La Franche-Comté par François Chauvin
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François Chauvin, rédacteur au Routard, nous parle de sa Franche-Comté natale, où il vit encore aujourd’hui.
Pour avoir, depuis tout môme, usé ses godasses au long des sentiers, de son massif du Jura natal à de lointains ailleurs, François se sent chez lui partout où la terre n’est pas plate. Mais se laisse également facilement emporter par les vibrations urbaines. D’ailleurs, ses études de journalisme, c’était d’abord pour écrire sur le rock.
Pourquoi aimes-tu particulièrement la Franche-Comté ?
Si j’ai décidé de retourner vivre dans ma Franche-Comté natale, c’est parce que cette région a, depuis longtemps, réalisé le fameux rêve d’Alphonse Allais en construisant des villes à la campagne. Des villes à la montagne même, puisqu’ici les sommets ne sont jamais bien loin ! Des villes à taille humaine (même Besançon, la « capitale », se parcourt à pied) au cœur d’une nature dont je ne me lasse pas depuis l’enfance : toujours cette impression d’arriver au bout du monde dans une « reculée[EG1] » comme à Baume-les-Messieurs, Nans-sous-Sainte-Anne ou Consolation. Toujours cette sensation d’infini en chaussant les skis dans une de ces amples combes typiques du massif jurassien… Et l’eau est partout présente en Franche-Comté, avec des sources spectaculaires (comme celle de la Loue) à découvrir au printemps, gorgées des eaux de la fonte des neiges, des rivières (la Loue toujours, l’Ognon…) à descendre en canoë-kayak, des lacs où se baigner au cœur de l’été ou glisser sur des patins quand ils sont pris par les glaces.
Un site coup de cœur ?
La chapelle Notre-Dame-du-Haut, construite au milieu des années 1950, sur la colline de Bourlemont, près de Ronchamp, en Haute-Saône. Son architecture toute en courbes, inspirée par la nature (une carapace de crabe a servi de modèle pour le toit), les murs blancs comme ceux de beaucoup de mosquées ou d’églises orthodoxes grecques, l’intimité de la nef où la lumière du jour fait, au travers des vitraux, danser les couleurs… Tout ici incite à la spiritualité ! Même si on se revendique athée (comme son initiateur, le célèbre Le Corbusier…).
Un coin secret à découvrir ?
La combe du Grandvaux qui concentre tout ou presque ce que le Haut-Jura (le coin fait partie du parc naturel régional) a à offrir : de jolis petits lacs, des tourbières, des Montbéliardes (il s’agit des vaches !) dans les champs, d’épaisses forêts de sapins et quelques hameaux éparpillés… Hiver comme été, le Grandvaux invite donc à la balade, au cœur de paysages qui peuvent (comme le nom de sa principale commune « Grande-Rivière » !) évoquer le Grand Nord canadien. Pas étonnant d’ailleurs que cette combe ait inspiré Bernard Clavel dans son roman, Meurtre sur le Grandvaux et Jean-François Stévenin pour un film – devenu culte – Le Passe-Montagne.
Des souvenirs culinaires inoubliables ?
À l’apéro, pour bluffer des amis qui ne connaissent pas la région : un morceau de comté et une bouteille d’un de ces vins blancs du Jura, à base de savagnin, au goût qui peut décontenancer (mais qui, par expérience, finit toujours par plaire !). Au retour d’une journée de ski, l’un ou l’autre des fromages régionaux (cancoillotte, Mont d’Or…) fondus sur de simples pommes de terre réveille à la fois les papilles et des souvenirs de soirées dans une ferme d’alpage du massif du Jura. Et si une saucisse de Morteau ou un jambon (tous deux fumés au bois de résineux dans cette vaste cheminée qu’on appelle ici un tuyé) sont de la partie, c’est le bonheur absolu !
Ton meilleur souvenir de voyage ?
Ma toute première découverte, un lendemain de Noël, de l’étonnant plateau des Mille-Étangs. Une arrivée à la tombée de la nuit, un labyrinthe (enfin presque !) de petites routes pour gagner une ancienne ferme transformée en maison d’hôtes. Du feu dans la vieille cheminée de pierre et du poisson fraîchement pêché pour le dîner. Et au matin, sous les fenêtres de ma chambre, un étang aux roseaux et bouleaux baignés par les brumes de l’hiver. Magique !
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