Pays Dogon, le Mali à flanc de falaise
En pinasse sur le Niger
Atterrissage nocturne à Mopti, ou plutôt Sévaré, à quelques kilomètres de là. Sur le tarmac de l’aéroport – un bâtiment de plain-pied grand comme un court de tennis et flanqué d’un palmier –, on récupère nos sacs à la lueur de la lune, ou à la lampe frontale. Puis direction Mopti pour un petit déjeuner aux aurores, sous un gros bougainvillier, au siège de l’Harmattan solidaire.
La douloureuse perspective d’une nuit blanche se précise, soulagée par la vue des pinasses accostées sur les rives du Niger le long d’une des rues périphériques de Mopti. C’est sur une de ces longues pirogues à fond plat, aux flancs peints de couleurs vives et au toit tressé, que nous entrons véritablement au Mali. Dans le doux ronronnement du moteur, la pinasse glisse sur les eaux bleues grises du fleuve comme sur du velours : le temps d’une sieste pour se remettre du vol, d’encaisser le choc thermique (il fait quarante degrés de plus qu’à Paris), de faire connaissance avec le groupe et de s’ouvrir à cet autre univers.
Plus qu’une voie de communication, le Niger est la ligne de vie de la région. Autour de nous, femmes et enfants lavent le linge et la vaisselle sur la rive, dans des récipients de plastique bariolés ; des pêcheurs jettent leurs éperviers (filets) avec grâce. Sans moteur, leur pirogue avance sur l’eau à l’aide d’une longue perche enfoncée dans la vase par un gamin posté en proue d’embarcation, ou poussée par une voile rapiécée donnant à la pinasse des airs de felouque.
Après quelques haltes dans des villages bozo particulièrement démunis, Kouakourou, avec ses 2 600 habitants et son allée commerçante, fait figure de gros bourg animé. Des enfants sortis de l’école coranique, tablettes de versets et tapis sur la tête, tee-shirts Obama sur le dos, nous suivent dans le dédale d’étroites ruelles. Premier bivouac : sur l’autre berge, on plante la tente sur le sable humide
Texte : Cerise Maréchaud
Mise en ligne :