Presqu’île de la Hague : le Cotentin grand large

Marcher dans les pas de Millet à Landemer

Dans le nord de la péninsule, une jolie randonnée est à faire au départ de Landemer, entre landes et mer, à moins de 10 km à l’ouest de Cherbourg.

En suivant la Route des Caps vers l’est, on chemine sur le sentier des douaniers, en ne perdant jamais de vue les flots qui s’amusent à prendre des tons caraïbéens aux abords de la côte.

Nul doute que cette palette de couleurs a été inspirante pour le peintre Jean-François Millet (1814-1875), qui a grandi ici. Un itinéraire lui a d’ailleurs été dédié, faisant de cette randonnée en bord de mer une balade artistique. Des panneaux reproduisant des tableaux et des citations de Millet ont été disposés le long du chemin, comme une invitation à contempler les paysages avec le regard du peintre de « l’Angélus ».

Pour compléter la découverte, vous pourrez bifurquer sur la gauche lorsque vous verrez une pancarte indiquant « Maison natale J. F. Millet ». Après avoir gravi un petit sentier escarpé, vous ferez d’abord halte au point de vue du Castel Vendon, qui offre un panorama magnifique sur le rocher éponyme, peint par Millet en 1844, avant d’arriver au hameau de Gruchy. Enfin, dans sa maison natale, vous pourrez visiter le musée qui lui est dédié.

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Entre Landemer et Omonville, ne manquez pas d’aller voir la baie de Quervière, avec sa nature sauvage. C’est l’un des plus jolis coins du GR223, le sentier des douaniers.

Chez Jacques Prévert à Omonville-la-Petite

À un quart d’heure de route de Landemer, on va à la rencontre d’une autre personnalité : le poète Jacques Prévert (1900-1977), qui a passé les dernières années de sa vie à Omonville-la-Petite, où il est enterré dans le petit cimetière de l’église, aux côtés de sa fille et de son épouse.

Aujourd’hui, la maison de Prévert a été transformée en lieu de mémoire. On y découvre des photos et des archives, ainsi que des expos temporaires. Dans le jardin, on est aussi surpris de voir des gunneras (Gunnera manicata), la rhubarbe géante du Brésil, aux feuilles impressionnantes.

On retrouve des gunneras un peu plus loin, près de Port-Racine, dans le jardin que la femme et les amis du poète ont créé dans les années 1980, en guise d’hommage (il a été labellisé « jardin remarquable » en 2004). Des poèmes et des sculptures s’y mêlent joliment aux végétaux.

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Pour suivre jusqu’au bout la piste des gunneras, il convient d’aller jusqu’au fier château de Nacqueville (à 17 km à l’est de la Maison de Jacques Prévert), dont le parc (lui aussi labellisé « jardin remarquable ») a été créé par un paysagiste anglais en 1830. On y admire aussi des azalées, des rhododendrons, des hortensias, des palmiers et des arums, poussant au bord de l’eau.

Port-Racine, l’un des plus petits ports de France

À Port-Racine, pour peu que le soleil soit de sortie, on pourrait avoir l’impression d’avoir été téléporté dans un petit port grec, avec ces barques colorées qui tanguent tranquillement dans une eau translucide couleur émeraude, projetant leur ombre sur le fond de la mer.

Aux beaux jours, certains font bronzette sur les jetées de granit, tandis que les enfants – se moquant bien de la température de l’eau – s’amusent à sauter ou à plonger de la digue. Les amateurs de pêche, eux, attendent que le poisson morde à l’hameçon.

On dit ici que c’est le « plus petit port de France », n’en déplaise à ceux qui revendiquent aussi ce record ! Quoi qu’il en soit, ce minuscule port est bien charmant.

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Le port du Hâble, dans le village d’Omonville-la-Rogue, est également très agréable, avec sa digue et sa grande plage de galets. On peut y déguster du poisson et des fruits de mer bien frais, pourquoi pas le fameux homard bleu du Cotentin. Des croisières commentées sont aussi proposées à bord du bateau l’« Archimède ».

Clin d’œil aux îles britanniques à Goury

Sur la commune d’Auderville, on se croirait transporté outre-Manche dans le petit port de Goury, campé sur le cap de la Hague. Pour parfaire l’illusion, ne pas hésiter à aller commander du poisson et des frites maison au comptoir du « Fish & chips », à déguster en terrasse. Les Britanniques, d’ailleurs, ne sont pas si loin puisque l’on aperçoit au loin l’île anglo-normande d’Aurigny.

Côté terre, on saisit pourquoi la péninsule de la Hague est surnommée « la Petite Irlande ». Les prés, dont le vert n’a rien à envier à celui des campagnes de la belle Eire, sont morcelés par des petits murets de pierres sèches.

En se promenant sur le sentier du littoral, on découvre des paysages sauvages, entre les landes et le rivage, où les vagues viennent s’abattre avec force sur les rochers. Il faut dire que sévit ici l’un des courants de marée les plus puissants – et les plus dangereux – du monde, comme en témoignent les navires qui ont sombré en tentant de traverser le redoutable raz Blanchard. C’est pour éviter de tels drames que le phare de Goury fut mis en service en 1837.

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A Goury, il est possible de visiter la station de la SNSM, la Société nationale de sauvetage en mer. On peut y voir le canot de sauvetage et la liste des sauvetages depuis 1870, année de création de la station, qui fonctionne en partie grâce à la générosité du public. Ouvert les week-ends et jours fériés d’avril à septembre, et tous les jours en juillet et août (11h-12h30 et 15h-18h).

La côte sauvage de la Hague

En poursuivant vers le sud, on fait une belle rando le long de la côte sauvage de la Hague en suivant la Route des Caps, sur le sentier des douaniers (le GR223). En chemin, on admire le panorama du haut de la large baie d’Ecalgrain, ainsi nommée en raison des moulins qui la surplombaient autrefois. C’est aujourd’hui un spot apprécié des parapentistes.

Plus loin, le Nez de Jobourg se profile, spectaculaire promontoire rocheux dont les falaises, qui s’avancent dans la mer, culminent à 128 mètres d’altitude. Les lieux ont inspiré toutes sortes de légendes. On raconte notamment que les grottes de Jobourg, envahies par les eaux à marée haute, auraient jadis servi de cache à des contrebandiers.

Le Nez de Jobourg est classé Natura 2000. C’est aussi une réserve ornithologique, où l’on observe nombre d’espèces d’oiseaux, comme les huîtriers pies, les cormorans ou encore les grands corbeaux. Plus insolite, on peut aussi parfois y apercevoir des troupeaux de chèvres sauvages.

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En partant vers le sud, avant d’arriver au jardin de Vauville, une autre belle balade iodée est à faire en bord de mer, entre ajoncs, bruyères et fougères jusqu’à un monument mégalithique : l’allée couverte dite des Pierres Pouquelées, une sépulture collective datée d’il y a environ 4 500 ans.

Le luxuriant jardin botanique du château de Vauville

Encore plus au sud, l’itinéraire se conclut au jardin botanique de Vauville, installé face à la mer. Il est étonnant de penser qu’il y a 75 ans, il n’y avait ici qu’un simple pré à vaches, entourant un manoir.

C’est en 1948 que le maître des lieux, Eric Pellerin, parfumeur et grand voyageur, décida d’y créer un jardin exotique mettant à l’honneur les plantes australes. Un vrai défi. Il lui en fallut, des efforts, pour acclimater ici les essences subtropicales que l’on peut voir aujourd’hui, dont beaucoup sont originaires de l’hémisphère sud.

Au gré des petits sentiers sinuant dans le jardin, on admire notamment une magnifique collection de rhododendrons et d’azalées, une palmeraie ou encore des massifs de Gunnera manicata (la fameuse rhubarbe géante du Brésil que l’on avait déjà repérée devant la maison de Jacques Prévert).

À présent, Eric Pellerin (qui porte le même nom que son grand-père) a repris le flambeau et s’occupe avec passion de ce lieu hors du commun. Les amateurs de botanique ne manqueront pas de faire la visite avec un audiophone (les commentaires sont intéressants).

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A côté, une petite ferme pédagogique abrite des animaux de races domestiques, comme le lapin blanc de Hotot, le mouton Roussin de la Hague ou le cheval Cob normand. Les enfants adorent !