Le stop
Vous vous êtes levé de bonne heure, il fait un temps superbe, et vous avez très envie d'aller à X (éloigné d'au moins deux kilomètres, sinon le conducteur risque de vous claquer la portière au nez). Mais vous n'avez ni voiture, ni vélo, ni moto, et pas assez de sous pour prendre l'avion, le train, le bateau, le bus. Quant à la marche à pied, vous n'y pensez même pas. Que faire ?… Mais bien sûr ! Il reste… l'AUTOSTOP ! Ce moyen de transport vieux comme le monde exige patience et renoncement au confort, mais promet en échange des rencontres fructueuses et un voyage gratuit. Oui, c'est bien le stop qu'il vous faut.
La croyance selon laquelle le fait d’être pris ou non dépendrait essentiellement du conducteur est fausse, ou du moins inexacte : être pris, ou non, dépend en effet dans une large mesure de l’auto-stoppeur lui-même et de son habileté. Il existe donc une technique, ou plutôt des techniques qui élèvent le stop au rang d’un art et qui font qu’il ne suffit pas de se tenir debout au bord d’une route pour que l’on puisse décemment appeler cela « faire du stop ». Avant de vous lancer, découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le stop pour arriver à parcourir quelques kilomètres.
La préparation
Apologie sommaire du stop
Le stop est un sport complet mais aussi une « bonne école » en ce sens qu’il apprend, outre à marcher, à être patient, débrouillard, hardi, à vaincre sa timidité, se déshabituer de son petit confort bien douillet, à avoir confiance en soi… Enfin, à connaître des gens que l’on n’a pas autrement l’occasion de rencontrer !
Le stop est un des meilleurs moyens pour visiter un pays. Combien de chauffeurs n’hésitent pas à faire quelque chose de particulier pour l’auto-stoppeur. Cela va d’un simple verre offert à l’invitation à déjeuner, de l’hébergement au détour pour visiter un village inconnu. Il y aurait beaucoup à dire sur l’auto-stop, notamment l’espèce de franc-jeu joué par les deux parties sur les longs trajets : on sait que la rencontre est très brève sans espoir souvent de se revoir, alors on se laisse aller, on se confie…
Et puis vous apprendrez, dans les pays traversés, que les gens sont merveilleux. Vous voyant au bord de la route, beaucoup vous sourient en vous encourageant, d’autres vous encouragent en souriant. Très peu se moquent et ceux qui s’arrêtent donnent un aperçu des habitants de la contrée !
8:00 du mat’ le départ est pour tout à l’heure, vous vous équipez
Loin de nous l'idée de vous décourager tout de suite, mais il est possible que l'attente dure un peu plus longtemps que ce que vous imaginiez. Vous ne pouvez pas non plus prévoir où chacun de vos conducteurs vous déposera. Si c'est près d'un village, tout va bien, mais si c'est au milieu d'un désert vous devrez vous débrouiller pour rentrer seul… Prévoyez donc de quoi manger et boire pour la journée.
Pour les mêmes raisons, vous ne savez pas où vous dormirez ce soir. L'idéal est de se munir d'une tente et d'un duvet ; ainsi, vous ne vous laisserez surprendre par aucune situation.
Surtout, ayez une carte de la région, afin, éventuellement, de modifier votre itinéraire en fonction de la destination de votre chauffeur ! Nous avons vu trop de routards abandonnés au croisement de deux routes filant chacune vers nulle part, indécis sur la direction à prendre. Une bonne carte permet à la fois de savoir où l'on est lorsqu'on vous dépose en plein bled, et d'autre part de pouvoir décider vous-même de votre itinéraire, en fonction du temps que vous avez, des coins à visiter, etc. Au risque d’oublier sa carte, il est toujours possible de télécharger une application de plan sur son smartphone pour consulter des cartes gratuitement et sans connexion internet.
9:00 : en position
Vous le constaterez vite : le stop marche mal aux abords des grandes villes. N'hésitez pas à faire une légère entorse à votre idéal du voyage gratis : prenez un bus, un métro ou un taxi qui vous éloigneront le plus possible du centre. Le prix d'une course sera toujours inférieur à ce que vous coûterait votre trajet total si vous le faisiez par des moyens traditionnels.
Lorsque vous choisissez votre emplacement, ayez à l'esprit que la voiture à laquelle vous ferez signe devra avoir la place de s'arrêter brusquement sans provoquer un carambolage monstre. Quelques emplacements types :
- après un virage (mais assez loin cependant, afin de s’assurer que l’automobiliste vous voie et ne vous aplatisse pas) ;
- après un carrefour ;
- sur les bretelles d’autoroute ;
- à la sortie d’une station-service.
En général, si vous êtes mal placé, les conducteurs vous le feront savoir par des gestes qui signifient " je me serais bien arrêté, mais je n'ai pas la place… ".
Les règles du stop.
Être routard donne le merveilleux sentiment d’appartenir à une immense famille. On se prend aussitôt de sympathie pour celui qui partage la même situation que vous. Ainsi le fameux Paris-Istanbul en stop conduit à faire connaissance avec vingt ou trente routards qui deviendront rapidement de vrais amis que l’on retrouvera au hasard de la route. Aussi, pour ne pas briser cette amitié si spontanée, il convient de respecter quelques règles fondamentales :
– se placer toujours après celui qui est arrivé avant vous ;
– ne jamais se placer trop près de lui afin de ne pas le défavoriser ;
– ne pas oublier lorsque l’on passe à côté de lui de lancer le « bonne chance » ou encore le « good luck ! » traditionnel.
9:02 : le geste qui sauve
Debout sous le soleil, votre sac à dos appuyé contre un arbre, l'air résolu et plein d'espoir, vous vous apprêtez à faire ce geste mythique, immémorial et universel… Halte ! Nous avons dit " universel " ? Nous avons eu tort. Sachez que dans certains pays, le pouce tendu n'évoque rien de plus que si vous faisiez le poirier. En Russie par exemple, l'usage est plutôt de lever la main, paume ouverte. Dans les régions très reculées, le seul fait de se tenir immobile sur le bord de la route est suffisamment insolite pour que les gens s'arrêtent, sans que vous ayez besoin de faire un signe.
Reste le problème de la pancarte. Si vous devez en utiliser une, pensez à la préparer à l’avance : trouver un carton blanc et un feutre noir dans le désert de Victoria, en Australie, n'est pas forcément évident. Certains pensent qu'un tel système est peu lisible, ou encore qu'il risque de décourager les véhicules qui ne vont pas directement à l'endroit indiqué, même s'ils s'en approchent. Sur votre panneau, indiquez une ville peu éloignée par laquelle toutes les voitures sont obligées de passer. Une fois dans l’auto, quand vous vous rapprocherez de ladite ville, vous demanderez à votre chauffeur : « combien de kilomètres reste-t-il pour aller jusqu’à X ? ». À coup sûr, il comprendra que vous allez plus loin et, si vous êtes sympa, il vous gardera !
L'attente
10:00 vous êtes toujours en rade et ça commence à vous énerver. Il est temps de vous remettre en question : soignez votre apparence
L'idée répandue selon laquelle on peut faire du stop en ayant l'air d'être tombé de son lit trois minutes avant est fausse. En stop peut-être plus qu'ailleurs, les gens vous jugent sur votre aspect, même s'ils n'ont que quelques secondes pour vous apercevoir. Soignez un minimum votre look. N'ayez pas l'air crasseux, ne lancez pas un regard noir aux conducteurs, ne voyagez pas à six.
Une règle fondamentale est de porter une chemise de couleur claire, voire blanche. Une certaine forme d’originalité dans l’habillement n’est pas à bannir. De nombreux automobilistes aiment s’arrêter pour prendre des « petits-rigolos-qui-ont-l’air-bien-sympathiques ». Il va sans dire que le sac à dos est primordial, sinon indispensable, pour faire de la route. Mettez le bien en évidence car il présente la particularité de mettre les automobilistes en confiance. À noter que ces impératifs d'apparence perdent de leur importance à mesure qu'on s'enfonce dans des régions isolées. Quoi qu’il en soit, en toutes circonstances, veillez à respecter les habitudes vestimentaires de la zone où vous vous trouvez.
Ayez l’air détendu, même si vous attendez depuis trois heures, et surtout un léger sourire aux lèvres –sans exagération ! Regardez l’automobiliste droit dans les yeux afin d’établir aussitôt le contact avec lui. C’est d’ailleurs pour ça qu’il ne faut jamais stopper avec des lunettes de soleil. Fumer une cigarette pour tuer le temps est souvent une erreur fatale. Il faut viser le plus large public. Le conducteur non-fumeur se demandera si l’auto-stoppeur va continuer de fumer dans sa voiture.
Autre recette miracle : voyager en couple, la présence féminine étant toujours rassurante. Globalement, il faut faire sentir au conducteur qu'il ne doit pas avoir peur de vous, sans pour autant que vous ayez l'air sans défense, et c'est pourquoi nous déconseillons formellement aux filles seules de faire du stop, où que ce soit. Faire rire ou surprendre peut aussi parfois aider : on a déjà vu des voitures s'arrêter parce qu'un auto-stoppeur leur tendait un bouquet de fleurs ou exécutait un pas de danse sur le bord de la route ! Le petit drapeau, aux couleurs de la terre natale (la France est assez bien vue à l’extérieur), cousu sur le sac à dos est également une bonne idée à l’étranger.
Finalement, la seule personne qui n'aura jamais aucun mal à faire du stop, c'est un top model de 23 ans. Cela dit, elle s'exposera à d'autres dangers bien plus graves que de rester en bord de route !
10:30 : un véhicule s'arrête, mais ce n'est pas une voiture, c'est un tracteur, une charrette ou un camion rempli de cochons, de militaires, de bidons d'essence, etc. et il propose de vous déposer cinq kilomètres plus loin
Concernant le moyen de transport, a priori, tout est bon à prendre. Vous n'êtes pas vraiment en position de faire le difficile, d'autant plus que c'est peut-être le seul véhicule qui passera aujourd'hui sur cette route déserte, et qu’après tout, on vous rend service. Et puis, c'est aussi pour vous retrouver coincé entre trois moutons dans un camion bringuebalant en Anatolie que vous faites du stop, non ? La limousine, c'est amusant une fois, mais on s'en lasse vite.
Bon nombre de stoppeurs rechignent devant les routiers, prétextant que les camions sont moins rapides que les voitures. L’expérience prouve que c’est rarement vrai. En effet, les routiers sont peut-être moins rapides en vitesse de pointe, mais ils tiennent beaucoup mieux les moyennes. Ils s’arrêtent peu et effectuent de plus longues distances. Auto-stoppeur, prenez garde à respecter le camion de votre chauffeur : lorsque vous y montez, conduisez-vous en hôte !
Concernant la distance parcourue, c'est différent. Certes, un petit trajet vaut toujours mieux que pas de trajet du tout, mais attention à l'endroit où l'on vous propose de vous déposer : si d’aventure vous vous retrouviez coincé sur une route secondaire perdue dans la cordillère des Andes, vous regretterez amèrement la magnifique station-service plantée sur la panaméricaine, où vous étiez une demi-heure avant.
11:15 : de gros nuages gris à l'horizon, l'heure qui tourne : vous redoutez un déluge et la nuit, qui tombe tôt en cette saison
Ne voyez pas tout en noir : faire du stop sous des trombes d'eau est un cauchemar, mais une fois trempé comme une soupe, vous inspirerez la pitié !
Le stop de nuit, s’il est fatiguant et parfois risqué, est incontestablement avantageux. La nuit, il n’y a guère de concurrents, fait intéressant lorsque l’on sait que pour sortir de Paris ou Rome par exemple, il faut en été quelques fois attendre son tour deux ou trois jours. Si vous êtes pris de nuit, jouez le jeu : discutez – ne serait-ce que pour empêcher votre conducteur de somnoler !
L’endroit idéal pour stopper la nuit est encore les pompes à essence ou les bretelles d’autoroute. Mais mettez-vous toujours sous un réverbère.
Un tuyau bien utile pour les adeptes du stop de nuit : mettre une bande réfléchissante sur l’arrière de son sac à dos. Au Chili, les étudiants qui partent en stop pendant leurs vacances n'hésitent pas à faire des feux de bois sur les bandes d'arrêt d'urgence des autoroutes, afin de se signaler la nuit ! Ne les imitez pas ; sans lumière, il vaut mieux se trouver un endroit abrité, planter sa tente et attendre le lendemain pour recommencer. Moralité, évitez de faire du stop en Laponie en hiver : avec quatre heures de lumière par jour, c'est peine perdue.
14:00 : la crise de nerfs est proche. Des images de suicide et/ou d'anéantissement de l'humanité vous hantent. C'est le moment où vous perdez vos belles illusions sur le monde
Depuis cinq heures à l'entrée de l'autoroute du Sud, porte d'Orléans à Paris, vous maudissez votre copain parti faire du stop en Bretagne, et qui n'a aucun problème. Le stop marche mieux à la campagne qu'en ville.
L'une des raisons pour laquelle un automobiliste refuse d'embarquer un auto-stoppeur est qu'il a peur. Il craint pour lui, pour ses passagers s'il en a, pour son véhicule. Mais dans des régions moins urbanisées où la méfiance de l'autre n'est pas poussée à son paroxysme, là où les étrangers sont accueillis à bras ouverts, l’auto-stop n’est pas mission impossible. En Argentine, les habitants avouent refuser de prendre leurs compatriotes en qui ils n'ont pas confiance, mais acceptent des gringos avec plaisir.
Il vous faut une autre tactique. En voici un exemple qui correctement utilisée est une méthode des plus efficaces. Elle consiste à aller directement dans les restaurants de routiers ou les aires de repos à demander le plus aimablement possible :
– « Vous n’iriez pas à… par hasard ? » (ou mieux : en direction de…).
Ou mieux :
– « Ça ne vous dérangerait pas de prendre un malheureux auto-stoppeur qui poireaute depuis X heures ? » (X supérieur à 2).
Ou encore :
– « Pardon, monsieur, savez-vous à quelle heure il y a un car pour X, par hasard ? »
Il faut à tout prix que vous demandiez avec un sourire complice, de telle sorte que l’on vous considère comme un familier et que les barrières dressées par la méfiance soient aussitôt brisées.
Autres endroits particulièrement intéressants pour demander directement aux propriétaires de voiture :
– les auberges de jeunesse
– les terrains de camping
14:15 juste avant que vous vous couchiez en travers de la route, un véhicule s'arrête. Enfin !
C'est vrai, vous l'attendiez depuis longtemps, mais ce n'est pas non plus une raison pour se jeter dans les bras de n'importe qui. Réservez-vous le droit de refuser de monter si vous ne le " sentez " pas. Un rapide coup d'œil de l'aspect général du véhicule et de son pilote devrait déjà vous renseigner. Si la voiture perd de l'huile et des boulons, que la tôle est enfoncée partout, que des bouteilles d'alcool vides jonchent le sol et que l'automobiliste conduit pied nu, n'hésitez pas à inventer une destination impossible et laissez-le partir. Dans le cas contraire, faites-lui votre plus beau sourire et négociez la destination.
N’ayez jamais hors de l’esprit que lorsqu’un automobiliste s’arrête, il fait un effort pour vous. De grâce, n’ayez pas l’attitude de certains auto-stoppeurs qui refusent de monter dans un véhicule qui ne va pas assez loin. Si une telle attitude est excusable sur les autoroutes, elle devient insoutenable sur les routes normales. Un tel refus risque de vexer l’automobiliste qui hésitera à s’arrêter par la suite. La règle à adopter est de prendre n’importe quel véhicule qui va même vaguement dans votre direction. D’autre part, quand un chauffeur s’arrête, ne lui faites pas perdre son temps et courez vers la voiture.
Une remarque importante : lorsque le conducteur vous fait signe qu’il est plein, faites-lui aussitôt un signe de remerciement, non seulement parce que cela ne vous coûte rien, mais aussi parce qu’il arrive assez fréquemment que la voiture s’arrête et fasse une marche arrière, le conducteur vous disant : « Vous me semblez si sympathique que l’on va se serrer un peu. »
En voiture
14:16 : vous roulez vers X et vous exultez, en refusant de penser au saut de puce naine que ça vous fait faire sur votre trajet total. L'opération séduction commence
Quelques conseils qui rendront le trajet plus agréable.
Si votre conducteur est kirghize et que vous ne parlez pas un mot de kirghize, ayez au moins un peu de nourriture à lui proposer.
En revanche, si vous maîtrisez la langue de votre conducteur, ayez toujours quelques sujets de conversation en stock. C’est à vous de vous montrer intéressant et de mener la conversation hors du cadre suranné de la pluie et du beau temps. Si le chauffeur est seul, prenez place à l’avant. Certains automobilistes n’aiment pas avoir un inconnu assis derrière eux. De plus, il est plus facile ainsi d’engager la conversation. N'oubliez pas que, s'il vous prend, ce n’est guère par pitié, mais parce que, ouvert de tempérament, il désire apprendre quelque chose de vous, de votre activité ou de vos voyages. Laissez-le parler et écoutez-le.
Soyez donc aimable et ouvert, mais n'hésitez pas cependant à vous montrer ferme sur certaines choses primordiales. Si, sur une autoroute allemande (où la vitesse n'est pas limitée), votre hôte veut vous impressionner et pousse son Audi jusqu'à 200 km/h, exigez qu'il reprenne une vitesse normale. Si, le long d'une route terriblement rectiligne du Kansas, votre chauffeur de poids lourd pique du nez, inventez n'importe quel prétexte pour qu'il s'arrête et fasse une pause.
15:00 : ça y est, toute méfiance a disparu entre le conducteur et vous
Les portes d'un monde merveilleux s'ouvrent devant vous. Car un conducteur séduit peut beaucoup. En Turquie, où la pause thé est une institution, il vous invitera à boire. En France, à l'occasion d'un plein d'essence, il peut vous offrir à manger. En Bolivie, où les habitants sont si fiers de leur pays, il vous proposera peut-être de passer par des routes détournées pour vous faire découvrir la région. En Patagonie, si vous lui êtes vraiment sympathique, il peut faire 100 km de plus, même si ce n'est pas sa route, pour vous déposer à destination. Et si, lorsque vous arrivez, il est trop tard pour trouver un hôtel ouvert, il vous invitera même à dormir chez lui. Un conducteur séduit peut donc devenir votre meilleur ami… si tant est que vous vous laissiez guider. Mais bien souvent, à l'étranger, dans un environnement dont on ne maîtrise ni la langue, ni la géographie, ni les coutumes, on a tendance à rester sur ses gardes.
En Inde, après dix minutes de route pendant lesquelles vous n'avez pas échangé un mot, votre hôte peut vous proposer de venir loger chez lui quelques jours. Si vous n'avez pas reconnu en lui un authentique Sikh, et que vous ignorez que, pour lui, l'invitation est aussi naturelle que la poignée de main pour vous, vous risquez de vous braquer, de le vexer, et de passer à côté d'un séjour inoubliable. Vous devrez donc juger au cas par cas.
Enfin, quand vous descendez, n’oubliez jamais de dire au revoir ou merci à votre conducteur dans sa propre langue. C’est le détail qui l’incitera à prendre systématiquement les autres stoppeurs par la suite.
Épilogue
23:28 : vous êtes enfin arrivé mais, mauvaise surprise, votre conducteur vous réclame de l'argent
Ne soyez pas choqué, c'est l'usage dans certains pays, notamment en Turquie. En France, aujourd'hui encore, on appréciera que vous proposiez de participer aux frais d'essence pendant le trajet, même si on vous répondra généralement non. Cela dit, sachez aussi refuser si vous estimez que c'est exagéré. Le stop est un moyen gratuit de voyager, et il doit le rester. Le meilleur moyen d'éviter de telles déconvenues est de mettre les choses au clair au moment de monter dans le véhicule.
23:30 : et voilà ! Vous êtes à X, vous avez mis 14 h 30, il vous aurait suffi de trois heures en bus…
…Mais là n'est pas la question : vous êtes indiscutablement plus riche d'humanité et de souvenirs qu'un voyageur lambda. Néanmoins, si vous estimez quand même que c'est trop, le covoiturage vous permet d'organiser votre auto-stop. De nombreuses associations proposent aujourd'hui de mettre en contact les stoppeurs et les conducteurs grâce à un système d'inscription centralisé. Le passager s'inscrit à l'organisme et participe aux frais du trajet (de l'ordre de 3 centimes d'euro le kilomètre).
Quelques adresses :
- Pour la France seule : www.blablacar.fr
- Pour l'Allemagne : www.blablacar.de
- Pour la Belgique : www.mpact.be
- Pour le monde entier : www.compartir.org 850 000 villes dans 70 pays
- Et bien sûr les petites annonces de covoiturage de Routard.com.
Et en attendant qu'une voiture s'arrête, vous pouvez toujours lire ces quelques bons bouquins :
Profession auto-stoppeur, par Éric Wagner, Éditions Zulma, Grain d'orage, 1998.
The Hitch-Hiker and other short stories, par Roald Dahl, Le Livre de Poche, 1989.
Hitchhiking Vietnam : A Woman's Solo Journey in an Elusive Land, par Karin Muller, Hardcover.