Saint-Barthélemy, l'île star des Antilles

Saint-Barthélemy, l'île star des Antilles
Plage de Saint-Jean © forcdan - stock.adobe.com

Il y a un an, l’œil de l’ouragan Irma passait juste au-dessus de Saint-Barthélemy. Ses vagues énormes et ses vents dévastèrent l’île, sans, heureusement, faire de victime.

Aujourd’hui, à Gustavia, la vie a repris son cours. Les bâtiments ont retrouvé leurs toits. Le clocher suédois a été redressé. Les jardins replantés. Et quelques yachts s’amarrent à nouveau dans le port. Calme inhabituel mis à part, on jurerait presque que rien n’est arrivé… Reportage sur l’île chic des Antilles, dernière demeure d'un certain Johnny...

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Atterrissage sportif à Saint-Barth'

Atterrissage sportif à Saint-Barth'
Aéroport de Saint-Barthélemy © Stephanie Rousseau - stock.adobe.com

Parti douze minutes plus tôt de l’aérodrome de l’Espérance, à Saint-Martin, le petit avion de Saint-Barth Commuter entame déjà sa descente. Sous l’aile, le bleu profond de la mer, maculé des stries brunes des sargasses dérivant vers l’ouest, vire rapidement au turquoise. À gauche, une grosse péninsule rocheuse napée de vert. À droite, deux îlets rocailleux et, bientôt, l’encoche rectangulaire du port de Gustavia, léché de toits ocre rouge.

Le Twin Otter plonge, dansant dans les alizés. La colline approche à vive allure, grandit à travers le hublot jusqu’à l’occuper tout entier. L’image est désormais bien connue : ceux qui arrivent à Saint-Barth par la voie des airs en sont quittes pour quelques frissons.

L’île est à ce point accidentée que seule la cuvette formée à l’arrière de la baie de Saint-Jean permettait d’aménager une courte piste de 650 m. Mais, en raison des vents dominants, c’est de l’ouest qu’il faut approcher, l’avion rasant à la descente finale les toits des voitures au rond-point du col de la Tourmente. Et encore, le carrefour a-t-il été déplacé de quelques mètres !

Saint-Barth, une île jadis pauvre

Saint-Barth, une île jadis pauvre
© napa74 - stock.adobe.com

Il était une fois un caillou de 21 km2, sec, sans sources ni richesses, pataugeant au nord de l’arc antillais parmi une flottille d’îlots. Il ne fallut pas plus d’un coup d’œil à Christophe Colomb, en 1493, lors de son 2e voyage, pour décider de passer son chemin – sans négliger de donner à cette découverte inutile le nom de son frère Bartolomeo.

Les colons ne se bousculèrent pas pour venir à Saint-Barthélemy. Seul son port naturel bien protégé, stratégique, poussa les Français à s’installer au milieu du 17e s. Quelques opiniâtres se mirent à cultiver indigo et coton, les autres se contentant d’élever des chèvres, de pêcher ou de récolter le sel. La vie de ces premiers insulaires, originaires de Bretagne, d’Anjou, de Vendée ou du Poitou, ne fut pas rose tous les jours. La France se désintéressait d’eux au point que, en 1784, elle céda l’île à la Suède contre un accès aux entrepôts du port de Göteborg !

Les Scandinaves, meilleurs en affaires, firent de Saint-Barth un port franc – rebaptisé Gustavia en hommage à leur défunt roi Gustav III. Quelques décennies durant, le business prospéra. Le bourg s’affirma même un temps comme la 5e « ville » la plus peuplée de Suède !

Mais une succession de catastrophes naturelles, le déplacement du commerce vers les îles Vierges et la fin de la marine à voile sonnèrent le glas de ce premier âge d’or. Pragmatiques, les Suédois rendirent l’île à la France en 1878, suite à la tenue d’un référendum.

Et Saint-Barthélemy attira la jet set…

Et Saint-Barthélemy attira la jet set…
© forcdan - stock.adobe.com

La seconde époque française ne commença pas sous de meilleurs auspices que la première : Saint-Barthélemy fut tout aussi largement ignorée qu’au siècle précédent !

Le miracle vint du nord, en 1957. Cette année-là, David Rockefeller, butinant d’île en île sur son voilier, tomba sous le charme de l’anse de Colombier. Ni une ni deux, il acheta la presqu’île pour s’y faire bâtir une villa (aujourd’hui en piteux état). Edmond de Rothschild, lui, adopta la baie de Marigot, plus à l’est. Dans leur sillage, tout le gotha mondial débarqua : Howard Hughes (encore sain d’esprit), Jackie Kennedy, Greta Garbo, Robert Mitchum, puis les danseurs et chorégraphes russes Noureïev et Barychnikov, amoureux des pointes isolées.

Très vite, un aventurier franco-hollandais, le premier à s’être posé sur l’île en avion, Rémy de Haenen, comprit : l’hôtel Eden Rock surgit de son rocher, terminant la plage de Saint-Jean.

Au fil des ans, les établissements et résidences de luxe se sont multipliés sur les pentes des collines dévalant vers l’océan, leurs grandes piscines à débordement arrimées avec panorama intégré. Les stars et leurs managers, les artistes, les magnats de l’immobilier, les traders, les gros bonnets en tous genres – et les paniers percés – ont afflué.

Avant que ne débarque Irma et ses vents mauvais, l’île comptait 9 hôtels 5-étoiles et 800 villas à louer (de 5 000 à 100 000 $ la semaine). Les prix des terrains se sont envolés. Et les Saint-Barths, subitement riches de terrains jadis incultes, se sont habitués à remplir leur déclaration d’ISF.

Saint-Barthélemy, dernière demeure de Johnny Halliday

Saint-Barthélemy, dernière demeure de Johnny Halliday
Tombes blanches au cimetière de Saint-Jean © Naeblys - stock.adobe.com

Sacrifiant à l’engouement, Johnny Halliday a débarqué à Saint-Barth un beau jour de 1977, en compagnie de Joe Dassin et est, comme tant d’autres, tombé amoureux des lieux. En 2008, il s’est fait bâtir une fastueuse villa de 413 m2 au-dessus de la baie de Marigot, au nord-est de l’île, avant de décider de se faire inhumer dans le petit cimetière de Lorient.

Le lieu surprend : c’est à côté d’un carrefour que le chanteur repose, dans une simple tombe veillée par une croix blanche semblable aux autres (le blanc est couleur de deuil aux Antilles). Si toutes sont couvertes de fleurs artificielles (les vrais dépérissent en 2 h), la sienne croule carrément sous les hommages – en forme de guitare, de moto, de slogan (Love)… Des photophores rouges dessinent un cœur. Des galets se couvrent de messages.

Johnny avait-il de l’humour ? Il aborde l’éternité avec, pour vis-à-vis, le Jojo Burger, où il avait, paraît-il ses habitudes. Le snack, apprécié des surfeurs qui n’ont que la route à traverser, était là bien avant, mais les fans, qui aiment croire à un hommage, y commandent volontiers le Spécial Jojo (à 19 €), avec deux steaks, œuf, bacon, cheddar et échalotes…

On craint un peu les fans de Johnny à Saint-Barth. Certains ont peur qu’ils ne fassent tache, avec leur dévotion chevillée au corps. Déjà, des rumeurs circulent : trop pressés de s’approcher de la tombe, ils marcheraient sur les autres sépultures – à moins que ce ne soit pour prendre une meilleure photo… L’accès devrait bientôt être limité à 5 personnes à la fois.

Saint-Barth ou le règne de l’entre-soi

Saint-Barth ou le règne de l’entre-soi
Yachts dans le port de Gustavia © chromoprisme - stock.adobe.com

Qu’apprécient donc les ultra-riches ici ? Le cadre est joli, certes, l’opulence évidente, mais Saint-Barth n’est ni Capri ni Bali. La végétation n’est pas luxuriante. Les plages sont séduisantes, mais pas inoubliables. L’île a cependant un atout majeur : sa petitesse et sa relative inaccessibilité, qui tient à distance la foule et ses fervents admirateurs.

Pas de charters ici. Saint-Barth, c’est le règne de l’entre-soi, en tongs et débardeur, sans gardes du corps ni emmerdeurs. Les stars s’y mettent en vacances des apparences. Et louent la discrétion des Saint-Barths qui font semblant de ne pas les reconnaître. Leur devise ? Luxe décontracté – le barefoot luxury inventé par les Américains, fidèles clients.

Au moment du Nouvel An, l’ambiance change. Exit l’anonymat. La parenthèse bling bling est ouverte. L’espace de quelques jours, les méga-yachts des tenants du nouvel ordre mondial envahissent le petit port du Carénage, jusqu’à faire de l’ombre aux terrasses des plus proches restaurants. Il n’y a qu’un pas, ensuite, du pont aux grandes noubas tropéziennes, abreuvées de petites bulles, de sons urbains et de soirées costumées.

Le concours de l’hôte le plus prodigue est ouvert. Aux dernières nouvelles, c’est l’oligarque russe Roman Abramovitch qui tient la corde, avec 7 millions claqués en une soirée pour ses 400 invités – une paille, comparé au prix payé pour sa maison de l’anse du Gouverneur (72 millions) ! Généreux de ses deniers, il a récemment financé la reconstruction du stade détruit par Irma…

Gustavia, capitale de Saint-Barthélemy

Gustavia, capitale de Saint-Barthélemy
Gustavia © SeanPavonePhoto - stock.adobe.com

À Gustavia, le passage de l’ouragan, parmi les plus dévastateurs à avoir jamais frappé les Antilles, est à peine perceptible à l’œil profane. La plupart des grandes griffes ont rouvert boutique sur la rue de la République et tous les restaurants, ou presque, sont là.

À chaque carrefour, les plaques émaillées ont été replacées, rappelant, notamment, que la rue Jeanne d’Arc s’appela jadis Wästra Strandgatan et que la rue d’Oscar II portait le nom de Kunsgatan.

Les traces du passé suédois sont au demeurant peu nombreuses : un ancien clocher en pierre et bois (rebâti après Irma) et les inamovibles canons du vieux fort Gustave, offrant une vue imprenable sur le port. La jolie église anglicane (1855) a été restaurée, tout comme Notre-Dame-de-l’Assomption (1829), dont le clocher se dresse un peu plus haut sur la colline, pour éviter qu’il ne s’écrase sur le toit lorsque soufflent les ouragans… Même le petit musée, installé dans la Wall House, un ancien entrepôt en pierre suédois, a rouvert.

Le constat est sans appel : Saint-Barth se relève bien plus vite que Saint-Martin. La taille réduite de l’île, ses normes exigeantes et la qualité des constructions ont joué en sa faveur. Mais c’est avant tout la volonté de ses habitants et leurs capacités financières qui ont été déterminantes.

Les plus beaux panoramas de Saint-Barthélemy

Les plus beaux panoramas de Saint-Barthélemy
Baie de Saint-Jean © forcdan - stock.adobe.com

Au-delà de Gustavia, les petites routes, étroites et sinueuses, grimpent et dévalent sans cesse, butinant de village en village, de plage en plage. On bronze à Saint-Jean et à Lorient aussi bien qu’avant (mais avec moins de cocotiers) et le très hype Nikki Beach est de retour.

Seuls les grands hôtels de luxe manquent encore à l’appel : en première ligne du cyclone, tous, sauf un, ont été ravagés. Ils rouvriront entre mi-octobre et Noël, à temps pour la saison, offrant à l’office de tourisme un argument de poids : un parc hôtelier refait à neuf, plus luxueux que jamais.

Si l’urbanisation a beaucoup gagné de terrain durant la dernière décennie, côté sud, les anses de Grande-Saline et du Gouverneur restent (presque) sauvages – un peu défoliées, peut-être, mais cela ne durera guère. Il s’agit juste de ne pas oublier son parasol.

Anse du Colombier © Jean-Marie MAILLET - stock.adobe.com

La plus belle plage se trouve à la pointe nord-ouest de l’île : l’anse du Colombier, accessible exclusivement en bateau ou à pied. On y descend par un chemin caillouteux depuis les hauteurs de Colombier ; 15 grosses minutes de marche entre soleil écrasant et ombre ténue, en compagnie des chèvres sauvages et des iguanes.

Peu avant d’y parvenir, deux gros rochers granitiques offrent leur belvédère, dévoilant le croissant de sable immaculé, veillé par une corpulente presqu’île rocheuse et baigné par des eaux lapis-lazuli limpides. Un petit paradis. C’est là que tout a commencé, lorsque Rockefeller jeta l’ancre, un beau jour de 1957.

Fiche pratique

Retrouvez tous les bons plans, infos, adresses dans le Routard Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy

Consulter notre guide en ligne Saint-Barthélemy

Office de tourisme de Saint-Barthélemy

Comment y aller ?

Pour gagner Saint-Barthélemy, il faut d’abord rejoindre la Guadeloupe (vols quotidiens) ou Saint-Martin (1-2 vols Air France/semaine jusqu’à novembre, ou avec KLM via Amsterdam 5 fois/semaine). De Pointe-à-Pitre, on rejoint ensuite Saint-Barth avec Air Antilles (attention, retards fréquents !) ou St Barth Commuter.

De Saint-Martin, de nombreux vols partent de l’aéroport international situé côté hollandais (St Barth Commuter, Winair) et de l’aéroport de L’Espérance, côté français (St Barth Commuter). Des traversées en bateau sont aussi proposées depuis Marigot (côté français) et Philipsburg (côté hollandais).

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Quand y aller ?

La saison de prédilection pour un voyage aux Antilles s'étend de décembre à avril. Le temps est alors sec et pas trop chaud (24-25 °C), mais les hôtels appliquent leurs tarifs de haute saison ! L’été est davantage chaud et pluvieux, même si l’ensoleillement global change peu. La période cyclonique s’étend de juillet à mi-octobre, avec un risque maximal en septembre.

Où dormir ?

Pas de surprise : Saint-Barth est une destination chère. Un unique hôtel, le Sunset, à Gustavia, affiche un tarif en double à moins de 100 € en basse saison, pour ses plus petites chambres. Sinon, il faut plutôt prévoir 150 à 250 €, voire 300 € pour deux dans les quelques guesthouses et hôtels 3-étoiles – parmi lesquels :

- les excellents Les Mouettes (face à la plage de Lorient) ; Au Cœur Caraïbe (sur les hauteurs à Vitet, avec vue panoramique) ;

- Salines Garden Cottages (parmi les moins chers) et Fleur de Lune près de l’étang saumâtre de Grande-Saline ; Le Nid’Aigle perché au-dessus de l’Anse des Cayes (lenidaigle@wanadoo.fr) ;

- Le P’tit Morne sur les hauteurs de Colombier, avec la mer pour seul vis-à-vis ;

- L’Auberge de Terre Neuve (studios dès 110 €) et la très sympathique Auberge de la Petite Anse aux bungalows posés au-dessus de l’eau (105-210 €), à touche-touche avec une anse sablonneuse.

Les 4-étoiles affichent, eux, des tarifs oscillant entre 200 et 700 € la double. Quant aux 5-étoiles, on ne vous fera pas l’affront de vous en parler… Sachez que les tarifs baissent assez largement (30 %) de mi-avril à début ou mi-décembre et explosent à Noël.

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Où manger ?

On peut manger sans se ruiner à Saint-Barth ! L’idéal, c’est de se procurer la liste des plats du jour dans Le News, le quotidien gratuit de l’île, où on trouve une dizaine de choix (de 10 à 16 € en général).

Parmi les classiques du genre : le Quartier Général à Gustavia, Le Jardin face à l’aéroport, L’Ardoise à Saint-Jean, Au Régal à Corossol…

Sinon, pour les petits budgets, il y a de bonnes boulangeries (dont La Petite Colombe), qui proposent aussi sandwichs chauds ou froids, parts de pizzas, voire salades.

Plus cher mais pas trop, on aime beaucoup le Fish Corner (poisson frais de l’île en direct) et le Barts Food Lounge (snacks très améliorés dans un décor trendy) à Gustavia. On peut naturellement dépenser beaucoup plus. Il n’y a pas beaucoup d’endroits au monde où l’on trouve autant de clubs langouste à la carte !

Et même le Jojo Burger, à Lorient, propose un sandwich steak-foie gras à 29 € ! Pour un bon repas dans l’un des meilleurs restaurants de l’île, comme Orega (fusion franco-japonaise), mieux vaut prévoir un strict minimum de 50 € par personne et plutôt 100 €, sans compter le vin. Parmi les plus romantiques : Le Tamarin.

Les menus complets des meilleurs restos de l’île sur www.alacarte-stbarth.com

Texte : Claude Hervé-Bazin

Mise en ligne :

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