Voyages. C’était mieux avant ?

Voyages. C'était mieux avant ? de Josette Sicsic et Pierre Josse. L'Harmattan, 255 pages, 24€

Malgré son titre, ce livre n’a rien d’un essai sociologique ou historique, et encore moins d’un pamphlet sur les ravages du surtourisme.

Voyages. C’était mieux avant ? tient plutôt du recueil de souvenirs de deux baroudeurs de grand chemin, qui sillonnent la planète depuis plus d’un demi-siècle, et pas n’importe lesquels : Josette Sicsic, la fondatrice de Touriscopie, et Pierre Josse, qui fut pendant quatre décennies le rédacteur en chef du Routard. À eux deux, ils cumulent plus d’une centaine de pays visités, pas mal d’heures de vol et de rencontres dans le monde entier, ainsi que bon nombre de récits et d’essais sur leurs expéditions.

Italie, Grèce, Californie, Brésil, Cuba, Maroc, Sri Lanka, mais aussi Pakistan, Mali, Afghanistan, Niger… Au fil des chapitres, les deux auteurs-voyageurs dressent un état des lieux du tourisme et de son évolution au fil des décennies dans plus d’une vingtaine de pays, sans langue de bois et avec une approche éminemment subjective et personnelle. Et c’est ce qui donne sans doute tout son sel à cet ouvrage, qui se dévore comme un ensemble de carnets de voyage, émaillés d’anecdotes et de souvenirs à la première personne, à la fois engagés et passionnés.

Le tourisme, reflet d’un monde qui change

Alors, était-ce vraiment mieux avant ? À première vue, on serait tenté de répondre par l’affirmative. Peut-être est-ce un effet de la nostalgie de l’âge d’or du voyage qu’ont connu les auteurs dans les années 1960-1970, mais aussi la conséquence d’un monde qui change et dont le tourisme est le reflet.

En cinquante ans, l’uniformisation des cultures via le consumérisme globalisé, l’explosion des inégalités, le réchauffement climatique, la montée des extrémismes et des conflits sont passés par là, modifiant la donne pour les habitants d’une planète « qui se rétrécit dramatiquement ». Le voyage, comme le monde, a changé, parfois en mal, mais aussi parfois en bien selon les destinations.

Au-delà de ce constat un peu sombre (mais comment ne le serait-il pas, vu l’état de notre planète ?), Voyages. C’était mieux avant ? offre un vrai plaisir de lecture, entre euphorie et vague à l’âme, souvenirs vivaces – souvent amusants – et constats désabusés.

Le goût de la découverte de nos deux compères aux semelles de vent est communicatif : au cours des superbes (et lyriques !) pages sur la Chine ou le Mali de Pierre ou des passionnantes aventures de Josette au Pakistan, en Afghanistan et sur la « route des Zindes », on comprend finalement que les rencontres constituent l’essence même des voyages, aujourd’hui comme hier, et sans doute demain. De quoi remiser la mélancolie au placard, rester optimiste, ouvert au monde malgré tout, et surtout boucler son sac à dos pour un prochain périple !