Optimistic Traveler : ils ont fait le tour du monde sans argent en moins de 80 jours !
Faire le tour du monde en 80 jours sans un sou en poche, afin de prouver qu’« il y a des gens bien dans le monde entier » ? C'était le pari de deux "Optimistic Travelers" (voyageurs optimistes), Milan et Muammer. Mission accomplie ! Rencontre avec des Phileas Fogg de l'ère 2.0
Un formidable pari
Au cours d’une soirée entre amis, qui n’a pas échafaudé des projets excitants ? La plupart du temps, ceux-ci sont rangés dans le tiroir des rêves irréalisables. Mais il arrive qu’ils se concrétisent. Pour cela, il faut être doté d’un solide tempérament et se refuser à sacrifier ses ambitions les plus folles sur l’autel du réalisme.
C’est le cas de Muammer Ylmaz et Milan Bihlmann, lesquels ont, à l’issue du séjour couchsurfing du premier chez le second à Berlin en 2010, élaboré un plan qu’ils ont réalisé quatre ans plus tard : faire le tour du monde en 80 jours sans un sou en poche, afin de prouver qu’« il y a des gens bien dans le monde entier. »
Une aventure inoubliable qu'ils ont retracé dans leur blog, leur compte Twitter et leur page Facebook, avec textes, photos et vidéos.
Dès leur retour à Paris, Muammer et Milan - lesquels forment l’association Optimistic Traveler - ont gracieusement répondu aux questions de routard.com.
Ils ont fait mieux que Phileas Fogg
Ils ont mis 78 jours pour parcourir 20 000 kilomètres, soit deux jours de moins que le héros du roman de Jules Verne.
Partis de Paris en septembre 2014, ils ont traversé l’Europe centrale, la Turquie, l’Iran, le Pakistan, l’Inde, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, Hong Kong, Tokyo puis les Etats-Unis, le Maroc et l’Espagne avant de retrouver Paris en novembre.
Les préparatifs
Milan, formé au commerce international, et Muammer, qui a réalisé plusieurs reportages photo et des films à l’occasion de voyages, ne sont pas partis bille en tête. Ils ont préparé leur aventure en établissant un plan de route, lequel a cependant été modifié en fonction des possibilités qui se présentaient à eux.
Tout en convaincant des sponsors de les aider, ils se sont ensuite donné les moyens de pouvoir raconter leur histoire sous forme de film et de livre à leur retour.
Quant à leur sac à dos, très compact, ils l’ont rapidement rempli de pas grand chose. Le matériel audiovisuel et informatique est sans doute ce qui a pris le plus de place !
Système D 2.0
Pour le reste, le défi a été de miser sur la générosité des gens rencontrés afin de se nourrir, d’être hébergé et de se déplacer sans dépenser d’argent soi-même. Et de respecter le calendrier préétabli.
Nos deux joyeux acolytes y sont parvenus, parfois grâce à l’aide apportée par les internautes qui suivaient leur aventure - par exemple, l’un d’eux leur a envoyé un billet d’avion.
De retour en France, nos baroudeurs au grand coeur ont lancé un nouveau pari: récolter 10 000 € pour Haïti via leur site.
Quelques questions posées à l’ombre de la Tour Eiffel
C’est à l’issue de la « cérémonie » officialisant leur arrivée à Paris, qui s’est déroulée au pied de la Tour Eiffel, que les volubiles Muammer et Milan nous ont accordé une interview. L’un commençant une phrase, l’autre la terminant, nous avons réuni leurs propos afin d’en faciliter la lecture.
Vous connaissiez-vous bien avant ce voyage ?
Assez peu en fait, nous avons du passer à peine une dizaine de jours ensemble avant le départ. En revanche, nous avons beaucoup communiqué par vidéo sur Internet.
Quel sentiment général tirez-vous de votre aventure ?
Nous avons eu la confirmation que le sens de l’hospitalité et la générosité existent partout dans le monde, ou quasiment. Nous avons vécu cette histoire à mille à l’heure, avec quand même des pauses, ce qui nous a permis de prendre le temps de savourer les rencontres que nous avons faites.
Des souvenirs forts ?
L’Iran, globalement. Cela a été une grande surprise de découvrir tant de gens avides de rencontres. Il y a eu aussi cette famille qui nous a invité pour une nuit dans un 5 étoiles à Singapour ou ce français de San Francisco qui nous a donné les clés de sa Jaguar pour que nous allions nous promener, ou encore ce gourou en Inde et puis d’innombrables gens simples, des clochards également…
Il y a tellement de choses à raconter… En fait, nous changions plusieurs fois de vie par jour. Et cela continue depuis notre retour à Paris. Comme nous sommes arrivés plus tôt que prévu, il nous fallait relever encore un défi.
Cela a été d’aller passer une nuit chez Antoine de Maximy (réalisateur de la série documentaire « J'irai dormir chez vous » ; NDLR) ! Ce que nous avons accompli. Il nous a notamment dit être épaté par le fait que nous n’avons finalement jamais dormi dehors.
Des galères ?
Disons plutôt des moments de doute et un peu de peur. Par exemple à l’entrée de l’Iran à cause de problèmes de visa, ou au Pakistan où des policiers ne voulaient pas nous lâcher.
Se baigner dans le Gange hyper pollué afin de se purifier, c’était un sacré défi ! Passer devant un homme cagoulé et armé d’une machette dans une ruelle de Tanger aussi… Mais nous avons toujours eu le sentiment que tout allait bien se passer.
Le fait d’être deux à le penser nous a constamment donné l’énergie nécessaire pour avancer. Si nous avons eu des désaccords, nous ne nous sommes jamais engueulés.
La suite ?
Refaire un tour du monde financé par les retombées de celui-ci. Il s’agira cette fois d’aider à la concrétisation de projets de personnes que nous rencontrerons. Nous l’avons déjà fait, par exemple en aménageant un espace de travail pour un artiste à Chicago il y a deux semaines environ.
Si c’est du lourd, nous lancerons une campagne afin d’activer une chaîne de solidarité. D’ores et déjà, nous soutenons Haiti Care, une association dont l’objectif est notamment de créer des écoles. Nous voulons récolter 10 000 € pour eux avant le 24 décembre 2014.
Ensuite, nous irons sur place pour rendre compte de ce qui aura été réalisé avec cet argent.
Pour en savoir plus
La page Facebook
Texte : Michel Doussot
Mise en ligne :