Estonie : Tallinn, capitale alternative
Tallinn, la capitale de l’Estonie, est une cité portuaire de 450 000 habitants qui a réussi sa mue postindustrielle. En effet, Tallinn ne se résume pas à sa pittoresque vieille ville appréciée des touristes.
Un vent nouveau souffle depuis plusieurs années sur ses quartiers nord, en bord de mer Baltique, où habitats ouvriers et friches urbaines se sont convertis en lieux de sortie tendance. Au point que Tallinn est membre, depuis 2021, du réseau des villes créatives de l’Unesco, au titre de la musique.
Son environnement agréable, entre plages, parcs, forêts, pistes cyclables et bonne qualité de l’air, lui a aussi permis de devenir, en 2023, la capitale verte de l’Union européenne, qu’elle a intégrée en 2004. Tour d’horizon en quatre secteurs branchés aux identités bien marquées.
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Préparez votre voyage avec nos partenairesTelliskivi : temple des industries culturelles
Le district le plus emblématique de la hype estonienne, c’est Telliskivi, terme signifiant « brique » en estonien. Il se développe, depuis 2007, sur un ancien complexe militaro-industriel soviétique dédié à la production électronique, notamment les pièces pour les satellites Spoutnik.
À présent, c’est la musique électro, mais aussi rock et pop, qui s’échappe des ex-usines et entrepôts de ce quartier créatif rassemblant boutiques, galeries, ateliers, studios d’enregistrement, bars, restaurants, clubs et salles de concert.
Entre les murs couverts de street art, cohabitent 2 000 résidents : artistes, photographes, designers, stylistes, start-up dans les nouvelles technologies, l’Estonie étant la patrie du logiciel d’appels Skype et du spécialiste des mobilités partagées Bolt.
Normal que, dans cet incubateur dynamique et animé, on trouve des concepts originaux comme Peatus, où l’on s’attable dans des wagons soviétiques réhabilités. Ou Hektor Hotel, hangar ferroviaire regroupant 84 conteneurs-logements. Quant à Fotografiska, espace spécialisé dans la photo qui comporte aussi bar et restaurant en rooftop, il programme des expositions thématiques ou autour de grands noms comme Peter Lindbergh.
Telliskvi, où se tient un marché aux puces le samedi, est situé juste à côté de la gare centrale de Tallinn et des vastes halles du Balti Jaama Turg, avec des étals alimentaires classiques, mais aussi un étage pour les vêtements et les fripes. Plus des stands de cuisine de nombreux pays : raviolis ouzbeks ou russes, beignets ukrainiens, ramen japonais, kebab turc, rolls et baos végétariens, pastas italiennes ou nouilles chinoises, etc.
À Telliskivi sont organisés, chaque année, plusieurs festivals : Tallinn Music Week, début avril, avec des concerts très éclectiques ; Ma ei saa aru, en mai, qui signifie « je ne comprends pas » en estonien, et se concentre sur l’art contemporain ; ou encore Sõltumatu Tantsu Festival, à l’automne, consacré à la danse.
Noblessner : base de loisirs
Le port de Noblessner a d’abord connu son essor sous l’Empire russe. Le neveu d’Alfred Nobel, Emanuel, et un autre homme d’affaires de Saint-Pétersbourg, Arthur Lessner (d’où le nom du quartier), ont eu la charge de développer, à partir de 1912, une base pour la construction de sous-marins. La production et la réparation navales se sont poursuivies pendant un siècle.
Puis le secteur s’est transformé en havre de sorties en tout genre. Des tables gastronomiques, comme 180°, au brasseur local (Põhjala) en passant par les galeries d’art (Kai kunstikeskuse, par exemple) ou les musées ludiques. À l’instar de l’impressionnante annexe du musée maritime estonien, Lennusadam dans un immense hangar aux voûtes de béton, bâti en 1916 pour les hydravions.
Aujourd’hui, c’est une superbe collection de bateaux (dont des barques millénaires) qui est présentée, avec des installations interactives ajoutant à l’intérêt déjà grand pour cet incroyable endroit. On peut monter, notamment, à bord du sous-marin Lembit, de 1937, ou du brise-glace à vapeur Suur Tõll, de 1914.
Non loin de Lennusadam et de la marina de Noblessner se dresse un autre vestige tsariste : la forteresse marine de Patarei, érigée au début du XIXe siècle à la demande de Nicolas Ier. Elle fut ensuite utilisée comme prison, en particulier par les Soviétiques qui lui donnèrent une terrifiante réputation. En 2026, elle doit devenir un musée destiné à commémorer les victimes du communisme.
De drôles de cabanes en bois sont alignées sur les quais de Noblessner : Iglusauna les loue pour des séances de détente dans la chaleur générée par feu de bois ou source électrique. Après avoir bien transpiré, il est possible de sauter dans la mer afin de se rafraîchir !
Rotermann : entrepôts revisités
Près du vieux centre-ville, le quartier Rotermann, dominé par une haute cheminée témoin du passé industriel, a rénové les espaces de stockage pour en faire des habitations de standing, bureaux, boutiques chics, bars, cafés et restaurants branchés. Les anciens magasins de briques claires ont ainsi été rehaussés de structures contemporaines ou remplacés par des immeubles souvent originaux.
Le musée estonien de l’Architecture, ou Eesti Arhitektuurimuuseum, se trouve dans un ancien entrepôt de sel qui a été restauré.
Il est agréable de flâner dans les rues piétonnes et sur les places agrémentées de terrasses, ou de faire une halte à la Tallinn Design House, excellent spot shopping pour rapporter des souvenirs modernes de la capitale estonienne.
À 15 minutes à pied au sud de Rotermann, la boutique Estonian Design House, dans le grand centre commercial Solaris, offre un large choix de créations du pays, de la mode (vêtements, maroquinerie, bijoux) à la décoration (luminaires, meubles, céramique, etc.).
Kopli : usines reconverties
Un peu excentrée, la presqu’île de Kopli est toutefois facilement accessible grâce aux lignes 1 et 2 du tramway, par un trajet direct depuis la gare ou Telliskivi. Sur les chantiers navals impériaux remontant à 1912 avaient ensuite poussé diverses fabriques soviétiques, dont une de bottes et tuyaux en caoutchouc où travaillaient 700 ouvriers à la fin des années 1970.
Põhjala Factory est désormais un vaste ensemble d’ateliers d'artisans, d’artistes et de designers, côtoyant des boutiques, cafés, bars et restaurants. Les cultures émergentes sont mises à l’honneur à travers expositions et concerts. Une centaine de sociétés ont emménagé dans ses murs bruts, surmontés de jardins sur le toit : créatrices de bijoux ou de mode, studio d'animation ou d'enregistrement, boulanger, photographes, réparateur de vélos, couturière, torréfacteur, tatoueur, apiculteur urbain…
Décidément, Tallinn n’a pas fini de se réinventer, ni de surprendre !
À mi-chemin entre Telliskivi et Kopli, Paavli Kultuurivabrik est un centre culturel et artistique installé dans un vaste lieu autrefois voué à l’industrie de la pêche. Aux beaux jours, on y mange et on y boit dans un verger ombragé de pommiers ou dans un jardin japonisant. À l’intérieur se déroulent concerts et soirées clubbing.
Fiche pratique
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Site de l’office de tourisme de Tallinn
Site de l’office de tourisme d’Estonie
Comment y aller ?
– En avion : vols directs avec Air Baltic de Paris CDG et Transavia jusqu’à fin octobre de Paris-Orly (reprise des vols de mi-avril à mi-septembre 2025 à raison de deux vols par semaine). Trouvez votre billet d’avion.
Bonnes adresses :
– Hektor Hotel : Telliskivi 62a. Tél. : 00 372 6350 061. À proximité de la gare et en plein cœur de Telliskivi, l’ancien dépôt de trains abrite, sous sa charpente métallique, 84 containers, avec ouverture vitrée, en guise de chambres… tout confort ! Leurs 14 m², au style épuré, sont bien agencés avec grand lit, bureau, douche et toilettes. Plusieurs espaces communs complètent ces hébergements : un coin salon donnant sur une vaste terrasse, un café aux murs bruts, une cuisine partagée et une salle de yoga. Chambre double à partir de 65 €.
– Iglupark : Lennusadama 7. Tél. : 00 372 5678 2591. Sur le port de Noblessner ont été posés des bungalows en bois aux formes arrondies pour accueillir deux à cinq hôtes. Des sortes d’igloos à la déco scandinave, avec coin cuisine et salle d’eau. Certains sont même équipés d'un bain chaud et d'un sauna. Chambre double à partir de 135 €.
– Fotografiska :Telliskivi 60a-8. Tél. : 00 372 5192 6307. L’espace d’exposition dédié à la photo propose un agréable café à l’entrée, ouvert dès 8h30 en semaine (10 h le week-end). Au dernier étage agrémenté d’un toit-terrasse, le bar (ouvert jusqu'à minuit, voire 1h le week-end) et le restaurant offrent un beau panorama sur la vieille ville au loin, avec ses clochers dépassant des murs d’enceinte. Cette table gastronomique a une empreinte carbone minimale, grâce à son approche saisonnière, locale et durable. Restaurant mardi-samedi 12h-23h, dimanche 12h-16h. Plats 18-25 €. Menu dégustation 75 €.
– Lore Bistro : Peetri 12. Tél. : 00 372 511 8613. Tlj 12h-23h (22h dimanche). Plats 21-29 €. Les créateurs de l’excellent restaurant Lee, dans la vieille ville, ont ouvert, dans un ex-chantier naval de Noblessner, cette adresse décontractée aux inspirations méditerranéennes. À la carte, soupe de poisson, risotto aux champignons, calamars ou salade à la stracciatella.
– Røst : Rotermanni 14. Tél. : 00 372 5622 3239. Lundi-vendredi 8h30-18h, samedi 9h30-17h. Au cœur de Rotermann, un moulin à farine a été logiquement reconverti en boulangerie, spécialisée dans le pain au levain naturel et les brioches, à la cannelle ou à la cardamome notamment. Elle sert aussi de bons cafés produits par des torréfacteurs estoniens et des sandwichs gourmands. Brioches 3 €.
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Texte : Stéphanie Condis
Mise en ligne :