Cracovie moderne et alternative
Gorgée de monuments historiques et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, Cracovie ne résonne pas seulement de son passé. L’ancienne capitale des rois de Pologne est aujourd’hui un modèle de cité européenne cosmopolite, culturelle et créative. De quoi la rendre attractive toute l’année et pas seulement aux beaux jours, quand elle déborde de touristes. Une autre Cracovie est possible, on vous le prouve !
Préparez votre voyage avec nos partenairesCracovie, une ville jeune et cosmopolite
Cité historique au patrimoine flamboyant (château, cathédrale, place centrale – Rynek – étourdissante de beauté…), Cracovie retrouve ses racines, réinvestit depuis 20 ans des quartiers délaissés et déborde de vie étudiante et culturelle. Ce n’est pas seulement l’été qu’il faut la découvrir, mais aussi tout au long de l’année.
Avec près d’un million d’habitants, la désormais seconde ville de Pologne après Varsovie (elle a dépassé Łódź), compte 160 000 étudiants, soit un habitant sur six. Une proportion qui transpire dans les rues, bars et restaurants.
Étudiante, Cracovie l’est d’ailleurs de longue date. Implantée dans le centre ancien, l’université Jagellonne a été fondée au XIVe siècle par le roi de Pologne Casimir III.
Cracovie accueille aussi de nombreux jeunes salariés européens des télécommunications, de l’informatique, du commerce et des services, employés par des filiales d’entreprises originaires d’Europe de l’Ouest. Au total, 25 % de la population de Cracovie serait de nationalité étrangère (Français, Allemands, Italiens, Espagnols, Ukrainiens…).
Autour du Collegium Maius de l’université Jagellonne, où étudièrent Nicolas Copernic et Karol Wojtyla (futur Jean-Paul II), sont implantés plusieurs bâtiments d’enseignement. Un deuxième campus est situé dans le quartier de Piasek. Le troisième et plus important se trouve à Pychowice, au sud-ouest du centre-ville. Cracovie accueille aussi l’école des mines la plus réputée de Pologne et l’Académie des Beaux-Arts (près de la tour Barbacane).
Kazimierz, la mémoire juive retrouvée
Il y a 20 ans, personne ne serait allé traîner dans Kazimierz. « C’était un quartier complètement délabré, habité par des familles pauvres, avec très peu de lieux pour sortir », rappelle Carolina Pietyra. La directrice du Bureau des Festivals en convient : « Kazimierz a beaucoup changé. Des Juifs se sont réapproprié sa culture et ont rouvert des adresses ethniques. C’est devenu le quartier des hipsters, avec beaucoup d’hébergements touristiques ».
Au XIVe siècle, une communauté juive s’était implantée à Kazimierz. Elle y prospérera durant cinq siècles, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Au point qu’en 1939, un quart des 250 000 habitants de Cracovie était de culture juive. La persécution nazie va décimer cette population.
Depuis 20 ans, Kazimierz renaît à travers des lieux de culte et de mémoire, et d’une indéniable animation marchande. Place Szeroka, épicentre du quartier, l’ancienne synagogue Wolf Popper a été transformée en librairie et galerie d’art. À côté, le restaurant Austeria est aussi une librairie et un éditeur de livres consacrés en partie à la culture juive.
Sur la même place, la synagogue et le vieux cimetière juif Remu’h, l’un des plus anciens d’Europe, sont très fréquentés par les communautés juives orthodoxes, dont beaucoup viennent d’Israël.
Rues Mieselza, Józefa, Szeroka et alentour, les cafés et les restaurants de cuisine juive y côtoient d’autres adresses de fooding et des galeries, entre synagogues et centre de culture ashkénaze.
Kazimierz accueille aussi chaque dimanche un marché aux fripes vintage redevenu tendance (place Nowy) et même un restaurant étoilé.
Podgórze et Zabłocie, tendance locale et muséale
Devenu touristique et cher, Kazimierz voit ses habitants se replier vers des secteurs aux accents encore cracoviens. Posés rive droite de la Vistule, au sud de Kazimierz, deux quartiers contigus sont à la croisée des chemins.
Avec l’ouverture en 2010 d’une passerelle piétonne et cycliste au design épuré sur la Vistule, Podgórze est directement reliée à Kazimierz. Les dénicheurs d’âmes de quartiers emprunteront ce pont pour visiter bien sûr l’ancien ghetto juif (mémorial place Bohaterów Getta).
Ils profiteront des bars et restaurants des rues Nadwíslańska et Józefińska, du récent musée Cricoteka (voir plus loin) ou, le samedi, du marché bio-écolo Pietruszkowy, devant la piscine Korona.
Niché de l’autre côté de la voie ferrée, Zabłocie est un quartier en pleine émergence résidentielle, structuré autour de l’ancienne usine Oskar Schindler. Son bâtiment administratif est devenu musée en 2010.
Dans un autre genre, le MOCAK (2011), constitué d’un nouvel édifice et de bâtiments d’usine réhabilités, propulse le visiteur dans la création artistique polonaise.
Dans un autre quartier, à 15 minutes à pied du Rynek, Wesola est le prototype d’un projet illustrant l’innovation culturelle à Cracovie. Sur les 10 hectares d’un ancien domaine hospitalier bordant la rue Copernic (Mikołaja Kopernik), racheté par la ville en 2019, un lieu d’intégration sociale centré autour de la culture, du design et d’événements artistiques a ouvert en 2023. La rencontre de l’art, de la techno et du design, partagée entre habitants, visiteurs extérieurs et experts, est l’ADN du projet, à suivre sur kbf.krakow.pl/en/?s=wesola
Cracovie, ville d’art moderne
Ville de professeurs et d’intellectuels, Cracovie a baigné de tout temps dans la culture. À l’époque communiste, les cafés-caves et certains théâtres n’hésitaient pas à présenter des pièces contestataires, dont le programme s’échangeait sous le manteau. De nos jours, Cracovie compte toujours six théâtres, plusieurs musées et un nombre impressionnant de manifestations culturelles.
Côté musées, la Fabrique d’Oskar Schindler, à Zabłocie, est l’un des plus fréquentés. Aménagé dans l’ancienne usine rendue célèbre par le film de Steven Spielberg, La Liste de Schindler (1993), il rappelle le rôle tenu par Oskar Schindler, le directeur allemand de cette fabrique pour soustraire plus de 1 000 juifs à la déportation. Consacré à Cracovie sous l’Occupation, le musée est émouvant mais pâtit de l’exiguïté des salles et de son atmosphère sépulcrale, sur fond de profusion d’informations non traduites en français.
Toujours à Zabłocie, le MOCAK (2011) propulse le visiteur dans la création artistique polonaise. Constitué d’un nouvel édifice et de bâtiments d’usine réhabilités, le musée d’Art contemporain de Cracovie met en scène les œuvres d’artistes du pays et organise des expositions remarquées.
Plus récente, la Cricoteka (2014), bâtiment contemporain des bords de la Vistule enjambant joliment une vieille centrale électrique est dédiée à l’homme de théâtre local Tadeusz Kantor. Elle accueille spectacles et expositions. À voir aussi : le musée Manggha, quartier de Debniki, en bord de Vistule, dédié à l’art et aux techniques japonaises.
L’art vivant, les festivals et la culture urbaine sont au rendez-vous. En témoigne le nombre d’événements organisés chaque année : Festival Misteria Paschalia (Pâques) ; Fête des étudiants de Cracovie (mai) ; Festival de la culture juive (juin) ; Festival de la musique de film (mai-juin, le plus important du monde) ; Festival de la poésie (juin) ; Festival de musique classique (juillet) ; Festival d’été de jazz (juillet) ; Festival international de théâtre de rue (juillet) ; Unsound Festival (musique électronique ; octobre) ; All Soul Jazz Festival (novembre)… Jusqu’au Forum des villes européennes, dont Cracovie sera l’hôte en juin 2025, consécration de son ouverture au Vieux Continent.
Cracovie, ville de fooding
Le cosmopolitisme de la ville se retrouve en cuisine. Aux restaurants classiques servant dans des cadres chics les vieilles recettes polonaises (soupes, pierogi…) s’ajoute une ribambelle d’adresses ethniques (juives, arméniennes, lituaniennes, japonaises…) et branchées, de lieux vintage, de bars concepts... Chacun a son idée sur le meilleur endroit du moment !
Dans Kazimierz, direction les bars Hevre (cadre vintage chic dans une ancienne synagogue) ou Eszeweria (vieux meubles en bois et jardin intimiste à l’arrière). À Zabłocie, le bar à vins Lipova 6 est aussi à la mode.
À Kazimierz toujours, les fans de cuisine juive iront chez Austeria ou Ariel, ou chez Hamsa, un restaurant « esprit Tel-Aviv » où le gimmick est « make hummus, not war ». Karakter et ses vins en biodynamie, Charlotte et sa cuisine française, Bottigliera 1881 (et sa récente déclinaison « bistrot », Buffet) et la cuisine doublement étoilée de Przemysław Klima… Kazimierz, quartier gentrifié, est une mine d’or pour les amateurs de gastronomie fusion.
Podgorze n’est pas mal non plus. Certains affirment que Luktung est le meilleur « asiat’ » de la ville. Même le cœur historique est concerné : Pimiento est considéré comme le top restaurant de viande ; au marché couvert Stary Klepark, on boit un cappuccino sur des coussins chez le torréfacteur Aura Magdalena Nowak et on achète des vins polonais à Dzikie Wino. À Cracovie, les défricheurs de tendance seront comblés...
Fiche pratique
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Office de tourisme de Cracovie
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Visiter
Le cœur historique et les quartiers de Kazimierz, Podgorze, Zabłocie et Wesola se découvrent facilement à pied. Pour aller du centre ancien à Podgorze et Zabłocie, on empruntera le tramway, très pratique (Pass transport 48 h ou 72 h pour tram et bus à prix modique, à acheter sur des distributeurs installés aux arrêts).
Bonnes adresses
– Hamsa : Szeroka 2. Situé à Kazimierz, ce restaurant de cuisine moyen-orientale joue une carte décontractée et tendance, dans l’esprit festif de Tel Aviv. Houmous à partir de 24 PLN (5,5 €), buffet à 40 PLN (9 €).
– Klimaty Poludnia : Świętej Gertrudy 5. Bien caché à l’arrière d’un boulevard longeant les Planty (ceinture verte de la vieille ville aménagée au XIXe siècle à la place des remparts), ce restaurant de cuisine moderne, servie en salle ou en terrasse, prend place dans une belle maison noble.
– Szara Ges : Rynek Główny 17. Sur le Rynek, ce restaurant est l’exemple même de l’adresse polonaise traditionnelle, où l’excellente cuisine est servie avec diligence dans un cadre chic. Prix à la hauteur. Plats 74-124 PLN (19-28 €).
– Eszewera : Józefa 9. S’il est un café à fréquenter absolument dans le quartier de Kazimierz, c’est celui-ci. Très connu de la clientèle locale, il se déploie dans une maison ancienne et dispose à l’arrière, aux beaux jours, d’un très agréable jardin ombragé pour déguster une bière.
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Texte : Philippe Bourget
Mise en ligne :