Les champs Phlégréens (Campi Flegrei) : l’autre volcan de Naples

Les champs Phlégréens (Campi Flegrei) : l’autre volcan de Naples
Parco archeologico delle Terme di Baia © Florent Oumehdi

Le Vésuve n’est pas le seul site volcanique de Naples. À l’ouest de la cité parthénopéenne, près de 500 000 habitants vivent sur des charbons ardents. Littéralement.

En effet, sous leurs pieds gronde un supervolcan : les Campi Flegrei (« les champs brûlants »), une constellation de plus de 70 volcans sur 100 km2, surveillés par l’Institut italien de géophysique et de volcanologie (INGV) et l’Observatoire de volcanologie de Naples.

Entre 1969 et 1985, le sol a gagné par endroits… 3,20 m de hauteur à la suite de bradyséismes – des gonflements ou des affaissements de la croûte terrestre dus à l’activité magmatique souterraine.

Aujourd’hui, Pouzzoles, Bacoli, Cumes, Baia, comme une partie de Naples, bâties sur la caldeira de 13 km de ce supervolcan, ont appris à vivre avec cet hôte inquiétant qui a marqué leur histoire. Et ce n’est pas fini…

Préparez votre voyage avec nos partenaires

La Solfatara, cratère géant

La Solfatara, cratère géant
Solfatara - fumerolles © Giuma - stock.adobe.com

C’est le volcan « visible » le plus impressionnant des Campi Flegrei. La Solfatara, bordant la ville de Pouzzoles (20 km à l’ouest de Naples), est un cratère géant de près de 800 m de diamètre d’où s’échappent fumerolles à 160 °C, boues sulfureuses (la fangaia) et fumet nidoreux.

Jusqu’en 2017 et un accident mortel, le volcan était l’une des attractions les plus courues de la région. Un camping, dont on aperçoit encore la piscine désertée, y avait même pris ses quartiers. Stendhal et Goethe l’auraient visité et Ingrid Bergman l’arpente en le photographiant dans Voyage en Italie (1953) de Roberto Rossellini.

Solfatara depuis Via Coste D’Agnano © Florent Oumehdi

Aujourd’hui, il est impossible d’y accéder. Le monstre s’observe encore, mais de loin, de la Via Coste D’Agnano. Un paysage d’un autre monde, embrumé par les panaches de la Bocca Grande, la plus imposante bouche éruptive du site.

De Naples : accès en métro (ligne 2) ou en bus EAV Napoli-Monte di Procida (départ Piazza Municipio).

Le + de routard.com :

La Solfatara a plus d’une légende dans son cratère. On a dit que sa Bocca Grande était le repère de Vulcain, le dieu du feu, mais aussi que le sulfure d’hydrogène qui en émanait favorisait l’érection. On ne vous demandera pas de vérifier. À une époque, on pouvait même acheter des canettes de boue, réputée miraculeuse… pour la peau cette fois.

Pouzzoles (Pozzuoli), ancien port antique

Pouzzoles (Pozzuoli), ancien port antique
Pozzuoli - petit port © Giambattista - stock.adobe.com

À 30 minutes en train de Naples, Pouzzoles (Pozzuoli), 80 000 habitants, s’accommode tant bien que mal des champs Phlégréens et de leurs conséquences sur son sol et son quotidien. Ses habitants sont désormais rodés aux caprices de cet enquiquinant voisin.

La vie s’organise autour de son charmant petit port que domine Rione Terra (« quartier de la terre »), résidence surélevée d’une ancienne colonie grecque qui fut vidée de ses occupants en 1970… à cause d’une fausse alerte éruption. Pendant des décennies, le site, parfois squatté, est resté à l’abandon. Avant que les autorités locales ne décident de rénover ses bâtiments aux tons pastel, rouge, jaune.

Aujourd’hui, les maisons des pêcheurs sont devenues des chambres d’hôtel ; il y a un restaurant, un parcours souterrain, des bars, une cathédrale… mais Rione Terra, lardée de grues, reste toujours fermée et personne n’est autorisé à y vivre. Qu’importe. Le site et ses fouilles se visitent quand même, escorté d’un guide (5 €).

Temple de Sérapis © Maurizio De Mattei - stock.adobe.com

À Pouzzoles, la terre a beau trembler, l’amphithéâtre Flavien (5 €), l’un des deux bâtiments du genre que comptait la ville, est resté debout depuis sa construction à la fin du Ier siècle. Le contraire aurait été décevant pour un solide gaillard comme lui (149 x 116 m).

C’était le troisième plus grand amphithéâtre après le Colisée et celui de Capoue, pouvant accueillir 40 000 spectateurs. On vous laisse apprécier le balteus, le muret de pierre, admirablement conservé, qui séparait l’arène (75 x 42 m) de la cavea (les gradins) et évitait que les spectateurs se prennent un coup de patte des félins.

De Naples : accès en train (ligne Cumana depuis la station Montesanto), en métro par la ligne 2 et en bus avec la ligne 101 (départ Piazza Municipio).

Le + de routard.com :

Le Temple de Sérapis (58 x 75 m), l’ancien macellum (marché) romain, est intéressant à bien des égards. Pour sa fontaine centrale, sa cour carrée et ses portiques bien sûr. Mais ce n’est pas tout. Il exhibe sur ses colonnes de marbre, et jusqu’à 6,50 m de hauteur, les galeries creusées par les lithodomes, des mollusques marins qui attestent que le temple a été immergé pendant des siècles (avec un pic, disons inversé, au Xe siècle) avant de regagner la surface sous l’effet du bradyséisme. Le temple se visite (5 €, réduit 3 € ; jeudi 10h-13h, week-end 10h-17h) mais peut également s’apprécier de loin.

Baia, le Saint-Trop’ de l’Antiquité

Baia, le Saint-Trop’ de l’Antiquité
Parco archeologico sommerso di Baia © baiasommersa.it

Coincée entre Pouzzoles et le cap Misène, la ville de Baia s’étire au nord du golfe de Naples. Elle a désormais perdu de sa superbe et succombé aux sirènes du tourisme. Mais Baia – aussi appelée Baïes – avait la cote auprès des notables romains. Caius Marius, Pompée, César, Auguste, Néron et Caligula y passaient l’été.

Ils étaient séduits par la beauté de la station balnéaire, son climat et ses sources thermales. Bref, c’était un peu le Saint-Trop’ d’alors. Ils y construisirent de somptueuses villas qui prirent rapidement l’eau. La faute à qui ? On vous le donne en mille… Au bradyséisme !

Aujourd’hui, les vestiges de ces temps heureux se découvrent au parco archeologico sommerso di Baia, sous l’eau (35 € la plongée), même si certaines statues, relogées plus haut (voir plus bas), ne sont que des copies. Avec le nympheum et le palais impérial de Claudius, la villa Pisoni, les thermes de Lacus, les piliers du port Giulio, certains n’hésitent pas à parler de Pompéi sous-marin. On ne les contredira pas.

Baia - château aragonais © Giovanni Ph. - stock.adobe.com

Mieux, on complétera la visite par le château aragonais (5 €, réduit 2 €), construit entre 1490 et 1493, sur les fondations d’une ancienne villa romaine qui pourrait bien être celle de Jules César himself. Le bâtiment toise la ville (clic-clac, photo) et conserve bon nombre d’originaux sauvés des eaux.

Normal, car c’est ici qu’est installé le musée archéologique des champs Phlégréens. Des salles et des salles d’artefacts, de sarcophages, de métopes, de statues, d’outils récupérés à Cumes, Pouzzoles et Baia (dont quelques statues bien grignotées par les lithodomes). Un trésor bien émergé cette fois.

Casina Vanvitelliana © Vincenzo De Bernardo - stock.adobe.com

À voir aussi, le parco archeologico delle Terme di Baia (5 €, réduit 2 €) avec ses trois coupoles chapeautant autant de bâtiments qui ont pu faire croire, par leur isolement et dimensions, à des temples dédiés à Mercure, Vénus et Diane. Il s’agissait tout bonnement de thermes qui tiraient habilement profit des champs Phlégréens et des vapeurs qui en remontaient.

De Naples : accès en train avec la ligne Cumana, au départ de la station Montesanto.

Le + de routard.com :

Officiellement domiciliée à Bacoli, la Casina Vanvitelliana est plus proche du centre de Baia et on la rejoint sans mal du port après 15 minutes de marche. Cet ancien pavillon de chasse et de pêche est né d’une envie de Charles de Bourbon qui en confia la réalisation à Luigi Vanvitelli (d’où le nom), déjà bien occupé par le chantier du palais royal de Caserte. Les travaux, une nouvelle fois bouclés par Carlo, le fiston, accouchèrent de cette merveille baroque aux tons très doux sur le lac Fusaro. Le pavillon (6 €) se visite les vendredi, samedi et dimanche.

Bacoli et Cumes, avec vue sur la baie de Naples

Bacoli et Cumes, avec vue sur la baie de Naples
Piscina mirabilis © Florent Oumehdi

À 10 km au sud de Pouzzolles, il faut descendre au sud à Bacoli et à la piscina mirabilis (visites guidées de 45 minutes sur résa ; 8 €), une ancienne citerne d’eau potable, la plus grande jamais construite par les Romains. Pas étonnant qu’on l’appelle la « cathédrale de l’eau » avec ses mensurations géantes creusées dans le tuf : 15 m de hauteur, 72 m de longueur, 25 m de largeur et une capacité de 12 600 m3 d’eau qui permettait d’approvisionner les navires militaires stationnant au port de Misène au Ier siècle.

Le réservoir était alimenté par un aqueduc maçonné sous le règne d’Auguste (Aqua Augusta) qui raccordait Naples et les champs Phlégréens au fleuve Serino, à 100 km de là.

Dedans, on se sent tout mini et il y a effectivement quelque chose de religieux dans ces dimensions et ces arcades et piliers (48) que mordorent d’étroites lucarnes et les anciens puits qui servaient à prélever l’eau.

Les curieux pousseront le plaisir jusqu’au cap Misène et sa double baie. Jolies vues et phare tout mignon.

Cumes - percée du parc archéologique © Giamby/Wirestock Creators - stock.adobe.com

À Cumes (Cuma), à 5 km au nord de Pouzzoles, on vient dans le parc archéologique (5 €, réduit 2 €) de 50 hectares pour traquer les traces de la Sibylle, cette prophétesse qui serait morte à 1 000 ans, toute décharnée à cause d’un souhait mal formulé à Apollon.

Son antre supposé, une percée de 131 m en trapèze dans la roche, soutenue à grand renfort d’étais, ouvre la visite qui se prolonge aux temples d’Apollon et de Jupiter (les avis scientifiques divergent).

Cumes fut l’une des premières colonies grecques de la Méditerranée occidentale fondée au VIIIe siècle av. J.-C. Son acropole, dont les fortifications sont en partie intactes, est traversée par la prodigieuse voie sacrée qui embranche les deux terrasses.

Pas besoin de Sibylle pour témoigner que les vues sur Ischia et Procida valent à elles seules le déplacement.

Pour Bacoli, ligne de bus n° 102 au départ de Baia et ligne n° 101 de Naples et Pouzzoles.

Pour Cumes, la ligne Cumana, au départ de Montesanto, puis descendre à Fusaro et prendre un taxi.

Le + de routard.com :

On peut faire un tour au lac d’Averne, lové dans un cratère, avec les ruines très théâtrales du tempio di Apollo. C’est près de cette étendue d’eau que le poète Virgile localisait la Porte des Enfers. Énée, avant de s’y précipiter, consulta la Sibylle de Cumes qui a droit à quelques passages dans les Métamorphoses d’Ovide.

Fiche pratique

Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos utiles dans le Routard Naples et le Routard Italie du Sud en librairie 

Consulter notre guide en ligne Naples

Vols quotidiens directs vers Naples avec Air France, Transavia, EasyJet de Paris CDG et Orly ; avec EasyJet de Nice et avec Ryanair de Marseille, en correspondance depuis d’autres aéroports français. Trouvez votre billet d’avion.

Réservez votre hôtel à Naples

Bon à savoir

Il existe un billet combiné à 10 € permettant de visiter le Museo archeologico dei Campi Flegrei nel Castello di Baia, le Parco archeologico di Cuma, le Parco archeologico delle Terme di Baia et l’Anfiteatro Flavio di Pozzuoli.

Où manger ?

– Tribus : via Miliscola, 155, 80078 Pozzuoli. C’est l’histoire de trois potes, Joseph, Enzo et Simon, qui décident d’ouvrir un restaurant à Pouzzoles. Jusque-là, rien d’original. Attendez de goûter les plats, orientés mer pour la plupart, de ces trois chefs. Le carpaccio de poissons (20 €) relevé à point titille les papilles que finissent d’achever les linguine à la bisque et aux crevettes (18 €) et une joue de veau (18 €) tendre comme les prix. Menu dégustation à 65 € (6 tapas, deux primi, un plat, un dessert ; boissons non incluses).

– Riccio : via Molo di Baia, 47, 80070 Bacoli. En plein cœur du port de Baia, ce resto rend hommage à la mer et à ses produits. Dans les assiettes, ô surprise, du poisson. Mais du frais du jour et du bon. Ouf. Des linguine al dente à l’espadon (20 €) pour se mettre en appétit avant d’entamer une pleine assiette de friture de la mer parfaitement croquante. Ça a beau rester léger, plus besoin de ceinture de plongée pour découvrir les merveilles immergées de Baia.

Texte : Florent Oumehdi

Mise en ligne :

Les idées week-ends, les derniers reportages

Voyage Italie

Bons plans voyage
Italie

Cinque Terre et Portofino

Voyage sur-mesure de 6 jours à la découverte des Cinque Terre et Portofino en mode outdoor. Explorez ce littoral de la côté italienne à pied, à la rencontre des locaux, de l’agriculture de la région et des vignobles.

ECHANGE DE MAISONS
HomeExchange en Italie - Echange de maisons et d’appartements : inscription gratuite
BILLETS COUPE-FILE
Visite guidée du Colisée, du Forum et du Palatin
 Dès 29 € 
ACTIVITÉS
Immersion au cœur des fontaines Romaines

Services voyage