6 aout Paris Delhi, 8h30 en avion sur un vol de nuit. Le confort d’un Boeing 787 permet de passer une nuit presque agréable, avec un siège assez spacieux, même en classe économique. L’accueil et la qualité de service d’Air India sont très décevants, hôtesses peu accortes, le sourire est en option, durant toute la durée du vol, nous n’avons pas été approchés une seule fois, mauvaise gestion des plateaux repas, nous avons dû en partager un pour deux. Et un réveil militaire à 5h30, aveuglés par les lumières vives de la cabine, on nous jette les documents douaniers, sans aucune explication. Et pas la moindre collation. Peu soucieuses des passagers, les hôtesses se vautrent dans leur fauteuil, en attendant patiemment l’atterrissage. Et nous on tente d’émerger.
L’escale de 3h de Delhi nous permet de nous familiariser avec la culture et se savoir vivre indien. Ici le sourire n’est pas de mise non plus. Espérer un petit déjeuner européen est une gageure, qu’il faut payer en roupie et rien d’autre. Les smokerslounge sont facilement repérables : au nez. En effet, ce sont des salles crasseuses pas toujours prévues d’extracteurs de fumée, dont les portes ne ferment pas. La décoration nous rappelle que nous avons changé de continent et d’époque : les sols sont recouverts d’une moquette maronnasse à grosses fleurs, de la même couleur. Le premier contact avec la météo indienne au mois d’aout fut – justement- lors d’un passage dans un smokerslounge en extérieur ( une cage – on ne sait jamais un fumeur peut mordre !). On passe d’une atmosphère (sur)climatisée des aéroports, avions, pour entrer dans la moiteur d’une jungle surchauffée à 40 degrés et 90% d’humidité : welcome to India. Au bout de 10 secondes, l’envie de fumer vous passe ( yes !) au même rythme que la sueur coule du moindre pore.
7aout, Négombo 2 nuits. Nous avons opté pour le Happy Inn Hotel, dont l’accueil chaleureux de notre hôtesse balaie nos premières mauvaises impressions. Ici on est aux petits soins de ses hôtes. Même si le confort reste spartiate, l’accès direct à la plage est un must. Malgré la météo capricieuse, l’endroit reste fort agréable, avec une vue imprenable sur la mer, à travers les quelques palmiers situés devant notre patio. En revanche, la première immersion nous fait réaliser que ce quartier n’est vraiment pas à l’image de ce que nous attendions, un enchainement d’hôtels de luxe et de bicoques désuètes, la richesse étalée aux yeux de la pauvreté agonisante ; selon les guides, il s’agit du meilleur spot pour se ressourcer du long voyage aller (on ne voit pas de quoi ils causent, après tout ce n’est qu’un voyage de 30 h !). Certes, mais il faut se rapprocher du centre ville (Tuk tuk 300 RPS) pour apprécier la vraie vie sri lankaise.
La St Mary’s church est une déception lorsqu’on découvre l’église St Joseph (indiquée par aucun guide) sur la St Joseph’s street. De même, la découverte du temple Angurukaramulla (Temple Road) fut une très belle surprise, avec son bouddha imposant de 6m qui recèle un sanctuaire orné de peintures et de sculptures modernes. Le highlight de cette seule journée (mais suffisant) à Negombo fut la découverte de la mangrove, une balade de1h20 avec un pêcheur (2500 RPS) à la découverte des hérons et singes évoluant à l’état sauvage, qui ne laissent pas une miette des bananes que nous leur offrons (départ Custom House Road, après le pont sur la droite)
9 aout, Galle ( Gôôl) 2 nuits. Pour rejoindre Galle, le train reste le moyen le plus rapide, en passant par Colombo. Plusieurs départs par jour à partir de Negombo Railway station, à destination de Colombo ; ou de Kattuwa Railway station ( à 10 mn en tuk tuk de notre hôtel). Puis de Colombo à Galle, le plus rapide – 1h50 - est à 15h44. Aucune réservation en ligne n’est possible sur le site de xxxxxxxx,il suffit de se présenter quelques minutes avant le départ du train. Le prix est plus que raisonnable, 90 RPS – env. 45 cents – pour un Colombo Galle. N’hésitez pas à privilégier ce moyen de transport pour vous fondre avec la population locale ; pour notre part, nous avons eu droit à un wagon 3e classe de Kattuwa à Colombo, deux banquettes rudimentaires par wagon, et des vendeurs de tout genre qui montent et descendent à l’improviste, puisque le train roule au pas pendant tout le voyage. Pour le Colombo Gallé, nous sommes montés en gamme, en voyageant en 2nde classe, des fauteuils comme dans nos trains français, mais ce jour là (début aout) le wagon était plein à craquer et nous avons dû faire le voyage assis par terre, avec une chaleur étouffante quelque peu atténuée par l’air circulant dans le wagon (portes et fenêtres ouvertes). Le train longe la mer durant tout le voyage et, en fin d’après-midi, nous avons eu droit à un magnifique coucher de soleil avec vue sur les palmiers qui bordent la mer. L’escale de deux heures à Colombo nous a permis de « prendre la température » de Colombo pour nous fixer sur la durée à y consacrer à la fin de notre séjour. Ces quelques instants passés dans une ville bruyante, étouffante, écrasée par la pollution ne nous a guère enthousiasmés et nous avons décidé de consacrer davantage de temps à la découverte du centre du pays, notamment les vallées vertes et moins polluées de Ella, Haputale et Nuwara Ellya.
C’est après une journée consacrée au voyage vers Gallé que nous arrivons dans notre havre paisible, au B&B The three shades (qu’on peut trouver sur booking) situé dans la nouvelle ville, à 15mn en tuk tuk de la gare. Après notre 1ère expérience semi concluante de Négombo, nous découvrons une magnifique propriété victorienne en retrait d’une petite route (mais 10 mn à pied d’un centre-ville qui offre toutes les commodités), entourée d’un jardin tenu au cordeau, et un intérieur d’une propreté remarquable (attention, les chaussures restent à l’entrée ! pour faire le lit du chat de la maison). La chambre est immense, avec un joli balcon donnant sur le jardin, un kingsize bed couvert d’une moustiquaire et une salle de bains avec douche à l’italienne (l’approvisionnement d’eau semble souffrir d’un problème de réseau – comme à Négombo)
10 aout, Galle Repus par un petit déjeuner royal servi par nos hôtes, la journée est consacrée à la découverte du Fort hollandais de Gallé. C’est une escale atypique et très agréable à la fois. Avec ses remparts où il fait bon flâner et des petits trésors que renferme ce fort des 16e-17e siècles. Ce fort bordé par l’océan Indien est un petit bijou architectural construit par les Portugais puis renforcé par les Hollandais. Il est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. De nombreux Sri lankais profitent de la plage au pied du phare, des familles et des amoureux se promènent en suivant le chemin de ronde, quelques touristes comme nous explorent les rues du fort… Dans la poignée de rues qu’il abrite, on peut faire du shopping « à l’occidentale » (cartes postales, souvenirs, bibelots…), admirer les luxueux hôtels installés dans des maisons coloniales, visiter l’église hollandaise réformée ou même assister à un match de cricket improvisé sur une place. L’atmosphère dans les rues du quartier historique de Galle est relax, le temps semble avoir suspendu son vol. On est loin du bouillonnement des autres villes traversées. Lorsqu’on passe de l’autre côté des remparts, dans la ville nouvelle, on retrouve l’ébullition des grandes villes du Sri Lanka. Cette étape est vivement recommandée pour un séjour complet.
Vous aurez largement le temps de prendre un tuk tuk et rejoindre en 10 mn la jungle beach, deux criques frangées de cocotiers, particulièrement propice à la baignade, qui s’abritent derrière la presqu’île de Rumassala et pousser jusqu’au Japanese Peace Pagoda, temple bouddhiste qui ne présente pas beaucoup d’intérêt mais une offre vue à 360° sur la baie de Gallé.
11 aout Trajet Galle/Udawalewa : direct en bus . 1 bus par jour au départ de la gare routière Karapitiya (quartier des hôpitaux) à 13h (environ). Cette gare est éloignée du centre ville, mais présente l’avantage de pouvoir choisir sa place puisque nous sommes en début de ligne. Le trajet dure 5h mais les paysages traversés sont fabuleux, on longe la mer jusqu’à Matara et Tangalle, en découvrant le spectacle des pêcheurs en échasse de Weligama avant de monter vers Udawalewa par les terres en découvrant les premières rizières et les nombreuses palmeraies. L’hôtel Walawe Park View hotel que nous avions retenu pour son prix ( 20€ pour 2 nuits) est à déconseiller ; on peut aimer l’aventure, mais cet hôtel est sale, les draps mal lavés, une odeur désagréable dans les chambres et la clim ne fonctionne pas. De toute façon tous les hôtels du coin organisent des safaris, puisque c’est la seule animation de la région.
12 aout notre hôte nous a organisé un safari l’après midi (en cette saison sèche, les animaux sortent pour boire) pour 10 500 RPS (env 60€ pour 2, entrées comprises, pour 4h). Cette découverte vaut largement le détour et, au bout de quelques minutes seulement, le chauffeur a balayé tous nos à priori lorsque son œil de lynx a repéré le premier iguane grimpant le long d’un arbre, puis un caméléon. La balade a été riche en instants touchants, puisque nous avons pu assister au déplacement d’une famille d’éléphants au complet, avec un éléphanteau allaité par sa mère. Le parc est suffisamment grand pour ne pas transformer cette belle balade en autoroute de jeeps 4x4, nous avons même eu le privilège de pouvoir pratiquement caresser un énorme éléphant mâle en train de se nourrir d’herbes sèches, dans un joli ballet de grosses pattes. Même notre chauffeur, pourtant habitué à ce spectacle a été ébahi en découvrant un calao à bec orange, des guêpiers à tête noire. Les quelques étangs à l’intérieur du parc sont le théâtre de regroupement de buffles et de quelques crocodiles endormis, puisqu’ils ont la gueule grande ouverte
13 aout Udawalawe / Haputale. Pour ce périple de 120 km, le tuk tuk reste le meilleur moyen de transport, pour 4500 RPS (env. 27 €), mais attention il dure plus de 3h, il faut choisir un tuk tuk en bon état pour affronter un fort dénivelé, puisque la petite ville se site à 1500m d’altitude. Le dépaysement est total et les images de carte postale des merveilleux paysages verdoyant des plantations de thé deviennent réalité sous nos yeux. La chaleur étouffante de la plaine disparait sous une fraicheur d’altitude avec un brouillard qui enveloppe les sommets. Ici, c’est le paradis des randonnées et la première que nous faisons en arrivant nous en met plein les yeux. Quelques singes nous accueillent à l’entrée de la ville. Haputale est une tout petite ville d’altitude avec de nombreux commerces locaux. Nous avons retenu le Lilly guest Inn situé à 2 km de la gare ferroviaire (vous ne trouverez pas plus près), de bien meilleure facture que l’hôtel précédent, avec une chambre spacieuse avec balcon et vue sur une belle plaine ; une grande salle de bains mais une wifi capricieuse et l’invasion d’abeilles, de fourmis volantes et autres insectes locaux.
14 aout La visite du St.Benedict’s Monastery, Adisham, est décevante. Ce manoir, construit par un riche exportateur de thé dans les années 30 est habité depuis 1961 par une communauté bénédictine. Les deux seules pièces accessibles au public ne présente aucun intérêt, elles sont sales sombres et mal entretenues ; il ne reste pas grand-chose des boiseries en tek de Birmanie ni du mobilier anglais d’origine. Les jardins en terrasses sont intéressants, mais c’est surtout la route qui mène au manoir qui est belle, à travers une forêt tropicale.
En tuk tuk l’accès à Dambatenne Tea Factory est à 10mn, mais notre chauffeur pas très aimable a préféré empocher ses 1300 RPS, au lieu du prix « normal » 800 RPS sans nous informer que la fabrique était déjà fermée. Le temps étant trop couvert, nous avons renoncé à la randonnée vers le Lipston’s Seat et avons fait les 7km qui nous séparent de Haputale, à pieds. Nous n’avons pas regretté le mauvais plan du chauffeur de tuk tuk, cette promenade est une merveille à ne rater sous aucun prétexte : des champs de thé à perte de vue de part et d’autres, à 360° une vision paradisiaque des montagnes entre lesquelles se faufilent les nuages bas, une flore colorée et diverse. Nos appareils photos n’ont jamais été autant sollicités depuis notre arrivée mais, surtout, ce sont des images inoubliables dans nos mémoires. Ce sentier loin de Haputale a été le théâtre de belles rencontres : un groupe de 4 femmes âgées, parées de saris colorés, nous ont demandé de les prendre en photo ; un autre autochtone nous a également arrêtés pour un cliché, qu’il nous a demandé de lui faire parvenir par courrier. Au détour d’un virage, nous assistons à un enterrement, les femmes accompagnant le cercueil, parées de leurs plus belles tenues. Une belle journée, des paysages à couper le souffle et de belles rencontres ; ce voyage est un enrichissement !
15 aout Direction Ella, à 1h de train de Haputale. Le train au Sri Lanka, on connait à présent, des billets sont vendus jusqu’à épuisement, sans tenir compte de la place disponible dans les trains. D’autant que cet itinéraire est très (trop) prisé par les touristes. En effet, le joli village d’Ella a succombé au tourisme de masse, les restaurants affichent des menus européens – des winner schnitzel au fin fond du Sri Lanka ! – et le village grouille de visiteurs étrangers, très souvent accompagnés de guides – on ne sait jamais, on risquerait de se perdre à Ella ! Ceci étant, le voyage en train (en dépit d’un surbooking) tient ses promesses, puisqu’il arpente les vallées vertes, plus belles encore lorsque le soleil brille (surtout en matinée). L’ascension du Little Adam’s Pek vaut le détour, même si ça ressemble à un convoi de touristes vers le sommet. Elle ne présente aucune difficulté, si l’on a un minimum d’entrainement. La vue est impressionnante, à 360° à partir du sommet. A la descente, quelques cueilleuses de thé se mettent sur notre passage, insistant lourdement pour être photographiées- elles aussi ont succombé aux effets du tourisme. Nous regrettons le charme de notre ballade d’hier et des autochtones croisés sur notre passage qui, eux, n’étaient pas intéressés par « money money » mais juste par un sourire venu d’ailleurs.
Une halte s’impose à la Newburgh Tea Factory (Kingsley), pour une visite guidée intéressante, mais au pas de course (15 mn, 500 RPS) et dans un Anglais très scolaire. Elle nous permet toutefois de découvrir le processus de transformation du thé et la différence entre le thé vert et thé noir. Elle se clôture par une dégustation, aussi rapide que la visite.
Un tuk tuk nous amène en 15mn au Dowa Rajamaha Viharaya, un temple millénaire caché au fond d’un ravin verdoyant où coule la Badulu Oya. Un Bouddha haut de 4m se détache de la paroi granitique et représente Maitreya. Toujours accompagné de notre chauffeur de tuk tuk, ce dernier nous ramène en 20mn à la gare de Bandarawela, pour reprendre le train vers Haputale. Cette ville est une surprise inattendue, elle ne figure dans un aucun guide, pourtant ses abords nous paraissent intéressants et son centre-ville nous paraît bien plus imposant que celui d’Haputale.
16 aout Journée consacrée au voyage entre Haputale et Kandy. Evidemment le train au départ de Haputale était plein à craquer et les deux premières heures avons été debout. Tous les guides qui soulignent la merveille des paysages ne se trompent pas. Certes, le trajet peut paraitre long, surtout à la fin lorsque le train brinqueballant fonce à toute vitesse dans la banlieue de Kandy, donnant l’impression qu’il va dérailler à chaque instant, mais il en vaut largement la peine et nous a encore donné l’occasion d’observer les cueilleuses de thé (de loin, donc pas de sollicitations « money money »), de Haputale jusqu’à Hatton en passant par Nuwara Elya. L’arrivée en gare de Kandy nous rappelle à quel point les sollicitations des chauffeurs de tuk tuk peuvent parfois être insistantes, comme au Maroc, lorsqu’ils nous harcèlent en nous courant après et s’imposant dans notre conversation. Tous ces petits tracas inhérents à un voyage dans des contrées lointaines sont vite derrière nous lorsque nous prenons possession de notre chambre dans l’hôtel qui nous accueillera 5 nuits. Jusqu’ici nous avons rencontré peu de déconvenues, à part l’hôtel miteux – mais très peu cher – de Uda Walawa. En réservant sur booking le Kandy River Villa, nous avions quelques doutes sur la qualité des prestations eu égard au prix (35€ la nuit, petit déjeuner inclus). Mais, tout y est, une immense chambre confortable, prolongée par un balcon aussi spacieux, offrant une vue à 360° sur la rivière bordée de palmiers, où l’on peut observer les ménagères locales laver leur linge et pratiquer une toilette sommaire. Le petit-déjeuner est royal, servi au bord de la piscine, avec un buffet de fruits locaux (bananes, fruit de la passion, goyaves) et, pour les plus nostalgiques du pays, toasts, œufs, crêpes, beurre et confiture. Bon, le wifi est très aléatoire et ne permet aucune connexion. Mais, nous avons vite remarqué que ce problème n’était pas lié à l’hôtel, mais à Kandy d’une manière générale, où le wifi est tout aussi médiocre dans les restaurants. Kandy est la 2<sup>e</sup> plus grande ville du pays mais bénéficie d’une qualité de réseau inférieure à Uda Walawa, au fin fond du Sri Lanka. Etant donné la qualité de l’air irrespirable en ville, à cause d’une circulation infernale, nous n’avons pas regretté notre choix de l’isolement vers la rivière, même si le lac n’est qu’à 10mn en tuk tuk.
17 aout Kandy L’avantage à Kandy, c’est que tous les must seen sont situés dans le même secteur géographique, les curiosités et commerces sont situés au nord, nord-ouest du lac. Notre première tentative d’accès au Temple de la Dent fut un échec, en raison d’une tenue pas adéquate (épaules trop visibles). Direction le jardin botanique de Peradeniya (6km au sud, bus toutes les 10-15 mn à la Clock Tower) où nous pensions passer 2h maximum avant de poursuivre vers les autres temples au sud de la ville (ce qu’il reste de Gampola). Et là, le spectacle éblouissant d’un havre de paix dans la verdure nous a tenus en haleine tout l’après-midi. La beauté de cette flore exotique dispersée sur un parc de 60ha est époustouflante, même si l’on ne dispose pas d’une sensibilité particulière aux fleurs. Des bambous géants aux ficus qui se contorsionnent en rampant en sol, en passant par les avenues de palmiers et les serres abritant orchidées, cactées et plantes rares, le temps n’a pas été suffisamment long, et la beauté du spectacle invite à une sieste sous le soleil. En fin de journée, une famille de singes au gros complet nous a livré un ballet étonnant, et leurs rituels confirment un ordre social bien établi. Un conseil : prenez le temps de cette découverte, mais fuyez le seul restaurant du site qui ne sert pas de thé, sauf si vous avez fait 8500km pour manger une omelette ratée, accompagnée de french fries froides, au milieu d’un convoi de touristes bruyants.
18 aout Jusqu’à ce matin, nous avions échappé aux orages de mousson. Nous savions que le mois d’aout n’est pas la saison propice à trouver un soleil radieux, mais c’est aussi le seul moment où un voyage de 3 semaines est possible et nous préférions découvrir ce pays, quitte à essuyer quelques orages ; nos sacs à dos avaient été préparés en fonction : kway, ponchos, housses pour sacs à dos etc. Ces accessoires sont restés au fond de nos sacs jusqu’à ce matin, lorsqu’au réveil un orage de fin de monde s’abat sur l’hôtel. Bien décidés à ne pas nous laisser abattre par ce détail météorologique, nous tentons une seconde tentative au Palais de la Dent et des musées et temples situés aux alentours. Après avoir recouvert nos épaules et jambes, et abandonné nos chaussures dans un sas glauque, nous abordons la billetterie, où les « visiteurs étrangers » (sic) se font délester de 2500 RPS/par pers, soit l’équivalent de toutes les entrées que nous aurons payées en 3 semaines. Si le palais reste une réalisation architecturale aboutie qui fait l’objet d’une vénération de ses fidèles qui s’y recueille en silence, les autres musées et palais autour ne bénéficient visiblement pas de la générosité des « visiteurs étrangers ». Seul le musée consacré au bouddhisme dans le monde semble profiter de la générosité de tous les pays qui y sont présents.
19 aout Kandy est la ville idéale pour faire son shopping avant retour. Au Central Market (en face de la Clock Tower), le marché idéal pour les fruits, épices et légumes. On déguste les bananes rouges, goyaves, ramboutans, fruits de la passion etc. Tout pour le textile également, c’est ici qu’on trouve les plus jolis sarongs (850 RPS). Suivez l’odeur, le marché aux poissons est dans le même bâtiment. On est ennuyés par les rabatteurs locaux, mais c’est la règle du jeu dans ce pays. Il suffit de se promener avec quelques sachets de provisions pour leur montrer votre intérêt et ils se montreront moins insistants . Une belle rencontre dans les dédales du 1<sup>er</sup> étage, en levant un peu le nez, on trouve les plus beaux batiks, faits mains (en vrai) chez Jahamali Batik Studio (http://www.jayamalibatiks.com), où le propriétaire chaleureux saura vous convaincre par l’un de ses modèles réalisés dans le respect de la tradition ( qu’il vous expliquera) ; et contre un avis positif (qu’on a donné sans se forcer) sur Tripadvisor ou Facebook, vous obtiendrez une remise intéressante ( sur un prix de départ qui reste assez élevé – comptez 4000 RPS pour un petit modèle). Pour les achats plus « trendy » il reste la boutique Luv, à côté du Queen’s hôtel. Egalement présente à Gallé, cette boutique propose des vêtements et souvenirs colorés de bonne facture.
La randonnée dans la forêt d’Udawattakele offre la sensation de chaleur tropicale de la jungle. On y trouve des singes évoluant en toute liberté, ainsi que des sangliers et des chevreuils. A l’entrée du parc, un serpent de 2m nous accueille au détour d’une liane géante. Les morsures de sangsue rythment la ballade ; pensez-vous munir d’une pommade contre les morsures. Ne pas vous fier au plan qui est distribué à l’entrée du parc, il indique des repère en chiffres alors que tout au long du parcours, on trouve (parfois) des panneaux avec des lettres, lesquels sont totalement délavés par la pluie. Il s’agit donc d’un joli labyrinthe qu’il vaut mieux aborder au plus tôt dans la journée pour ne pas se retrouver coincé dans la jungle à la nuit tombée. Plan en mains, nous nous sommes retrouvés à l’autre bout de la ville, à un endroit qui n’est même pas mentionné sur le plan distribué.
20 aout Le temps qui nous sépare de la fin du séjour – retour le 24 au soir- nous permet de faire un saut vers le triangle culturel, afin de gouter à toutes les facettes de ce merveilleux pays. Tous les hôtels de Kandy vous proposeront les services d’un chauffeur qui vous conduira vers Dambulla et Sigiriya en une journée, moyennant env 40$ ou 50$ (notre cas). Départ à 8h30 de l’hôtel, où notre voiture climatisée nous attend. Même si ce type de tourisme n’est pas notre goût premier, cette entorse nous permet de découvrir les sites classés Unesco du nord de l’île. Notre scepticisme s’est quelque peu dissipé lorsque notre chauffeur nous propose de faire une halte sur notre route, dans le temple bouddhiste Sri Muthumariamman Temple de Matalé, imposant temple hindou aux couleurs vives. On remarquera ses superbes statues de dieux hindous, mais aussi la présence de cinq magnifiques chars de processions. On se dit que la journée commence bien et qu’on est tombés sur le seul chauffeur de l’île qui ne nous fait pas faire la tournée des attractions à touristes, pour arrondir sa tournée. La prochaine étape nous a quelque peu fait changer d’avis ; nous demandons de faire un arrêt pipi et nous retrouvons dans le jardin des épices de Matalé : un guet-apens à touristes, on se retrouve face à docteur mabuse de la médecine douce et son armée de disciples, qui tentent de dérouler leur scénario habituel : saouler le touriste autour d’une présentation usante des plantes, ensuite l’étape massage, puis l’étape guérison des maux que vous ignoriez jusqu’à ce jour pour finir par … la boutique aux miracles. Furieux de ce traquenard, nous y mettons fin, quitte à passer pour des touristes peu « chaleureux », et demandons à notre chauffeur de nous mener aux endroits convenus ; ce qu’il fait sans rechigner, même s’il doit interrompre son repas (sa commission pour livraison de touristes frais) qu’il s’apprêtait à prendre en prenant son temps, nous espérant entre de « bonnes mains ». Le reste de la journée, la relation s’est apaisée et nous l’avons invité à partager notre repas de midi (comme il se doit), dans un endroit que NOUS avons choisi. Ceci étant, sans les assauts mercantiles du pseudo-toubib, nous aurions passé du temps dans ce jardin fort joliment agencé avec des épices locales.
Les 5 grottes du Roi Dambulla sont annoncées comme un chef d’œuvre. A raison, la surprise est au rendez-vous en se glissant dans la pénombre de cette cathédrale rupestre, des bouddhas alignés par dizaines le long des parois, de sublimes peintures laissées par les meilleurs artistes du XVIIIe siècle et une atmosphère recueillie, quelque peu perturbée par une cohorte de touristes bruyants. En revanche le colossal bouddha haut de 30 mètres situé au pied de la colline, relève d’un mauvais gout digne des plus mauvais restaurants chinois installés dans nos zones commerciales et offrant une alimentation à volonté indigeste.
L’ascension du rocher rougeâtre de Sigiriya est l’un des sites les plus spectaculaires du pays, pour se faire une idée de ce que fût cette cité, le musée situé à l’entrée propose une reconstitution très réaliste. Pourtant, on s’y sent rarement seul, le rocher du Lion est un incontournable touristique et accueille une foule de pèlerins et d’écoliers sri-lankais. L’ascension par les 1200 marches se fait péniblement, sur une seule voie d’accès (mal entretenue) et il vaut mieux se munir de ce qu’il faut en cas de chaleur intense. Les jardins aménagés au pied du rocher méritent qu’on s’y attarde, en s’écartant un peu de la procession du sentier principal. La visite laisse un souvenir impérissable, pour les yeux et pour le porte-monnaie. En effet, comme à l’entrée du temple de la Dent, les « visiteurs étrangers » - suivez la bonne file- doivent s’acquitter d’un billet au prix astronomique, 30$. Même notre chauffeur trouve la démarche surprenante, puisque les sri-lankais bénéficient d’un accès gratuit. D’autant que ce site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco et bénéficie donc de fonds importants pour l’entretien du site. La destination des fonds n’est pas évidente, le site est mal entretenu, les installations abimées , à l’image du magnifique musée, une donation du Japon, à l’architecture avant-gardiste, offrant des galeries ouvertes en plein air et un labyrinthe de terrasses extérieures, dont les murs lézardés et défraichis tombent en ruine.
Cette excursion d’une journée est enrichissante, pour découvrir tous les joyaux de ce pays, même si elle représente une charge importante dans le budget : il faut compter 150€ la journée pour 2 personnes, en comptant le chauffeur et les entrées.
21 aout l’étape à Kandy s’achève ce matin et nous laisse un souvenir impérissable. Notre charmant hôtelier nous conduit à la gare et c’est l’occasion d’une discussion à bâtons rompus, notre chauffeur se livre même à une critique virulente de leur gouvernement, échappant à l’habituelle discrétion de la population.
Le train (bondé) nous mène vers la gare de Rambukkana, la plus proche de Pinnawala, où nous visiterons demain l’orphelinat des éléphants. Cette excursion ne fait pas l’unanimité sur les sites, mais la rivière où évoluent les pachydermes est si belle qu’elle rend cette halte d’une nuit avant Colombo, intéressante. D’autant qu’ici, dans la petite ville de Rambukkana, aux regards surpris et amusés des habitants, nous devons être les seuls touristes, ce qui n’est pas fait pour nous déplaire. Nous déposons nos sacs à dos, chargés de souvenirs, chez notre hôte d’une nuit, The Breeze Pinnawela Homestay (belle chambre, mais pas de clim !) qui nous accueille fort (trop) aimablement mais dont nous ne comprenons pas le moindre mot d’Anglais (ou est-ce une autre langue). La prise de contact étant faite, et même si nous ne savons strictement rien du mode de fonctionnement de cette maison d’hôte, nous retournons à Rambukkana pour une immersion dans la vie de cette petite ville. Le contact est vraiment chaleureux et cordial ; loin du tumulte des grandes villes, les commerces ferment à 19h, nous plongeant dans la pénombre d’une ville que nous ne connaissons pas à la recherche d’un restaurant, enfin n’importe quoi, juste un truc à manger… que jamais ils ne découvrirent. Sauf si…ces lumières au loin…une fête foraine ! Ambiance moins électrique que chez nous, mais au milieu de ces quelques manèges rudimentaires, du bon manger servi par un couple charmant, ravi de servir leur bon riz à des touristes venus de si loin. Nous hésitons à monter dans un grand – enfin petit – 8, mais nous laissons aller dans une soucoupe pivotante sur son axe qui nous décolle de nos sièges. A la descente, un soudeur s’affaire sous le petit 8, réparant probablement un « défaut », avant que le manège ne reparte. Sans nous.
22 aout Avant d’entamer la visite de l’orphelinat, une belle promenade aux alentours de notre homestay nous permet de découvrir un temple niché au creux d’une rizière et l’occasion de belles rencontres, loin des sollicitations « money, money », mais une vieille dame qui fait sécher son riz au bord de la petite route qui nous gratifie d’un large sourire lorsqu’elle se voit (pour la première fois peut-être) en photo, des jeunes filles et garçons nous saluent d’un « hi » enjoué. Ici la nature est préservée, vaches et buffles paissent tranquillement l’herbe grasse au bord des rizières. Il fait une chaleur étouffante, la sueur coule à flots ; revigorés par ces belles rencontres, nous abordons l’étape du jour, en nous approchant des éléphants.
La visite de l’orphelinat pour éléphants de Pinnawale nous ravit ; à l’opposé des avis parfois contrastés que nous avons pu lire avant d’y aller, ces éléphants font l’objet d’un suivi attentif de la part de leurs soigneurs. Ils sont enchainés, oui ! Il s’agit de maitriser les mauvais caractères et éviter tout accident avec le public. Certes, l’activité nourriture des animaux moyennant 250 RPS pour une corbeille de fruits nous rappelle que ces bêtes sont le gagne-pain d’une population qui survit modestement. La séance de la descente du troupeau vers la rivière, au milieu des échoppes pour touristes, est teintée d’humour lorsque les commerçants sont contraints de ranger leur marchandise pour éviter qu’un coup de trompe malencontreux la réduise à néant. La baignade est l’occasion de moments émouvants entre mammifères adultes qui prennent en charge les plus petits. Rien ne se perd à Pinnawale : le caca d’éléphant est recyclé en papier, ce que les boutiques appellent avec beaucoup d’humour « sheet paper ».
Ayant profité du meilleur créneau horaire (12 h retour de la rivière, ensuite nourriture des animaux, 14h retour à la rivière) pour partager les meilleurs moments, c’est en tuk tuk que nous récupérons nos bagages laissés chez notre hôte et rejoignons la gare de Rambukkana. Nous profitons d’un train qui ne circule qu’en période de vacances scolaires, que peu de voyageurs connaissent – nous oui – pour voyager enfin, et pour la première fois, assis ! Le voyage nous offre encore quelques beaux paysages, et, au fur et à mesure que les paysages idylliques que nous avons appréciés durant ces 15 derniers jours, disparaissent pour laisser place aux taudis aménagés en bord de voie, c’est le gigantisme de Colombo qui apparaît.
Nous retrouvons Colombo plus longuement après l’avoir découverte lors de notre passage au début de notre périple, et nous en avons gardé un souvenir plutôt mitigé, et n’y resterons que deux nuits, en faisant une petite entorse à notre manière de voyager, puisqu’après presque 15 jours à voyager souvent dans une chaleur écrasante, subissant une pollution étouffante, dans des conditions pas toujours reposantes, avec souvent que de l’eau froide pour nous laver et au mieux un filet d’eau chaude, nous nous poserons au Red Cinnamon Hôtel, récemment inauguré et offrant le luxe une piscine à débordement au dernier étage de la tour.
24 aout Le réveil dans une chambre cossue, au décor trendy, dans un kingsize bed moelleux aux draps frais (et propres), au 16<sup>e</sup> étage d’une tour, est plutôt étrange, après 15 jours de confort moins opulent. On retrouve dans ce genre d’endroit tout le paradoxe des grosses mégalopoles du moyen-orient où la richesse éclatante côtoie la pauvreté absolue. L’hôtel est idéalement situé dans le quartier de Cinnamon et permet d’accéder à pieds aux bords du lac Beira pour y découvrir le temple Minna, que l’on découvre de loin au bouddha doré qui trône à l’entrée. Non loin de là se trouve le temple Derenay etc.
La seule plage publique de Colombo se situe à Mount Lavinia, à 12 km du nord de la ville, mais est peu desservie par les transports en commun, seul un tuk tuk vous y mènera. Le seul point commun avec une plage, telle que nous les connaissons, est le sable fin. Pour le reste, ce loisir n’est pas vraiment entré dans les mœurs des Sri Lankais et le lieu n’est fréquenté que par très peu de familles venant un peu là par hasard. Les seuls occupants permanents sont les chiens errants qui ont échoué là, nourris par les habitants des taudis situés tout autour. Le seul moyen d’échapper aux ordures qui s’amoncellent au bord de la voie ferrée qui passe à 70 m de la plage est de se délecter des couleurs extraordinaires d’un coucher de soleil sur l’océan indien, surtout après un orage de fin d’après-midi. Nous y avons vu des couleurs jamais observées sur aucun autre continent.
Le diner du soir est l’occasion de vérifier si l’excellence Tripadvisor du restaurant Indian Sunchine est méritée. C’est dans l’espoir de trouver un endroit qui n’abuse pas de son moulin à épices que nous rejoignons l’endroit. Le résultat est à la hauteur de sa réputation, le dîner fut excellent, assaisonné de manière tout à fait acceptable, le service impeccable, un personnel aimable et charmant, à l’écoute des attentes des clients.
Une balade digestive le long du Green Gate nous fait fuir après quelques pas : l’endroit ne ressemble en rien à un parc arboré mais à une esplanade sale, jonchée de saletés, où il ne pousse plus le moindre brin d’herbes, où les chiens ont repris leurs droits, au milieu de bicoques sordides qui longent la mer, dont l’odeur est nauséabonde. Juste à l’entrée de Fort, se dresse le chantier monumental de la nouvelle ville en construction, sur des milliers d’hectares pris sur la mer. L’entrée de Fort ne nous convainc pas d’en découvrir davantage.