Raju, la jeune chanteuse du Ravantar

La situation de Rajuri n'est pas unique. C'est toute la communauté Bhopa de Pushkar qui survit difficilement . J'ai malheureusement vu des touristes enthousiastes donner, en guise de rémunération à Rajuri et à Sumitra, une poignée de jalebi (pâtisseries) et j'ai vu le guide d'un groupe de vingt touristes se réserver le paiement d'une prestation de Rajuri de de Papu, - et ne donner que 200 roupies... Soit 10 roupies par personne. On comprend que, dans ces conditions, certains considèrent cet art comme de la mendicité. Pourtant, si on veut bien les écouter, on peut entendre aussi dans cette musique plaintive ou aussi vive que la musique bretonne, le chant du désert et des temps anciens du Rajasthan. Est-ce qu'à l'époque d'internet et de la télévision, il n'y a plus la moindre place pour cet art ancien?

Ces précisions sur Raju ne la rendent que plus attachante....elle tient une place de choix dans mon salon car, après autorisation de l'auteur, j'ai pu réaliser son portrait à l'huile.

Difficile de rajouter quelquechose aux explications de bhaloo Derrière une belle photo peut se cacher une histoire pathétique Merci pour toutes ces informations vraiment essentielles

Plus que sur les photos de Rajuri, nombreuses, il faudrait parler de la vie de Rajuri, 16 ans, donnée en "mariage" dans sa prime enfance et qui devra rejoindre la famille de son "mari" dans très peu de temps. Elle appartient à la jati Bhopa, de la tribu Nayak, considérée comme très basse dans l'échelle sociale. Elle est si attachée à Pushkar qu'elle n'envisage même pas d'aller à Ajmer, à 12 kilomètres. Elle connaît dix chansons ou un peu moins, qu'elle chante pour gagner sa vie. Elle participe parfois à des concerts organisés par les pouvoirs publics. Elle n'a passé que très peu de temps à l'école et ne peut écrire que son nom. Elle est connue de touristes étrangers et indiens (certains sont photographes) qui parfois l'auraient aidé financièrement. Son père est décédé en 2011. Ses accompagnateurs au ravanhatta sont Papu, Soji, Pabu, Chena Ram, et bien d'autres. Leur vie est difficile. Ils vivent sous la tente en lisière de désert sur un terrain communal. Certains, dont Rajuri, ont des maisonnettes d'une pièce, leur seul bien, à quelques kilomètres de Pushkar. Ils sont couverts de dettes.

Belle photo d'une ravissante jeune chanteuse