L'Égypte par Agnès Debiage
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Agnès Debiage, enquêtrice au Routard, nous parle de l'Égypte, un pays qu'elle aime particulièrement.....
Lasse de Paris, envie d’ailleurs, Agnès décide de franchir le grand pas en s’installant au Caire. Cette découverte de l’Égypte devient vite un quotidien passionnant, parfois déroutant, souvent amusant et toujours riche humainement parlant. Elle apprend l’arabe parlé au contact des Égyptiens et sillonne ce grand pays désertique, avec une petite préférence pour Siwa et Dahab, atypiques et dépaysants.
Pourquoi aime-t-on tant l’Egypte ?
L’Egypte, c’est d’abord cette extraordinaire civilisation née 3 000 ans av. J.-C., qui nous a livré tant de trésors, qui nous a surpris par ses multiples découvertes, qui nous émerveille par son art d’une rare finesse. Mais l’Egypte, c’est aussi une douceur, une nonchalance, une désorganisation qui nous amuse autant qu’elle nous affole, une gentillesse innée des Egyptiens et bien sûr quelques images inoubliables dont les palmiers au bord d’un Nil, puissant et majestueux, le ballet des felouques, les poissons multicolores de la mer Rouge. C’est un voyage qui reste à jamais gravé dans la mémoire, une destination où l’on a sans cesse envie de revenir.
Une chanson, un(e) interprète qui illustre le pays ?
Tout l’Orient se reconnaît dans sa voix exceptionnelle, ses chansons qui peuvent durer jusqu’à 2h, ses « ya habibi, ya habibi » (oh mon chéri ! oh mon chéri !) qui se distillent tout en mélopées, avec une émotion toujours intense. Oum Kalsoum, c’est la voix de l’Orient, « la Quatrième pyramide » comme disent les Egyptiens. Profondément nationaliste, elle devient une icône du panarabisme aux côtés de Nasser. Ses funérailles en 1975 seront nationales. Ecouter Oum Kalsoum, c’est sentir son esprit et son corps se transporter dans la douceur de l’Egypte, humer avec bonheur les effluves sucrées des narghilés, c’est être ailleurs … en Orient. Une véritable diva qui nous lègue des chansons inoubliables et des films musicaux, témoins d’une époque.
La spécialité locale à goûter absolument ?
Végétarien, populaire, bon marché, consistant, le kochary fait partie du quotidien des Egyptiens. Imaginez un mélange de macaroni, de riz, de lentilles, de rondelles d’oignons frits, sur lequel on verse une savoureuse sauce tomate, le tout agrémenté de sauce piquante ou à l’ail. Certaines cantines populaires ne servent que ça ; on en trouve aussi dans la rue des quartiers populaires. Mais au fait, d’où vient cette spécialité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en Orient ? On raconte que son origine viendrait du biryani indien, rapporté par l’armée britannique au XIXe s.
Un moment unique à partager ?
Dans le sud du pays, à Assouan, s’asseoir à la terrasse d’un café au bord du Nil et contempler les voiles des felouques danser langoureusement au gré du vent. Moment magique où le temps semble s’arrêter. Au loin, les collines désertiques de la rive ouest et le mausolée de l’Aga Khan, qui y fit construire son tombeau de marbre blanc surmonté d’un élégant dôme pour y demeurer à tout jamais. Lorsque les derniers rayons de soleil offrent généreusement un camaïeu de couleurs, comme un dernière révérence avant la nuit.
Un livre à emporter avec soi ?
Résolument L’immeuble Yacoubian d’Alaa el-Aswany (éd. Actes Sud). Une fiction au centre-ville du Caire, qui croise les destins des habitants d’un même immeuble. Zaki, fils de pacha, continue à vivre dans le souvenir de sa jeunesse mondaine. Taha, le fils du gardien, habite sur le toit et rêve d’entrer dans la police, mais son origine sociale le handicape. Hatem dirige un journal francophone. Pas facile de vivre son homosexualité dans un pays aussi religieux et conservateur. Ambitieux, le Hajj Mohamed, ayant réussi dans le commerce, se lance en politique et s’approche rapidement des plus hautes sphères qui excellent dans la corruption. Une évocation complètement réaliste d’une Egypte pré-révolution mais qui n’a guère changé et d’une société dont les codes nous échappent trop souvent.
Texte : Routard.com
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