Festival des derviches tourneurs à Konya

Festival des derviches tourneurs à Konya
Office de Tourisme de Turquie à Paris

Le 17 décembre, Konya rend hommage à Celaleddin Rumi (dit « Melvana »), le fondateur de la confrérie religieuse des derviches tourneurs, dont c’est cette année le 800e anniversaire. Les deux semaines précédant cette commémoration, de nombreuses cérémonies de cette danse religieuse ont lieu quotidiennement au mausolée de Mevlana. Pèlerins et curieux se pressent dans cette ville sainte d’Anatolie au cours d’un festival où la religion devient spectacle. Envoûtement garanti.

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Des religieux musulmans

Mais pourquoi tournent-ils donc ? Pour entrer en contact avec Allah. Les derviches tourneurs n’ont en effet rien d’un groupe folklorique. Ce sont des religieux musulmans, appartenant à l’ordre soufi des mevlevi, fondé au XIIIe siècle par le poète mystique Dlaläl al-Dïn al-Rümi (ou Celaleddin Rumi), surnommé Mevlana (« le maître »). Communément appelés derviches (du persan darwich, qui signifie « pauvre »), ils vivent en ascètes dans des couvents, les tekke, que l’on trouve à Istanbul et à Konya.
Mevlana (1207-1273) fut le premier à tourner. Homme de religion et poète apprécié, il professait une mystique centrée sur l’amour et la tolérance sans distinction de religion et de culture. Son influence était très grande dans toute l’Anatolie et jusqu’en Syrie. Selon la légende, le poète mystique serait passé un jour devant un bazar où l’on battait de l’or. Pris d’une violente émotion, emporté par le rythme et le son cristallin de l’or battu, Mevlana se serait mis à tourner dans un mouvement d’élévation. C’est par cette danse, le sema, qu’il serait entré en communion avec le divin.

Transe cosmique

Depuis sept siècles, les disciples de Mevlana entrent en communion avec le Tout-Puissant par la danse. Lors des cérémonies, les derviches, vêtus d’une longue tunique blanche et d’une toque cylindrique en poil de chameau, pivotent sur la pointe des premiers orteils du pied gauche en traçant un cercle autour de la piste en plusieurs périodes de dix à trente minutes. La position de leurs mains est symbolique : la droite levée vers le ciel recueille la grâce divine que le derviche transmet à la terre par la main gauche tournée vers le sol. Les derviches tournent au son du ney (flûte à roseau avec un bec de hautbois) et sur fond de percussions (tambour sur cadre appelé daf), accompagnés de chants religieux. Leurs rotations se font de plus en plus rapides jusqu’à ce qu’ils entrent dans un état de transe et d’extase mystique.
La danse des derviches est en fait une prière, menant à l’union suprême avec Dieu. Ayant une dimension cosmique, elle symbolise la rotation des planètes autour du soleil. Le cercle représente la loi religieuse qui embrasse la communauté musulmane. En son centre se trouve la vérité suprême, le dieu unique qui est l’essence même de l’Islam et qui communique avec les hommes par l’intermédiaire du derviche.

Le festival de Konya

Depuis 1924 et l’instauration de l’État laïc, les derviches ne sont plus vraiment en odeur de sainteté en Turquie. Officiellement, les sectes et confréries religieuses, tout comme les danses rituelles sont interdites. Toutefois, à Istanbul et surtout à Konya une certaine tolérance existe. Pourquoi à Konya ? Tout simplement parce que l’ordre des derviches tourneurs fut fondé par Mevlana dans cette cité au sud d’Ankara. Chaque année, à l’anniversaire de la mort du poète, le 17 décembre, cette ville sainte, qui abrite le tombeau du religieux au cœur des steppes de l’Anatolie, lui rend hommage avec un festival de derviches tourneurs. En 2007, Konya célèbre le 800e anniversaire de Mevlana.
Pendant les quinze jours précédant l’anniversaire, les fidèles assistent à des cérémonies religieuses ouvertes à tous (attention, ce ne sont pas des spectacles, donc la discrétion est requise) au mausolée de Mevlana. Cet ancien couvent est devenu aujourd’hui un musée d’art islamique qui accueille de très nombreux pèlerins. Cohue assurée… En effet, le festival de Konya attire des adeptes de la mystique soufie de Mevlana venus du monde entier. Un festival de musique mystique de toutes les religions est d’ailleurs organisé en même temps au Centre Mevlana de Konya.
Il faut savoir que le prix des hôtels s’envole et que Konya perd quelque peu de son austérité spirituelle (la ville est un fief islamiste) à cette période de l’année. Mais si vous avez la chance d’assister à une cérémonie de derviches tourneurs, vous serez sans doute envoûtés par la beauté des musiques, la ferveur qui s’en dégage et la poésie de cette religion qui se danse. Si ce n’est pas le cas, consolez-vous : tous les derniers samedis du mois, une représentation des derviches tourneurs est organisée par le Centre culturel Mevlana à partir de 20 h. Gratuite, elle est ouverte à tous. Et il y a moins de monde que pendant le festival.

Pour en savoir plus

Office du tourisme de Turquie
www.infosturquie.com

Site consacré aux cérémonies du 800e anniversaire de Rumi
www.rumi2007.net

Vidéos de derviches tourneurs

Office du tourisme de Konya
Tél. : 0090-332-351-10-74/350-64-89.

Site sur le festival de musiques mystiques de Konya
www.turquoiseproduction.com

Site des derviches tourneurs d’Istanbul
www.emav.org

Texte : Jean-Philippe Damiani

Mise en ligne :

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