S'il existe quelques traditions occidentales du massage, l'art du toucher s'est plutôt développé dans de lointaines contrées, dans lesquelles il fait partie de la vie quotidienne, mais aussi des traditions médicales locales.
Bien qu'il soit pratiqué quotidiennement en Afrique, c'est dans les pays asiatiques que l'on trouve les plus riches traditions de massage. Arrivées dans nos pays avec le vent de liberté qui souffla sur les années 1970, ces techniques manuelles thérapeutiques connaissent aujourd'hui un franc succès. Les instituts de beauté et les cabinets spécialisés croulent sous la demande et proposent tous des massages venus d'ailleurs.
Enfin, nous nous autorisons le droit de réhabiliter le corps et d'arrêter, le temps d'une parenthèse enchantée, de travailler du chapeau et d'en avoir plein le dos !
Une thérapie planétaire
Le mot massage trouve ses sources dans les anciennes langues grecque (massein), hébraïque (mashesh) et arabe (masah). Sa signification ? Presser légèrement, palper, pétrir.
Si le mot même de « massage » ne fait son apparition dans le vocabulaire français qu'au XIXe siècle, Hippocrate, lui, considérait déjà que « le médecin doit avoir l'expérience de beaucoup de choses, mais à coup sûr du massage ». Le geste de toucher pour soulager est probablement aussi vieux que l'humanité.
Les peuples de l'Inde, de la Perse, de l'Égypte et du Japon en vantent les mérites dans leur littérature et utilisent depuis toujours des techniques manuelles pour soigner. En Europe, il est pratiqué à l'époque antique dans les thermes et gymnases. Mais, dès le Moyen Âge, cette forme de toucher est proscrite par le clergé, et au XVIe siècle, même les médecins l'interdisent !
Un siècle plus tard pourtant, un médecin nommé Andry découvre les bienfaits des frictions pour la circulation sanguine. Il réhabilite ainsi une certaine forme de massage. Avec les XVIIIe et XIXe siècles, on redécouvre le plaisir des bains et on finit aussi par comprendre que les 2 m2 qui recouvrent notre corps sont pourvus de cinq millions de récepteurs sensoriels, communiquant directement avec le cerveau.
C'est grâce à Per Henrik Ling, fondateur d'une école suédoise de gym et de massage, que la kinésithérapie se développera et enfin, à la fin du XIXe siècle, que le massage s'imposera dans le monde médical français.
Avec le vent de liberté qui souffle sur les années 1970, l'Occident découvre les médecines douces et apprend à considérer l'individu de manière holistique, offrant aux soins du corps une place prépondérante dans les thérapies. C'est donc seulement depuis quelques décennies que l'on abandonne sa personne aux mains expérimentées d'un inconnu à qui il incombe de libérer notre corps - et notre esprit - de ses tensions.
Sans aucun doute, le massage a d'importantes vertus régénératrices. Il dénoue les tensions musculaires, débloque les nœuds, apaise, remet en forme… Se faire masser régulièrement augmente les chances de mieux vivre et de vivre plus longtemps !
Conseils pour le massage
Mieux vaut prendre certaines précautions en cas de troubles cardiaques, de problèmes circulatoires, et durant le premier trimestre de la grossesse
Mieux vaut programmer un massage en fin de journée ou en tout cas, ne rien prévoir ensuite, afin de profiter de ses bienfaits. Il est conseillé d'attendre au moins 40 minutes après un repas avant de recevoir un soin, mais il vaut mieux aussi ne pas avoir le ventre vide. Un massage efficace dure au moins une heure, voir une heure et demie, il faut donc avoir ce minimum de temps à lui consacrer. La pièce de massage sera de préférence peu éclairée, avec une lumière tamisée, et la température devra y être confortable : il ne s'agit pas d'attraper froid.
Dès le début de la séance, une fois installé sur le futon ou la table de massage, lâchez prise, laissez-vous aller. Allongé, les yeux fermés, prenez conscience des différentes parties de votre corps dans l'inspiration et l'expiration. Laissez la personne à qui vous confiez votre corps travailler sur celui-ci, sans tenter de l'aider et sans vous contracter.
Abstenez-vous de parler, à moins que vous n'indiquiez vos préférences par rapport à un mouvement ou à la force des pressions. C'est dans ces conditions-là que s'établit le rapport entre le massé et le masseur, car celui-ci, à l'écoute de votre corps relâché, sentira vos sources de tension ou de déséquilibres éventuels et saura mettre en œuvre les gestes qui conviennent.
Pendant les heures qui suivent le massage, ne pas oublier de boire de l'eau ou du thé pour achever d'évacuer les toxines.
Le bien-être à portée de main
Le massage n'est, bien sûr, pas une simple caresse. Selon les techniques, on réalise des frictions (la peau et les tissus adjacents sont déplacés par les mains du masseur), des pétrissages (réalisés avec les doigts, ils peuvent être plus ou moins profonds ; ils ont une action sur les muscles), les percussions (souvent réalisées avec le tranchant de la main, qui « frappe » le corps de manière répétitive, elles stimulent et réveillent le corps).
Les techniques orientales pratiquent aussi des étirements, des mobilisations et des acupressions (pressions avec les doigts, souvent le long des méridiens d'acupuncture). Tous ces gestes permettent de stimuler la circulation sanguine et lymphatique (et d'oxygéner les tissus), de détendre les muscles et de renforcer leur tonicité, d'assouplir les articulations.
Le massage réduit le rythme cardiaque et améliore les défenses immunitaires. Il permet un apaisement du système nerveux et, donc, soulage le stress, l'angoisse et la fatigue en optimisant tout le métabolisme.
Que du bonheur !
Inde, le massage ayurvédique : comment va votre dosha ?
Les massages ayurvédiques s'inscrivent dans la tradition de l'ayurveda, « science de la vie », antique médecine hindoue. Extrêmement complexe et codifiée (comme la médecine traditionnelle chinoise, la MTC), celle-ci ne traite pas des symptômes isolés, mais la personne en entier.
L'ayurveda considère la personne comme un microcosme de l'univers, lequel est composé de cinq éléments qui forment la base de tout ce qui existe (eau, feu, air, éther et terre). Ils se combinent pour former trois forces fondamentales, les dosha (Vata-air, Pitta-feu, Kapha-eau), dont les interactions et l'équilibre déterminent la nature de chaque personne sur le plan physique, émotionnel, intellectuel et spirituel.
Le plus connu des massages ayurvédiques, abhyanga, est réalisé avec des huiles végétales pures ou infusées, sur un corps nu (ou presque). Il vise à l'harmonisation des dosha dans le corps et accroît le prana (l'énergie vitale).
Abhyanga peut être reçu sur une table de massage ou sur un matelas futon. Le masseur associe enveloppements, palpations et pressions. Agréé en Inde en tant que soin paramédical par le ministère de la Santé, il détend, réduit la tension nerveuse, améliore la circulation sanguine, détoxifie. Si l'on se sent déjà franchement détendu après une séance, le mieux est, comme pour tout autre massage, d'en recevoir régulièrement !
Il existe de nombreux autres massages, dont kansu, un massage des pieds avec un bol en alliage de métaux, et shirodhara, au cours duquel on reçoit régulièrement un filet d'huile chaude sur le front (ça apaise le mental).
Chine, Égypte ou Pérou : la réflexologie, c'est le pied !
Issue des anciennes traditions médicinales amérindienne, égyptienne et chinoise, la réflexologie serait vieille de plus de 14 000 ans ! Le principe sur lequel s'appuie cette technique manuelle est le suivant : le pied est une représentation miniaturisée du corps humain et à chaque zone réflexe correspond une partie spécifique du corps, organe, glande, etc. Ainsi, la cambrure plantaire reprend comme un miroir celle de notre colonne vertébrale, tandis que la tête (et les cervicales et les épaules) se trouve inscrite dans notre gros orteil !
Selon la réflexologie, on peut lire sur la carte du pied les tensions et blocages de l'une ou de l'autre partie du corps et, en appliquant des pressions sur certaines zones du pied, agir sur les zones correspondantes du corps. Soit allongé, soit assis confortablement dans un fauteuil, vos petons seront dans un premier temps lavés.
Le massage commence par des mouvements enveloppants qui conduisent au lâcher prise, puis, les zones de tension seront détectées grâce à des déplacements précis du pouce. Ces zones et points sensibles seront alors stimulés par des pressions. La séance se termine en général par un massage des pieds plus doux et enveloppant, puis par un massage plus tonique qui vise à « réveiller » le corps.
Cette forme de massage très localisée permet de libérer les facultés d'autoguérison du corps. Elle permet de prévenir, de soulager et d'éliminer un grand nombre de tensions et de déséquilibres. La réflexologie se révèle très efficace pour soigner les troubles circulatoires et digestifs, mais aussi les troubles du sommeil et le stress. Il existe d'autres formes de réflexologie, du visage, des mains et des oreilles (auriculothérapie).
Chine, le tuina : aïe, aïe, aïe !
Massage profond, pratiqué en Chine depuis des millénaires, le tuina (An Mo) s'inscrit dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC) aux côtés de l'acupuncture, de la diététique, de la pharmacopée et des exercices énergétiques. Au contraire de l'acupuncture, on n'utilise pas d'aiguilles, mais les doigts, la main et les coudes. Littéralement, chaque syllabe correspond à un geste : Tui : pousser, Na : pincer, An : appuyer, Mo : friction.
Le tuina s'effectue sur une table, sur un corps nu (on conserve ses sous-vêtements). Avant toute manipulation, le praticien prendra soin d'observer le pouls et la langue de sa « victime », afin d'effectuer un bilan énergétique. Ce massage s'applique sur les différentes parties du corps (muscles, articulations, organes…) et harmonise la circulation du sang et des énergies.
Le praticien applique ses pressions, pincements, appuis et frictions sur les points d'acupuncture et sur les trajets de l'énergie. Il existe plus de 300 manipulations différentes, très codifiées, et ces techniques s'appliquent différemment selon la zone à traiter.
Attention : personnes douillettes, s'abstenir. Cette méthode est plus que vivifiante. Il se peut que vous vous retrouviez coincé sur une table de massage avec deux ventouses brûlantes collées sur les omoplates et dans l'impossibilité de bouger jusqu'au retour du praticien. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ceci dit, on ne doute pas de l'efficacité du procédé (censé détendre les tensions du haut du dos…), mais on rappelle que le tuina fait partie intégrante de la MTC et que, en ce sens, il vise à guérir et se reçoit plutôt régulièrement que lors d'une séance isolée. Il fait beaucoup de bien, seulement, il faut le savoir, le soin peut être un peu douloureux, la détente vient après !
Le tuina est excellent pour l'entretien de la santé et peut soulager de nombreux problèmes fonctionnels (tensions musculaires, problèmes digestifs, problèmes articulaires, maux de tête, troubles du sommeil, nervosité…). Il peut donc être d'une grande aide pour les problèmes de fatigue liés au stress. Il est régénérant, revigorant et dynamisant.
Thaïlande, nuad boran : le yoga-massage
Si la technique peut paraître surprenante la première fois, on y prend vite goût, et en plus, c'est efficace !
Nuad boran peut apporter une aide précieuse dans le traitement de certaines maladies (il renforce les défenses immunitaires) et permet de soulager toute une panoplie de douleurs. Le massage thaï se reçoit aussi à titre préventif, pour garder la forme et une bonne santé, ou tout simplement pour le bien-être.
Cette technique facilite la circulation du sang (et de l'énergie) dans le corps et élimine blocages, tensions et fatigue. Il apporte donc relaxation, soulagement et vitalité. Finalement, il permet un ressourcement total du corps, chasse la fatigue tout en améliorant la souplesse du corps.
Le massage thaï peut aussi aider à lutter contre le stress, l'insomnie, les troubles digestifs, les douleurs musculaires, tendineuses ou articulaires, les problèmes gynécologiques, etc.
Diverses variantes existent, tel le massage thaï aux herbes, qui prolonge les effets bénéfiques du massage grâce à l'usage de petits baluchons de tissu contenant des plantes chauffées, qui, appliqués sur le corps, libèrent des principes actifs.
Un massage thaï dure au minimum une heure, mais peut durer jusqu'à trois heures (protocole complet de l'école du Nord). Évidemment, si l'on souhaite un effet profond et durable, il faut renouveler les séances !
Japon : shiatsu, l'harmonie au bout des doigts
Les massages japonais ont le vent en poupe, que ce soit le shiatsu, qu'on trouve dans presque tous les instituts, spas et salons de massage, ou le massage assis (issu de l'ancienne tradition amma), qui se pratique sur une chaise ergonomique, en entreprise notamment.
Attention ! Le shiatsu pratiqué en institut n'a rien à voir avec le shiatsu pratiqué en cabinet. Le premier vise le bien-être et une détente « immédiate », le second s'inscrit dans un objectif de thérapie complémentaire.
En fait, le shiatsu n'est pas vraiment un massage… À l'origine, là encore, sont les techniques manuelles indiennes qui, après avoir traversé le Myanmar, le Cambodge, le Laos et la Thaïlande, atteignent la Chine où elles se modifient sous l'influence conjuguée du taoïsme et du confucianisme. C'est au VIIe siècle qu'elles atteignent le Japon où elles prendront successivement les noms d'amma, puis de shiatsu.
La version moderne de ce dernier, codifié par Tokujiro Namikoshi, met l'accent sur la physiologie et l'anatomie, rendant le shiatsu plus facilement accessible à l'Occident. Un second maître, Shizuto Masunaga, réintroduit peu après les principes de base de la MTC. Il existe donc différents types de shiatsu.
De plus, certains praticiens peuvent combiner, par exemple, les techniques shiatsu avec l'usage d'huiles essentielles. Normalement, un shiatsu se reçoit vêtu de vêtements plutôt amples et souples, et de préférence en coton. On s'allonge sur un matelas futon posé sur le sol, puis, afin de libérer et de faire circuler l'énergie dans le corps, le praticien va appliquer des pressions avec ses pouces, ses mains, ses coudes et ses avant-bras sur des points précis, les tsubo, situés le long des méridiens d'acupuncture. Il procédera également à divers étirements et pressions qui visent le même objectif.
Reconnu officiellement par le ministère japonais de la Santé comme médecine à part entière depuis 1955, la Commission européenne l'identifiait comme une des huit méthodes de médecine complémentaire reconnues dans ses quinze États membres en 1997. D'ailleurs, des praticiens de la Fédération française de shiatsu traditionnel interviennent auprès du personnel soignant de l'hôpital Cochin, à Paris, afin de maintenir tout ce petit monde bien en forme !
Car le shiatsu est bon pour tout, ou presque. Il stimule la circulation du sang et de la lymphe, améliore la souplesse des tissus musculaires, facilite le fonctionnement harmonieux du système nerveux et peut aussi corriger des défauts mineurs du squelette. Il permet de traiter les affections des voies respiratoires et d'accélérer le rétablissement après une opération ou un accident. Il est bénéfique en cas de troubles rhumatologiques, gynécologiques et digestifs. Il peut entraîner la disparition des maux de dos, d'épaules, de nuque, de reins, mais aussi celle des migraines.
Le shiatsu permet au corps de mieux utiliser son potentiel de résistance à la fatigue et de mieux récupérer après l'effort. Il permet aussi de lutter contre les insomnies, le stress. Le résultat est un mieux-être, tant physique que psychique. En fonction du moment de la journée où on le reçoit, il aura une visée tonifiante ou calmante (résultats immédiats). L'idéal est de recevoir des massages préventifs, tout au long de l'année et régulièrement, sans attendre l'apparition de problèmes.
États-Unis : le « toucher d'amour » californien
Certainement le plus connu des massages occidentaux, il apparaît au début des années 1970 dans l'un des premiers centres de santé holistique, en Californie, et sera popularisé dans les années 1980.
Pratiqué sur un corps nu, le massage californien consiste en de longs mouvements fluides qui sculptent et enveloppent le corps en entier. Caractérisé par sa délicatesse, l'effleurage est d'abord doux, puis s'intensifie peu à peu pour soulager des tensions plus profondes.
En général, le dos est la première zone massée, puis l'arrière des jambes, les pieds et ensuite le devant du corps, en remontant vers le ventre, le thorax, les bras, pour terminer par la nuque et le visage. Pour réaliser ce massage, on utilise des huiles qui favorisent la fluidité des mouvements.
Également connu sous les noms de massage harmonique, neurosensoriel, holistique et sensitif ou encore de « toucher d'amour », le massage californien vise à la détente et au relâchement. C'est la technique de massage par excellence utilisée dans les instituts de beauté. A priori, pas de contre-indications et pas d'autres bienfaits qu'une agréable détente !
Le massage aromatique, ou aromathérapeutique, est une variante très plaisante du massage californien. Il associe les bienfaits des longs enveloppements à ceux des huiles essentielles (essences de plantes), choisies en fonction de l'état du client et des objectifs visés. Les bienfaits du massage vont donc être décuplés par l'action thérapeutique des huiles essentielles. Il n'y a a priori, pas de contre-indications, mais attention tout de même à la manière dont sont utilisées les huiles essentielles, principes actifs très puissants.
Texte : Laurence Pinsard
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