La Birmanie par Olivier Page
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Découvrez les coups de cœur d’Olivier Page, rédacteur au Routard, qui rentre de Birmanie.
Malouin d’origine. À 16 ans, il réalise un long tour de France en mobylette. Son aptitude à la vie nomade, sa curiosité pour les cultures, son goût des autres ont conduit ce Breton d’âme fugitive à collaborer naturellement avec le Routard. Depuis 1990, il parcourt le monde pour découvrir d’autres lieux, d’autres gens. Et faire partager ses plus belles découvertes à ses lecteurs.
En deux mots, comment caractériserais-tu le Myanmar ?
Un pays, c’est comme une personne : il y a le physique et le caractère. Le Myanmar possède des paysages sublimes, de hautes montagnes et des plaines, des forêts tropicales et des rizières. Voici l’Asie éternelle, baignée par de grands fleuves majestueux (l’Irrawaddy, la Salouen) venus de l’Himalaya. C’est aussi le pays le plus bouddhiste d’Asie, qui a conservé jusque dans les moindres rituels sa culture millénaire basée sur les enseignements du Bouddha. Cette dévotion des Birmans les a peut-être aidés à surmonter leurs malheurs, les années noires, la longue fermeture du pays, et à tenir bon contre la dictature militaire. Pays pas encore guéri de ses vieux démons, mais qui avance, porté par le vent de liberté, malgré les vicissitudes et les tensions ethniques.
Ta découverte la plus étonnante ?
La pagode Shwedagon à Yangon ! Cœur et âme de la ville avec son gigantesque stûpa doré en forme de cloche terminée par une haute flèche effilée. Toute une incroyable joaillerie est accrochée à une grande ombrelle sacrée, des milliers de pierres précieuses et de bijoux scintillent dans la nuit, luxueuses offrandes destinées à plaire au Bouddha et à gagner du mérite en vue d’une prochaine réincarnation ! À ses pieds, sur une vaste esplanade, des kyrielles de statues dorées et d’oratoires bouddhiques rassemblent des foules de dévots en prière. Voici une extraordinaire « cité de la Foi », un lieu incontournable, le monument le plus célèbre du Myanmar.
Une rencontre dont tu te souviens ?
19 ans après mon premier voyage en Birmanie, j’ai retrouvé le guide francophone avec qui j’avais parcouru à l’époque une partie du pays. Hasard heureux ? J’avais conservé une vieille photo de lui, prise devant un temple de Taunggyi, sous la statue d’un éléphant blanc (animal sacré du bouddhisme). En faisant une recherche sur Internet, je l’ai contacté. Il m’a répondu. Clin d’œil de l’histoire, ce Birman d’origine shan dirige aujourd’hui un centre d’accueil et de soins pour les vieux éléphants au chômage. C’est dans une belle forêt tropicale que nous nous sommes rencontrés. Grâce à lui, j’ai mieux cerné le problème des éléphants au Myanmar, souvent abandonnés après avoir été exploités et maltraités dans l’industrie du bois. Je les ai vus de près, les ai nourris (ils sont herbivores), j’ai touché leur peau épaisse. Je les ai accompagnés (pas de balade touristique sur leur dos comme en Thaïlande) jusqu’à une rivière où ils prennent leur bain en se faisant laver par des villageois attentionnés. Cette expérience pionnière, unique au Myanmar, ouvre une voie nouvelle pour lutter contre la maltraitance des éléphants.
Un souvenir culinaire inoubliable ?
L’expérience de « street food », que je pratique dans chaque pays d’Asie, est un enchantement à Yangon, surtout la nuit. Ainsi ai-je découvert des saveurs uniques, des petits plats connus seulement des campagnards, dans une ambiance de chaudes fumées effervescentes et d’odeurs d’épices. Un de ces stands s’appelait le Gangster Snack ! Le cuistot n’avait rien d’un tonton flingueur, mais ce marmiton paisible et affairé cuisinait… des pancakes à la farine de riz, au sésame et aux cacahuètes. Une tuerie !
Un livre à lire sur la Birmanie ?
« Terre d’Or » de Norman Lewis. Cet écrivain-voyageur britannique entreprit en 1951 un voyage en Birmanie, pays balbutiant juste après son indépendance et déjà aux mains de factions rebelles. Sa manière « pauvre » de voyager, son « riche » sens de l’observation, sa sympathie critique et son humour ont nourri ce remarquable récit où le facteur humain prédomine.
Texte : Routard.com
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