Au pays des Mille et une nuits
Auteur : Siri Hustvedt et Reza
Editeur : Actes Sud
82 Pages
Il était une fois, les Mille et une nuits. Un millier d’histoires, et autant de façons différentes de les aborder, autant de conteurs qui y mettent une touche personnelle. Issus eux aussi d’une longue tradition orale, les voyages de Sindbad le Marin, ont été racontés et reracontés, adaptés et réadaptés.
La romancière et essayiste américaine Siri Hustvedt (Un été sans les hommes) et le photojournaliste iranien Reza nous livrent leurs visions des voyages de Sindbad dans Au pays des mille et une nuits. Telle Shéhérazade, Siri Hustdevt se fait conteuse. Elle choisit pour chaque voyage une narration différente : sous la forme d’un roman, puis sous les traits d’un scénario de film, en prose comme en vers, l’histoire devient un patchwork bigarré.
Loin de dénaturer le personnage et l’histoire de Sindbad, Siri Hustvedt porte différents regards sur le conte, en juxtaposant les styles. Ce livre est à l’image des multiples adaptations. Il n’y a pas de forme plus légitime ou plus vraie qu’une autre, alors, pourquoi choisir?
A ces différentes orientations d’écriture, s’ajoutent des photos, quant à elles bien réelles. Reza a saisi des instants de vie du pays de Sindbad : paysages, portraits, monuments ou symboles. Un regard de plus sur les Mille et une nuits.
Siri Hustvedt s’approprie Sindbad au point de lui octroyer un huitième et dernier voyage. Là encore, ce dernier chapitre naît de l’oralité, du dialogue. Deux époux débattent ici de la suite de l’histoire : difficile consensus autour d’un héros que chacun fait sien. Siri Hustvedt raconte comment on a raconté et on raconte encore. C’est pour cela que Sindbad ne meurt jamais, il renaît sous différentes formes en chacun d’entre nous.
Texte : Marina Gaultier
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