arsenale, depuis 1980. Les premiers sont des jardins voulus par Napoléon au début du XIXe siècle qui accueillirent la Biennale dès sa création, dans le pavillon central. Puis furent bâtis différents pavillons nationaux : d’abord celui de la Belgique, en 1907, suivie par la Hongrie en 1909. Le dernier a été construit par la Corée, en 1995. En tout, le vaste parc regroupe 29 édifices.
Quant à l’ancien arsenal de Venise, il englobe une vingtaine de pavillons, dont ceux de l’Italie ou de la Chine, et plusieurs espaces reconvertis : la corderie, les salles d’armes, les chantiers navals, la fonderie, etc.
Au total, on recense 88 pavillons nationaux répartis sur les deux sites principaux mais aussi ailleurs à Venise, dans des palais, galeries d'art et églises, notamment dans le quartier du Cannaregio.
Pour la Biennale, le sculpteur figuratif italien Lorenzo Quinn en vient souvent aux mains… Fils de l’acteur hollywoodien Anthony Quinn, il a créé, au sein de l’Arsenale, lors de l’édition 2019, Building Bridges, une œuvre qui aligne six paires de mains blanches monumentales, avec diverses gestuelles, formant des arches au-dessus de l’eau et symbolisant l’amitié, la sagesse, l’espoir, l’amour, l’entraide et la foi.
Les institutions de l’art contemporain à Venise
Dès la deuxième édition de la Biennale de Venise, en 1897, la ville a commencé à acquérir des œuvres et c’est en 1902 que le magnifique palais baroque Ca’ Pesaro est devenu le musée municipal d’art moderne. Les collections se sont enrichies au fil des biennales, jusqu’au début de la seconde moitié du XXe siècle.
L’escalier monumental jalonné de statues contemporaines mène au premier palier où l’on est accueilli par Le Penseur de Rodin, des peintures de Kandinsky, Klimt et Chagall. À cet étage, les artistes italiens sont nombreux, notamment De Chirico ou les représentants du spatialisme, et une vitrine abrite le savoir-faire autour du verre de Murano. Une autre salle se concentre sur le pop art, avec Roy Lichtenstein et Andy Warhol.
Le deuxième niveau est dédié aux expositions temporaires de créateurs actuels. Encore au-dessus, c’est un tout autre univers qui attend les visiteurs : l’art oriental fascine par la beauté des kimonos, laques et costumes de samouraïs japonais, des porcelaines et bijoux de Chine ou des marionnettes indonésiennes.
À noter aussi qu’au rez-de-chaussée, la cafétéria, accessible sans billet d’entrée au musée, possède une agréable petite terrasse sous les arcades, donnant directement sur le Grand Canal
La Collection Peggy Guggenheim, hébergée dans le palazzo Ca’ Venier dei Leoni, se visite depuis 1951. La richissime héritière, dont le père mourut sur le Titanic, fut mariée à l’artiste Max Ernst et prit sous sa protection le peintre Jackson Pollock. Elle commanda une tête de lit au sculpteur Calder et acheta des pièces de plusieurs courants : cubisme (Picasso, Braque, Léger), futurisme italien (Balla, Severini), abstraction (Mondrian, Klee, Malevitch), dadaïsme (Duchamp), surréalisme (Magritte, Dalí), expressionnisme abstrait (Rothko).
Dans le charmant jardin, où fut inhumée la mécène américaine en 1979, ont été ensuite installées des sculptures contemporaines, comme celles d’Anish Kapoor et de Jean-Michel Othoniel.
La suite (chrono)logique est apportée par la Collection Pinault, partiellement montrée lors des expositions temporaires dans deux lieux prestigieux. Tout d’abord le Palazzo Grassi, du XVIIIe siècle, première acquisition du milliardaire français, l’un des plus grands collectionneurs privés au monde en matière d’art contemporain : il a rassemblé, en un demi-siècle, dix mille pièces, de l’expressionnisme abstrait à l’Arte Povera, du pop art au minimalisme, en passant par l’art conceptuel. Inaugurée en 2006, cette institution est associée au Teatrino attenant, rénové en 2013 et qui programme des événements culturels (projections, représentations, ateliers).
La seconde adresse se situe au début du Grand Canal : à l’intérieur de la Punta della Dogana, ancienne douane du XVIIe siècle ouverte au public en 2009, sont déployées les plus grandes œuvres et installations de la Collection Pinault.
Les deux bâtiments, réaménagés par l’architecte japonais Tadao Andō, adepte du béton, accueillent donc, selon les accrochages et thématiques, des créations de Daniel Buren, Maurizio Cattelan, Damien Hirst, Yayoi Kusama, Bruce Nauman, Irving Penn, Cindy Sherman, Tatiana Trouvé, Nan Goldin, Takashi Murakami, etc.
À la fois grand magasin de luxe et espace d’exposition contemporain, Fondaco dei Tedeschi est un entrepôt remontant au XVIe siècle, transformé en vaste Poste centrale avant d’être repensé par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas. Escalators rouges et arches soulignées de lumière bleue donnent une touche actuelle à l’édifice, doté d’un toit-terrasse offrant un splendide panorama sur les toits vénitiens.
Fondations, galeries, art verrier… Le foisonnement de l’art contemporain à Venise
Deux musées en dehors du cœur de la cité des Doges méritent un détour. Sur la terre ferme, à Mestre, le Museo M9 évoque le XXe siècle sous l’angle culturel très large, dans une approche multimédia interactive et immersive. Une partie est dévolue aux expos artistiques temporaires, du street art à la photo, en passant par la peinture, la vidéo et le digital.
Sur l’île de Murano, le Museo del Vetro, fondé en 1861, se focalise sur le verre, présentant de manière chronologique l’évolution des savoir-faire jusqu’aux créations actuelles.
Autre spécialiste de l’art verrier, dans sa dimension moderne, Le Stanze del Vetro, sur l’île San Giorgio Maggiore. Il est intégré à la Fondazione Giorgio Cini, créée en 1951 dans le monastère de l’île, qui organise des expositions temporaires consacrées au design et à l’art d’aujourd’hui, notamment la photo. La fondation possède aussi le Palazzo Cini, dans le quartier du Dorsoduro, qui programme, depuis 2014, des accrochages éphémères contemporains.
En 2011, la Fondazione Prada a ouvert dans un somptueux palais du XVIIIe siècle, Ca’ Corner della Regina, donnant sur le Grand Canal. Chaque année, à l’occasion de la Biennale d’art ou d’architecture, des projets très expérimentaux sont présentés.
La Fondazione Querini Stampalia pratique quant à elle le mélange des genres. D’un côté, un décor classique tout en fresques, stucs et chandeliers qui abrite des tableaux de maîtres (comme Bellini ou Tiepolo). De l’autre, les touches de modernité par les architectes italien Carlo Scarpa (escalier, portes et jardin d’inspiration japonaise) et suisse Mario Botta (entrée et escalier). Au troisième étage, sont montées des expos temporaires, par exemple autour de la photo.
Dans le Palazzo Vendramin Grimani sur le Grand Canal, la Fondazione dell’Albero d’Oro a été lancée en 2021 et se met au diapason de la Biennale d’art en donnant carte blanche à des créateurs contemporains.
Le Fondaco Degli Angeli, ancien atelier de réparation de bateaux, héberge, depuis 2012, la galerie de la fondation d'entreprise Wilmotte, du nom de l’illustre architecte, urbaniste et designer français. Sont mis en avant le travail des lauréats du Prix W, qui aide les jeunes architectes, et celui d’artistes s’intéressant à cette discipline ou aux paysages, notamment des photographes et peintres.
Dans le même quartier du Cannaregio se trouvent deux nouveautés 2024. D’une part la fondation Anish Kapoor, du célèbre plasticien britannique, dans le Palazzo Priuli Manfrin. D’autre part Berggruen Arts & Culture, de l’investisseur philanthrope germano-américain Nicolas Berggruen, dans le Palazzo Diedo.
Si les fondations sont légion à Venise, les galeries d’art contemporain émergent de plus en plus, souvent implantées aux abords des grandes institutions vénitiennes.
Non loin du Palazzo Grassi, la galerie Barbati a emménagé en 2022 dans le Palazzo Lezze, donnant sur le vaste Campo San Stefano. Michele Barbati a travaillé dans une galerie à Los Angeles avant d’ouvrir la sienne, à l’année, dans sa ville natale.
Retour aux sources également pour la galerie d’Alberta Pane, vénitienne d’origine qui est revenue sur ses terres en 2017, tout en conservant son adresse parisienne, ouverte dans le Marais en 2008, et son approche pluridisciplinaire de l’art contemporain.
Même démarche avec la galerie Negropontes, née à Paris et qui a inauguré, au printemps 2024, une antenne permanente dans la Palazzina Masieri. Derrière la façade en brique du XVIIe siècle, l’intérieur minimaliste en béton est signé Carlo Scarpa.
La tradition du verre de Murano n’empêche pas l’innovation, comme en témoignent les sublimes créations vendues par plusieurs marques très renommées dont les boutiques s’apparentent à des galeries d’art contemporain : Marina e Susanna Sent, Massimo Micheluzzi et ses deux filles qui ont pris la relève avec Micheluzzi Glass ou Venini, aux multiples collaborations avec d’immenses architectes et designers (Gio Ponti, Carlo Scarpa, Tadao Ando, Ron Arad, etc.).
Fiche pratique
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Où dormir ?
– Il Palazzo Experimental : Fondamenta Zattere Al Ponte Lungo, quartier Dorsoduro 1411. Tél. : 00 39 041 098 0200. Chambres doubles à partir de 180 €. L’hôtel-bar-restaurant à la trentaine de chambres a ouvert en 2019 dans un palazzo donnant sur deux canaux. Son décor contemporain joue avec les codes vénitiens : rayures des gondoliers, courbes évoquant les vagues de la lagune, terrasse en bois sur le toit… Original et chaleureux.
– Generator : Fondamenta Zitelle 86, quartier Giudecca. Tél. : 00 39 041 877 8288. Chambre double à partir de 175 €. Lit en dortoir à partir de 29 €. Sur l’île de la Giudecca, en bord de canal, un entrepôt a été reconverti en auberge de jeunesse nouvelle génération, alliant modernité et touches rétro, lampes industrielles et cheminée en pierre. L’hostel abrite des chambres doubles ou familiales ainsi que des dortoirs de 3 à 16 personnes, mais aussi un café et un bar.
– Bakarò : Campo Santa Margherita, quartier Dorsoduro 3662. Tél. : 00 39 041 639 9946. Tlj midi et soir. Plats 15-28 €. L’osteria propose un large choix de bons petits plats : antipasti, soupes, pâtes, viandes et poissons… Ils sont servis dans une grande salle aux murs en briques et lampes design, ou sur la terrasse, installée sur la charmante et vaste place.
– Il Refettorio : Campiello San Rocco, quartier San Polo 3138. Tél. : 00 39 041 934 7366. Tlj sauf mer, midi et soir. Plats 22-35 €. Le cadre épuré de béton brut, poutres métalliques et mobilier en bois minimaliste, contraste avec les recettes raffinées : fruits de mer, viandes grillées de qualité et pâtes artisanales…
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Texte : Stéphanie Condis
Mise en ligne :