Malte par Isabelle Al Subaihi
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Isabelle Al Subaihi, rédactrice au Routard, nous parle de Malte où elle s'est rendue à plusieurs reprises pour réactualiser le guide.
Une émigration outre-Manche à l’âge de 4 mois, forcément, ça laisse des traces : un goût prononcé pour l’exotisme ! Depuis, Isabelle cherche à transmettre sa passion du voyage. Ce qu’elle aime partager : un bon plat, des éclats de rire, l’émotion d’un paysage qui bouleverse. Et surtout une vision décalée grâce à des rencontres surprenantes.
Qu’est-ce qui est le plus étonnant à Malte ?
Enorme surprise lors du premier débarquement. Sans image en tête, ni idée préconçue, on a découvert un archipel fortement marqué par les navigateurs, artistes, religieux et autres colonisateurs qui ont croisé sa route au fil des siècles. Ils en ont tous fait un bastion stratégique. Si bien que Malte s’est forgée grâce à toutes ces influences et continue de faire vivre un melting pot ancestral qui rend l’archipel tout à fait unique. Vous en connaissez beaucoup des pays où la langue s’apparente à l’arabe, mais où on se salue par un cordial (et phonétique) « bondjou », où les manières sont restées, à certaines occasions, so british (les jeunes viennent d’ailleurs y apprendre l’anglais), où la cuisine s’inspire de son voisin italien et où la religion catholique occupe une place centrale ? Malte soigne autant ses églises paroissiales, qui, chez nous, feraient figure de cathédrales, que ses monuments de l’époque des chevaliers (l’Ordre de Saint-Jean a laissé de magnifiques témoignages). On y vient autant pour sa culture que pour les escapades dans une nature certes aride, mais entourée d’une belle eau turquoise, surtout à Gozo.
L’endroit que l’on préfère ?
Gozo justement, à seulement 25 mn en bateau de Malte. La côte respire, grâce à une urbanisation plutôt maîtrisée ; la marche y est reine et la mer jamais loin. Le gros atout pour les plongeurs : une eau claire, donc une bonne visibilité, qui permet d’évoluer dans un relief sous-marin riche et varié, composé de grottes, tombants, arches et tunnels. Sur la terme ferme, l’architecture se défend bien aussi. Les chevaliers de l’Ordre ont bâti une superbe cité-forteresse, Victoria, qui retient les amoureux de belles pierres. Et puis les Gozitains savent accueillir les visiteurs, surtout s’ils ont la bonne idée d’y séjourner plusieurs jours. Gozo apporte un véritable supplément d’âme à l’archipel.
Une rencontre marquante ?
Joe Xuereb, un sculpteur maltais, qui fait visiter son atelier à Għajnsielem, au-dessus du port de Gozo. Il travaille la globigérine, une pierre calcaire couleur crème, utilisée pour les constructions. Là, son savoir-faire s’inspire de l’art préhistorique de l’île. Par ses formes rondes, fluides et harmonieuses, il dégage une grande douceur, qui rappelle les sculptures joufflues du Colombien Fernando Botero.
Un livre à lire ?
La Religion, de Tim Willocks, une fresque historique, prenante du début à la fin. Au cœur, le Grand Siège de 1565 mené par les Turcs contre Malte et les chevaliers de l’Ordre. On y suit le flamboyant Matthias Tanhauser, en lutte dans ce chaos quasi permanent. Une façon à la fois épique et romanesque de mieux comprendre le passé de l’île.
Une visite à ne pas manquer ?
Les œuvres du Caravage dans l’oratoire de la co-cathédrale, à La Valette. Ce peintre génial, abrité un temps par les Chevaliers de l’Ordre, a réalisé ici parmi ses œuvres les plus grandioses, dont Saint-Jérôme et la Décollation de saint Jean-Baptiste. La puissance de ses toiles, magnifiées par le clair-obscur, reste un moment fort de la visite. Et on se retrouve, un peu comme les chevaliers qui se tenaient au même endroit la veille de prononcer leurs vœux, à méditer devant ces chefs-d’oeuvre.