Marrakech par Fabrice Doumergue et Pierre Mitrano
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Fabrice Doumergue et Pierre Mitrano, enquêteurs au Routard, nous parlent de Marrakech, où ils sont allés pour réactualiser le guide.
Passionné d’histoire(s), d’architecture, d’art et de gastronomie, Fabrice ouvre à qui veut ses coins secrets, côté nature et côté culture. Et chaque bout du monde en appelant un autre, il a parcouru en 30 ans 70 contrées sur les 5 continents. Son pays préféré ? Heu… tous !
Fils de Marseille, petit-fils des congés payés, Pierre plante sa première tente à 6 mois… et endosse son premier sac à l’âge de la carte Interrail. Puis, de pirogue en cargo, de cheval en van ou en montgolfière, il rejoint l’équipe du Routard, conscient de passer de l’autre côté du miroir pour faire partager à d’autres les pays des merveilles.
Pourquoi on aime Marrakech ?
Parce que Marrakech c’est une ambiance, un style, un raffinement assez uniques dans le monde arabe. Une sorte de port terrestre fascinant qui magnétisait jadis les caravanes venues du désert et désormais les touristes arrivant de la terre entière. On adore ses contrastes. La tradition y côtoie le modernisme. Au dédale du souk fourmillant et à ses échoppes à la Ali Baba répondent les avenues et boutiques à la mode de Guéliz. Montreurs de serpents et djellabas versus boîtes branchées et paillettes. Unique on vous dit !
Une spécificité marquante ?
Sans hésiter, les riads ! Ici ou ailleurs, on écume des pléiades de restaurants, sites, musées, et autres hébergements. Et sincèrement, les 1300 chambres d’hôtes aménagées dans des riads marrakchis constituent un ensemble exceptionnel. Dans les ruelles aveugles de la Médina, il suffit de pousser des portes banales pour être projeté au cœur d’une architecture traditionnelle de rêve, rénovée et décorée avec goût. Chaque riad a son âme propre. Les visiter est un plaisir. En faire une sélection pour les lecteurs devient vite une tâche cornélienne !
Côté cuisine, c’est comment ?
Royal ! On sublime ici l’art du sucré-salé. Ah, ces tajines oubliés des heures sur le feu, qui délivrent une viande aux chairs confites, parfumées d’un subtil mélange d’amande, de citron, de figue, d’abricot… Plaisir du palais. Une cuisine de palace et pourtant très simple.
Et côté architecture…
Alors, plaisir des yeux aussi ! De son passé royal, Marrakech a hérité d’une architecture fine et délicate : palais, demeures nobiliaires, tombeaux royaux… Et encore bien des joyaux demeurent tapis derrière des murs austères jusqu’au jour où une rénovation les révèle enfin au regard. Chaque année de nouveaux lieux ouvrent, ce qui enrichit en permanence l’intérêt de la ville.
Et les Marrakchis dans tout ça ?
Une population généreuse, accueillante, dotée d’une âme fidèle, qui se met en quatre, voire en huit pour devancer vos besoins. Plaisir gâché, certes, par quelques aigrefins qui changent subitement de visage et fixent le prix de ce qui semblait être un élan de générosité : on oublie et on n’en retient que les rencontres belles et sincères.
Un coup de gueule ?
Une énigme, plutôt : comment le Maroc peut-il toujours pénaliser l’homosexualité, après avoir si bien su accueillir à Marrakech Yves-Saint-Laurent et Pierre Bergé, de leur vivant et désormais pour l’éternité ?
Un souvenir personnel ?
Mon premier passage dans un hammam : une cata ! Pas douillet, mais le gommage m’a littéralement agressé la peau (sous les bras, ouille-ouille !), je suffoquais dans l’ambiance chaude et humide, l’argile destinée à m’adoucir la peau me coulait dans les yeux et m’aveuglait… Depuis, j’ai renouvelé l’expérience. Quel plaisir ! Je ne viens jamais à Marrakech sans m’offrir un passage au hammam dont je ressors avec une peau de bébé, un corps détendu, comme neuf !
Une heure à tuer avant de reprendre l’avion ?
En journée, 1h de rab à zoner dans les souks. En soirée, on va s’enivrer une dernière fois des fumées des gargotes et des sonorités endiablées des musiciens nomades sur la place Jemaa-el-Fna tout en observant la foule en goguette.
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