Je me souviens de ce pays pour son immensité, ses paysages infinis, et son peuple nomade.
Nous ferons un roadtrip dans le nord, près des lacs et un roadtrip dans le sud aux portes du désert de Gobi.
Lors de notre roadtrip dans le nord, je me souviens de cette sensation d’être perdue en pleine nature, ici ni route, ni internet, ni GPS.
Je me souviens avoir demandé à notre chauffeur : « Comment fais-tu pour te repérer ? » Il me répondra tout simplement : « Je connais !! ».
Les paysages défilés, nous faisions l’expédition en van militaire russe, nous pouvions gravir des collines, franchir des rivières, des montagnes ! Oui, oui, cela me surprendra aussi ! Notre van était tout terrain, et ce fut très impressionnant le jour où notre chauffeur commença à gravir un pic, le moteur grondé, surchauffé ! Mais rien de grave pour note chauffeur, il était sûr de lui, impassible!!! Nous arriverons au sommet et il nous dira : « Allez, on fait une pause ! Je dois vérifier les freins avant de redescendre ! » Ah oui ! En effet, c’est une bonne idée !!! Au vu de la descente, c’est quand même mieux si nos freins freinent !!! Mais notre chauffeur maîtrisait parfaitement la conduite du bolide.
Nous continuions notre route, parfois, au loin deux ou trois yourtes, ici ou là, certainement une famille qui s’était installée là pour quelques temps, pour longtemps. C’est assez extraordinaire pour nous, européens, de voir cet immense terrain de jeux, cet immense territoire, sans barrière, sans clôture, sans ville, la sensation d’être seul au monde, libre dans ces paysages sublimes et infinis ; de pouvoir planter sa yourte où tu le souhaites au beau milieu de nulle part, sans rien devoir, sans contrainte, sans devoir payer un loyer.
Où étions-nous ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais aucune importance, c’était si beau, et si plaisant de se sentir perdue, loin de la pollution, des hommes, des villes, si beau de voir cette nature, ce ciel aux milles étoiles, l’un des plus beaux ciels étoilés que j’ai, d’ailleurs, pu observer dans ma petite vie de voyageuse.
Nous partirons à la rencontre de ce peuple, de ces familles nomades, dont le mode de vie est incroyable. Ces familles vivent au milieu des steppes, sans électricité, isolées, elles s’occupent de leur troupeaux, migrent au rythme des saisons, s’adaptent à la nature et la respectent.
Les mongols parlent peu, ils sont timides, ils voient peu de monde, et leur monde est basé sur leur famille et leurs animaux, ils vivent en total harmonie avec la nature, ce que nous avons tendance à oublier dans nos vies, nos villes, notre monde… Nous vivons, certes, sur la même planète, mais bien dans deux mondes différents !!!
J’étais fascinée au-delà de leur style de vie, de l’amour inconditionnel qu’ils avaient pour leurs animaux, je me souviens de ces hommes qui passaient des heures et des heures à s’occuper de leurs chevaux, ils les choyaient, les observaient, les soignaient, les surveillaient, leur parlaient… tant d’amour, de passion, que ces hommes étaient touchants.
Je me souviens de cette nuit où nous avions dormi dans la yourte familiale, nous dormions avec les parents et les enfants. Les grands parents avaient leur propre yourte. Nous étions au milieu de cette yourte, par terre sur un magnifique tapis aux motifs mongols, entre le poêle à bois et la nourriture : de la viande, du lait, des boyaux… Un moment mémorable où je dois bien l’avouer je ne dormirai pas beaucoup, mon dos me fera souffrir, mais quel bonheur, quelle chance de vivre l’aventure !!!
La nuit sera courte, ici on vit au rythme du soleil donc on se lèvera à 5h du matin, notre hôte commencera d’ailleurs, de bon matin, à tailler du bois à la hache devant nous et à allumer le poêle vers 4h30 ! Une fois allumé, la chaleur du poêle nous réveillera. La vie appartient à celui qui se lève tôt, m’a-t-on toujours dit !!!
Nous apprendrons au petit déjeuner que le grand père de la famille, qui avait fait beaucoup de bruit dans la nuit, était, tout simplement, venu taper à la porte pour prendre son fusil et partir à la chasse aux loups !.. Oui, oui, ce n’était pas une blague !! Ces chevaux avaient pris peur et s’étaient enfuis car des loups les poursuivaient… Il avait réussi à les retrouver et à les sauver… Entendre un tel récit au réveil, en 2012, je n’en croyais pas mes oreilles… Leurs problèmes étaient biens loin des nôtres… Se battre pour sauver ses animaux… Se battre contre des loups…Incroyable !!!
Je me souviens avoir eu l’honneur d’entamer la dégustation de la chèvre… Pourquoi moi !!! Quel honneur !!! J’essayais de garder le sourire, de faire bonne figure, mais quand tu vois une gamelle arrivée avec une chèvre coupée grossièrement sur laquelle tu peux encore distinguer du poil sur ses pates, que tu vois ses amies gambader autour de toi, que tu sais qu’ils l’ont tué en ton honneur, et qu’ils te donnent leur couteau en te disant : « Vas-y mange !!! » Tu fais un petit effort !!! Mais bizarrement je n’avais plus très faim…
Je me souviens de la première fois que l’on m’a offert un thé, j’étais heureuse de partager un moment en famille. Mais je n’avais pas imaginé une seule seconde que dans ce thé, ils y avaient ajouté du lait ! La première gorgée fut surprenante et mon estomac n’était pas au mieux. J’avais déjà beaucoup de mal à digérer le lait en France, mais au vu du conditionnement du lait en Mongolie : un seau au milieu de la pièce à l’air libre. J’avais quelques peurs. Bien sûr, le frigidaire n’existait pas ici. Je ne voulais pas trop savoir depuis combien de temps le seau était là… Mais finalement, je ne tomberai pas malade et je tenterai même le yaourt !
Je me souviens de ce fameux met mystérieux que nous donnait le grand père…Il l’appelait « cheese » mais sincèrement, je n’ai toujours pas identifié le goût, ce qu’il essayait de nous faire manger, croquer, sucer… Il était très heureux de nous offrir ce « cheese », alors nous ne refusions pas… Mais nous avions l’impression que nous sucions un caillou … Cela n’avait pas de goût et nous pouvions le laisser des heures dans notre bouche sans qu’il ne bouge, impossible à croquer au risque de se casser une dent, à y repenser je me demande si ce n’était pas une blague… Mais il semblait si sérieux, en prenait et nous en offrait régulièrement…Quel étrange « cheese » !!! Je ne vous cacherai pas que je jetterai ce fameux fromage non identifié en pleine nature !!!
Je me souviens donc ne pas avoir eu de coup de cœur pour la gastronomie mongole.
Je me souviens de la fille de notre hôte, qui était si jolie, et si apprêtée. Elle fut d’abord intriguée par mon appareil photo, elle n’avait jamais vu un appareil de sa vie…Elle n’avait jamais été prise en photo !!! Quand elle vit sa tête sur l’écran de l’appareil, elle arbora un énorme sourire, s’empressa d’aller le dire à sa mère, non contente de son profil, elle se changea, se fit belle et un défilé de mode commença. Elle était si heureuse d’être prise en photo, de se voir en photo, de jouer le modèle d’un jour. Même au milieu des steppes de Mongolie, on est « girly » et on se fait belle pour les photos!!! Son regard, sa réaction, sa spontanéité et son sourire étaient beaux à voir.
Je me souviens des enfants qui montaient à cheval dès leur plus jeune âge, sans selle, pour eux, c’était comme monter sur un vélo ou apprendre à marcher. Ils sont nés sur des chevaux ! Ils ont un grand sens de l’équilibre et sont très débrouillards. Alors quand il a fallu leur expliquer, leur dire que je ne pouvais pas monter à cheval, du moins pas trop longtemps, j’ai des problèmes de dos et de hanches… Ils me regardaient avec de grands yeux, et ne cessaient de me dire : « Allez, remonte sur ton cheval !!! ». Ils ne comprenaient pas, il n’en revenait pas… C’était inconcevable, impossible…
Je me souviens que nous aurons l’honneur d’être conviés, par cette famille, à un mini Nadam, une fête traditionnelle très populaire en Mongolie. Nous assisterons alors à une course de chevaux pour les enfants et de la lutte mongole pour les hommes. Le spectacle était sublime, tout le monde avait revêtu ses habits du dimanche, ses plus beaux habits traditionnels, s’était fait beau pour l’occasion.
Cette course était spectaculaire, les enfants couraient sur leurs chevaux comme des professionnels, le stress était palpable. Chaque famille supportait son champion, nous supportions notre champion, le fils de notre hôte. Cette compétition était très sérieuse, les voisins (voisins lointains) se réunissaient au milieu de nulle part et c’était un peu la fête du village, celui qui remportait la course ou les combats devenait le roi, la fierté de la région!!!
Notre champion, malheureusement, ne gagnera pas, sa déception était grande, mais il avait tout donné, je fus impressionnée par la vitesse, l’équilibre et l’aisance avec laquelle il courait. L’aisance d’un grand cavalier.
Suite à notre roadtrip dans les steppes mongoles du nord, nous nous dirigerons dans le sud de la Mongolie pour voir le désert de Gobi.
Ici les troupeaux de chèvres et yacks, étaient remplacés par des chameaux, et bien sûr nous retrouvions des chevaux comme dans le nord de la Mongolie. Nous étions hébergés aux portes du désert.
Je me souviens de cette balade à dos de chameaux. Cela n’était pas vraiment une bonne idée pour mon dos … Je devrai expliquer encore une fois que je ne pouvais pas continuer, mais ce fut la encore très compliqué de me faire comprendre, je finirai par descendre de mon chameau et je me retrouverai donc à marcher derrière la horde de chameaux, à ma gauche les steppes où se trouver des chevaux et des bœufs, et à ma droite le désert de Gobi, ce désert aux sublimes courbes infinies. J’aurai pu rester des heures à contempler cet endroit, j’étais seule, libre devant cette nature, ce désert, le vent en changeait ses courbes, le soleil et les nuages ses couleurs, les quelques herbes ici et là, ajoutaient un peu de vert à cette magnifique palette. Quel incroyable tableau ! Quelle beauté ! Quelle sensation de liberté ! C’était magique.
Je me souviens de notre dernière nuit passée dans les steppes mongoles, notre guide pensait nous faire plaisir en nous faisant dormir dans une maison pour retrouver du confort : dormir dans un vrai lit, prendre une bonne douche dans une petite ville, à quelques kilomètres de Oulan Bator. Mais nous voulions juste dormir en pleine nature, nous changerons alors de cap, la destination était inconnue, c’était la surprise !
La surprise fut grande sans rien nous dire notre guide, nous emmènera voir sa famille !!! Au milieu des steppes, bien sûr !!! Vous dire où ? Je ne sais pas… Sa famille construisait son nouveau campement !!! Elle venait de migrer. Nous aurons alors l’honneur de monter le campement !!! Monter notre propre yourte en Mongolie !!! Incroyable … Quel bonheur !
Cependant, nous n’avions vraisemblablement pas la bonne technique pour monter la yourte !!! Cela parait simple, il y a peu de pièces à monter, mais on ne s’improvise pas expert de montage de yourte du jour au lendemain, les mongols ont le geste parfait et millimétré, une totale maîtrise du montage de leur habitat, et nous voyant clairement en difficulté… Ils finiront par nous aider, nous construirons alors ensemble notre yourte, un très beau moment de partage. Nous jouerons avec les enfants, profiteront une dernière fois du grand air, des étoiles, du silence et passerons une merveilleuse soirée au milieu des steppes, résumant parfaitement cette aventure de vie de nomade.
Souvenirs de Mongolie, souvenirs du voyage d’une vie de nomade …
By Violette Duval : Voyageuse passionnée / www.violetteduval.com