Calvados : la Côte Fleurie insolite, entre Deauville et Cabourg
Habituée aux projecteurs, la Côte Fleurie, située à l’est du Calvados, fait son show toute l’année ! Entre le Festival du cinéma américain, celui du film romantique, les courses hippiques et les casinos, Deauville et Cabourg occupent le devant de la scène… et pourtant cela n’a pas toujours été le cas ! Houlgate, l’ancienne Beuzeval, était plus célèbre que Cabourg à la Belle Époque, et que dire de la falaise des Vaches noires, star de l’ère jurassique ? Aujourd’hui, la côte révise ses classiques, prend un tournant résolument culturel et nous surprend toujours. Visites insolites et exclusives garanties !
Préparez votre voyage avec nos partenairesLa falaise des Vaches noires, un trésor nommé Jurassique
Couvertes par l’océan il y a 165 millions d’années, la Normandie et sa falaise des Vaches noires, entre Dives et Cabourg, en portent encore les stigmates. La légende raconte que les marins auraient confondu les blocs de calcaire couverts d’algues échoués sur la plage avec des vaches noires… d’où son surnom normand !
Sur place, le paysage est singulier et les falaises noires teintées de vert foncé impressionnent. C’est parti pour une balade au bord de l’eau à l’époque du Jurassique ! Deux bonnes heures avant la marée basse sont nécessaires pour partir en toute tranquillité à la recherche du moindre signe archéologique. À vous de trouver les fossiles d'ammonites et de reptiles marins dans ce paysage chaotique.
Le site a été classé en 1995 par le ministère de l’Environnement pour son « intérêt scientifique et paysager » et il attire beaucoup de paléontologues et de géologues. Pas question ici d’escalader les falaises ni de ramasser le moindre fossile, car le lieu est trop fragile. Il suffit d’observer l’argile formant un millefeuille de strates de couleurs différentes pour s’en rendre compte. Et dire que ces sédiments ont gardé les traces d’un monde marin millénaire !
Cet univers est parfaitement décrypté au Paléospace de Villers-sur-Mer, la ville voisine. Pour le rejoindre à pied, direction l'escalier des 100 marches à Houlgate. Après avoir emprunté un tronçon du GR 223, la musée apparaît au bord d’un marais. Dans cet espace, on découvre plus de deux cents ans de collecte sur le site paléontologique des Vaches noires ! De quoi réconforter les promeneurs bredouilles…
Paleospace l’Odyssée : 5, av. Jean Moulin, Villers-sur-Mer, tél. : 02 31 81 77 60
Cabourg, à la recherche du temps perdu
Cabourg la romantique, entretient plus que jamais le mythe de la Belle Époque avec la récente ouverture de la villa Bon Abri, renommée pour l’occasion la Villa du Temps retrouvé en hommage à Marcel Proust.
En guise de prémisse, le nouveau « jardin de famille » et sa roseraie dans l’esprit de l’époque forment un délicieux prélude à la visite en forme de recherche du temps perdu. À peine la porte franchie, des effluves de fleurs créées spécialement par le nez Francis Kurkdjian envahissent le hall d’entrée.
Dans le salon, un piano nous attend pour jouer quelques notes. Dans la bibliothèque à l’étage, c’est une collection de livres qui nous tend les bras. Pour ce voyage historique où l’on croise Jacques Émile Blanche, Debussy, Monet, Rodin, Boudin… la villa du Temps retrouvé joue la carte de l’expérience immersive et participative.
Il n’y a pas ici de collections à proprement parler, seulement des œuvres prêtées par de grands musées nationaux et de célèbres institutions. Une bonne manière pour présenter régulièrement différentes facettes de l’art de vivre à la Belle Époque en Normandie.
En toile de fond, les éditions originales de la saga proustienne À la recherche du temps perdu viennent nous guider dans la découverte d’une société privilégiée avide de sports, de théâtres, de casinos et de bains de mer. Dans cette maison construite par les frères Parent et que Marcel Proust a certainement connue dans son enfance, on se laisse vite embarquer dans une époque où Fantomas, auquel est consacrée l’exposition temporaire du moment, était une légende.
La villa du temps retrouvé : 15, av. du Président Raymond-Poincaré à Cabourg.
Deauville joue la carte de la culture aux Franciscaines
Connue pour ses planches, son Festival du film américain, son hippodrome et son casino, la station créée par le duc de Morny en 1860 peut désormais s’enorgueillir d’avoir ajouté une corde à son arc : le centre culturel des Franciscaines.
Tout juste ouvert et déjà suivi par 3 000 followers sur Instagram, cet ancien orphelinat Saint-Joseph, construit en 1876, est une petite révolution à Deauville. La donation de 4 000 œuvres du peintre de la marine André Hambourg par sa femme est à l’origine du projet. Du simple musée, le cabinet d’architecte Rivière & Moatti a imaginé un lieu de vie culturel ouvert aux spectacles, aux livres et aux œuvres d’art.
Le cloître, surmonté d’une verrière et d’un lustre gigantesque émaillé de LED, devient ici une salle de lecture et de rencontre permettant l’accès aux salles d’expositions, au réfectoire devenu cafétéria, à la bibliothèque et à la chapelle transformée en auditorium.
À l’étage, quatre espaces soulignés de couleurs différentes évoquent la cité balnéaire à travers son histoire, ses stars cinématographiques, son art de vivre légendaire et sa passion hippique. Un univers réservé à la jeunesse 2.0 complète le panorama.
Côté musée, le fonds photographique enrichi des tirages du festival Planches contact, qui a lieu chaque année à Deauville, viennent titiller les toiles de la collection « peindre en Normandie » constituée des œuvres de Vuillard, Courbet, Corot, Boudin, Van Dongen… Un accrochage qui change tous les six mois !
À côté, l’exposition inaugurale « Sur les chemins de Paradis », qui explore les représentations du paradis à travers les âges, fait figure de manifeste en révélant le rôle pluriculturel de ce lieu historique.
Les Franciscaines : 145, av. de la République, Deauville, tél. : 02 61 52 29 20.
Houlgate, à la recherche de la plus belle villa
Jumelle de Cabourg, Houlgate a toujours joué la carte de la discrétion. Plébiscitée à la Belle Époque par la bourgeoisie et l’aristocratie friandes des bains de mer, conforme aux idées hygiénistes en vigueur, la petite ville balnéaire a vu fleurir les villas les plus singulières de la côte.
La mode du pittoresque en architecture fait alors naître les désirs d’une clientèle riche férue d’orientalisme et de découvertes exotiques. En partant de la rue des Bains, un plan online à la main, la quarantaine de villas apparaissent sur l’écran telles que des cartes postales en noir et blanc les représentaient. Quelle richesse !
Du côté de l’avenue des Alliés, des chalets surgissent des palissades, un hommage à des propriétaires qui allaient se soigner à la montagne, des maisons néo-gothiques viennent flatter les goûts anglais de leurs mécènes.
La villa Guarani rappelle les origines de l’Ambassadeur du Brésil à Paris. Toutes ces villas sont une carte de visite pour les hôtes qu’ils reçoivent. L’architecture des jardins dans le style anglais épate presque autant que les maisons !
Dans la villa Le Castel, sans doute la plus grandiloquente avec son style néo-normand, tout est surdimensionné. Le toit aux multiples décrochements, ses conduits de cheminées, la forêt d’épis de faîtage, les vitraux décorés des portraits des propriétaires et le parc aujourd’hui coupé en deux.
Toutes ces villas forment un catalogue régionaliste à l’imagination débridée. Le moulin Landry, transformé en manoir néo-normand en 1850, reste sans doute le plus étonnant.
Office de tourisme de Houlgate : 10, bd des Belges, tél. : 02 31 24 34 79.
Fiche pratique
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Office du tourisme de Deauville
Comment y aller ?
- En voiture : sortie directe de l’autoroute A13. En venant de Paris, Rouen ou de Caen (sortie 30). Liaison directe avec le nord de la France, la Belgique et les Pays-Bas par l’A29.
- En train : les gares de Dives-Cabourg et Trouville-Deauville sont reliées à Paris Saint-Lazare (via Trouville-Deauville), tous les week-ends, toute l’année et tous les jours en saison, ou depuis la Gare de Caen via les Bus Verts.
Et si on tentait un voyage « zéro carbone » sur la Côte Fleurie ?
Plusieurs trains depuis la gare Saint-Lazare permettent de rejoindre Deauville en 2 h environ. L’atelier Lucas cycle, situé 92, avenue de la République (tél. : 02 31 88 53 55) loue des vélos. On peut ainsi rejoindre les Franciscaines à moins d’un kilomètre et filer en direction de Villers puis Houlgate pour rejoindre la falaise des Vaches noires. Le mieux étant d’emprunter une partie de la voie Vélo Maritime.
Le parcours est agréable et vallonné, mais cela se complique entre Tourgéville et Houlgate, car on oscille entre une voie verte et une voie partagée. La portion entre Houlgate et Dives est un magnifique itinéraire le long de la plage.
Ensuite jusqu’à Cabourg un itinéraire de 4,5 km emprunte une succession de voies cyclables, de voies partagées, de promenades sur la plage et de voies vertes le long de la Dives.
Adresses
- Hôtel les Cabines : 17, rue des Bains à Houlgate. Tél. : 02 31 06 08 88. Ce charmant hôtel niché dans la rue principale a presque les pieds dans le sable ! Solène a décoré chacune de ses vingt chambres avec des meubles et des objets vintage chinés. Un bon camp de base pour visiter les Belles élégantes d’Houlgate et pour partir à pied sur les traces des fossiles de la falaise des Vaches noires.
- Bar chez Guillou : 4, av. de la mer à Cabourg. Tél. : 02 31 91 31 31. Un bar qui est presque une institution depuis 1957 ! Il a été créé par un ancien instituteur qui était passionné de cocktails. Ambiance vintage garantie et petit retour au temps où la station avait moins la cote !
- L’Essentiel : 29, rue Mirabeau à Deauville. Tél. : 02 31 87 22 11. Voilà un restaurant de moins en moins confidentiel, mais qui est toujours au sommet avec des prix qui n’ont rien de jet set. Avec ses accents franco-coréens grâce au talent de Charles et Mira Thuillant, le pigeon se pare de betteraves marinées et de châtaignes, le bœuf de Wagyu s’accompagne de légumes de saison et le tempura de crabe fricote avec un chutney de légumes ! Juste à côté de la gare de Deauville.
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Texte : Barbara Divry
Mise en ligne :