Les plus beaux treks en Himalaya
par Mario Colonel et Jocelyn Chavy
Annapurnas, Dolpo, Mustang, Everest, Zanskar, Bhoutan... Des noms qui évoquent des régions mythiques dans l'imaginaire des amateurs de treks d'exception. Mario Colonel, photographe renommé, spécialiste du milieu montagnard, et Jocelyn Chavy, rédacteur en chef du magazine Wider, nous présentent quelques-unes de leurs plus belles images, extraites du livre Treks en Himalaya : les plus beaux itinéraires. Ces superbes clichés, hommages à ces paysages grandioses et à leurs habitants (pour certains durement frappés cette année) nous invitent à partir sur les plus beaux chemins du monde.
Les eaux turquoises du lac Phoksundo 3600 m
Vallée de la Tarap, Dolpo (Népal)
© Jocelyn Chavy
Derrière les nuées, le Dolpo ne se laisse pas facilement apprivoiser. Voici un Népal de culture tibétaine d’une beauté farouche, dont ni l’extraordinaire paysage, ni l’âpreté des conditions de vie n’ont vraiment changé.
Un trek au « pays caché » ne vous laissera pas indifférent. Extrêmement vaste, le Dolpo nécessiterait des semaines et des semaines de marche pour être parcouru en entier, sans parler de l’accès délicat à cette région isolée, qu’il soit pédestre ou aérien.
Faire une boucle dans le Dolpo central ou « Lower Dolpo » en remontant la vallée de la Tarap implique déjà le passage de deux cols à plus de cinq mille mètres. Préparez-vous à une aventure inoubliable dans ces contrées reculées.
Petite Golok intriguée par la présence d’occidentaux
Khora de l’Amnye Machen - La montagne sacrée des Goloks (Tibet)
© Mario Colonel
L’Amnye Machen. Une montagne sacrée aux confins du plateau tibétain. Au cœur du Tibet oriental, ce massif enneigé a toujours été nimbé de mystères. Les Tibétains pour qui mythe et réalité ne font qu’un, fournissant rêves et poésie, au milieu d’une vie rude et austère, ne pouvaient qu’en faire le siège de leurs aspirations spirituelles, un lien naturel entre le monde d’en bas, et celui des Dieux.
Si le mont Kailash, centre du monde pour les bouddhistes comme pour les hindouistes, axe de l’univers situé à l’extrémité ouest du Tibet est une montagne référence, l’Amnye Machen est vénéré par les Goloks, ces nomades installés au sud du Fleuve Jaune. Ils en ont fait la résidence de leur divinité, Machen Pomra.
En route vers le Sanctuaire sous l’œil du Fish Tail
Sanctuaire et balcons des Annapurnas (Népal)
© Jocelyn Chavy
Les itinéraires vont de 5 à 9 jours. La route la plus populaire et la plus facile reste celle de Marangu, depuis la face sud-est (5-6 jours et 72 km), avec de belles sections de landes et de forêts, en revanche les conditions sanitaires sont mauvaises.
Dernières heures face aux géants de la Terre : Everest 8 850 m (à gauche), Lhotse 8 516 m (caché par un petit nuage), et Nupse 7 851 m, depuis le Kala Pattar 5 600 m.
Everest - Haute Route du Khumbu (Népal)
© Jocelyn Chavy
Si l’Everest est le toit du monde, le Kala Pattar, son belvédère, reste à juste titre l’un des lieux les plus courtisés par les amateurs de trek. Le Khumbu réserve à celui qui ne se contente pas d’un aller-retour la possibilité d’enchaîner en une grande boucle trois semaines de marche au milieu des géants de la Terre : une haute route décrite précisément dans le livre.
A Kyanjin Ri 4770 m, vue sur la façade Est du Langtang Lirung
Vallée du Langtang - Premier pas pour le trek
(Népal)
© Mario Colonel
Situé à cent trente deux kilomètres de Kathmandu, le Langtang est facilement accessible. Premier parc national situé au cœur de l’Himalaya, il fut créé en 1976, et c’est le deuxième en superficie. C’est généralement l’un des premiers treks que l’on fait au Népal.
Ne dépassant pas 4 000 m, n’obligeant pas à franchir de hauts cols, c’est un bon test pour ceux qui veulent s’essayer au trekking. Durement meurtri par le tremblement de terre du 25 avril 2015, il faudra quelque temps avant de retrouver le Langtang et ses habitants. Mais dès que la montagne sera stabilisée, espérons que cette belle région sera de nouveau un terrain d’aventures et de belles rencontres…
Forêt de rhododendrons à Olangchunggola (3220 m)
Kangchenjunga - La montagne aux cinq trésors (Népal)
© Mario Colonel
Troisième montagne du monde à 8 586 m, située à la frontière entre Népal et Inde. Moins connue par les trekkeurs, la région du Kangchenjunga est pourtant l’une des plus sauvages. S’y aventurer, c’est encore plonger dans un Népal authentique, côtoyer des ethnies comme les Limbus, puis retrouver immanquablement des bothias passés par les cols d’altitude.
L’aventure est encore plus belle au printemps lorsque les rhododendrons explosent sur tous les versants, égayant les forêts et les villages d’une myriade de couleurs magnifiques. Parcouru par des oiseaux presque exotiques, ce coin du Népal est aussi un paradis pour les botanistes, ce qui n'a rien d'étonnant…
Le Makalu 8 480 m vu de la vallée de l’Hunku
(Népal)
© Mario Colonel
Au Népal, difficile d’imaginer un trekking aussi beau et engagé. A cheval entre le Malaku et l’Everest, à la limite de l’alpinisme, franchissant des cols élevés à plus de 6 000 m, et traversant des vallées secrètes comme celle de l’Hunku, vous voilà dans un trek d’altitude. Un itinéraire particulier entre sentiers faciles et trekkings peaks. Une sorte de haute route exigeante, qui peut venir couronner la carrière d’un trekkeur. A l’image un peu dans les Alpes d’une traversée de type Chamonix-Zermatt. Magnifique et aérienne, cette belle traversée nous emmènera aussi au pied d’un des 8 000 m les plus sauvages, le Makalu, roi de la vallée de l’Arun et rarement contemplé.
L’ambiance unique du Mustang, un désert sauvage et minéral. Ici en rive gauche, entre Yara et Tangge
Mustang - Le dernier Shangri La (Népal)
© Jocelyn Chavy
Ancien royaume indépendant du Népal, le Mustang est encore aujourd’hui une région à part, historiquement et culturellement tibétaine. Sa tradition bouddhiste millénaire s’exprime sur les murs des maisons, dans des gompas mais aussi parfois à l’intérieur de grottes troglodytes, une particularité du Mustang qui en compte des milliers. Ces grottes gardent encore aujourd’hui une grande part de leur mystère.
Au royaume de Lo règne un paysage d’une minéralité absolue, canyons gigantesques, dentelles de roche fragile, avec parfois, l’oasis d’un village. Même si une piste dessert aujourd’hui la « capitale », marcher jusqu’à Lo Manthang et au-delà, tout près du Tibet, est l’une des plus belles émotions que l’on peut vivre au Népal.
Un sommet sans nom plâtré de neige, qui cache le géant Manaslu, qu’on aperçoit à droite
Tour du Manaslu - Le joyau du Népal
© Jocelyn Chavy
Alors que son voisin l’Annapurna a vu son tour grignoté par l’avancée de la route, le trek du Manaslu demeure intact, ou presque. Des Népalais des campagnes aux Tibétains, des Gurungs aux Samapas, les cultures changent au fur et à mesure que l’on s’extirpe de ses profondes vallées : de rizières en forêts de bambous, puis de pins gigantesques, avant le monde immaculé de la haute altitude.
Serait-ce le meilleur des Népal possibles ? Avec son col magnifique dépassant les 5 000 mètres, une fréquentation en hausse grâce aux nouveaux lodges, et un itinéraire ne dépassant pas les deux semaines de marche, le tour du Manaslu est devenu un classique trek népalais, à faire absolument pour ses paysages époustouflants.
En montant aux lacs Karts, vue fabuleuse sur le Lhotse et l’Everest
Versant Kangshung - L’Everest oublié (Tibet)
© Mario Colonel
On sait tout sur la face népalaise, mais le versant est de l’Everest a été pendant longtemps la face la plus mystérieuse de l’Himalaya. Parce que trop proche de la frontière, il fut fermé pendant plus de 50 ans. Réouvert à quelques rares expéditions au début des années 80 (on ne compte encore que trois voies sur ce versant), puis au trekking il y a seulement quelques années, ce versant reste pourtant celui où toute l’histoire de l’Everest a commencé.
En 1921 les Anglais découvrent en effet le toit du monde par le versant est. Partis du Sikkim, ils vont mettre des mois avant de passer des cols à presque 7 000 m et découvrir le versant nord. Aujourd’hui encore, c’est l’une des aventures les plus sauvages de l’Himalaya…
Ces nonnes effectuent la khora en prosternation complète. Il leur faut quinze jours d’efforts pour parcourir les 53 kilomètres autour du Kailash
Kailash - Du Far West népalais à la Khora sacrée (Tibet)
© Jocelyn Chavy
Cœur spirituel de l’Asie, demeure des dieux inviolée, le Kailash attire toujours des milliers de pèlerins – bouddhistes, hindous, mais aussi jaïns et bönpos - qui viennent en effectuer la circumambulation, la Khora purificatrice. Voici un trek exceptionnel, empruntant le sentier historique de pèlerinage depuis l’extrême ouest du Népal pour atteindre les plateaux désertiques tibétains, et le Kailash.
Sommet sacré, considéré comme l’axe du monde, le Kailash attire des milliers de pèlerins, voire des dizaines de milliers lors de Saga Dawa, la cérémonie la plus importante pour les bouddhistes tibétains. Marcher avec eux en effectuant la Khora - le tour - du Kailash demeure une expérience himalayenne exceptionnelle, surtout après avoir parcouru au préalable le chemin historique de pèlerinage depuis les confins du Népal jusqu’au Tibet.
Au camp de base Est de la Nanda Devi
Nanda Devi - La déesse délaissée… (Inde)
© Mario Colonel
Dans les années soixante-dix, avec ses 7 816 m, cette « déesse joyeuse », presque aussi populaire que l’Everest, était la deuxième montagne la plus visitée de l’Himalaya. Les alpinistes n’hésitaient pas à baptiser leurs filles de ce joli nom. Découverte dès 1820 et longtemps considérée comme la plus haute du monde, elle est aujourd’hui la montagne la plus élevée d’Inde.
Mais depuis vingt ans, le sanctuaire, voie d’accès au cœur du massif, a été fermé pour le préserver. Destituée du panthéon des sommets mythiques, la Nanda Devi, située dans le massif du Kuamon, desservie par des routes ancestrales reliant l’Inde au Tibet, reste pourtant un très bel objectif de trek. Deux itinéraires sur deux versants peuvent encore être effectués. Retour sur une déesse qui ne demande qu’à revivre…
Padum, la vallée oasis au cœur du Zanskar
Ladakh Zanskar - La Grande Traversée du Zanskar (Inde)
© Jocelyn Chavy
Des drapeaux de prière qui s’effilochent dans le ciel. Une poussière cristalline qui s’envole au soleil. Des lumières lourdes, des nuages écrasants d’où s’échappent des rubans de montagnes. De l’air si léger que le souffle s’emballe. La grande traversée du Zanskar ne lassera jamais les yeux de ceux qui la parcourent.
Même si l’avancée des routes conduit à modifier l’itinéraire originel, voire le transforme complètement, traverser les montagnes du Zanskar demeurera une expérience incroyable, quel que soit l’itinéraire emprunté : la sensation au fil des jours de franchir l’Himalaya tout entier.
Au dessus de Tapovan, vue sur le Shilling 6543 m et le Meru 6660 m
Garhwal - Le trek des sources du Gange (Inde)
© Mario Colonel
Au pied du Shivling, le trek des sources du Gange est court ; il s’agit avant tout d’un excellent prétexte pour découvrir le Garhwal, la beauté de l’Himalaya indien et la dimension culturelle immense des lieux – les sources du Gange étant considérées comme l’un des sites les plus sacrés de la mythologie hindoue.
Le spectacle du Shivling - le principe érigé de Shiva - au soleil matinal vaut amplement le voyage. Entouré de montagnes fabuleuses et de rivières sacrées, le Garhwal recèle moult possibilités de treks : à proximité d’Uttarkashi, un trek en direction des sources de la Yamuna, deuxièmes sources les plus sacrées de l’Inde, satisfera les plus curieux - que ce soit en matière d’hindouisme ou…d’Himalaya indien.
A 3000 m, le monastère de Taktsang est accroché en pleine paroi, dans la vallée de Paro, au début du trek
Snow Man Trek - Au pays du dragon-tonnerre (Bhoutan)
© Jocelyn Chavy
Onze cols à cinq mille mètres, presque quatre cent kilomètres. Vingt trois jours de marche entre cimes étincelantes, forêts brutes et les lacs émeraude. Le trek le plus dur du monde se déroule au pays du Bonheur National Brut, le Bhoutan, un étrange coffre-fort de la taille de la Suisse où les monastères sont fortifiés et les maisons ornées de sexes en érection.
Au pays du Dragon-tonnerre, le chemin du Yéti dévoile les régions les plus sauvages de l’Himalaya, quasi vierges de présence humaine. Le Snow Man dégage un parfum d’aventure qui se mérite, un itinéraire long et difficile.
Le K2 8611 m depuis Concordia
Camp de base du K2 - A la rencontre des plus belles montagnes (Pakistan)
© Mario Colonel
Un trek, c’est toujours une histoire personnelle. Entre ses pieds et son âme. Entre ses rêves et ses émotions. Le glacier du Baltoro n’échappe pas à la règle. Dans un fracas géologique, les tours de granit, fouillis des colères métamorphiques s’en font l’écho. Ce matin il avait neigé et nous étions seuls. Seuls comme à l’origine du monde. Témoins de verticales qui nous étourdissaient. Témoins du silence qui nous écrasait. Le K2 (la deuxième montagne du monde à 8611m) se déchira d’un coup dans la cohorte des nuages.
Nous étions dans un no man’s land à plus de 8 jours du plus proche village. Le massif du Karakoram est sans doute l'une des plus belles régions de montagne. Mais aller au Pakistan est aujourd'hui une aventure, même si le Foreign Office redonne son feu vert, même si l'armée sécurise cette zone, nous voilà dans le « Nowhere », un concept cher aux américains pour un trek qui est l'aventure d'une vie...
Texte et photos : Mario Colonel et Jocelyn Chavy
Mario Colonel tient à remercier l'agence Khumbi-Ila qui a assuré la logistique de ses voyages en Himalaya.
Poursuivez le voyage... Plus de 200 photos et des infos pratiques pour préparer votre trek dans le livre Treks en Himalaya : Les plus beaux itinéraires.
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