Le vieux cimetière
Thérèse Bentzon (1840-1907) écrivait en 1877 : « Le cimetière de Bréhat entoure l'église ; une intimité quasi orientale y règne entre les morts et les vivants. Chacun le traverse en allant à ses affaires, on s'y arrête pour causer, quitte à saluer d'une aspersion les tombes amies sur son passage, car un rameau de buis trempe toujours dans le dahen qui retient l'eau bénite. » Le rite de l'aspersion n'a plus cours mais on traverse toujours le cimetière, on s'y arrête toujours pour causer, on parcourt les allées au hasard, on enlève une mauvaise herbe, un nom retient l'attention et l'on se souvient car chaque tombe constitue un jalon du passé bréhatin. La grille de fer de l'entrée ouest du cimetière a été réalisée par le forgeron de l'île en 1874. Le Conseil municipal de l'époque l'avait jugée nécessaire pour empêcher les bestiaux d'entrer dans le cimetière. Gagnée par l'arthrose, elle consent à s'ouvrir en grinçant de douleur. Accrochée à son cou, une pancarte recommande sans pitié de la refermer. Trop exigu, un second cimetière proche de la mer, dit le " cimetière marin ", fut ouvert en 1832 lors de l'épidémie de choléra.