Le Pérou, d’Arequipa au lac Titicaca
Cimes andines, terres de trek, villes coloniales tracées au cordeau, églises baroques farcies d’angelots, grappes de femmes chapeautées vendant de tout, de rien, pampas râpées, exsangues, animées par les frêles silhouettes des vigognes…
D’Arequipa au lac Titicaca, la Pachamama, la « Terre mère » péruvienne, forge des hommes rudes. Sur ces terres d’altitude, le voyageur fraîchement débarqué en prend plein les yeux, plein le cœur. D’abord se faire à l’altitude, au manque d’oxygène qui transforme la moindre volée d’escaliers en ascension du Siula Grande. Et puis il y a le vent, le soleil qui cogne…
Les villes d’aujourd’hui sont les villes d’hier, terres de sacrifices, où l’âme des ancêtres règne encore en maître sur le devenir des hommes : un tremblement de terre, une inondation, un volcan qui éructe. Désir de sursis, rage du sursitaire, alors on danse, on chante, on prie…
Tout ça, c’est simplement le Pérou !
Préparez votre voyage avec nos partenairesArequipa la blanche
Avec une altitude modérée (environ 2 300 m) et plus de 300 jours de soleil par an, Arequipa, qui compte pas moins de 45 000 étudiants (dont 25 000 pour la très renommée Universidad Nacional de San Agustin), est une étape incontournable d’un voyage au Pérou.
D’ailleurs, les Arequipeños ne sont pas peu fiers de leur ville : taillée dans le sillar, sorte de tuf local, Arequipa la blanche est le fief de toutes les contestations depuis les lustres ! Cléricale et frondeuse, la ville a fourni au pays juristes et politiques… Elle a même vu naître Mario Vargas Llosa, le célèbre écrivain.
Dominée par le cône altier du Misti, elle aligne ses rues anthracite et ses façades baroques dans un centre-ville absolument superbe fait de placettes arborées, de monastères et de petites églises. Son centre historique est un vrai petit bijou d’architecture coloniale et nombreuses sont les anciennes demeures qui abritent aujourd’hui un musée d’art sacré, d’archéologie ou de peinture.
Mais Arequipa vaut aussi le détour pour le couvent de Sainte-Catherine-de-Sienne. Véritable ville dans la ville, cette succession de bâtiments et placettes, de rues, de jardins et de parcs classés par l’Unesco date du 16e siècle. Les sœurs carmélites qui y vivaient (elles sont encore une trentaine aujourd’hui) n’eurent aucun contact avec l’extérieur jusqu’en 1970 !
Dans la réserve nationale Salinas y Aguada Blanca
D’Arequipa, la route s’élève petit à petit à travers une pampa de graminée jaune (ichu) que les vents d’altitude caressent en bourrasques. Rien ici ne laisse présager la présence de l’homme, si ce n’est de loin en loin quelques maisons d’adobe aux toits de tôles d’où montent des fumerolles.
Et pourtant, sur ces terres exsangues, dont la végétation ne doit son salut qu’à son extrême pouvoir de résilience, vivent les bergers d’alpagas et leurs troupeaux de lamas aux oreilles enrubannées de rouge.
Zigzaguant dans un enchevêtrement de collines tailladées de ravines, la route finit par se hisser jusqu’au col de Patapampa (4 910 m). De là, on peut voir le volcan Sabancaya éjecter son épais panache de fumées grises.
Arrivé à l’ancien village minier de Sumbay, il suffit de prendre une pierre et de taper un grand coup sur la jante rouillée qui fait office de sonnette. Le gardien vous apporte la clé du site aux gravures en échange de quelques soles.
Vieilles de 8 000 ans avant notre ère, ces gravures (230 en tout) représentant des camélidés et des félins témoignent de l’occupation du site depuis des temps immémoriaux. De nombreux artéfacts y ont été extraits. Ils sont aujourd’hui au musée archéologique d’Arequipa.
Colca, la vallée spectaculaire du Pérou
Longue d’une centaine de kilomètres, la vallée du rio Colca est située à 180 km au nord-ouest d’Arequipa. Elle est considérée comme le 2e canyon le plus profond du monde (3 400 m) après celui de Cotahuasi, même si elle ressemble plus à une vallée qu’à une gorge. Elle égraine un chapelet de villages dans un univers de terrasses étagées à flanc de montagne.
Bien plus qu’un simple paysage, la vallée du Colca obéit à des règles strictes pour permettre le cycle des cultures. Ainsi l’eau représente-t-elle la semence, elle transporte le souffle des apus (divinités) afin de perpétuer la vie en permettant la germination. La mosaïque des cultures est également similaire aux pièces de tissus pour les Indiens Collaguas, le tissage répond aux mêmes logiques, aux mêmes ordonnancements, d’où cette évidente similitude d’aspect.
Plus prosaïquement, ces petits villages furent fondés au 16e siècle pour permettre aux colons espagnols de fixer la population afin de la contrôler. On avait besoin d’elle dans les mines. Ces petits bouts de terre, perchés quelquefois dans des endroits pas croyables, offrent aujourd’hui le gîte et le couvert aux randonneurs, toujours plus nombreux à venir randonner dans le coin.
En vedette : le fameux canyon. Un trek exceptionnel, mais pas vraiment une balade de santé. On encaisse des dénivelés considérables, autant le savoir, alors mieux vaut être en bonne condition physique.
On trouve sur place de nombreux hébergements. Ces adresses proposent pratiquement toutes des excursions à pied ou à cheval. La randonnée équestre étant particulièrement facile ici, du fait du paso peruano pratiqué par le cheval péruvien ; une allure très confortable qui met l’équitation à la portée de tout le monde.
Puno, au bord du Titicaca
La route qui rejoint Pampa Cañahuas à Puno déchire l’Altiplano en deux. De part et d’autre de ces étendues à la fois austères et magiques, quelques guanacos, des vigognes et des troupeaux d’alpagas ponctuent la route. Puis le lac Titicaca se dessine et Puno apparaît.
Un amphithéâtre de constructions en brique dévale en cascade vers ce que l’on devine être le port. Rien d’extraordinaire en ville, une église baroque et une rue piétonne scandée de petits restos et de boutiques de souvenirs. Puno est surtout une porte d’entrée vers la Bolivie et le port d’où partent les bateaux pour les îles du lac Titicaca.
Nous sommes ici dans le berceau de la civilisation inca, comme aiment à le rappeler les habitants. À Puno, on trouve facilement une agence pour aller explorer les îles du lac : les îles flottantes d’Uros, mais aussi Amantani et Taquile.
Cependant, celles et ceux qui veulent tutoyer la vie des gens, partager leur quotidien ou tout simplement se reposer, opteront plutôt pour la péninsule de Capa Chica. Là-bas, quelques associations proposent aux voyageurs des hébergements chez l’habitant, ainsi que tout un panel d’activités qui vont des cours de cuisine à la voile, en passant par la randonnée en kayak et les excursions vers les îles.
Les îles flottantes des Uros
Les îles Uros sont, avec le Machu Picchu, la carte postale la plus envoyée du Pérou. Cette sorte de petit Disneyland organisé fait qu’aujourd’hui la totalité de la population des îles ou presque vit du tourisme. L’excursion est réglée comme du papier à musique. Après avoir ramassé leurs clients dans les hôtels, les bateaux partent de Puno à 9 h pétantes. S’ensuit une petite demi-heure de navigation jusqu’aux premiers îlots sur lesquels vivent 4 ou 5 familles.
Les agences s’arrangent pour que chaque îlot reçoive son quota de touristes. Le cérémonial est bien rôdé : après avoir été accueillis en chanson par les femmes en costume coloré, les touristes s’assoient en arc de cercle pour écouter la messe du guide. S’ensuit une petite visite des « cases » où vivent les familles (aujourd’hui alimentées à l’énergie solaire), puis c’est l’inévitable vente d’artisanat. La visite se conclut par un petit tour en radeau construit spécialement à cet effet.
En fait, cette mise en scène relève plutôt du parc d’attractions et manque singulièrement d’authenticité. D’abord parce que les vrais Uros, qui peuplaient jadis le pourtour du lac Titicaca, se sont éteints dans les années 1950. Ensuite parce que les Aymaras, censés perpétuer leurs traditions, « amarrés » à 6 km seulement de Puno alors qu’auparavant les îles étaient de l’autre côté du lac, ne le font que dans un but purement touristique.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
Vols directs Paris-Lima avec Air France et via Madrid avec Air Europa, Iberia, LAN. Correspondance pour Arequipa avec LAN et Star Peru. Trouvez votre billet d’avion.
Quand y aller ?
Toutes ces destinations étant situées dans les Andes, évitez d’y aller pendant la saison des pluies. La meilleure période pour faire une rando s’échelonne de mai à fin août.
Carnet d’adresses
La Casa de Melgar : calle Melgar 108 à Arequipa. Sols vernissés, boiseries encaustiquées, meubles d’époque et portraits d’ancêtres confèrent à cette ancienne résidence épiscopale, articulée autour d’une enfilade de patios, un charme indéniable…
Miskiwasi Bed & Breakfast : calle Lima 202 à Yanque. Un B&B de poche, trop petit pour recevoir les armées de randonneurs qui écument la région en pleine saison. E-mail : miskiwasicolca@hotmail.com
Hospedaje Samary (Casa de Felix) : Teodoro Valcarcel n° 164, à Llanchon. Felix a monté sa petite affaire et propose des excursions vers les îles flottantes (Titino), mais aussi Aquile et Amantani. Email : hospedajesamary@hotmail.com
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Agences généralistes
Terres Péruviennes : Née de la collaboration étroite de professionnels du tourisme français et péruviens, cette agence francophone menée tambour battant par Pilar et François, propose circuits et treks sur mesure dans tout le pays.
Tradición Colca : Agence tenue par Emmanuel, fin connaisseur de la vallée du Colca, où il réside depuis bientôt une vingtaine d’années avec son épouse péruvienne.
Asturs Perύ : Une coopérative de tourisme équitable qui propose tout un panel d’activités aux voyageurs de passage.
Texte : Eric Milet
Mise en ligne :