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Culture Îles Vierges britanniques

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Histoire

Le peuplement amérindien des îles Vierges reste des plus flous : des preuves de présence des Arawaks ont été mises au jour, mais leur ancienneté fait débat (vers 100 av. J.-C.-200) et leur nature même porte à penser qu’il s’agissait plutôt de campements saisonniers – conséquence probable de la relative infertilité de l’archipel.

Nommées par Christophe Colomb en 1493, les îles Vierges passent leur premier siècle sous la férule espagnole. Dépeuplées, ignorées, elles voient tout juste s’abriter quelques flottes lors des tempêtes ou attaques de pirates. Francis Drake fréquente les eaux du North Sound de Virgin Gorda avant d’attaquer Santo Domingo en 1585 et donne son nom au chenal séparant les îles du nord de l’archipel de celles du sud.

Les Hollandais fondent un premier établissement permanent à Tortola en 1602, sous la direction du corsaire Joost van Dyk (qui donne son nom à une autre des îles). L’archipel, qui se trouve à mi-chemin entre les colonies bataves d’Amérique du Sud (Surinam) et du Nord (Nouvelle-Amsterdam, alias New York), se développe doucement. Mais les attaques espagnoles des années 1640 poussent la Compagnie des Indes Occidentales Néerlandaises à revendre Tortola.

Ce sont les Anglais qui s’implantent à partir de 1672, au sortir de la Troisième Guerre Anglo-Néerlandaise. L’imbroglio lié à la possession des îles et le risque d’attaques espagnoles chasse un temps la plupart des colons : en 1685, seul un couple demeure !
Si l’île voit sa population à nouveau croître au XVIIIe siècle, attirant surtout personnages douteux en rupture de ban et débiteurs, les premières formes de gouvernement organisé peinent à se mettre en place : les gens de confiance sont trop peu nombreux ! Une cour de justice est ainsi créée, mais aucun juge n’y siège… En 1810, le gouverneur Elliott remarquera encore l’état « d’anarchie » de la colonie.

Une économie de plantation se met en place. Canne à sucre et coton sont cultivés, mais les rendements sont faibles en raison de la nature revêche du terrain et de la faiblesse des précipitations. L’esclavage se développe néanmoins : entre le début et le milieu du XVIIIe siècle, la population d’esclaves est multipliée par dix. L’implantation d’une communauté de Quakers (1727-68), anti-esclavagistes, adoucit un peu leur sort et favorise l’obtention du statut d’homme libre de certains d’entre eux.

Mais une fois les Quakers disparus, les révoltes se succèdent. L’une des plus importantes, en 1831, est marquée par un drôle de plan : les révoltés envisagent de tuer tous les colons hommes et de partir en Haïti (libéré des Français) avec leurs femmes…
La situation est d’autant plus critique que, après l’abolition de la traite (1808), les Africains libérés des trafiquants d’esclaves par la Marine britannique se retrouvent libres sur l’île, tandis que les anciens esclaves locaux restent soumis au travail forcé. En 1834, l’esclavage est enfin aboli et 5792 hommes et femmes sont libérés de leurs chaînes. Une période transitoire de 4 ans les oblige pourtant à travailler encore pour leurs anciens maîtres.

Le XIXe siècle est marqué par le lent déclin du sucre, par de multiples ouragans et plusieurs épidémies. Les lourdes taxes imposées par le gouvernement local voient le petit peuple se révolter en 1853, s’attaquer aux plantations et chasser de l’île la quasi intégralité de ses administrateurs et colons anglais. Après l’abolition de l’Assemblée locale en 1901, les BVI sont gérées conjointement avec les autres îles Sous-le-Vent.

Finalement, en 1950, le gouvernement britannique fait écho aux revendications des British Virgin islanders et leur concède une nouvelle constitution et un gouvernement autonome – qui seront largement raffermis en 1967. Ainsi dotés, ils choisissent de demeurer britanniques, en rejetant aussi bien l’Union avec les îles Vierges Américaines voisines qu’avec les autres îles ex-anglaises, réunies un temps (1958-62) au sein de la West Indies Federation. Le dollar est choisi comme monnaie « nationale ».

 Dans les années 1980, le développement des services financiers vient soutenir l’économie du tourisme, encore timide. Le succès est au rendez-vous, surtout à partir des années 1990, favorisant une immigration importante depuis les autres îles antillaises et les pays occidentaux (expatriés). Résultat : si le pays possède l’un des plus forts PIB des Antilles, seule la moitié des habitants est aujourd’hui composée de Belongers.

Pirates et corsaires

Le nom du chenal séparant Tortola des petites îles du sud de l’archipel donne une première indication : Sir Francis Drake Channel… Au nord-ouest, l’île de Jost van Dyke porte, elle, le nom d’un pirate hollandais. Idem pour Norman Island. Idem, encore, pour Bellamy Cay, d’où « Black Sam » Bellamy, le « prince des pirates », lança pas moins d’une cinquantaine de raids dans la seule année 1717, avant de couler lors d’une tempête au large du Massachusetts.

Réputé pour sa grande mansuétude envers les prisonniers, Bellamy se fit connaître comme le « Robin des Bois des mers » ; nombre d’anciens esclaves émancipés ou en fuite faisaient partie de ses hordes. Mentionnons encore Freebooter’s Point sur l’île d’Anegada, « la pointe des flibustiers », où aurait été caché le butin en or et argent pillé sur un galion espagnol.

Le lien avec Barbenoire, de son vrai nom Edward Teach (ou Thatch) est plus incertain. Reste que deux îles des BVI sont appelées Great Thatch et Little Thatch. Une autre, Dead Chest island (« l’île du coffre maudit »), flottant bien au sud de Tortola, face à Peter Island, rappellerait un épisode durant lequel Barbenoire aurait abandonna certains de ses hommes durant tout un mois sur ce gros caillou sans végétation, en punition, avec pour tout bagage un sabre et une bouteille de rhum…
Seuls quelques-uns en seraient revenus vivant, si l’on en croit la version de l’histoire racontée (et probablement imaginée) par Robert Louis Stevenson dans son Ile au Trésor en 1883… Les locaux affirment que celle-ci ne serait autre que Norman Island, dont le point culminant, le mont Spyglass Hill, porte ce nom dans le roman de Stevenson. Mais il est en fait plus probable qu’il ait pioché son inspiration plus largement sur une carte de la région.

S’il est difficile de distinguer entre fiction et réalité, il ne fait en revanche aucun doute que les Iles Vierges britanniques furent le théâtre de multiples attaques de pirates et corsaires, notamment durant l’âge d’or de la piraterie, entre la fin du XVIIe s et le début du XVIIIe siècle.
Beaucoup se cachaient ou se réfugiaient dans le dédale des îles (notamment sur le North Sound, réputé pour ses « sorties » secrètes) pour y reconstituer leurs forces avant de s’attaquer aux navires en majorité espagnol qui croisaient dans le secteur.

Parmi les prises les plus célèbres figure la Nuestra Señora de Guadalupe, dont les trésors furent pour partie débarqués à St. Croix (îles Vierges des États-Unis), pour partie à Norman Island (îles Vierges britanniques) – où il fut retrouvé par un groupe de colons, avant d’être en partie récupéré par la Couronne.
Les grands conflits de l’époque, notamment la Guerre de Sept Ans (1756-63), donnèrent aussi l’occasion aux locaux de se muer en corsaires, avec lettres de marque à l’appui – finalement révoquées pour attaques sur navires de pays neutres…

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