Bagan, une merveille de la Birmanie
De nos jours, ses vestiges se concurrencent dans la catégorie des «incontournables asiatiques ». Les photos de Bagan à l’aube, où les montgolfières reflètent dans le ciel les rondeurs des pagodes et monastères, ont depuis longtemps fait le tour du monde. Bagan, un site magique et un choc esthétique inoubliable, à voir au moins une fois dans sa vie.
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- Bagan, grandeur et décadence d’un empire
- Visite de Bagan : comment l’apprécier au maximum
- Visite de Bagan : 3 incontournables
- Visite de Bagan : quelques coups de coeur
- Bagan et le soleil
- Musée archéologique et villages environnants
- Le tremblement de terre d’août 2016 et ses conséquences
- Fiche pratique
Bagan, grandeur et décadence d’un empire
Bagan symbolise la naissance de la Birmanie telle qu’on la connaît aujourd’hui, à travers l’emprise sur la région de ses fondateurs, les Myanma (à l’origine des Bamar, « birmans-birmans » formant aujourd’hui les 2/3 de la population du pays), dès le 9e siècle. Leur domination a duré pendant environ 250 ans, depuis ces rives et plaines centrales de l’Irrawaddy, sur tout le territoire actuel du Myanmar.
Avec l’Angkor des Khmers, Bagan fut le plus grand empire d’Asie du Sud-Est. Si Angkor procède d’une succession de plans urbains cyclopéens, les monuments de Bagan – ils furent plus de 10 000 au 13e s pour environ 2 500 aujourd’hui - semblent avoir été semés dans le pli d’un grand coude de l’Irrawaddy par quelque géant distrait. Une impression à nuancer, car les villes et palais de bois et bambou, qui se trouvaient entre les actuels vestiges, ont disparu depuis longtemps.
Guerres et religions ont été le ferment de la puissance de Bagan. C’est sous le règne du roi Anawratha, 42e monarque de Bagan (1044-1077), que le royaume connaît son âge d’or, avec la construction de la plupart des sanctuaires que l’on visite aujourd’hui.
Mais la quête vaniteuse de la puissance cause la perte de la cité et, en 1287, Bagan tombe sous le joug de l’Empire mongol. À partir du 14e s, les pagodes et monastères de Bagan sont très peu entretenus. Les colons anglais ne s’en préoccupent pas davantage. Il faudra attendre le grand tremblement de terre de 1975 pour que le monde se rappelle de ces merveilles.
L’Unesco intervient, mais quitte les lieux après les travaux très critiqués que la junte fait dans les années 90. Aujourd’hui, après le récent séisme de 2016, l’institution est de retour avec, en fil rouge, un défi supplémentaire : gérer l’augmentation exponentielle des visiteurs !
Visite de Bagan : comment l’apprécier au maximum
Des milliers de temples répartis sur 42 km2, autant dire un site d’une majesté sans égale et très étendu. Afin de vous aider à profiter de Bagan dans les meilleures conditions, voici quelques tuyaux :
- Bagan est plat, mais il fait très chaud pour le vélo classique… Carrioles très lentes, véhicules avec chauffeur ne permettant pas d’humer l’air…. vive le vélo électrique ! L’idéal à condition d’en choisir de récents, en bon état et dotés d’une bonne autonomie. Ne pas hésiter à les faire recharger pendant la pause déjeuner, si l’on réalise une grosse journée.
- Plutôt que les hôtels de luxe d’Old Bagan, trop autarciques, et le village de New Bagan, même s’il n’est pas désagréable, nous préférons Nyaung U à l’extrémité nord-est du site. À sa vie divertissante de petite ville birmane, dotée d’un marché, de commerces et gargotes typiques, elle ajoute tous les services utiles au voyageur et possède une zone agréable de bars et restos à son extrémité ouest.
Visite de Bagan : 3 incontournables
Trois temples sont généralement considérés comme incontournables :
Juste en dehors de l’angle sud-est de l’enceinte du vieux Bagan, le temple Ananda Pahto est indiscutablement l’un des plus élégants, pour son équilibre transcendé par l’extrémité dorée de ses flèches et de son sikhara, dôme central en forme d’épis de maïs. À l’intérieur, deux des quatre grands Bouddha en bois, ceux du sud et du nord, sont représentés selon la rare position dite du 1er serment, les mains jointes sur la poitrine.
Non loin, mais à l’intérieur de l’enceinte, That Byin Nyu est le temple le plus élevé mais en impose surtout par son style rustique et massif, développé sur un plan cruciforme.
Enfin, dans la « plaine centrale » de Bagan, le temple Dhammayan Gyi, qui est le plus grand du site, profite d’une belle animation dans son enceinte. Son commanditaire aurait coupé les mains des ouvriers ne posant pas les briques parfaitement. Murés, ses passages intérieurs conservent leurs mystères.
Visite de Bagan : quelques coups de coeur
Si les recherches personnelles et découvertes fortuites font partie des grands plaisirs de Bagan, voici quand même quelques pistes parmi les nombreux temples possédant les critères pour s’imposer dans un itinéraire :
Datant du 12e s, Sulamani, situé à l’est d’Old Bagan, signifie « joyau de la couronne ». Son équilibre, ses ornementations extérieures et intérieures sont à la hauteur de son patronyme. À un petit km au sud, les spectaculaires et exposées doubles arches de Pyathada (13e s) dénotent un style tardif et plus abouti techniquement. Elles supportent une grande terrasse accessible par d’étroits passages.
Proche du village de Nyaung U, le stupa de Shwezigon est au centre de l’activité religieuse régionale. Datant du début 12e s., les quatre bouddhas de bronze l’entourant sont les plus imposants à avoir survécu aux siècles. Côté sud-est, un modeste pavillon abrite les 37 esprits nat pré-bouddhistes, indissociables des compromis religieux birmans.
Entre Old Bagan et New Bagan, dans le village de Myinkaba traversé par la route principale, trois temples sont réputés pour leur style et ornementations intérieures (bouddhas, fresques) qui furent restaurées par l’Unesco. Se munir d’une bonne torche.
Datant de 1084, le Nagayon aurait servi de modèle à plusieurs temples postérieurs dont celui d’Ananda. À l’intérieur, la principale des trois belles statues du Bouddha debout s’abrite sous la coiffe d’un naga, censée rappeler que le temple protégea Kyansittha, son empereur bâtisseur, de la fureur de Sawlu, son frère et prédécesseur déchu.
Quasiment en face, le temple Abeyadana Pahto est associé au précédent, puisque construit 15 ans plus tard par la femme de l’empereur menacé. Sa foi de bouddhiste mahayana, dit du « grand véhicule », expliquerait les scènes dépeintes dans les remarquables fresques intérieures et la présence du bodhisattva Avalokitésvara, incarnant la forme de compassion propre à cette confession.
Fines et colorées, les fresques de Gubyaukgyi, plus au nord, datent peut-être de sa construction, peu après les 2 précédents.
Bagan et le soleil
Célébrissimes, les levers et couchers de soleil de Bagan suscitent une grande excitation chez les visiteurs, à la mesure de l’expérience vécue, quand on la chance d’échapper aux caprices de l’astre et des brumes. Le must – mais c’est cher – consiste à découvrir la scène en montgolfière. Noter qu’en mars, les brumes sèches (haze) issues des brûlis ruinent souvent les embrasements célestes.
Fermeture régulière des terrasses, petits sites moins connus, mais finalement plus gratifiants… autant bien se renseigner avant de choisir son temple d’où admirer le lever de soleil ! Attention, toutefois, le gouvernement birman a pour projet l’interdiction de gravir les temples de Bagan.
Ensuite, munissez-vous d’une lampe pour arriver sur place en pleine nuit, avant le lever de soleil. Par beau temps, l’effort est vite récompensé, d’autant que les levers sont moins fréquentés que les couchers, objets d’embouteillage gâche-plaisir.
Quelques sites recommandés : 4 séries de marches raides mènent au sommet de la pyramidale Shwesandaw, dont le positionnement entre les 3 vedettes Ananda, Thatbyinnyu et Dhammayan Gyi garantit panorama superbe et… fréquentation ; plus à l’est et au sud de la route centrale, Buledi, autre « pyramide » est moins envahie ; perdue dans la plaine centrale, Pyatahda, à éviter au couchant, est plus sereine à l’aube. À l’est du monumental Dhammayazaka Zedi, les modestes Thisawadi et Kyasin, juste au nord du Nagayon, sont des choix plus intimistes.
Musée archéologique et villages environnants
La visite du Musée archéologique (9h-16h30 sf lundi) est particulièrement recommandée pour mieux comprendre Bagan, parce qu’il compense le manque de décorations discernables et de panneaux explicatifs sur les sites. Son style monumental-traditionnel - vaste salle centrale au plafond richement travaillé, panorama de dimension biblique - offre aux pièces exposées un digne écrin...
Parmi les nombreux chefs-d’œuvre : la scène de la nativité de Bouddha (12e s), originaire du Gubyaukgyi ; un bas-relief en pierre de dolomite représentant avec grande finesse les 8 épisodes de la vie de Bouddha, découvert dans les ruines d’un temple après le séisme de 1975 ; la stèle de Myazedi, gravées en pali, pyu, mon et birman, véritable pierre de Rosette remontant à 1113.
Dans les salles adjacentes, les maquettes, dont celle du palais du roi Anawratha, les fresques, stucs et plaques sculptées en terre cuite ou pierre vernissée,les ornementations de bois disparues de nos jours (dont un retable rehaussé d’un dragon aux entrelacs étourdissants), les poteries, outils, petits bouddhas en bronze et 55 types de chignons féminins recensés à l’époque (!), aident à mieux se représenter l’époque de Bagan.
Enfin, ne négligez pas les balades dans les villages, encore largement construits de bois et bambou, comme à l’époque du royaume… À Laya, proche de la rive de l’Irrawaddy, à l’est du stupa Bupaya, avec un peu de persévérance (indice : suivre « Belmond Cruise ») vous tomberez sur la placette où le typique temple en teck récemment rafistolé sert d’école monastique.
Le tremblement de terre d’août 2016 et ses conséquences
Il se raconte parfois que la rapidité avec laquelle Bagan a été construite - au 13e s un chantier débutait tous les 15 j. ! - explique la fragilité des monuments.
Ce serait sous-estimer le poids des siècles, le manque d’entretien, le climat, la nature alluviale du sol et la fréquence des tremblements de terre – en moyenne 3 par siècles dont un plus fort tous les 50 ans.
Le 24 août 2016, un séisme de magnitude 6,8 a justement touché Bagan, endommageant à divers degrés 500 des 2500 sites estimés. Les très visités Sulamani et Shwesandaw y ont perdu leurs dômes. De nombreuses fresques ont également souffert.
Aung San Suu Kyi est immédiatement intervenue pour que les travaux à venir soient faits sous l’égide des experts de l'Unesco. Un 1er groupe d’une quarantaine de sites devrait être restauré. En point de mire, le classement du site au patrimoine de l’humanité.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
Vols vers Yangon quotidiens avec de nombreuses compagnies via Bangkok (Thaï), Hong Kong (Cathay), Doha (Qatar Airways), Dubai (Emirates)…
Vols intérieurs depuis Yangon, Heho (Inle) et Mandalay jusqu’à l’aéroport de Bagna. Trouvez votre billet d’avion pour la Birmanie.
Bateau : depuis Mandalay, on peut descendre l’Irrawaddy jusqu’à Bagan, une belle expérience. Compter 40 $ pour une formule petite croisière et environ 10h de navigation.
Bus : pour Yangon, Inle et Mandalay, prévoir respectivement 9, 10 et 5h de voyage.
Quand y aller ?
Fin de saison des pluies (fin sept-début oct), la région de Bagan est verte ; à l’opposé, chaleur étouffante et grande sécheresse en mars-avr ; éviter si possible mars, période de brume sèche (haze) ruinant les fameux panoramas.
Lever de soleil sur Bagan en montgolfière :
Départ entre 5h et 5h30, retour vers 7h30 (1 h de vol), 3 compagnies aux prestations similaires, à partir de 300 €/pers.
Où dormir ?
Grosse fréquentation, pas assez d’hôtels licenciés... les prix sont en moyenne plus chers à qualité égale que dans le reste du pays. Sauf indication contraire : adresses situées à Nyaung U et prix pour une dble avec AC, sdb et pdj.
May Kha Lar Guesthouse (Tém : 06160304) : à partir de 20 € (sans sdb et AC 10 €) ; Eden 1 (Tél : 06160639): à partir de 25 € (mieux que Eden 2 et 3) ;
Arthawka Hotel et Amata residence: à New Bagan, à partir de 60 €.
Dans les catégories chic, Bagan Lodge , New Bagan, env 200 € ; Tharabar Gate, Old Bagan, proche du temple Ananda, env 200 €.
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Où manger ? Où boire un verre ?
Nombreux restos locaux (comme le Perfect Cafe) dans Nyaung U, servant riz, nouilles sautées, salades de feuilles de thé etc. à tout petit prix, ou Kyaw restaurant: 500 m au sud de l’hôtel Eden 1, cuisine sino-birmane ; à l’ouest du bourg (direction Old Bagan),
Egalement la zone des bars et restos entre les rues Anawrahta et Lanmadaw avec Weatherspoon (tél : 092043601), salades et plats birmans, burgers, bon accueil et Black Bamboo (tél : 06160782), petite sélection de plats français dans un cadre agréable jardiné.
Texte : Dominique Roland
Mise en ligne :