La Charente-Maritime, côté îles : Ré, Oléron, Aix, Madame
La Charente-Maritime est gâtée. Sa côte, merveilleuse, est ourlée de ports de charme et de longues plages de sable fin qui rivalisent de beauté avec des golfes, des estuaires et des baies. Et pourtant, malgré ces atouts que tous lui envient, c’est au large que la magie opère le plus !
En ligne de mire, Ré, Oléron et Aix, des îles agissant comme un phare puissant pour qui recherche authenticité et douceur de vivre. Il suffit de s’engager sur les ponts majestueux ou de s’embarquer à bord des traversiers pour se sentir déjà isolé du continent, loin de tout et l’âme vagabonde.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLes mille couleurs de Ré la blanche
Ré, c’est une star, voire même LA star de la côte atlantique. Il est loin le temps où les pêcheurs ravaudaient tranquillou leurs filets sur des plages désertes ! Aujourd’hui, vedettes du show-biz et touristes bien informés se disputent cette pépite d’à peine 8 500 ha, une île gracile de 30 km de long sur 5 km de large entre pertuis Breton et pertuis d’Antioche.
Mais, et c’est là un tour de force, Ré n’a pas perdu son âme pour autant. Anciens et nouveaux insulaires ont à cœur de limiter les constructions nouvelles, concentrant tous leurs efforts sur leurs maisons traditionnelles. Le résultat, c’est Ré « la Blanche », un chapelet de villages adorables aux façades immaculées.
L’île est formidable, c’est indéniable, mais elle est encore plus belle parce qu’on la découvre principalement au rythme lent des coups de pédale. C’est la patrie de la petite reine ! Ici, on a compris depuis longtemps que la protection du paysage passe aussi par la maîtrise des flux de véhicules, surtout l’été.
Plus de 140 km de pistes cyclables permettent par conséquent de sillonner les quatre coins de Ré, de la pointe de Sablanceaux, où s’appuie le tablier du pont pour le continent, jusqu’au dernier village à l’extrémité nord-ouest, les Portes-en-Ré.
Si on est en manque d’inspiration, les offices de tourisme conseillent même différents itinéraires thématiques donnant l’occasion d’appréhender toutes les facettes de l’île, entre littoral, vignes, marais salants et forêt domaniale. Alors, qu’il s’agisse de se balader, d’aller piquer une tête ou tout simplement d’aller chercher sa baguette, faites comme tous les habitués : en selle !
Tout le monde craque pour la pittoresque maison de pêcheur, c’est normal, et pour les ports de carte postale comme celui de Loix, très préservé, et bien sûr celui de La Flotte, l’un des Plus Beaux Villages de France.
Mais le patrimoine rhétais réserve bien d’autres surprises, à commencer par les superbes demeures des armateurs, élégantes et altières, dont les pierres blondes captent immanquablement le regard lorsqu’elles étincellent au soleil. Beaucoup se dressent fièrement sur les quais, mais il faut savoir se perdre dans le labyrinthe des venelles pour dénicher d’autres petites perles.
À Saint-Martin, la capitale, elles sont concentrées dans la partie haute et à proximité de la citadelle. À Ars-en-Ré, c’est la Maison du Sénéchal, un logis Renaissance, qui mérite à elle seule le détour. Ne ratez pas pour autant l’autre curiosité de ce village : l’église Saint-Étienne, dont le clocher légèrement de guingois est peint en noir et blanc pour servir de repère aux bateaux.
Dans le même registre, l’abbaye Notre-Dame-des-Châteliers, entre Rivedoux-Plage et La Flotte, facilitait aussi la navigation grâce à ses bâtiments peints positionnés face à la mer. Ses vestiges romans et gothiques sont d’un romantisme redoutable !
Enfin, impossible de parler d’amers sans évoquer le plus célèbre d’entre eux : le Phare des Baleines, à Saint-Clément-des-Baleines. Si les cétacés ne montrent plus le bout de la queue depuis bien longtemps, cette tour octogonale de 57 m de hauteur reste fidèle au poste depuis sa mise en service en 1854. Vue géniale, évidemment, sur le large, les côtes vendéennes, la plage de la Conche où John Wayne himself tourna Le Jour le Plus Long, et, en contrebas, sur l’ancêtre du phare actuel, la modeste Tour… des baleines (encore !).
Bon à savoir : tous les villages accueillent des loueurs de vélos, qui disposent tous de carrioles permettant de trimballer sans effort les serviettes de plage et les plus petits de la fratrie.
Oléron, l’île gourmande
On adore Oléron. Un peu plus étendue que son illustre voisine, la plus grande île de la côte atlantique déroule un kaléidoscope de paysages variés sur un territoire de 30 km de long pour 8 km de large.
Comme Ré, elle s’est ouverte sur le continent en construisant un superbe pont dès les années 1960… sauf qu’elle a fait le choix de ne pas y installer de péage ! Résultat : beaucoup de monde, bien sûr, mais aussi une ambiance balnéaire et bon enfant qui fait le bonheur des familles.
Surtout, Oléron a vraiment de quoi satisfaire tout le monde. Au Château-d’Oléron, les amateurs d’art chinent dans les anciennes cabanes ostréicoles métamorphosées en ateliers de créateurs, tandis que les romantiques scellent leur amour en accrochant coquilles d’huîtres et doux messages à l’insolite Pont des Arts.
Envie de patrimoine architectural ? Pas de quoi s’ennuyer là encore : entre les villas Belle Époque, hautes en couleur, de Saint-Trojan-les-Bains, rappelant l’époque épique des premiers bains de mer, le charme de la halle centenaire et de l’église millénaire de Saint-Georges-d’Oléron (la nef et la façade datent de 1040, respect !), les jolies rues piétonnes et animées de la capitale, Saint-Pierre-d’Oléron, qui dissimulent comme un secret bien gardé la maison familiale du fameux écrivain Pierre Loti.
À voir encore, les maisons basses toutes blanches et festonnées de roses trémières de la Brée-les-Bains. La mémoire de l’appareil photo risque bien de crier grâce avant la fin des vacances ! Gardez quand même un peu de place pour Saint-Denis et l’emblématique phare de Chassiron. La vue depuis le sommet sur le Bout du Monde vaut largement les quelque 224 marches.
Oléron cultive le beau, mais le bon aussi, car cette île décidément pleine de ressources regorge de gourmandises. Côté mer, le port de la Cotinière aligne une centaine de bateaux de pêche, une véritable petite armada qui le hisse au 7e rang au niveau national ! Autant dire que les étals des marchés et les cartes des restaurants ne manquent pas de poissons frais.
Quant aux aficionados d’huîtres, ils sont carrément à la fête. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller déguster directement sur place, notamment dans le formidable site ostréicole de Fort Royer, à Boyardville. Saveurs garanties, vue sur les parcs et les cabanes en prime.
Mais pour apprécier au mieux ces délicates Marennes-Oléron, il faut le vin ad hoc. Ça tombe bien, l’île n’en manque pas ! De nombreux vignerons produisent un blanc idéal, le Colombard. Avec un verre de pineau à l’apéro, c’est le bonheur !
Quant à LA spécialité d’Oléron, c’est l’églade, des moules cuites à l’étouffée sous une couche de pin qu’on enflamme au dernier moment. À essayer au moins une fois.
Reste à griller les calories pour conserver la ligne sur les superbes plages. Pas de panique, côté ouest, là où le vent et les vagues sont de la partie, char à voile, surf et kitesurf font le job. Sinon, dans un registre plus insolite, on peut s’aventurer en barque, en canoë, ou en stand-up paddle dans l’immense et mystérieux labyrinthe aquatique des marais. Une balade reposante et pleine de magie.
Quant aux moins aventureux, ils profitent des 160 km de pistes cyclables, quadrillant les forêts de pin, les vignes et les chemins côtiers.
Dans tous les cas, tout le monde se retrouve en soirée à Boyardville ou à La Cotinière pour une dernière glace ou faire la fête.
Bon à savoir : l’office de tourisme de la Cotinière organise chaque vendredi et tous les jours de la semaine pendant les vacances scolaires des visites guidées du port et de la criée. Étonnant.
Île d’Aix et île Madame : petites, mais impériales
Ici, pas de pont. Pour s’y rendre, il faut donner un peu de sa personne, surtout pour l’île Madame qui n’est accessible… qu’à pied ! Pas d’autre choix dans ces conditions que de patienter jusqu’à marée basse pour que la route submersible de la Passe-aux-Bœufs, longue d’un bon kilomètre au départ de Port-des-Barques, montre enfin le bout du nez. Autant dire qu’il vaut mieux vérifier deux fois l’horaire des marées sous peine de finir à la nage !
Pour l’île d’Aix, c’est plus simple, et surtout plus classique. C’est en bateau qu’on parvient à cette île isolée en mer. Une vraie île quoi ! L’avantage, c’est qu’on peut embarquer au départ de Ré, Oléron, Fouras, ou même La Rochelle.
Compte tenu de la taille réduite de ces joyaux (un 0,5 km sur 3 km pour Aix, 600 m sur 1 km pour l’île Madame), c’est évidemment à pied ou à vélo qu’on profite au maximum des somptueux paysages marins et des chemins. Il y a tout de même une alternative pour les flemmards : la calèche. Chaque île dispose des siennes, proposant à chaque fois des balades commentées pleines de rocambolesque et d’anecdotes. Le top en famille !
Et ensuite ? Inquiet pour le planning de la journée ? Pas d’angoisse, chaque île a de la matière et justifie vraiment le déplacement.
L’île Madame, pourtant un confetti, séduit les photographes avec ses carrelets pittoresques, rassure les affamés avec sa ferme aquacole proposant des dégustations d’huîtres et de salicorne, captive les historiens du jour grâce aux visites guidées des fortifications du 18e siècle (organisées par l’Écomusée de Port-des-Barques), enchante les pêcheurs à pied qui font le plein de coques…
Sur Aix, il y a encore plus de choix. Forcément, c’est plus grand. De très belles plages pour lézarder, des randonnées en forêt, dans les vignes et sur les côtes, du patrimoine militaire, de charmantes habitations chaulées, et même des musées, dont un insolite Musée africain et la Maison du Gouverneur qui joua un rôle de premier plan à la fin de l’épopée napoléonienne.
C’est un chapitre de l’histoire de France un peu méconnu, mais c’est à Aix que l’empereur vient se réfugier après la défaite de Waterloo en 1815. Hésitant, abattu, il s’isole dans la Maison du Gouverneur et finit par y rédiger sa lettre de reddition le 13 juillet.
Pour l’île Madame, pas d’anecdotes napoléoniennes, mais sa protectrice n’était autre que la célèbre Anne de Rohan-Chabot, puissante aristocrate et maîtresse de Louis XIV, que tout le monde appelait simplement « Madame ».
De belles cartes de visite !
Bon à savoir : on trouve des loueurs de vélos à Aix, mais il est indispensable de venir équipé avec son propre matériel à l’île Madame.
Des forts et des îles
Il n’a pas toujours été commode de profiter des joies de la plage, comme le faisait Mistinguett au début du 20e siècle sur celle de La Couarde-sur-Mer, à l’île de Ré. Avant la vogue des bains de mer, pêcheurs, paysans et seigneurs locaux avaient plutôt en tête de se protéger des ennemis de toujours, Anglais, Espagnols et Hollandais en tête de peloton.
La solution ? Toujours plus de fortifications. Initiées au Moyen Âge, développées par des génies comme Vauban, renforcées par les architectes de Napoléon, elles occupent des positions stratégiques sur toutes les îles.
À Ré, le fort de La Prée, construit en 1625, ne manque pas de panache, mais ce sont les puissants remparts et la citadelle de Saint-Martin-de-Ré de la fin du 17e siècle qui s’imposent comme un exemple idéal d’architecture militaire, classés à juste titre au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
À Oléron, c’est la forteresse du château d’Oléron, demandée par Richelieu, mais redessinée par l’incontournable Vauban, qui force l’admiration.
À Aix, le fort Liédot, planqué en forêt, doit sa robustesse à l’Empereur, tandis que sur l’île Madame, ce sont des batteries de canons aménagées en 1685, puis un fort et des casemates qui veillent sur la sécurité de la côte.
Pourtant, le plus fameux, et de loin, c’est le très (très !) médiatique fort Boyard, puissant colosse émergeant comme un iceberg de pierre en pleine mer. Dommage, on ne le visite pas, mais les bateaux ont quand même le droit de s’en approcher.
Bon à savoir : les navettes au départ d’Oléron pour Aix passent au pied de fort Boyard.
Fiche pratique
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Office du tourisme des Charentes
Comment y aller ?
Gare TGV de La Rochelle, puis bateaux pour Ré, Oléron ou Aix. Infos : www.inter-iles.com ; www.oleron-larochelle.com.
Possibilité également de prendre le bus de La Rochelle pour Ré (ligne 3 et Ré Express).
En voiture, par l’A 10 (puis pont pour Ré et Oléron, ou bateau pour Aix depuis Fouras, ou l’un des ports des îles).
Où dormir ?
- Hôtel Napoléon – Restaurant L’Insulaire : 1, rue Gourgaud, 17123 île d’Aix. Dépaysement garanti dans cet hôtel de charme. Simenon vint y cacher son chagrin d’amour pour Joséphine Baker. Déco classique et moderne, chambres élégantes et confortables. Au resto, cuisine de marché soignée servie en terrasse ou dans la salle contemporaine. Excellent accueil.
- Hôtel Le Sénéchal : 6, rue Gambetta, 17590 Ars-en-Ré. Un esprit contemporain souffle sur cette demeure des années 1930. Plancher brut, murs en pierre et plafond en bois dans les chambres, et un patio fleuri avec piscine pour la détente. Un must sur l’île.
- Hôtel Le Vert Bois : 104, chemin Saint-James, 17550 Dolus-d’Oléron. Dans la forêt, mais proche d’une magnifique plage, un hôtel accueillant à la déco marine fraîche, sobre et bien pensée. Terrasse donnant sur une superbe piscine. Sauna et hammam.
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Où manger ?
- 17 Fort Royer : 17190, Boyardville. Tél. : 07 71 93 21 62. Cabane de dégustation d’huîtres élevées dans les mêmes bassins. Tables posées entre ciel, claires et mer, dans un site de toute beauté : la réserve de Moëze-Oléron. Magique !
- La Cabane du Fier : lieu-dit Le Martray, 17590, Ars-en-Ré. Tél. : 05 46 29 64 84. Une baraque façon cabane d’ostréiculteur, mais plus chic ! Vue imprenable sur le marais salant. Cuisine marine savoureuse : salade de fruits de mer, langoustines, bar grillé…
- La Cible : av. de la Plage, 17410 Saint-Martin. Tél. : 05 46 67 38 82. Un joli cabanon merveilleusement situé au bord d’une plage. En terrasse, ou près de la cheminée, on se régale de délicieux poissons et de produits de la mer.
Texte : Cédric Fischer
Mise en ligne :