Carte d'identité Turquie
- Population : 85 millions d'habitants (2021). 22,5 % de la population a moins de 15 ans.
- Superficie : 783 562 km² (presque 1,5 fois la France).
- Capitale : Ankara.
- Langues : le turc (langue officielle), le kurde, ainsi que les langues des minorités comme l'arménien, le grec, l'arabe, le laz, le ladino, le bulgare.
- Monnaie : la livre turque (Türk Lirası, TL).
- Régime : république parlementaire.
- Chef de l'État : Recep Tayip Erdogan (depuis août 2014 ; réélu en juin 2018).
- Indice de développement humain : 0,838 (44e rang mondial : source PNUD 2022).
- Sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco : la grande mosquée et l’hôpital de Divriği (1985), une partie du vieil Istanbul (1985), le parc national de Göreme et les sites rupestres de Cappadoce (1985), la capitale hittite d’Hattuşaş (1986), le Nemrut Dağı (1987), Pamukkale (1988), les sites de Xanthos et de Létôon (1988), la ville de Safranbolu (1994), le site archéologique de Troie (1998), la mosquée de Selim et son ensemble social à Edirne (2011), le site néolithique de Çatal Hüyük (2012), Pergame (2014), Bursa et Cumalıkızık (2014), Éphèse (2015), la forteresse et les jardins du Hevsel de Diyarbakır (2015), et le site archéologique d’Ani (2016), Aphrodisias (2017), Göbekli Tepe (2018 ; site près de Sanlı Urfa), et Tell d’Arslantepe (2021 ; dans la région de Malatya).
Économie
Une dynamique fragilisée
Dans les années 1990, le pays adopte une stratégie de croissance tirée par les exportations. Le textile et l’industrie automobile deviennent alors les locomotives de l’économie.
Même si l’économie du pays a été pénalisée par la crise de 2008 dont l’Union européenne, 1er partenaire économique de la Turquie, a eu du mal à se relever. Au début des années 2010, la croissance dépassait les 9 %. Mais, en profondeur, la situation se fissurait...
Pour doper l’économie, les entreprises ont beaucoup emprunté en devises étrangères, notamment depuis le coup d’État raté de 2016. L’économie turque est devenue très dépendante des financements extérieurs et des investisseurs étrangers. Certains économistes pointaient déjà un risque de surchauffe. Suite au coup d’État raté de 2016, les investissements étrangers ont reculé de plus de 50 %, en raison notamment de la défiance que suscite la dérive autoritaire du président turc. Le taux de chômage est reparti à la hausse pour atteindre, en 2021, près de 12 % de la population active (selon les statistiques officielles). Plus grave encore, depuis 2020, le pays est entré dans une spirale inflationniste qui provoque l’effondrement du pouvoir d’achat des Turcs. Selon les chiffres officiels, l’inflation atteignait 85 % entre fin 2021 et fin 2022 (elle dépasse les 100 % selon des sources indépendantes). Depuis 2015, la devise turque a perdu plus de 550 % de sa valeur par rapport à l’euro, atteignant son plus bas niveau historique fin 2022 ! Pour se mettre à l’abri de la fluctuation du taux de change, la population se tourne désormais vers l’euro et le dollar. Malgré tout, en 2021, la Turquie se hissait au rang de 20e puissance économique mondiale.
« Le miracle économique turc », si cher au président Erdoğan, n’est-il qu’un lointain souvenir ? Aujourd’hui, l’économie du pays pique du nez, tant l’effondrement de la monnaie turque a alourdi la dette publique et celle des entreprises. Et la pandémie de Covid-19 n’a rien arrangé...
Les secteurs de l’économie
Même si la part de l’agriculture décline depuis les années 1990, celle-ci tient toujours une place importante dans l’économie du pays : elle représente 6 % du PIB et environ 17 % des emplois (alors qu’elle constituait 17 % du PIB et 47 % de l’emploi en 1990). La Turquie est parvenue à l’autosuffisance alimentaire.
Le poids de l’industrie est resté relativement stable dans le temps (environ 31 % du PIB et 27 % des emplois). L’industrie manufacturière est le plus grand contributeur à la croissance économique du pays. Ses principaux moteurs sont l’agroalimentaire, l’automobile, le textile et l’électronique. La sidérurgie, la pétrochimie, le bâtiment, l’industrie de l’armement ou la construction navale sont également des secteurs florissants.
Enfin, le secteur des services est devenu le nouveau champion de l’emploi et assure près de 60 % de la richesse produite. Le secteur bancaire et celui des télécommunications font figure de locomotives.
Jusque dans le milieu des années 2010, le tourisme tirait l’économie vers le haut en représentant plus de 10 % du PIB. Selon les chiffres officiels, la Turquie se situait au 6e rang des pays les plus visités au monde ! Mais, après les attentats du printemps 2016 et le coup d’État raté de juillet 2016, le pays a enregistré une baisse sévère de la fréquentation touristique. Aujourd’hui, le tourisme refait surface lentement. Il faut dire que la chute de la monnaie nationale augmente fortement le pouvoir d’achat des touristes.
Les conséquences du confit syrien
On ne peut occulter l’arrivée d’environ 3,6 millions de réfugiés sur le territoire turc. Difficile d’évaluer les effets que peut avoir un tel événement sur l’économie du pays à travers l’augmentation de la pression démographique, le besoin de logements, la consommation, les conditions de vie particulièrement précaires pour nombre d’entre eux.
Certains réfugiés trouvent néanmoins un travail dans le secteur du tourisme, de la construction, du secteur manufacturier ou de la restauration.
Droits de l'homme
Interventions en Syrie ou en Libye, provocations maritimes en Méditerranée en 2021, soutien à l’Azerbaïdjan dans le conflit au Haut Karabagh et bons offices dans la guerre russo-ukrainienne : les visées expansionnistes diplomatico-militaires de la Turquie d’Erdoğan se multiplient. Pour beaucoup, cette surenchère nationaliste, à travers des allusions à peine dissimulées à la reconquête d’un Empire ottoman, vise à cacher une paupérisation croissante de la population turque. En pleine crise monétaire, victime d’une inflation galopante, la Turquie d’Erdoğan continue de montrer le visage d’un régime de plus en plus autoritaire. Depuis 2016, tout opposant est accusé d’appartenance à l’« organisation de Fethullah Gülen », ce richissime rival à Erdoğan exilé aux États-Unis et incriminé par le régime turc d’être à l’origine du « coup d’État » de 2016. Dans cette rhétorique, le pouvoir turc fait aussi l’amalgame avec les séparatistes kurdes pour justifier la répression tous azimuts de la société civile. Jusqu’à l’absurde. Acquitté et libéré le 18 février 2020, l’homme d’affaires et philanthrope Osman Kavalla a été immédiatement réarrêté pour sa participation fantasmée au coup d’État. Les juges qui l’avaient acquitté ont été eux-mêmes poursuivis, ce qui en dit long sur l’indépendance de la justice... Les défenseurs des Droits humains se retrouvent également dans ce collimateur liberticide, à l’image d’Öztürk Türkdoğan, coprésident de la plus importante organisation de défense des Droits humains de Turquie, ou de l’illustre Dr Şebnem Korur Fincancı, cofondatrice de l’association du code pénal turc et chef du département de médecine légale de l’Université d’Istanbul. Et chaque nouvelle vague d’attentats (2015, 2016, 2022) apporte un tour de vis supplémentaire, toléré par l’opinion publique turque sous couvert d’union nationale.
Dès 2018, le Haut Commissariat aux Droits de l’homme des Nations unies dénombrait « près de 160 000 personnes arrêtées pendant 18 mois d’état d’urgence ; 152 000 fonctionnaires renvoyés ou poursuivis ; des journalistes arrêtés, des médias fermés et des sites internet bloqués ».
En juillet 2020, les députés votaient une loi autorisant la censure des contenus en ligne. En 2019, Amnesty International estimait qu’au moins 839 comptes ont fait l’objet d’enquêtes pour « diffusion de contenu illégal ». Des centaines de personnes ont été placées en garde à vue pour ce motif, et une vingtaine au moins en détention provisoire. Un arsenal renforcé en octobre 2022 par une loi dite « de lutte contre la désinformation », bridant encore plus la liberté d’expression. L’Agence nationale du renseignement (MİT), qui s’est vu attribuer des pouvoirs très importants, est devenue un des éléments clés de cette répression.
Amnesty International – dont le président et la directrice en Turquie ont eux-mêmes purgé des peines pour complicité de terrorisme en 2017 – souligne que l’armée turque est accusée de crimes de guerre, dans les zones où elle est intervenue en Syrie. L’accord de 2016 – qui prévoit que l’Union européenne paie la Turquie pour héberger les quelque 3,6 millions de réfugiés (principalement des Syriens) – est régulièrement utilisé comme moyen de pression par Erdoğan. Un accord mis à mal à l’automne 2022 par l’arrestation arbitraire de réfugiés syriens, y compris des mineurs non accompagnés, renvoyés manu militari dans leur pays.
Pour assombrir ce tableau déjà bien chargé, ajoutons que la Turquie a dénoncé en juillet 2021 la Convention dite « d’Istanbul » établissant les règles de protection contre les violences faites aux femmes. Dans un tel contexte, Human Rights Watch constate que beaucoup de victimes se retrouvent fragilisées du fait que les mesures d’éloignement prises pour les protéger ne sont pas respectées. Un nombre croissant de femmes sont tuées précisément par leur agresseur pourtant déjà condamné pour violence et supposé se tenir éloigné de leur victime.
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