Bivouac et camping sauvage

Bivouac et camping sauvage
Bivouac en Laponie finlandaise © Jens Ottoson - stock.adobe.com

Arriver de nuit et ne découvrir le paysage que le lendemain matin, au réveil. Avoir la plage pour soi aux premières heures du jour. Être à l’affût du spot ultime. Éviter les foules en toute liberté. Se réveiller face à la mer, la forêt ou la montagne. Dormir à la belle étoile. Randonner, pêcher, camper au milieu d’espaces naturels sublimes. Changer de rythme. Se sentir libre.

Si l’on veut goûter aux plaisirs du « camping sauvage » (c’est-à-dire en dehors d’un terrain de camping désigné), il faut d’abord apprendre à se défaire du confort encombrant pour faire avec l’essentiel.

En se délestant des contraintes ordinaires, on retrouve la légèreté du nomade : on avance, à pied ou en camion, sans l’impératif du retour à la base. Sans foule et sans Wi-Fi. Avec une ligne de conduite pour seul chemin tracé : respecter la nature comme on respecte un hôte.

Quelle est la différence entre bivouac et camping sauvage ?

Quelle est la différence entre bivouac et camping sauvage ?
© EVERST - stock.adobe.com

Elle réside principalement dans l’installation et la durée : le bivouac est un campement sommaire (à la belle étoile ou sous une petite tente légère) en pleine nature, pratiqué par des randonneurs, des alpinistes ou des cyclistes. Ils n’ont bien souvent pas d’autres choix que de faire halte loin de toute civilisation pour se reposer, avant de repartir en expédition. Le bivouac est temporaire et éphémère, uniquement pour la nuit.

Le « campeur sauvage », lui, bourlingue au volant de son van, son camping-car ou son camion, et se pose une ou plusieurs nuits au même endroit. Dans un parking, en bordure de route, de forêt ou de champs. A la différence du bivouac, il peut durer pluisieurs nuits : en fait, c'est du camping (avec tente, camping car, caravane...) en dehors des zones autorisées. Mais, au fond, la démarche reste la même : l’envie de renouer avec la nature, l’aventure, et de redonner un certain sens au voyage.

Ce que dit la loi

Ce que dit la loi
Bivouac en face du massif du Mont Blanc © sanderstock - stock.adobe.com

« En France, le camping sauvage est autorisé… là où il n’est pas interdit ! » résume Yann Peucat dans son ouvrage « Les vacances sauvages ».

Et le camping sauvage est interdit dans de nombreux endroits, listés par la loi comme un inventaire à la Prévert : en bord de mer, dans les sites classés ou en instance de classement, dans les forêts, parcs et bois protégés, sur les routes et chemins, à moins de 200 m d’un point de captage d’eau potable, à moins de 500 m d’un monument historique, et sur tous les terrains privés sans l’autorisation du propriétaire.

En revanche, le bivouac (avec un sac de couchage, sans tente pour ne pas dénaturer le paysage) est autorisé dans la plupart des parcs naturels, comme celui du Mercantour ou des Pyrénées. Renseignez-vous directement sur leur site Internet, chacun érige ses propres règles.

Mais concrètement, comment savoir si le spot où vous espérez passer la nuit se situe sur un terrain public ou privé, sur un site protégé ou près d’un monument historique ? Lorsque vous avez (enfin) trouvé un emplacement pour planter votre tente ou garer votre camion, il est souvent trop tard pour se poser la question de la légalité. Le plus simple est de demander aux propriétaires de terrains privés la permission de camper ou de se renseigner auprès des mairies pour connaître les lieux autorisés. Vous pourriez avoir de bonnes surprises, car certaines petites communes sont souples et possèdent une réglementation particulière à ce sujet.

Quelques conseils pratiques pour le camping sauvage

Quelques conseils pratiques pour le camping sauvage
© Alexander - stock.adobe.com

Commençons par la préparation du voyage. Pour le camping sauvage, votre véhicule sera à la fois votre moyen de transport et votre mode d’hébergement : il faut donc le chouchouter et effectuer un « bilan de santé » avant de prendre la route. Un contrôle technique chez le garagiste ou, a minima, un contrôle par vos soins vous évitera bien des pépins.

Pensez à vérifier si vous êtes à jour avec votre assureur, ainsi que le niveau d’huile, le liquide de refroidissement, le liquide de frein, le niveau du liquide du lave-glace, les phares, les clignotants, l’éclairage intérieur, l’état et la pression des pneus. Emportez aussi une boîte à outils composée de câbles de batterie et d’une mini-trousse de bricolage. Prendre un double des clés (bien caché) sera tout aussi judicieux.

En cas de problème, et c’est valable pour tous types de voyage, scannez tous vos papiers (passeport, certificat d’assurance, carte grise…), notez quelque part le numéro d’assistance de votre assurance et de votre carte bancaire.

Si vous voyagez à l’étranger, pensez au guide de conversation : il se révèle indispensable dans les pays où la population est fâchée avec l’anglais. Et parfois, c’est en discutant avec les gens que l’on trouve les meilleurs plans !

Enfin, n’oubliez pas d’emporter ces quelques affaires primordiales : une tente ou un sac de bivouac, un sac et un tapis de couchage, une lampe torche, du matériel de cuisine et de la nourriture, des sacs afin de stocker puis jeter ses déchets.

Si vous partez en bivouac en itinérance sur plusieurs jours, optez pour un matériel léger, aussi bien la tente que le matelas de sol, et imperméable, ainsi qu'un sac de couchage léger et chaud.

Légéreté également pour le sac à dos et veillez à vérifier le confort de portage et le volume (au moins 40 litres en rando légère et jusqu'à 70 l pour plusieurs jours). Pensez également à emporter de quoi réchauffer votre nourriture (réchaud), des ustensiles, une bouteille ou gourde filtrante et des vêtements et équipements adéquats pour la marche et les conditions climatiques. Etudiez bien les possibilités de ravitaillement en nourriture et en eau sur place.

On vous recommande aussi la lecture du dossier très complet du site Novo Monde.

© sanderstock - stock.adobe.com

Pour s’orienter, mieux vaut redoubler de précaution en cumulant GPS et cartes. La quête de la crique idéale ou du point de vue époustouflant au réveil peut prendre une journée. Une fois repéré sur la carte, on lance le GPS et c’est parti. Vous pouvez utiliser l’application HereWeGo (une sorte de Google Map) pour le GPS, car elle possède une option de guidage hors connexion. À l’étranger, cela évite de gaspiller la 3G. L’autre outil indispensable, Park4night, sert à trouver des lieux où passer la nuit.

Que vous fassiez du camping sauvage ou des bivouacs, soyez respectueux de l’espace dans lequel vous vous trouvez. Laissez le site propre et soyez le plus discret possible par respect pour la faune et la flore locales. Faites attention aux animaux sauvages, évitez de faire du bruit. Toujours dans le souci d’être le moins intrusif possible, arrivez tard et partez tôt. Emportez vos déchets, ne laissez rien traîner dehors avant de vous coucher, effacez vos traces avant de repartir. Et bien sûr, les feux sont strictement interdits. 

Le choix de lemplacement est aussi crucial. Voici quelques recommandations supplémentaires : optez pour un terrain plat, pas trop découvert (éviter les grandes plages) avec le moins de voitures possible aux alentours, et un arbre pour accrocher aux branches la douche que vous aurez bricolée.

Consulter aussi le site lecampingsauvage.fr

Les pays où le camping sauvage est autorisé et suggestions de spots

Les pays où le camping sauvage est autorisé et suggestions de spots
Bretagne © Heliosphile - stock.adobe.com

Dans la plupart des pays européens, le camping sauvage est interdit ou fortement limité. 

Au Danemark, il est globalement interdit, mais il existe des zones spécialement aménagées, à l’instar de certaines forêts. La Couronne vous permet de passer la nuit sur ses terres sauvages, il suffit de bien s’informer en amont sur ce site, qui liste aussi les différents types de camping autorisés.

En Autriche et en Allemagne, il est en général interdit, toutefois il n’y a pas de règle commune. Une nuit en bivouac est tolérée. Le camping sauvage est aussi plus ou moins légal en Lettonie et en Lituanie, avec quelques restrictions.

Monténégro © Matthew - stock.adobe.com

Même chose en Italie et au Monténégro : c’est interdit dans les zones touristiques et sur la côte, mais toléré ailleurs, tout comme le bivouac (sur l’ensemble du territoire). Dans les deux cas, certains coins sont très peu fréquentés et offrent pourtant de magnifiques paysages de vallons, de montagnes et de forêts. En Italie, on ira par exemple sur les îles Éoliennes, un archipel volcanique très calme à la mi-saison. À Stromboli, vous pouvez vous baigner dans les pierres volcaniques et observer les jets de lave surgir de terre à la nuit tombée.

Le camping sauvage est autorisé en Albanie, où la population est particulièrement hospitalière. Par ailleurs, on pense peu à l’Albanie, mais le pays détient un remarquable site archéologique, un riche patrimoine dans son ensemble et une Riviera qui n’a rien à envier à la côte italienne. La plupart des pays d’Europe de l’Est n’ont pas vraiment de réglementation sur le sujet. Parmi eux, la Géorgie, qui regorge de paysages vraiment variés, de toute beauté, est encore peu touristique. Vous êtes libres de camper presque n’importe où, à l’exception des parcs nationaux. Le camping sauvage y est répandu et ne fait l’objet de quasiment aucune restriction.

Bivouac en Norvège © EVERST - stock.adobe.com

En Écosse, le « informal camping » (camping informel) est légal à condition de le pratiquer en petit groupe, avec un équipement léger, sans passer plus de deux ou trois nuits au même endroit. Il suffit simplement de respecter quelques règles : éviter les lieux historiques, la proximité des habitations ou des routes, les champs où se nourrissent les animaux et certains parcs nationaux. Mais l’Écosse offre suffisamment de paysages et de points de vue exceptionnels pour faire de ce pays une destination privilégiée.

Un peu plus au Nord, on atteint le royaume du camping sauvage. La Suède, la Norvège et la Finlande autorisent, et même encouragent la pratique. Dans ces pays nordiques, l’accès à la nature est un droit garanti par la loi (c’est le « right to roam », le droit à vagabonder). Comme en Écosse, vous pouvez monter une tente ou garer votre camion n’importe où, en dehors des terrains cultivés et à une distance raisonnable des habitations (150 m en Norvège, 70 m en Suède par exemple), pour deux jours maximum au même endroit. L’été, les Norvégiens ont l’habitude de sillonner les lieux les plus spectaculaires de leur pays au volant de leur van, et de dormir littéralement sur site.

Utah © Krzysztof Wiktor - stock.adobe.com

En dehors de l’Europe, on retrouve cet état d’esprit en Nouvelle-Zélande. Le « free camping » (libre camping) est légal sur les terres publiques de la Nouvelle-Zélande. Plus de 500 endroits où passer la nuit gratuitement, en pleine nature, sont répertoriés sur ce site. Ils n’offrent pas ou peu de services et ils sont accessibles aux campeurs en tous genres comme aux amateurs de bivouac. Chacun de ces sites a ses propres règles. L’application Campermate, très pratique, permet d’y voir plus clair.

Enfin, aux États-Unis, il est possible de camper en toute légalité dans un cadre grandiose, sur des terrains gérés par le U.S. Forest Service ou le Bureau of Land Management. Le « dispersed camping » (camping dispersé) est gratuit, à l’écart des zones de camping aménagées. Vu l’immensité du pays, vous aurez l’embarras du choix ! Vous trouverez conseils et règlements en ligne, selon l’endroit que vous souhaitez découvrir. 

 Enfin, la loi variant selon les pays, il est impératif de se renseigner sur les règles applicables auprès des autorités compétentes avant tout projet de voyage.

Texte : Sarah Négrèche

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