Traditions et coutumes Îles Fidji
Masi
Les Polynésiens l’appellent tapa. Le masi est une étoffe constituée à partir d’écorce d’arbre longuement pilée jusqu’à la ramollir pour obtenir une pâte. Porté aujourd’hui encore lors des occasions cérémonielles, le masi est aussi et surtout désormais fabriqué à des fins touristiques.
La recette ? Prenez des jeunes branches de mûrier, laissez-les sécher deux jours, pelez-les, nettoyez-les, puis séparez l’écorce externe (plus dure) de l’écorce interne (plus souple). Placez-la bien à plat sur un tronc et tapez-la sans ménagement à l’aide d’un battoir spécialement conçu, jusqu’à l’étirer sur 50 cm de large ! Vous devriez alors avoir quelques gouttes de sueur qui perlent au front…
Il est temps, alors, de superposer plusieurs de ces « feuilles » et de les battre à nouveau, jusqu’à ce qu’elles n’en fassent plus qu’une grande. Le masi peut être gardé clair, bruni au-dessus d’un feu de canne à sucre ou trempé dans un mélange de boue de mangrove ou de suie pour lui donner une belle teinte brune à noirâtre (un signe de statut).
Il ne reste plus, alors, qu’à le décorer de motifs géométriques traditionnels, en faisant usage de teintures naturelles noires ou brun-rouge. Au fait, avez-vous remarqué que les motifs sur la queue des avions de Fiji Airways ? Ils sont directement inspirés des masi classiques.
Population
Les découvertes des archéologues, des linguistes et des généticiens retracent le portrait de l’une des plus incroyables aventures humaines jamais réalisées : la conquête du Pacifique, en vagues successives, par plusieurs groupes humains.
Partis d’Asie il y a environ 50 000 ans, les premiers, des populations noires, gagnent d’abord l’Australie puis la Nouvelle-Guinée (39 000 av. J.-C.). Développant leurs connaissances maritimes, ils colonisent ensuite les actuelles Salomons (30 000 av. J.-C.) et débarquent peut-être dès l’époque au Vanuatu et en Nouvelle-Calédonie.
Il y a au moins 5 000 ans, un second groupe de population quitte l’Asie du Sud-Est. Au fil de ses migrations, il va marquer de son sceau le plus vaste territoire jamais abordé par une même culture, s’étendant de Madagascar à l’ouest jusqu’à l’île de Pâques à l’est ! Cette région est celle de l’aire linguistique austronésienne, à laquelle appartiennent tous les peuples océaniens contemporains, Papous exceptés.
Ces nouveaux venus gagnent à leur tour les côtes de la Nouvelle-Guinée, puis progressent rapidement vers le sud-est (1500 av. J.-C.). Occupant d’abord le seul littoral et les petites îles laissées inoccupées par les populations établies de plus longue date, ils se mêlent progressivement à elles, donnant naissance aux actuels peuples mélanésiens.
La pirogue à balancier, le canoë à double coque et la voile latine font sans doute alors leur apparition, permettant de s’aventurer de plus en plus loin au large. On parle désormais des Lapitas, une culture identifiée à sa forme spécifique de poterie, dont on a retrouvé des exemples dans tout l’ouest du Pacifique, jusqu’aux Samoas. Ce sont eux qui, semble-t-il, atteignent les premiers Fidji, entre 1300 et 1000 av. J.-C.
Un millénaire plus tard, les Lapitas semblent s’effacer dans l’Ouest du grand océan, probablement repoussés par l’arrivée de nouvelles vagues de peuplement mélanésiennes. C’est alors qu’un peuple nouveau s’affirme rapidement dans l’est du Pacifique : les Polynésiens.
Sont-ils, comme on le suppose généralement, les descendants des Lapitas ? Sont-ils issus d’une nouvelle migration asiatique, ou encore le fruit de la rencontre des deux peuples ? Certains éléments, comme la similitude entre les dessins des poteries lapitas et des tatouages polynésiens, laisse supposer une filiation. Mille ans encore, et les Polynésiens auront achevé la conquête du grand océan.
Au confluent de trois mondes
Fidji se distingue des autres nations du Pacifique par sa position unique au confluent des mondes mélanésien et polynésien. Autant la population des grandes îles, à la peau plus sombre et aux cheveux crépus, appartient-elle évidemment au monde mélanésien, autant les habitants de l’archipel de Lau, à l’est, et de l’île de Rotuma, au nord, sont-ils indiscutablement polynésiens avec leur peau plus claire et leurs cheveux raides. Autant dire que, au fil de l’histoire, les métissages, souhaités ou non, sont allés bon train !
Aujourd’hui, à la lecture des statistiques, un chiffre saute aux yeux : les Fidjiens « d’origine » ne représentent en réalité guère plus de 56 % de la population du pays. Pourquoi ? En raison d’une immigration indienne massive à l’époque coloniale anglaise : les plantations de canne exigeaient beaucoup de main-d’œuvre. Les Fidjiens furent même un temps minoritaires sur leur propre territoire, avant de voir la balance s’inverser. Les Indiens constituent encore 37,5 % de la population, mais on constate une émigration continue, conséquence de l’instabilité politique née de l’opposition frontale entre les deux communautés (voir la carte d’identité des Fidji). D’ailleurs, mieux vaut prendre ces chiffres avec des pincettes : le dernier recensement date de 2007 et le manque de données fiables laisse le champ libre aux interprétations politiciennes.
Cette division sociétale se retrouve également dans les croyances. Les Fidjiens de souche (iTaukei) sont quasi exclusivement chrétiens (et surtout méthodistes), tandis que les Indiens sont presque tous hindous ou, dans une moindre mesure, musulmans.
Rugby
Que serait Fidji sans son équipe de rugby ? Même s’ils s’imposent rarement lors des grandes rencontres internationales de rugby à XV, les Flying Fijians ont récemment inscrit par deux fois leur nom tout en haut du palmarès des World rugby sevens series, au terme des saisons 2014-15 et 2015-16.
Cerise sur le gâteau, ils ont même remporté en 2016 le premier titre olympique à Rio. Un exploit hautement salué localement, qui a débouché sur un nouveau jour férié (le 22 août, jour de la compétition !) et sur un revirement politique pour le moins inattendu : le Premier ministre, qui souhaitait remplacer le drapeau du pays (entaché de plusieurs symboles coloniaux), lui a accordé un sursis. Ironie du sort, l’équipe, coachée par un Britannique, a écrasé en finale les Anglais (43-7).
No hard feelings, comme on dit outre-Manche, puisque c’est la princesse Anne en personne qui a remis leur médaille aux joueurs… qui se sont agenouillés devant elle !
Au fait, saviez-vous qu’un Fidjien sur 10 est licencié dans un club de rugby ?
Citons pour conclure le rédacteur-en-chef du Fiji Times: « le rugby est comme une religion à Fidji et nous sommes un pays très croyant. »
Vannerie
Toujours en vogue, cet artisanat est indissociable de Fidji, où les femmes apprennent très jeunes à tisser le pandanus. Les longues feuilles de cette plante omniprésente sur le littoral (très reconnaissable à ses racines exposées en faisceau) exigent un lent et minutieux travail de préparation : il faut d’abord les faire sécher, en retirer les épines, les faire bouillir et re-sécher, avant de les gratter avec des coquillages pour les assouplir et les découper en bandes de 1 à 2 cm de large.
Pour permettre de réaliser des motifs, les fibres peuvent être teintes (en noir) en les enterrant dans la boue de la mangrove, avant de les faire à nouveau bouillir avec des feuilles qui fixeront la couleur.
Le pandanus sert à confectionner de grandes nattes utilisées dans les maisons comme tapis, comme nappes mais aussi pour dormir. La vannerie est un cadeau coutumier lors des mariages, baptêmes, funérailles et cérémonies auprès des chefs de villages.
Yaqona
Plus connue sous son nom polynésien de kava, cette boisson couleur d’eaux de crue boueuses (en moins savoureux), est préparée à partir de la racine d’une espèce locale de poivrier (Piper methysticum). Pilée de longues minutes, elle est arrosée d’eau de sorte à former un mélange gluant, assez peu ragoûtant, puis filtrée à travers des fibres végétales ou un tissu dans un grand bol commun dénommé tanoa.
Symbole de respect, de sociabilité, de communion avec les autres, le yaqona est indissociable des coutumes océaniennes en général et fidjiennes en particulier. Il a toujours été consommé de manière rituelle lors des cérémonies politiques ou religieuses, comme médium pour entrer en contact avec les esprits, à l’occasion de la visite d’un dignitaire ou encore du départ de ceux du village.
Traditionnellement, les prêtres fidjiens s’étendaient ou s’agenouillaient sur le sol pour le boire dans des coupes sculptées à l’aide d’une paille, de sorte à éviter tout contact avec le récipient, considéré comme tabou… Interdit par les missionnaires, le grog, comme on l’appelle au quotidien, est revenu en force et est consommé aujourd’hui de façon plus libérale, entre amis, entre partenaires commerciaux et, le plus souvent… entre hommes. On compte d’ailleurs plus de grog shops que de bars – certains ouverts 24h/24 !
Le yaqona reste en outre l’élément essentiel de la cérémonie d’accueil dans tous les villages fidjiens – charge à vous de venir avec 1 kilo de poudre de kava sous le bras. L’invité d’honneur (en général le guide accompagnateur) reçoit la première coupe, versée délicatement dans une demie noix de coco. La règle veut qu’on la prenne respectueusement des deux mains, que l’on ingurgite le breuvage d’un trait, sans grimacer et sans oublier de frapper une fois dans ses mains auparavant et trois fois après (opération à renouveler pour chaque personne présente).
Vous vous demandez à quoi cela peu bien ressembler ? Imaginez un léger goût de poivre, une texture gluante (moins présente lorsque la yaqona est fait à partir de poudre) et, rapidement, une sensation de picotement léger qui envahit les lèvres – puis, pour ceux qui abusent, la langue, la tête et le corps tout entier. Vous n’appréciez que modérément Sachez que c’est bon pour votre santé : la kavalactone contenue dans le yaqona fait un tabac aux États-Unis contre le stress et l’insomnie. Elle semble en outre permettre de lutter contre l’épilepsie (elle endort le système nerveux !).
Jours fériés
- 1er janvier : Nouvel An.
- 24 juin : National Sports Day.
- 7 septembre : Constitution Day.
- 10 octobre : Fiji Day.
- 25 et 26 décembre : Noël et Boxing Day.
Fêtes mobiles :
- Pâques (en mars-avril).
- Diwali (fête hindoue des lumières, en octobre-novembre).
- Anniversaire de Mahomet.