Les Ardennes à vélo
C’est l’une des plus belles voies vertes de France. De Remilly-Aillicourt à Givet, tout près de la frontière belge, la Trans-Ardennes longe la Meuse sur 120 km. Nous avons testé pour vous un bout de cet itinéraire sur la coiffe du département, de Charleville-Mézières à Fumay. Une balade dépaysante et reposante sur le tronçon le plus vallonné du parcours. En selle !
Préparez votre voyage avec nos partenairesPoésie et marionnettes à Charleville-Mézières
Avant d’enfourcher le vélo, prenez le temps de visiter Charleville-Mézières, la ville natale d’un grand routard, Arthur Rimbaud. Ici, il est omniprésent. Les commerces reprennent ses vers à tout va en devanture, les street artistes reproduisent sa gueule d’ange partout sur les murs, les fans viennent du monde entier se recueillir sur sa tombe. À l’entrée du cimetière, le défunt poète a même droit à sa boîte aux lettres. Pourtant, le jeune homme aux semelles de vent a fui les lieux dès que possible. Cela n’empêche pas la capitale des Ardennes d’entretenir cet amour à sens unique.
Rouvert en 2016 après seize mois de travaux, le musée Rimbaud déploie quantité de lettres, manuscrits et objets lui ayant appartenu. Ses textes, eux, s’échappent de douches sonores ultra modernes. Intéressant, même si la nouvelle scénographie manque de chaleur. En face, on peut aussi visiter la maison de l’Ailleurs, dédiée à ses voyages.
Mais Charleville-Mézières n’a pas d’yeux que pour lui. C’est aussi la capitale mondiale de la marionnette ! Elle accueille tous les deux ans un festival international qui attire 160 000 visiteurs en dix jours, soit le triple de sa population. Le prochain a lieu du 16 au 24 septembre 2017. Pour vous mettre dans le bain, faites un tour au musée de l’Ardenne. La collection de marionnettes du monde est de toute beauté, en particulier les poupées indonésiennes.
Puis profitez de la lumière en fin de journée pour admirer la couleur miel des pierres sur la place Ducale, dessinée à l’italienne. Centre névralgique de Charleville depuis 1606, elle abrite sous ses arcades des restaurants et des cafés où il fait bon se poser en terrasse.
Accessible depuis peu, le beffroi de l’Hôtel de Ville dévoile une vue panoramique des alentours. N’oubliez pas de passer à l’office de tourisme pour récupérer votre carnet de route. Très pratique, il indique les points d’intérêt de chaque étape de la Trans-Ardennes.
De Charleville-Mézières à Bogny-sur-Meuse (20 km)
Une petite halte au camping du Mont-Olympe pour récupérer les vélos et hop, c’est parti ! Très vite, le silence de la voie verte nous happe. On n’entend plus que le clapotis de l’eau et le chant des oiseaux.
Du début à la fin du parcours, la Meuse nous sert de compagnon fidèle. Enserrée par les collines, la voie verte est totalement coupée de la circulation. Sur cette portion, les cyclistes croisent rarement les automobilistes. À la place, pêcheurs, canards et groupe de faims bordent le chemin. Nouzonville, Joigny-sur-Meuse… Les villages pittoresques, dominés par le clocher de l’église, émaillent ce décor verdoyant.
Comme en Bretagne, les Ardennes regorgent de légendes médiévales. Celle des Quatre Fils Aymon reste la plus connue d’entre elles. Selon la légende, l’un des quatre fils du duc Aymon, Renaud, aurait mortellement blessé le neveu de Charlemagne après une partie d’échecs qui aurait mal tourné. Les quatre frères s’enfuient alors grâce à Bayard, un cheval magique. En volant au-dessus de la Meuse, il leur permet d’échapper à la vengeance de Charlemagne.
Aujourd’hui, ils font toujours partie du paysage ardennais. Les quatre rochers sur la crête d’une colline, au niveau de Bogny-sur-Marne, ce sont eux. Là-haut, on reste bouche bée devant le magnifique panorama sur le massif. Depuis la voie verte, il faut compter une vingtaine de minutes de marche pour rejoindre ce point de vue indiqué sur le carnet de route.
De Bogny-sur-Meuse à Fumay (34 km)
Plus on avance, plus le massif semble bomber le torse. Il en impose. Mais il ne faut pas avoir la tête dans le guidon pour saisir les tableaux plus délicats. Le reflet des nénuphars, les jardins d’ouvriers au bord de l’eau, les jolies péniches. Des paysages bucoliques dignes d’une peinture impressionniste. Au niveau de Monthermé, les méandres de la Meuse dessinent une belle boucle ceinturant le village. C’est la « carte postale » de la voie verte.
Enfin, vous pourrez lever le pied au parc d’aventure TerrAltitude, à Fumay. On y trouve la plus grande tyrolienne du Nord de la France, « Fantasticable ». Allongé, les bras le long du corps, on survole la Meuse à une vitesse de pointe de 120 km, sur 1,2 km. En plus de voler comme un oiseau, l’attraction nous offre un point de vue aussi rare qu’époustouflant sur le fleuve.
De retour à Charleville-Mézières, on se dit que le département mérite quand même bien son nom. Des massifs aux forêts, des cours d’eau aux villages de charme, il n’y a pas une, mais « des » Ardennes.
Fiche pratique
Pour préparer votre séjour, consultez notre fiche Champagne-Ardenne.
Comment y aller ?
Paris - Charleville en 1 h 30 en TGV, 2 h 30 en voiture.
Où dormir ?
Hôtel Dormeur du Val : 32, bis rue de la Gravière à Charleville-Mézières Tél : 03.24.42.04.30 À quelques pas de la gare. Literie confortable, mais la salle de bains pourrait être plus pratique. On aime le sauna accessible jusqu’à 22 heure sur demande, l’accueil très aimable et l’excellent petit-déjeuner.
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Où manger ?
Sel et poivre : 12, avenue Forest à Charleville-Mézières. 03.24.55.71.16 Du fait maison et des produits frais uniquement. Le chef ose les mariages audacieux (asperges et fraises, quel délice). Goûtez à la spécialité de la maison, le pain perdu au caramel beurre salé : à tomber. Entrées de 7 à 12 €, plats de 12 à 18 €, desserts autour de 7 €.
La Table d’Arthur : 9, rue Pierre-Bérégovoy à Charleville-Mézières. Tél : 03.24.57.05.64 Un bon menu terroir à 25 € qui fait la part belle aux produits locaux.
Texte : Sarah Négrèche
Mise en ligne :