La Pologne par Fabrice Doumergue
Fabrice Doumergue, responsable du guide Pologne, nous parle de cette destination qu’il sillonne depuis vingt ans.
Pour Fabrice, tous les chemins mènent… au bout du monde. Passionné d’histoire(s), d’architecture, d’art et de gastronomie, il ouvre à qui veut ses coins secrets, côté nature et côté culture. Et chaque bout du monde en appelant un autre, il a parcouru en 30 ans 70 contrées sur les 5 continents. Son pays préféré ? Heu… tous !
Une expérience polonaise unique ?
Caler une faim dans un bar Mleczny. Littéralement « bar à lait ». Un vestige des cantines collectives de la période communiste. Unique, avec ses plats roboratifs affichés sur un tableau, ses cantinières en blouses pas trop commodes… Quand votre commande est prête, on vous appelle : en polonais bien entendu. Unique, on vous dit… Côté salé, vous pourrez y goûter les pierogi, de succulents raviolis, merveilleux de simplicité.
La Pologne, c’est plutôt Lech Wałęza, Jean-Paul II ou Chopin ?
Autant laisser certains clichés au vestiaire pour visiter la Pologne du XXIe s. Depuis la chute du Mur, ce pays a vécu une véritable renaissance. Certes, l’ancien pape fait toujours l’objet d’un culte parfois excessif et les Polonais sont très attachés à leur passé marqué au fer rouge. Une histoire dont les autorités du moment, sacrément réac, prétendent d’ailleurs re(ma)nier certains épisodes peu glorieux (shoah, période communiste…). Restons vigilants !
Un lieu qui t’a marqué en Pologne ?
Il faut parler de ce qui est beau et aussi de ce qui ne l’est pas. Ma première visite du camp d’Auschwitz-Birkenau en 1998 fut un choc débordant d’émotion. Éprouvant mais nécessaire. Impératif, même. Je suis depuis repassé plusieurs fois à Auschwitz, incapable toutefois d’en franchir à nouveau la funeste porte surmontée d’un non moins cynique « Arbeit macht Frei » : le travail rend libre. Un travail forcé et payé de mort. Odieux !
La Pologne serait donc un pays sombre ?
Au contraire ! Les Polonais sont des Slaves imprégnés d’un caractère latin. Les villes sont animées, les bars et restos nombreux, les raisons de faire la fête aussi. Vodka à l’appui. Et puis ce pays, cent fois envahi, détruit, meurtri, s’est chaque fois rebâti. Cela donne un charme fou aux centres-villes émaillés de façades à l’ancienne, aux joyeuses couleurs de bonbons acidulés.
Que trouve-t-on en dehors des villes ?
Les plaines centrales sont bien moins intéressantes que les magnifiques régions de montagnes au sud et de lacs au nord-est. Les amateurs de vie sauvage y trouveront une faune abondante. Dont les derniers troupeaux de bisons d’Europe. Les mêmes qui illustrent certaines bouteilles de vodka.
Justement, si on parlait vodka ?
Les aficionados apprécieront les versions classiques mais aussi des crus aromatisés, assez extra : au fenouil, à la mandarine, au piment… Certaines bouteilles étant joliment décoratives, c’est une excellente idée de cadeau à rapporter !
La spécialité locale à goûter absolument ?
Le makowiec remporte la palme : un roulé au pavot préparé en période de Noël. Hmm. Épatant, pour ne pas dire stupéfiant ! Ah ! Ah !
Ta plalist pour visiter la Pologne ?
Un 100 % Chopin. Ce compositeur exprime tout du caractère polonais : mélancolique, vif, voire emporté. De la musique classique, mais pas que. Chopin se décline également en jazz (Jacques Loussier, le trio Jagodziński…), en rap (Biggie Smalls, NTM, Scylla…), en variété (Sinatra, Gainsbourg-Birkin, Tino Rossi…) et même en disco (Could it be magic de Donna Summer est tiré du Prélude n°20 !). On finit par la marche impériale de Star Wars, également inspirée du beau Frédéric !
Une heure à tuer en ville avant de reprendre l’avion ?
Je file dans un zakąski przekąski (bistro à prix dérisoires) grignoter 1 ou 2 tapas polonais (2,5 € pièce) en trinquant à ce beau pays (1 € le verre de bière ou de vodka). Zdrovie !
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