Toscane : Chiantigiana, la route du Chianti

Greve in Chianti, la porte d’entrée du Chianti

Première étape à 30 km au sud de Florence. Plus grande ville de cet itinéraire, Greve in Chianti est la porte d’entrée de la fameuse région viticole toscane. 

Le centre a conservé son charme médiéval. La piazza Matteotti, le symbole de cette période, a un drôle d’air. Ni rectangulaire, ni carrée, ni ronde, ni ovale mais triangulaire. Allons bon... Elle est encerclée (ou en-triangulée) par les anciennes maisons colorées et des arcades sur lesquelles reposent d’accueillantes terrasses. Sur la place, la statue de Giovanni da Verrazzano, le navigateur-découvreur de la baie de New York en 1523, s’élève fièrement. Il est né pas très loin, au château de Verrazano.

L'architecture de la place reflète le passé commercial de la ville (un marché a toujours lieu le samedi matin), à la croisée des anciennes routes de pèlerinage (Via Francigena et Via Volterrana). À un angle, la chiesa Santa Croce, bâtie sur les ruines de l’église médiévale et faisant parade d’un vénérable plafond à caissons, veille sur elle.

Plus haut, le Museo d’Arte sacra di San Francesco, dans l’ancien couvent franciscain, aligne quelques belles sculptures et peintures allant du XIII^e au XIX^e siècle. En continuant le chemin jusqu’à une oliveraie, vous profiterez d’une vue plaisante sur les alentours.

Panzano in Chianti, un balcon sur le Chianti

Panzano in Chianti, à mi-chemin entre Florence et Sienne, est un village tout en longueur, qui empile les vues magistrales sur le Chianti jusqu’à la chiesa Santa Maria Assunta, une église Renaissance, pas mal remaniée au fil des siècles.

On en veut pour preuve sa porte du XX^e qui ne laisse personne de marbre. En bois de cyprès (logique), elle affiche huit panneaux de bronze d’Umberto Bartoli (1965), croquant les superstars de la Bible (la Sainte Famille, les quatre évangélistes, saint François, etc.). Le sculpteur ne s’est pas arrêté en si bon chemin et a apposé, au-dessus, une Madone et sa cohorte d'anges en plâtre blanc.

A l’intérieur, la chapelle de l’Annonciation et de beaux crucifix tirent leur épingle du jeu. A noter que le clocher de cette église est installé dans l’une des anciennes tours d’angle du château de Panzano, construit au XI^e siècle par la puissante famille Firidolfi.

Centre névralgique de la Ligue du Val di Greve au Moyen Âge, la ville était l’une des plus fortifiées de la région et de nombreuses tours de guets parent désormais des fermes.

Castellina in Chianti, au cœur du Chianti Classico

A 12 km au sud de Panzano, Castellina in Chianti est un autre village perché dont les fortifications éventent la fonction défensive. Il y a bien sûr la Rocca, l’ancien château qui revit aujourd’hui en hôtel de ville et en musée archéologique du Chianti. La visite de la tour et de son toit panoramique est vivement conseillée.

Devant un tel spectacle ouvert sur les vallées de l’Elsa, de l’Arbia et de la Pesa, on comprend mieux pourquoi Léo Ferré avait élu domicile dans le village. Mais l’originalité de Castellina, dans le Chianti siennois, réside dans un passage couvert. La via delle Volte (la « rue des voûtes »), qui longe le mur d’enceinte oriental, ressemble à s’y méprendre à un vortex temporel vous téléportant en plein passé médiéval de la ville. Une artère encaissée, progressivement couverte par les maisons privées, bordée de restaurants, de commerces et oubliée par les siècles.

On dit qu’après avoir été mise à mal par les troupes de Jean Galéas Visconti à la fin du XIV^e, la cité, subissant alors les assauts constants des Siennois, décida de cuirasser ses défenses et érigea ces remparts hexagonaux. Et comme elle ne voulait pas faire les choses à moitié, elle consulta le grandissimo Filippo Brunelleschi (l’architecte de la coupole du Duomo de Florence).

Elle eut raison car ces fortifications la sortirent plusieurs fois du pétrin. La chiesa di San Salvatore, de style néoromantique, eut moins de chance et dut être reconstruite à maintes reprises malgré les reliques de San Fausto qui gisent là.

Radda in Chianti, le charme de la Toscane

Encore une qui a bien fait de se blinder au XV^e siècle. Perchée à 530 mètres sur sa colline de Poggio alla Croce, à mi-chemin entre Castellina et Gaiole, Radda in Chianti, passée sous la coupe de Florence en 1203, était toute désignée pour être la capitale de la Ligue du Chianti, qui contrôlait le territoire viticole.

De ce passé de pierre subsiste la tour crénelée du château détruit en 1478, une ceinture fortifiée mais également le Palazzo del Podesta, l’actuel hôtel de ville, dont la façade est constellée d’armoiries. Sur la même piazza Ferrucci parade l’harmonieuse et romane chiesa di San Niccolò.

Le vin a fait la richesse, au XVII^e siècle, de Radda in Chianti, un bourg qui regorge de charme. Il n’est guère surprenant que le village continue à lui rendre hommage lors de l’événement, Radda nel bicchiere (dégustations, en mai) mais aussi à la Maison du Chianti Classico dans l’ancien couvent de Santa Maria al Prato qui revient sur l’histoire du Chianti Classico et sur la légende du Gallo Nero (le coq noir, son emblème). 

Gaiole in Chianti, un village tout simple

Pas de chichi à Gaiole in Chianti, la dernière étape avant Sienne (à 30km). Une rue bariolée (via Bettino Ricasoli) et basta. La ville est en effet moins « bardée » que ses voisines même si ses environs sont piquetés de nobles châteaux (di Cacchiano, di Monteluco, di Brolio, di Vertine, di Meleto, di Ama, etc.).

Pendant longtemps, la cité leur a d’ailleurs servi de garde-manger. Aujourd’hui, beaucoup ont pris le virage de l’agrotourisme. Et tiens, en parlant de virage, Gaiole est surtout connue pour L’Eroica, une course cycliste sur vélos anciens (antérieurs à 1987 pour les puristes) qui a lieu en octobre et pour sa savoureuse cinta senese, une race porcine qui fut un temps en voie d’extinction.

Où goûter le vin Chianti Classico ?

Ce n’est pas vraiment sur la Chiantigiana mais, en sortant de Florence (à 30 minutes), le domaine Marchesi Antinori Chianti Classico (45€ la visite) ne passe pas inaperçu avec sa structure en acier et en bois, tout en courbes, qui s’intègre parfaitement au paysage.

A Greve in Chianti, le Castello di Verrazzano, dont l’histoire est liée à celle du Chianti, propose plusieurs visites alliant découverte des jardins Renaissance et des caves, dégustation de vins et de spécialités gastronomiques et déjeuner ou dîner entre 32€ et 75€. Toujours dans le coin, le Castello di Querceto vaut autant pour son beau château que pour ses nectars (20€ la visite).

A Castellina in Chianti, Poggio Amorelli respecte à la lettre cette formule magique et on retrouve des visites guidées, des dégustations et un service déjeuner en plein cœur du domaine.

Au castello di Fonterutoli, la cantina éponyme, élevée par Agnese Mazzei, allie architecture et viti-viniculture (entre 40 et 180€).

A Gaiole in Chianti, deux adresses plongent dans la tradition du Chianti Classico et du cépage star sangiovese, Tenuta Perano Frescobaldi (réservation en ligne) et l’Azienda Ricasoli au château de Brolio (tours entre 35€ et 160€).