L’Invention de Paris
Auteur : Éric Hazan
Editeur : Le Seuil, collection Points
482 Pages
Cette ville a au moins deux millénaires d’existence. Ce n’est pas rien ! Aussi est-il parfaitement logique que de nombreux auteurs se soient penchés sur son histoire. Éric Hazan arrive donc après tant d’érudits, d’historiens, de poètes… alors pourquoi est-on aussi emballé par son essai ? L’habileté de sa construction y est pour beaucoup. Il s’agit en effet d’une promenade, mieux, d’une flânerie, à travers Paris. Premier rendez-vous : le... 1er arrondissement, autrement dit le cœur de la capitale. À partir de là, Hazan nous prend et ne nous lâche plus. Son invention de Paris commence donc par les vieux quartiers situés à l’intérieur de l’enceinte médiévale de Charles V (Halles, Sentier, Marais, Quartier latin, Saint-Germain…), se poursuit par les faubourgs, limités un temps par le mur des Fermiers Généraux (Champs-Élysées, Plaine Monceau, faubourg Saint-Antoine, Montparnasse…) et se conclut provisoirement par les villages et les morceaux des bourgs limitrophes annexés au XIXe siècle ; ceux-là même qui bordent encore aujourd’hui les frontières de la ville (Auteuil, Montmartre, Belleville, Bercy, Grenelle…). Explorant l’intérieur de ces cercles successifs, l’auteur mêle avec maestria des points d’histoire, des considérations architecturales, des informations sociologiques, des références littéraires et d’autres choses encore. À la fois savante et amusante, mais ni académique, ni anecdotique, cette somme est constamment stimulante. Si l’on connaît déjà la capitale, on prend un plaisir particulièrement vif à sa lecture. Mais, rendons grâce à l’auteur, car il fait tout pour que le visiteur, ou le Parisien qui n’est guère sorti de son quartier, puisse se repérer aisément – des indications topographiques sont glissées de-ci de-là, toujours à bon escient. L’ouvrage se termine par trois chapitres puissamment évocateurs. Dans l’un, Paris rouge, Éric Hazan évoque avec émotion les révolutions du XIXe siècle, lorsque les barricades s’élevaient dans les quartiers populaires de l’Est. Dans les deux autres, il revient sur les « Flâneurs » de la littérature parisienne qu’il a abondamment cités dans son livre (Balzac est le plus mentionné). Enfin, dans Les belles images, il nous livre une courte et pertinente analyse du rapport qu’ont entretenu les peintres avec la capitale. Cet ancien éditeur de livres d’art rappelle d’ailleurs à juste titre, que peu d’artistes plasticiens, au contraire des photographes, se sont attaché à prendre tel ou tel aspect de Paris comme sujet. Lorsqu’on arrive au terme de cette Invention de Paris, on n’a qu’une envie : la reprendre à la première page ! Gageons que ce livre est parti pour devenir un classique.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Michel Doussot
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