Florian Bailly – The Sun Trip

Direction l’aventure à vélo pour une boucle solidaire, le projet The Sun Trip mis en œuvre par Florian, pédaler pour l'énergie solaire !

Pourquoi cette aventure The Sun Trip ? Historique du lancement… ?

J'ai eu l'idée du Sun Trip en 2010 alors que je réalisais en solitaire le premier grand voyage en vélo solaire, de la France au Japon. J'avais alors l'idée d'une aventure à la fois collective et solitaire, en grande liberté, à l'image d'un Vendée Globe. Et finalement l'idée du Sun Trip est venue, l'unique rallye de vélos solaires dans le monde, avec des participants libres de tracer leur route entre le départ et l'arrivée. France-Kazakhstan en 2013, et cet été Milan-Turquie-Milan, soit 7 000 km de route.

Une expédition de cette sorte se prépare combien de temps à l’avance ? Quelles en sont les étapes ?

Il m'a fallu deux ans pour imaginer et mettre sur pieds le Sun Trip 2013. Il m'aura fallu deux ans également pour souffler puis relancer la machine pour une deuxième édition. J'espère qu'à l'avenir on pourra avoir un événement chaque année.
Pour ce qui est des étapes, je dirais qu'il faut l'idée et puis surtout beaucoup d'énergie... Le fait de trouver une trentaine de participants n'est pas compliqué. Le fait d'arriver à financer l'organisation d'une aventure comme celle-là est plus complexe. L'événement n'a pas d'équivalent, alors il faut savoir trouver les bons mots pour expliquer l'idée et nos motivations.

Comment avez-vous budgété les dépenses et par quel mode de financement ?

Pour ce qui est de l'organisation, en 2013 nous avons compté sur un budget de 100 000 euros, entièrement financé par des partenaires. En 2015, crise oblige..., le budget sera réduit et des frais d'inscription de 300 euros par participant seront demandés. Nous porterons cette année les couleurs d'EXPO 2016 Antalya, la première grande exposition internationale organisée en Turquie.
Pour ce qui est du budget des participants, ils doivent financer leur aventure. Avec l'achat du vélo solaire, ça représente environ 10 000 euros. Ce n'est pas rien, mais c'est sans commune mesure avec le coût d'une participation au Paris-Dakar par exemple.

Cette année l’itinéraire commence par un prologue à Chambéry, puis ensuite c’est une boucle à Milan puis la Turquie et retour à Milan…, qui prend la décision de cet itinéraire ?

L'organisation, c'est-à-dire moi et 5 anciens participants aujourd'hui bénévoles pour le Sun Trip, décide du parcours. On cherche avant tout un parcours qui offre un terrain d'aventure (les steppes Kazakhs en 2013, l'Anatolie en 2015), mais aussi un terrain qui laisse la possibilité de choix d'itinéraires très différents suivant les participants. Cette liberté d'itinéraire est fondamentale, c'est ce qui plaît aux aventuriers tout comme aux suiveurs sur internet grâce à la carte GPS en direct.

Comment sélectionnez-vous votre bagage idéal (sac à dos, vêtements, matériel spécial ultra-léger…) ?

Dans ce domaine, chaque participant est libre, tant qu'il respecte notre règlement d'aventure.
Pour faire court, cette année on impose juste une tente, afin de pouvoir bivouaquer normalement. Bien sûr, les participants cherchent la légèreté, car sur la route chaque kilo compte, même avec une assistance électro-solaire.

Comment votre entourage personnel et professionnel a-t-il réagi quand vous avez décidé de monter ce projet ?

J'ai beaucoup voyagé dans ma vie, souvent en solitaire, et bien sûr ce n'est jamais simple pour les proches. Sur le Sun Trip je suis dans une position d'organisateur, ce n'est pas le même type d'engagement, mais clairement ce n'est pas une occupation adapté à tout le monde.
Pour ce qui est des participants du Sun Trip, je constate que même s'ils sont tous différents, ils sont tous animés par l'envie de réaliser (pour la première fois ou non) ce grand rêve du voyage. Ils sont sur la même longueur d'onde, ils se comprennent, s'apprécient, s'entraident.
Partir pour plusieurs milliers de kilomètres à vélo ne s'improvise pas, il faut une motivation qui sort de l'ordinaire.

Que retirez-vous de cette expérience du vélo-solaire ?

Ce qui m'avait marqué en 2010, lors de ma traversée France-Japon, c'est que le concept plaît partout, quels que soient les pays, les âges ou les milieux sociaux. Voyager en vélo solaire c'est être libre de ses mouvements et c'est être libéré de la contrainte énergétique. Une double liberté qui parle à tout le monde !
Ensuite avec le Sun Trip ce qui est important pour moi c'est de montrer que le vélo solaire permet à la fois d'aller plus vite pour ceux qui le veulent (200 km de moyenne par jours pour les premiers en 2013), tout en permettant de mettre sur le vélo des gens qui peut-être n'auraient jamais osé sans l'aspect assistance électrique.
En somme, le vélo solaire peut plaire au plus grand nombre, et à travers la sélection des participants du Sun Trip on essaie de représenter cette diversité.

Quels sont vos coups de cœur ?

J'ai simplement envie d'inciter les gens à sortir de leurs frontières, à aller voir ce qu'il y a de l'autre côté de la montagne ou de telle ou telle frontière inconnue. L'avantage du voyage à vélo, et d'autant plus avec le solaire, c'est que l'aventure humaine peut commencer dès le premier village traversé. Pas la peine d'aller à l'autre bout de la Terre pour vivre de belles rencontres et pour se sentir vivant. Il suffit de passer la frontière Slovène, Croate ou Roumaine pour s'en rendre compte.

Quels conseils pouvez-vous donner ?

Faire équiper un vélo solaire qui correspond à son envie de voyage. Aller vite ou lentement, être bien chargé ou très peu, ne recharger qu'avec les panneaux solaires ou aussi sur le chargeur, etc., il y a beaucoup de solutions possible. C'est une expérience nouvelle, qui ne remplace bien sûr pas le vélo classique, mais qui ouvre de nouveaux horizons.

Par rapport à votre expérience, quels sont les endroits immanquables ?

Ceux dont on a toujours rêvé, en prenant le risque que la réalité diverge par rapport à ce qu'on avait pu fantasmer... Mais c'est un risque qui, à mon avis, est toujours payant.

Avez-vous une anecdote de voyage ou une rencontre exceptionnelle à partager ?

Au début du mois d'octobre 2010, je terminais mon voyage France-Japon, en escaladant la route menant vers le Mont Fuji Yama. Une voiture me double puis s'arrête. Une famille de chinois en vacances sort et m'applaudit comme si j'étais le maillot jaune du Tour de France. Je m'arrête à mon tour, ils sont mes plus grands fans, ils connaissent tout de mon voyage et de mon vélo solaire. Quelques jours auparavant ils m'avaient vu à la télévision chinoise lors de mon passage sur le site de l'Exposition Universelle de Shanghai. Ce jour-là j'étais persuadé que le concept de vélo solaire allait faire parler de lui encore pendant longtemps, partout sur la planète !

On termine par une question portrait chinois : Si vous étiez un pays… lequel, et pourquoi ?

Si j'étais un pays : je serais l'Europe, car nous vivons dans un espace de liberté qui a nul autre pareil dans le monde. Il faut être digne de cette liberté.