Œuvres complètes
Auteur : Jean Reverzy
Editeur : Flammarion
919 Pages
En littérature comme ailleurs, il est des bonnes nouvelles. Celle de la réédition des œuvres complètes de l’écrivain Jean Reverzy chez Flammarion en est une. Jusqu’à cette résurrection éditoriale, les livres de Reverzy étaient difficiles à se procurer, sinon chez quelques bouquinistes éclairés. À l’instar de Calet, Bove, Hyvernaud, Gadenne et quelques autres, Jean Reverzy fait partie de cette famille d’écrivains dont les œuvres ont connu une postérité ingrate pour ressurgir aujourd’hui de leurs oubliettes littéraires dans tout leur éclat.
Médecin lyonnais des « quartiers malheureux » et écrivain, Jean Reverzy publie son premier roman en 1954 à quarante ans. Cinq ans plus tard, il meurt laissant derrière lui une œuvre courte et inachevée. On comprend mieux cette carrière fulgurante en relisant son conseil à un jeune auteur : « Vous voulez écrire, apprenez à mourir ». Nul besoin de faire le tour du monde pour être un grand voyageur. Le médecin des pauvres ne fera qu’un seul voyage exotique dans sa vie : l’Océanie, d’où il ramènera, Le Passage, un livre mythique qui sera primé et vendu à des centaines de milliers d’exemplaires. « Je suis allé fumer ce soir une cigarette au bord de la mer. » C’est cette phrase de Gauguin, lue dans Noa-Noa, qui poussa Reverzy à prendre le large en 1952, à partir sur les traces d’Alain Gerbault, de Stevenson et du peintre halluciné, exilé volontaire aux Marquises.
Avec Le Passage, Reverzy entre en littérature. Ce magnifique roman initiatique raconte le retour en France de Palabaud, un revenant des mers du Sud, qui tel un animal blessé revient dans sa ville natale pour y mourir. Le succès de ce livre occultera les deux autres publiés de son vivant, Place des Angoisses, récit autobiographique qui vilipende la bourgeoisie lyonnaise et Corridor, court roman où l’auteur tente d’échapper à la narration classique pour expérimenter une nouvelle écriture. La réédition chez Flammarion offre également au lecteur, Le Souffle, texte fondateur du roman Corridor. Suivent dans la chronologie éditoriale d’autres textes : À la Recherche d’un miroir, recueils de nouvelles et souvenirs de voyages, La Vraie Vie, véritable mise en scène de la maladie et de la mort avec l’hôpital pour décor, Le Silence de Cambridge, livre libérateur où l’auteur exorcise ses ressentiments familiaux, enfin Le Mal du soir, émouvants écrits autobiographiques proches d’un journal intime dans lesquels l’auteur nous confie un des secrets de la création littéraire : « Les écrivains ne doivent jamais être tranquilles ».
Texte : Jean-Luc Bitton
Mise en ligne :