La légende de la géographie
Auteur : Gilles Lapouge
Editeur : Albin Michel
276 Pages
Gilles Lapouge a inventé un genre : l’autobiogéographie. La légende de la géographie pourrait être un roman, celui de la géographie. À moins que ce ne soit elle qui nous mène en bateau, sur des mers inconnues, avec ce merveilleux conteur qu’est Gilles Lapouge ? L’ancien complice d’Albert Camus (Combat) et de Bernard Pivot (Apostrophes) s’amuse des contours inventés par cette science qui crée le monde.
« La découverte de la Terre est un jeu de colin-maillard. Géographes et explorateurs avancent les yeux bandés».
Ses souvenirs personnels d’apprenti géographe étayent le texte, source de réflexion gourmande et invitation à partir. Pas démiurge pour deux sous, en bon hagiographe de cette science qui invente le monde, lui donne ses contours, nomme ses vallées, comme les Romains à la veille d’envahir la Bretagne, il évoque avec finesse, humour et sur un ton enjoué d’enfant ravi, les frontières de nos pays. Où sont stockées les anciennes frontières ? s’amuse t-il à relever.
C’est vrai ça, elles partent où les vieilles frontières des pays qui changent de noms tous les quatre matins ? Lapouge évoque la frontière germano-polonaise d’une île de la Baltique, où d’un côté de la frontière les Polonais craignent la nudité et de l’autre les Allemands de l’ex-RDA dévoilent qui un sein, qui un sexe. « Comment se flanquer des pains, sur cette petite île pluvieuse de la Baltique, puisque les Polonais se débandent dès qu’ils aperçoivent une Allemande nue ? ». Il est aussi question de trains, de cartes, de neige, de grands explorateurs, de leurs pays, le tout truffé de sentences qu’on se découvre à noter dans la marge : « La mer est la fin de toute géographie », « Un roman est une mappemonde »…
On apprend à calculer les latitudes, les longitudes, on découvre la géographie de Giono et d’autres auteurs encore. Un texte en escalier, où l’on monte et où l’on descend sans trop savoir où aller, avançant nous aussi les yeux bandés, pour notre plus grand plaisir.
Texte : Gavin's Clemente-Ruiz
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