Le métier
La formation
Portrait |
Derrière le prestigieux titre de " grand reporter " se cache d'abord un métier de terrain. Que ce soit pour la presse écrite, la radio où la télévision, le grand reporter est celui qui, au fil de l'actualité, est amené à couvrir des événements, souvent aux quatre coins du monde. Selon l'actu, donc, il peut partir à l'étranger entre trois et six mois par an et, dans la plupart des cas, dans des pays où, très souvent, les touristes ne peuvent pas aller.
© Reporters sans Frontières
Les thèmes varient d'un extrême à l'autre et vont du mariage d'une tête couronnée à un tremblement de terre au Bangladesh, en passant par une prise d'otage aux Philippines ou à une guerre pure et dure. En la matière, le travail n'a pas manqué depuis la chute du mur de Berlin.
" De 1992 à aujourd'hui, j'ai couvert plus d'une douzaine de conflits. Mais, dans mon service, on part aussi pour des sujets plus " société " du type le problème de la drogue à Lisbonne ou les grèves de la faim à Istanbul ", commente Dorothée Ollieric, grand reporter à France 2.
Couvrir un événement, pour un grand reporter, cela revient à faire son métier de journaliste à l'autre bout du monde, partir d'un fait, recouper ses infos, trouver un angle et envoyer ou rapporter son reportage à la rédaction, souvent pour le journal du jour, qu'il s'agisse, là aussi, de presse écrite (pour les quotidiens), de radio ou de télévision.
" Quand on part sur un reportage chaud (" hot news "), il faut fournir plusieurs reportages par jour pour les éditions du JT de 13 h, 20 h, Télématin, voire le JT de la nuit. Quand l'actualité s'essouffle, on peut réaliser des reportages de fond sur plusieurs jours qui seront, éventuellement, montés et diffusés à notre retour à Paris. "
La différence entre les supports, c'est que l'on ne rédige pas de la même façon pour l'écrit, la radio et la télévision et que les façons de travailler divergent.
À l'inverse des autres, le grand reporter qui travaille pour une chaîne de télé ne part pas seul, mais en équipe de deux à quatre personnes. " Sur le terrain, explique Dorothée Ollieric, la logistique est lourde. On part à 4 : journaliste, caméraman, preneur de son et monteur. On emporte le montage, la diffusion et le matériel vidéo et audio. Bilan : 150 kilos de matos minimum... Cela dit, certains sujets sont tournés avec une petite caméra DV à deux (caméraman et journaliste) pour plus de discrétion. Par exemple, j'ai dû travailler dans l'Afghanistan des talibans avec le caméraman uniquement avec des caméras cachées ultra-légères et discrètes. " Forcément, il est plus difficile pour une équipe télé de passer inaperçue que pour les autres.
Une fois dans la boîte, il faut envoyer le sujet à sa rédaction, un exercice entre haute technologie et bidouille : un article peut se dicter facilement par téléphone satellite ou s'envoyer par mail, un sujet télé, non, tous les moyens sont bons.
" Les moyens techniques ont beaucoup évolué. On tourne, monte et diffuse nos reportages dans le pays où nous sommes envoyés. Le TOKO est une petite valise, facile à transporter, et permet une diffusion par images compressées, via une ligne satellite. On peut donc diffuser de n'importe où. On utilise également les TV locales pour avoir une meilleure définition de l'image. "
Le salaire ? Pour un grand reporter presse, radio et télévision, entre 2 300 et 4 700 €.
Les débouchés ? Attention ! Le métier de grand reporter est une activité où l'on compte beaucoup d'appelés pour peu d'élus. Déjà que le journalisme est un secteur bouché, la branche grands reportages est très dure à prendre. Et, c'est encore plus difficile de se trouver une place de salarié à temps plein, genre CDI, 35 heures et compagnie.
Si, dans les grandes rédactions, on compte quelques employés à plein temps, les autres sont souvent des pigistes, réguliers ou pas, qui travaillent donc au coup par coup. En clair, soit on les appelle, soit ils proposent des sujets.
C'est d'autant plus vrai pour les sujets magazines plus longs, et donc plus développés, que pour le " hard news", l'info à chaud en quasi-temps réel.
En télé, beaucoup de grands reporters free-lance travaillent en agence de presse. Les agences se chargent de vendre des sujets aux chaînes de télévision clés en mains. Là aussi, les journalistes travaillent selon leur statut, pigistes permanents ou pas, plus ou moins régulièrement.
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