Le Japon par Fabrice Doumergue

Fabrice Doumergue, enquêteur au Routard, nous parle du Japon où il s'est rendu pour réactualiser le guide.

Pour Fabrice, tous les chemins mènent… au bout du monde. Passionné d’histoire(s), d’architecture, d’art et de gastronomie, il ouvre à qui veut ses coins secrets, côté nature et côté culture. Et chaque bout du monde en appelant un autre, il a parcouru en 30 ans 70 contrées sur les 5 continents. Son pays préféré ? Heu… tous !

Pourquoi aimes-tu le Japon ?

L’empire du Soleil levant c’est, bien sûr, de superbes temples, montagnes, palais, jardins… Mais ce pays est vraiment unique pour son mode de vie, ses coutumes. Son modernisme à la pointe nous magnétise, nous projette dans le XXIIe s. Et soudain, au pied d’un gratte-ciel, à deux pas du passage piéton le plus chargé au monde, une auberge hors d’âge, intime, de guingois nous renvoie au Japon éternel, tout aussi éblouissant.

Le Japon serait-il donc un pays de contradictions ?

Disons plutôt de contrastes. La fleur délicate d’un vénérable cerisier, dont on admire la fragilité sur fond d’immeubles à la folle architecture. Le terne costume du businessman qui côtoie dans la rue l’accoutrement le plus extravagant d’éternels ados, travesti(e)s en héro(ïne)s de manga. Et puis, ne trouve-t-on pas dans un même temple à la fois un jardin sec et un jardin humide ? Les 2 contribuant à l’essence du zen. Contrasté, certes, mais toujours soucieux d’un équilibre improbable et subtil. Comme si la quête de l’harmonie était une obsession permanente au Japon.

Et les Japonais dans tout ça ?

Ils se démarquent par la qualité de leur accueil, leur serviabilité et leur raffinement… Une attention de chaque instant, poussée dans le moindre détail. Le chauffeur de bus qui annonce au micro son arrêt au feu, pour prévenir les chutes. Les employés des restos qui font assaut d’amabilité jusqu’à donner au moindre caboulot de quartier des airs de tri-étoilé. Dans la foule la plus frénétique, demandez votre chemin à un quidam : il se détournera probablement de son rendez-vous urgent pour vous mener là où vous allez !

Côté papilles, c’est comment ?

Impérial ! On mange pour trois fois rien des yakitori, des sushis, ou d’excellentes nouilles japonaises dans des bouillons aussi magiques que la potion de nos bons vieux druides asterixiens ! Une tranche de porc servie dans un consommé légèrement iodé, mélange de saveurs inattendu et équilibré de la viande et du poisson. L’harmonie, encore. Sans compter le bœuf de Kobé, d’une tendreté à rendre jaloux un gaucho argentin ! Une gastronomie bonne, saine et diététique. Qui dit mieux ?

Un évènement marquant…

Le fait remonte à mars 2011, lorsque s’enchaînent le tremblement de terre, le raz de marée et la catastrophe nucléaire de Fukushima. Dans toute cette confusion, un ami tokyoïte auquel on propose de l’aide répond avec gentillesse : « Priez et confectionnez des origamis pour nous.». Traduisez : « On ne va pas vous tracasser avec nos problèmes, nous trouverons la ressource pour surmonter cette mauvaise passe et votre aide morale nous en donnera la force ». Ça en dit long sur la noblesse d’âme et la force intérieure des Japonais.

Un moment à partager ?

En fin de journée, laisser ses emm… et ses habits au vestiaire (tous : allez, pas de pudeur !). Se doucher consciencieusement et partager, en silence, nu comme un ver, un moment de zénitude dans les eaux sulfureuses et bien chaudes d’un bain collectif. Les onsen foisonnent sur ces terres hautement volcaniques : ils participent du savoir vivre ensemble typiquement nippon.