City break à Luxembourg : la dolce vita à 2h de train de Paris

Derrière la ville moderne, l'un des plus importants sites fortifiés d'Europe

De la gare, le centre-ville se rejoint en bus ou en tramway. On aurait tort de s’en priver : tous les transports en commun sont gratuits partout dans le pays !  Première halte sur la ligne 1 : Hamilius. Nous voici au cœur d’un Luxembourg tel qu’on l’imagine a priori : un grand boulevard bordé de hauts buildings, abritant établissements bancaires, hôtels et grands magasins, à l’image des Galeries Lafayette, nichées dans un immeuble ultra-moderne conçu par l’architecte britannique Norman Foster. L’ascenseur de verre permet d’ailleurs une ascension vertigineuse jusqu’au 6e étage, où la terrasse offre une vue époustouflante sur l’ensemble de la ville.

Mais ne vous fiez pas à cette première impression… Luxembourg est avant tout une ville historique plus que millénaire où se trouvent les vestiges de l’une des plus importantes forteresses d’Europe, érigée du XVI^e au XIX^e siècle. Ses bastions, impressionnants, lui ont même valu le surnom de « Gibraltar du Nord. » Du fait de sa position stratégique, elle a attiré de nombreux grands pouvoirs européens. L’ont eue, tour à tour entre les mains, les empereurs du Saint Empire, la maison de Bourgogne, les Habsbourg, les rois d'Espagne et de France, les Prussiens… Chacun a littéralement apporté sa pierre à l’édifice, renforçant à leur manière la forteresse et laissant derrière eux un incroyable résumé de l’architecture militaire sur plusieurs siècles.

Aujourd’hui, il n’en reste qu’une infime partie. Le démantèlement de la forteresse, qui a débuté en 1867, a duré 16 années. Luxembourg s’articule désormais en deux parties bien distinctes. Dans les hauteurs, la ville-haute, où se trouvent notamment le centre-ville, les artères commerçantes, le cœur historique et le Palais Grand-Ducal. En contrebas, la ville-basse, bercées par les cours d’eau, verdoyante à souhait et plus alternative. Tout autour, d’autres quartiers ont émergé, comme le plateau de Kirchberg, où se trouvent notamment les grandes institutions européennes et le MUDAM, le musée d’art moderne de Luxembourg.

De place en place, balade dans la ville-haute

Pour mieux comprendre la configuration de Luxembourg depuis la ville-haute, rendez-vous sur la place de la Constitution. Perchée sur l’ancien bastion Beck (1644-1685), elle offre un fabuleux point de vue sur la verdoyante vallée de la Pétrusse, en contrebas. On distingue différents niveaux de fortifications et notamment les puissantes murailles, signées Vauban.

Du haut de ses 42 mètres de hauteur, émerge de la verdure un emblème de la ville : le pont Adolphe ou Pont Neuf, d’une longueur de 153 mètres. Commandé en 1896 par le Grand-Duc Adolphe, il avait pour vocation de relier la ville-haute et les nouveaux quartiers. A son inauguration en 1903, il n’était autre que le plus grand pont à arches en pierre au monde et fascinait à l’international - il a d’ailleurs été copié par deux fois, à Philadelphie et à Constantine. En 2017, une passerelle pour les piétons et cyclistes est venue s’y accrocher ; elle promet de superbes vues sur la vallée de la Pétrusse.

Sur la place de la Constitution s’élève Gëlle Fra, un grand obélisque en pierre, surmonté d’une statue de femme dorée. Érigé en 1923 en l’honneur des soldats luxembourgeois tombés pendant la Première Guerre mondiale, ce mémorial est aujourd’hui le symbole de la liberté et de la résistance du peuple luxembourgeois.

A deux pas, on n’oublie pas de jeter un œil à l’élégante cathédrale Notre-Dame. Construite entre 1613 et 1621, puis agrandie dans les années 30, elle livre un bel exemple du gothique tardif, mais aussi divers éléments de style Renaissance. A côté, la vaste place Guillaume II, où se trouvait autrefois un ensemble conventuel désormais disparu (les pierres ont servi à construire l’hôtel de ville), vit au rythme des terrasses de cafés et de restaurants, mais aussi du marché. Elle abrite aussi la statue de Guillaume II, roi des Pays Bas et également Grand-duc de Luxembourg de 1840 à 1849. Sur la place, la brasserie Guillaume fait partie des institutions locales. Sa vitrine, bien achalandée en produits de la mer, annonce la couleur. Elle propose aussi un excellent jambon luxembourgeois et un délicieux crémant Alice Hartmann.

Voisine, la plus petite place d’Armes, achevée en 1671, regorge de charme. Avec ses nombreuses terrasses sous les tilleuls, elle porte bien son surnom de « salon de la ville » : c’est un véritable lieu de rencontre en pleine zone piétonnière. Son kiosque accueille des concerts et, face aux magnifique Cercle Cité (le centre de congrès et d’expositions), quelques artisans venus des quatre coins du monde exposent, sur leurs étals, de jolies créations.

Du centre historique au chemin de la Corniche

La ville-haute abrite les grandes artères commerçantes - Grand Rue, rue Philippe II, rue des Capucins… Pour une pause glace, on fonce chez Dolce Come, au 10 de la Grand-Rue. A déguster juste en face, sur un banc donnant sur l’agréable fontaine Hämmelsmarsch. Dans le coin, on trouve d’autres douceurs à la Maison Oberweis, ainsi qu’à la chocolaterie Genaveh, tous deux fournisseurs de la cour grand-ducale. D’ailleurs, le fameux palais Grand-Ducal, résidence de ville du Grand-Duc, n’est pas très loin. Sa façade de style Renaissance flamande (XVI^e siècle) est une splendeur. L’été, le bâtiment est ouvert à la visite.

On poursuit sa balade jusqu’au Marché-aux-Poissons, cœur historique de la vieille ville. Les marchés se tenaient autrefois ici, devant les portes du château fort comtal. Tout autour se déploie un dédale de ruelles à l’atmosphère agréable et décontractée, où se trouvent également le Musée national d'Histoire et l’église Saint-Michel.

Il est temps de rejoindre la ville basse en empruntant, à deux pas, le joli chemin de la Corniche. Il serpente sur les remparts érigés au XVII^e siècle par les Espagnols et les Français, nous offrant tout du long une vue imprenable sur la vallée de l’Alzette et la Ville-Basse du Grund. L’écrivain luxembourgeois Batty Weber qualifiait d’ailleurs les lieux de « plus beau balcon d’Europe ». On distingue nettement le Rocher du Bock, une impressionnante falaise percée de trous. Elle abrite un fascinant système de défense creusé dans la falaise...

Casemates du Bock : ancien système de défense et belvédère sur la ville-basse

Construit en 1745 par les ingénieurs autrichiens, ce gigantesque système de défense militaire souterrain est classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Témoin du passé, il fait partie des visites incontournables, de passage à Luxembourg, de même que les casemates de la Pétrusse. Napoléon lui-même, en 1804, est passé par là.

On arpente, non sans émotion, un véritable labyrinthe de galeries, sur des kilomètres. Au début de la visite, la crypte archéologique témoigne des tout débuts de Luxembourg : des fouilles réalisées en 1993 ont révélé les vestiges du premier château Comtal, édifié au X^e siècle par Sigefroi sur le promontoire du Bock.

Creusés dans la pierre, les couloirs débouchent çà et là sur des magnifiques points de vue sur la Ville-Basse. On est ici aux premières loges pour admirer le verdoyant Grund situé en contrebas, l’un des quartiers les plus anciens de Luxembourg. Les canons de la galerie principale viennent nous rappeler le caractère défensif du site : les casemates du Bock ont abrité quelque 50 canons et 1 200 soldats, mais aussi des ateliers d’artillerie, les chevaux, des cuisines et des boulangeries, des abattoirs… Durant les deux guerres mondiales, les Casemates du Bock et les Casemates de la Pétrusse ont servi d’abri. Elles pouvaient accueillir jusqu’à 35 000 personnes.

Quartier du Grund : un village en ville, serpenté par l’Alzette

Au pied des Casemates du Bock, nous voici dans la ville-basse. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le quartier du Grund abrite des trésors historiques remontant au XIV^e siècle. Les fortifications en faisaient autrefois le tour.

Joyau du quartier, l’ancienne abbaye bénédictine de Neimënster, elle, fut construite après la destruction, en 1542, de l’abbaye bénédictine d’Altmünster. De la fin du XVIII^e siècle à 1867, elle fut transformée en hôpital militaire, puis abrita la prison pour hommes jusqu’en 1980. Depuis 2004, elle abrite désormais un passionnant centre culturel.

Véritable village dans la ville, ce quartier pittoresque à l’atmosphère singulière réserve des balades paisibles en bordure de la rivière Alzette, où se reflètent les saules pleureurs. Sous l’un d’eux, semble se recueillir la statue d’une sirène : Melusina. Créée par impression 3D, installée là en 2015, elle évoque une légende est intimement liée à l’histoire de la ville…

Mélusine accepta en effet d’en épouser le fondateur, le comte Sigefroi, à une condition : disposer librement de tous ses samedis. Mais au bout de quelques années, gagné par la jalousie, le comte du Luxembourg brise sa promesse. Un samedi, dans les Casemates du Bock, il l’observe par le trou d’une serrure : il découvre qu’elle a une queue de poisson, qu’elle trempait en cachette. Son secret découvert, Mélusine a alors disparu, à jamais, dans l’Alzette…

En soirée, le Grund est animé, pour ne pas dire branché, mais dans une atmosphère paisible, loin de l’effervescence du centre-ville. Il est très agréable de venir boire une bière en fin de journée au bord de la rivière, par exemple à la terrasse arborée du Scott´s Pub.

Parc municipal, vallée de la Pétrusse… des oasis de verdure en plein centre-ville

À Luxembourg, on se réveille avec la nature. De bon matin, les espaces verts de la ville grouillent de vie. En plein centre, entre l’avenue Marie-Thérèse et l’avenue de la Porte-Neuve, le Parc municipal offre aux citadins une parenthèse de verdure de 30 hectares, ponctuée de petits ponts et de points d’eau. Imaginé par le célèbre architecte paysagiste Édouard André, il a vu le jour une dizaine d’années après le démantèlement de la forteresse (1867). S’y love également la villa Vauban, le musée d’Art de la ville. Son petit parc, magnifique, abrite une joyeuse sculpture colorée signée Niki de Saint-Phalle.

Pour s’immerger encore plus en pleine nature, on s’enfonce dans les profondeurs de la luxuriante vallée de la Pétrusse. Entouré d’étonnantes formations rocheuses et de ruines de fortifications, le ruisseau y coule paisiblement. Bordés de grands arbres, ses sentiers bucoliques attirent promeneurs et sportifs. Mais aussi les adeptes de la glisse ! Au pied de l’ancienne forteresse Vauban et du viaduc, un gigantesque skatepark de 3 400 m² vient parfaitement s’intégrer dans ce fabuleux décor naturel.

Aux portes de la Moselle, région viticole du Luxembourg

Au Luxembourg, les transports en commun sont gratuits pour tous, partout et tout le temps. Quand l’envie nous prend, on grimpe sans se poser de question à bord d’un bus, d’un tram ou d’un train. On aurait tort de ne pas aller profiter de la belle nature luxembourgeoise, à deux pas de la grande ville.

Aujourd’hui, direction la Moselle, région viticole du Luxembourg. Un vrai paradis pour les amoureux de la nature et de bons vins. Depuis la gare, un bus nous mène en 45 minutes à Remich, surnommée la « perle de la Moselle ». Les berges de la rivière, ici frontière naturelle avec l’Allemagne, réservent des balades (à pied, mais aussi à vélo) et des pique-niques des plus bucoliques, à l’ombre des majestueux saules pleureurs et des peupliers.

Une balade en bateau panoramique d’une heure avec Navitours permet d’encore mieux apprécier la beauté de ces paysages, au gré des méandres de la Moselle, paradis des oies et des campeurs. A l’arrière-plan, on aperçoit les églises des petits villages pointer le bout de leur clocher et les vignes prendre le soleil dans les hauteurs.

On se fait ensuite un plaisir d’aller déguster un verre de riesling ou de crémant, les fiertés de la région, directement sur place, au domaine. L’accueil est des plus charmants au domaine Familial Kox, qui nous ouvre les portes de sa cave, avant dégustation à l’aveugle dans le joli jardin, derrière le bâtiment de 1909.